Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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† Lettre DXVII.
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Ga naar margenoot+tardoient encore, pour diverses raisons, à devenir Membres de l'Eglise: le Prince les aura rangé parmi les non-Catholiques; on pouvoit les compter aussi parmiles non-Réformés. - Il n'est pas question ici d'Amsterdam et de beaucoup d'autres endroits, au pouvoir des Espagnols et où les Catholiques, habitants et réfugiés, étoient peut être en grande majorité. Monsieur mon frère. Vous serez peult-estre esbahy de ce que par ma lettre datée ce jourd'huy et allant joinctement ceste, je ne respons qu'en partie à celle que vous m'avez escript le iije jour de ce mois, obmettant quelques poincts y contenuz lesquels toutesfois ne méritent moindre considération que les aultres, mais comme je ne l'ay faist sans bonne occasion, et que je ne vouldroys ouvertement entrer en ceste matière plus avant qu'elle n'est encoires disposée; aussy que Monsieur le Conte de Schwartzbourch, nostre beau-frère, n'a pour ce coup communicqué avecq vous que tant seulement du moien que l'on pourroit tenir pour encheminer la négociation de paix des pays de par deçà, m'a semblé bon de tenir ma lettre susditte ès bornes que vous verrez par le discours d'icelle mesmes, afin que tant plus librement vous la puissiez envoyer à mon dit beau-frère, et tenir la bonne main à ce qu'il la veuille faire tenir à l'Empereur. Et cependant, pour ne vous tenir en suspens du surplus du discours de vostre lettre, j'ay trouvé fort à propos vous y satisfaire par ceste, afin qu'estant du tout esclaircy de mon intention, vous puissiez, selon vostre bonne prudence et discrétion, tant mieulx vous reigler en ce qui se passera plus avant en ceste endroict. Et en premier lieu, quant à ce que vous désirez je vous | |
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Ga naar margenoot+face entendre si je trouveroys bon que vous, avecq Messieurs les Contes Albert de Nassau et de Solms mes beaufrèresGa naar voetnoot(1), vous mectez en compaignie de Monsieur le Conte Gunther de Schwartzbourg, lors qu'il pourra venir par deçà: je vous diray que, oires que je ne désireroys rien tant que d'avoir icy la compaignie de mes dits deux beau-frères et principallement de vous, pour joyr de vostre bonne conversation et par vostre bon conseil et advis tant mieux encheminer ces affaires, toutesfois mectant en considération les dangiers qui vous pourroyent survenir, j'y voys bien grandes difficultez et ne trouve, à correction, aulcunement convenir que vous ou mes dits beau frères auriez à accompaigner le susdit Conte de Schwartzbourg au dit voyage, puis mesmes que vous et mes dits deux beau-frères avez par réitérées fois esté avecq moy au camp, et à ce regard seroit grandement à craindre que (par dessus ce qu'on pourroit en vostre endroict practyquer le concile de Constance, où il est dict et décrété qu'il ne fault garder aulcune foy aux hérétycques, au rang desquels ilz mectent les Allemans qui se sont retirez de l'Eglise Romaine) facillement noz ennemis, selon la fécondité de leur esprit maling, trouveroyent quelques aultres inventions pour vous grever et nuyre; comme de faict nous voyons icy advenir de la part du coronnel Mondragon, lequel demeure jusques icy mancquant à sa promesse si solennellement jurée au contract faict avecq moy à la rendition de Middelbourg, et depuis encoires réitérée par plusieurs et diverses lettres que coup | |
