Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij*Ga naar voetnoot2 Lettre DVI.
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Ga naar margenoot+Monseigneur. Comme il a pleu au Seigneur Dieu depuis quelques jours ençà visiter l'excellence de Monseigneur le Prince, nostre Seigneur et maitre, d'une maladie, dont ne faisons doubte que le bruyct sera desjà venu jusques à vostre Seigneurie, et craignans que ceulx qui en feront le rapport par delà pourront aggraver et faire la chose plus grande qu'elle n'est, ce qui pourroit mectre vostre Seigneurie et tous aultres bons Seigneurs et amys de son Excellence en grandes perplexitez, mesmes n'ayant aulcun advertissement de ce costel, avons estymé estre nostre debvoir d'escripre ceste à vostre Seigneurie, et par icelle luy donner au vray advis de ce qui en est. Et c'est que depuis douze jours ençà son Excellence a esté saisie d'une fiebvre quotidienne, dont-elle a eu de cincq à six accès, sans en avoir depuis plus esté assailly. Mais toutesfois, après avoir prins quelque peu de pillules et aussi s'estre faict seigner une veine, demeure son Excellence en une débilité de tous membres et une infirmité d'estomach si grande qu'elle ne peult quasi se bouger du lict, si ce n'est à la fois quelque quart d'heure, et cela avec grand peyne. Aussi ne treuve goust quelconque aux viandes, bien que ce jourd'huy, grâces à Dieu, elle a prins quelque oeuff et ung peu du blan mengé, avec quelques confitures, ce que luy peult servir pour entretenir la nature, mais assez peu pour substanter le corps. Du vray sommeGa naar voetnoot1 son Excellence en a peu, ne faissant continuellement que sommeiller. Il y a icy trois médecyns lesquelz ne sçaivent encoires bonnement juger de la maladie; seullement que tous s'accordent en cela qu'elle est procédée et causée de mélancolie, et qu'à ce regard il seroit | |
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Ga naar margenoot+bien à craindre que la ditte maladie se pourroit tourner en éthycque, combien qu'ilz en espèrent mieulx, comme aussi faisons tous. Nous pouvons asseurer vostre Seigneurie qu'il n'eust sçeu venir en ceste saison chose si mal à propos, d'aultant que tous affaires demeurent sans pouvoir dépescher aucun. Aussi pour le faict de la ville de Leyden, laquelle on est sur le poinct de ravictuailler, en quoy à la vérité et les Estatz et tous aultres qui y sont employez, font leur extrême debvoir d'avancher ce faict tant qu'il est possible. Nons ne fauldrons de jour à aultre d'advertir vostre Seigneurie de la disposition de son Excellence, et l'eussions faict plustost, n'estoit qu'avons tousjours espéré amendement. Des nouvelles n'avons icy présentement aucunes dignes de vostre Seigneurie, sinon que l'ennemy casse une partie de ses forces, ayans esté par deçà. Et quant à la flotte et armée navalle d'Espaigne, l'on tient pour tout asseuré qu'elle ne viendra pour cette année. Monseigneur, nous recommandantz très humblement à la noble grâce de vostre Seigneurie, supplierons Dieu vous donner en parfaicte santé heureuse et longue vie. Escript à Rotterdam, ce xxije jour d'aoust 1574.
De vostre Seigneurie très-humbles et très-obéysans serviteurs,
Floris de Nuynhem. Nicolas Brunynck.
A Monseigneur, Monseigneur le Conte Jéhan de Nassau, à Dillenberch.
Monseigneur, son Excellence a, passé cincq ou six jours, | |
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Ga naar margenoot+receu les lettres de Vostre Seigneurie du dernier jour du mois passé, mais à cause de sa maladie n'y a peu respondre. Nous espérons que Monsieur d'AffensteynGa naar voetnoot(1) sera présentement arrivé et que de luy aurez entendu l'intention de son Excellence. |
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