Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre DLV.
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Ga naar margenoot+me tenir au chariot lors que partoy d'icy. Que pleut à Dieu que j'eusse ce bonheur d'en pouvoir faire un ample discours avecq icelle, mais comme je n'y voy à présent nul moyen, si je ne vueil faire faute au devoir que j'ay à Monseigneur le Prince et à son service, j'espère que vostre S. pour ce coup m'en tiendra pour excusé, dont je la supplie très humblement, voyant mesmement que, si je ne haste ce voiage, il y pourra entrevenir quelque destourbierGa naar voetnoot1 qui nous troublera le tout, car desjà nous estions en ces termes que, pour l'instance que l'on me faisoit d'avoir préallablement sentence solennelle de juge sur l'approbation du mésusGa naar voetnoot2 d'adultère, j'estoy en branle de laisser le tout pour ce coup icy. Toutesfois à la fin nous avons remédié à cecy par ce moyen, assavoir que par ce présent porteur je prieroye vostre S., dont je la prie très humblement et autant instamment que j'en suis obligé pour le service de Monseigneur le Prince d'Oranges, qu'elle, au plustost qu'aucunement faire se pourra, vueille dépescher par seure voye vers Monseigneur l'Electeur Palatin toutes les informations, documents, et procédures faites et tenues par vostre S. sur l'enqueste et vérification du dit mésus; j'entends les copies authentiques d'icelles; tant pour asseurer mon dit Seigneur Electeur de son fait propre, comme pour luy servir d'acquit envers ceux qui luy en voudroyent demander raison; et qu'il plaise pareillement à vostre S. donner les mesmes copies authentiques au dit porteur pour me les mettre entre les mains, afin de contenter la Damoiselle et ceux à qui ce fait touche, et quant et quant avoir pied sur quoy procéder, lorsque serions arrivés en Hollande. Les pièces princi- | |
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Ga naar margenoot+palles, à mon advis, seroit: la confession de R.....; la lettre qu'il en a escrit à elle; ce qui depuis par elle a esté respondu a vostre S.; la lettre qu'elle mesme a escrit à Monseigneur le Prince, par laquelle elle vouloit requérir pardon de son meffait; et s'il y a autre chose semblable, singulièrement qui touche la confession d'elle, comme si elle en avoit escrit qnelque chose à vostre S. ou à Monsieur le Lantgrave. Je me confie du tout en l'équité et prudence de vostre S., et mesmes au bon désir qu'elle a de accommoder les affaires de Monseigneur le Prince, que je me suis obligé corps et biens tant vers l'Exc. de Monseigneur l'Electeur que vers la ditte Damoiselle, que, par le moyen et faveur de vostre S., je leur en doneroy pleine et entière satisfaction et contentement, à laquelle condition aussy (et non autrement) m'a esté permis d'en user ainsy que trouveroye convenir pour le service de mon dit Seigneur et maistre le Prince d'Oranges. Pour tant je supplie très humblement et très affectueusement vostre S. de ne m'esconduire et ne m'abandonner en une cause et requeste tant juste et raisonnable. L'on m'a fort pressé d'avoir, pour l'acquit de la Damoisellē et justification du divorce, une sentence donnée sur les dit informations et preuves par vostre S., ou par quelques juges ordinaires vostres de Dillenberg, en quoy n'ay jamais voulu entendre, pour ce que veoye les difficultés qui pourroyent tomber là-dessus. Que si toutesfois vostre S. le trouvoit aucunement faisable et lui plaisoit me faire ceste faveur de m'envoyer quelque sentence, ores que ce ne fut que par forme d'acquit, autenticquée et ratifiée par quelque manière judiciaire, je m'obligeray à vostre S. ne la laisser hors de mes mains, ou bien en user d'avecq telle discré- | |
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Ga naar margenoot+cion et avecq toute telle façon qu'il plaira à vostre S. me commander. Et certes je m'en trouveray vostre très-obligé, estimant avoir un aussy grand bénéfice et faveur, comme j'entends que cela serviroit grandement pour l'expédition de toute l'affaire, et pour le plus grand contentement de mon dit Seigneur le Prince; ce que je prie d'autant plus instamment, que j'estime qu'il ne peut aucunement estre préjudiciable à vostre S., à cause qu'il semble qu'estant décreté confinement déans la ville de Segen au dit R....., desjà la sentence a esté aucunement donnée: toutefois je remets cecy à la bonne discrétion de vostre S. Touchant la personne qui a commis le mésus, voilà ce que son Exc. m'en escrit, couché en mots formels: ‘Quant au conseil du Lantgrave d'emmurerGa naar voetnoot1 celle que savez, et après faire courrir le bruit qu'elle seroit morte, je ne le trouve point mauvais, pour les raisons considérées en vos lettres, mais le lieu ne me semble point propre à DillenbergGa naar voetnoot(1), pour ce qu'il ne pourra estre tenu secret, estant lieu fort fréquenté; davantage il seroit plus convenable que ses parens, comme le Duc de Saxe ou le Lantzgrave, la retirassent et meissent en quelque lieu plus caché et eslongné de conversation (comme ils | |