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Ga naar margenoot+àGa naar voetnoot1 coup il m'a escript, et toutesfois il est encoires en faulte d'y satisfaire, soubz prétextes et subterfuges indignes de gentilhomme d'honneur et homme de bienGa naar voetnoot(1). Davantaige vous me dictes qu'en discourrant avecq le dict Sieur Conte de Schwartzbourg de plusieurs aultres choses concernantz ceste matière, et faisant mention du faict de la religion, avez assez de luy entendu que, quant à ce poinct, pourrions par deçà à grand paine obtenir aultre chose, sinon que ceulx de la Religion Réformée pourroyent franchement sortir hors du pays et toutesfois retenir la jouissance libre de leurs biens. A cecy, Monsieur mon frère, je vous diray librement que je voys la mellieure, plus grande, et plus saine partie des personnes, tant hommes que femmes par deçà, avoir si bien prouffité et s'advancher encoires de jour à aultre tellement en la crainte de Dieu, qu'il n'y a aulcun qui vouldra changer sa religion, et moins abandonner celle qui est si conforme à la parolle de Dieu, encoires que ce luy cousteroit la vie avecq perte de tous ses biens. Qui faict que je voys qu'avecq grande difficulté l'on pourra sur ce poinct donner contentement au Conte de Schwartz- | |
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Ga naar margenoot+bourg, car quant oires ilz vouldroyent se retirer et sortir hors du pays, si est-ce qu'ilz sont assez asseurez que, à cause de la Religion qu'ilz tiennent et pour la hayne qu'on porte à icelle en divers aultres lieux et pays, ilz ne seroyent poinct aultre part bien venuz, et ne leur seroit quasi en aucune partie d'AllemaigneGa naar voetnoot(1) permiz l'exercice de leur ditte Religion. Et à ce regard, quant au plus fort ilz debvroyent périr en misère, ce que toutesfois ne voulons aulcunement espérer, plustost se hazarderont de demeurer par deçà, attendans la fin et issue de la guerre, laquelle en tout événement ne leur pourroit apporter condition pire, que feroit leur sortir hors du pays. Il est vray qu'on me pourroit objecter à cecy qu'ils l'ont faict cy-devant, ce que j'accorderay tousjours voluntiers, mais vueillant en cest endroict faire comparaison du temps passé au présent, l'on trouvera que le nombre de ceulx de la Religion icy est, ces dernières années, par une singulière grâce de Dieu, tellement augmente, qu'il en reste fort peu, si ce n'est quelques ecclésiastiques, qui soyent de contraire opinion, et se souvenantz ceulx qui aultrefois pour ceste cause sont esté vagabonds aux pays estrangers, du maigre recueil qu'on leur a faict; et entendans cela ceulx qui depuis sont esté illuminés de la parolle de Dieu et s'asseurans assez qu'on ne leur feroit guerres meillieure mine maintenant, je tiens pour tout certain qu'ils se résouldront de mourir plustost les ungs après les aultres que d'abandonner leurs maisons, où ils ont, grâces à Dieu, encoires bons moiens de se deffendre | |
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Ga naar margenoot+et vivre de ce que le Seigneur Dieu leur eslargist et octroye journellement; et en vérité, à mon simple jugement, ce seroit une paix non seullement pouvre et bien piteuse, mais aussy par trop aliénée de ce qu'ung si grand bien et bénéfice de Dieu porte communément avecq soy, quand l'homme seroit constrainct de quicter et abandonner ce que, tant par succession héréditaire que aultrement, il auroit toute sa vie possédé paisiblement; ayant de tout temps et entre toutes nations, pour barbares qu'elles fussent, tousjours usité que ceulx qui durant la guerre avoient esté jettez et déchassez hors de leurs biens et possessions, y fussent, au moien de la paix, de rechieff remis et redintegrés; aussy j'estyme assez qu'il n'y a personne en Allemaigne qui se contenteroit d'estre poussé hors de sa maison et aultres biens, au temps mesmes qu'il en debvroit et penseroit jouyr en toute liberté et en bon repos. Et de vouloir persuader à ceulx de la Religion qu'ils pourront jouyr de leurs biens, ce ne seroit qu'abuz et une vraye piège et filet, pour tant mieulx les attraper, car on leur mettra à chacun bout de champ tant d'empeschemens directement et indirectement, et mesmes, si besoing est, par forme de justice (en quoy tous les conseilliers leur seront ennemis mortelz), que leurs biens iront bientost entre les mains de leurs plus grands adversaires, et cela de tant plus si les estrangiers demeuroyent en ces pays.... A Delft, ce 28me jour de septembre 1574. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur, Monsieur le Conte Jéhan de Nassau, mon bien bon frère. |
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