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Ga naar margenoot+en ont bonne commodité), et qu'ainsy s'ensuyvist le bruit de sa mort; en quoy j'estime qu'il n'y a aucune difficulté, veu le conseil desjà donné par le Lantzgrave. Vous en pourrez advertir mon frère le Comte Jean, auquel aussi j'en escris à ceste commodité, afin de moyenner discrètement envers eux ce que dessus, etc.’ Voilà, Monsieur, ce que son Exc. m'en escrit, et me semble bien raisonnable, moyennant qu'il fust aussy bien exécutable, ce que je crains que non, à cause des difficultés qu'ils y pourront trouver. Il plaira à vostre S. y adviser et en user selon qu'elle trouvera le plus convenable; que si l'on pouvoit aucunement y induire Mr. le Lantzgrave, cela seroit sans nul doubte le plus expédient. Je suis seulement marry que n'en puis discourir avecq v.S. en présence. Au reste, comme ainsy soit que bien souvent j'ay apperceu et entendu le grand désir que mon dit Seigneur le Prince a que sa filleGa naar voetnoot(1), Madamoiselle d'Oranges, se trouvast par devers luy, selon que son Exc. m'en a plusieurs fois tenu propos, lorsqu'il estoit question d'amener ceste-cy par delà, me tesmoignant le grand contentement qu'il recevroit en cas que je la peusse mener avecques moy, ores que pour le regard de l'incertitude de ce fait, et mesme pour ce qu'il pensoit que l'on le pourroit faire plus secrettement et avecq moindre ruse et despense sans cela, il ne m'en ait donné nulle charge expresse, toutesfois je n'ay fait difficulté, pour avancer le service de son Exc. et luy donner contentement, de supplier vostre S., comme je la supplie bien humblement, qu'il luy plaise la envoyer vers | |
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Ga naar margenoot+Coulogne ou plustost vers Anvers, contreGa naar voetnoot1 le tamps quand nous passerons par là, selon que vostre S. entendra par le présent porteur, lequel j'ay envoyé expressément pour ce que dessus. Et si j'osoye prier vostre S. de la accompagner jusques là ou quelque autre lieu, où j'auray ce bien de faire la revérence à v.S. et luy communiquer beaucoup de poincts fort importants, j'estimeroye avoir fait un service très agréable à mon dit Seigneur le Prince; mais comme je ne say s'il sera aucunement commode à v.S., je ne m'advanceray pas plus outtre que de luy avoir représenté l'advancement que cela pourroit faire au service de vostre Exc. et les causes urgentes qui m'empeschent de faire moy-mesme le devoir convenable de me trouver vers vostre S., remettant le reste à sa bonne discrétion et à l'affection entière et vrayement fraternelle que je say qu'icelle porte au bien et contentement de son Exc. Si le fils de son Exc., AugusteGa naar voetnoot(1), lequel il avoit avant mon partement mandé par Hellinger, estoit encor là, son Exc. seroit bien aise de l'avoir aussy près de sa personne m'ayant pour cest effect donné charge de luy faire venir quelque maistre d'écolle, à quoy j'ay aucunement donné ordre. Je suis contraint de dire de rechef le regret que j'ay de ne pouvoir moy-mesme me trouver vers vostre S. pour, par le commandement, ordonnance, et conseil d'icelle, exécuter tout cela, mais cependant je m'asseure que vostre S. en usera comme elle entend estre le plusGa naar voetnoot2 | |
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Ga naar margenoot+agréable à mon dit Seigneur le Prince, dont aussy la supplie très-humblement. Monseigneur, Dieu vueille maintenir vostre S. en Sa saincte protection et sauvegarde, et me donner part en ses bonnes grâces. Escript à Heydelberg, ce 2me may 1575. De vostre S. très-humble serviteur, Ph. de Marnix, Sr. de Saincte Aldegonde. A Monseigneur, Monseigneur le Comte Jéhan de Nassaw. Dillenberg. Le 9 mai, Viron, un de ceux qui tenoient Granvelle au courant des affaires, lui écrit de Bruxelles: ‘...Le bruyt court icy que vostre Seigneurie a ung successeur à Naples, qu'est le Marquis de MondégaGa naar voetnoot(1) de la Maison de Mendoça, quilz sont estez amys de la vostre, que tiens aurez à plesir plus que d'autre, et que le Roy a donné à vostre illustrissime Seigneurie l'archeeschié de Sarrgveaoce; Dieu veuille quy soit ainsi, et que je puisse avoir bonne nouvelle de bonne provision pour Monsieur le Conte vostre nepveux, de quoy je ne doubte. Et par ainsi peu d'espoir de vostre venue par deçà, où vostre illustrissime Seigneurie est grandement désiré, combien que, si estes pár delà, n'en auront moindre joie, espérant que tiendrez la queue de la charue des affaires de par dec̣à, qu'est bien requiz...’ (MS. B. Gr. xxx. p. 72 v.). |
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