Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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1574-1577. | |
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[1574]Ga naar margenoot+Depuis le désastre de Mook jusqu'à la mort de Réquesens (mars 1576), qui devoit amener pour la Hollande un soulagement durable et pour les dix-sept provinces des Pays-Bas un rapprochement momentané, deux années s'écoulèrent, remarquables et difficiles. On peut subdiviser ce temps en trois parties, de sept à huit mois chacune. D'abord la guerre faite par les Espagnols avec vigueur, jusqu'à ce que, vers la fin de 1574, il est sérieusement question de paix: ensuite les négociations de Bréda, infructueuses, mais qui se prolongent jusqu'en juillet 1575: enfin le renouvellement de la lutte avec un redoublement d'intensité. Durant la première époque le siège de Leide, qui ne fut levé qu'en octobre, étoit le sujet principal des soucis du Prince et des efforts de l'ennemi. | |
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Ga naar margenoot+combien que je vous aye escrit naguirres, pour ne perdre une telle comodité que celle qui se prêsente, et non pour nouvelles que nous ayons de grande valleur. La routteGa naar voetnoot1 des compagnies qui s'acheminoient vers vous a esté non moins fascheuse à ouir, que la joye qu'on avoit receue de la prinse de MedelbourgGa naar voetnoot2, principalement d'aultant qu'on a esté jusqu'ici en grande incertitude des chefs, comme nous sommes encor, ne sachants que par conjecture qu'ils sont devenus. Quant à la France, les choses y sont tellement confuses, qu'on n'en peult attendre qu'une entière ruine. L'emprisonnement du Duc d'Alençon, Roy de Navarre, Mareschal de Montmorenci, et autres, ont apporté non seulement un grand estonnement, mais aussi rompu des grands desseinsGa naar voetnoot(1), néantmoins ceux qui avoient prins les armes, n'ont délibéré de les lascher sans bonnes enseignes. On a faict courir un bruit ces jours qu'on avoit exécutez à mort les dits Duc et Roy: cependant on tasche d'endormir encor ces Princes de par deçà d'une nouvelle masque de paix, et qui pis est, on y preste aussi aisément l'aureille, comme si on avoit à faire à des gens dGa naar voetnoot3 et non à des traistres et meurtriers exécrables. Ces choses nous sont de fort mauvais présages, puisque ceux qui devroit avoir les yeux ouverts, se laissent aveugler à leurs escient et entretiennent, non seulement ami [tié] avec les ennemis de Dieu, mais se détournent quant et quant de l'affection qu'ils devroient porter à leurs frères. Vous entendez bien ce que | |
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Ga naar margenoot+je veux dire, et pour tant n'est besoing de plus grand esclaircissement. Je crois que vous n'estes exempt non plus que nous d'un merveilleux marrissement en telles choses, mais nous n'y pouvons autre que de recommander l'issue de ces misères à Cellui qui les nous envoye justement, et gémir la condition de nostre siècle maudit, attendant que Dieu nous en délivre. Si vous avez quelque meilleure occasion d'espérance plus heureuse, je vous prie m'en faire part au retour de ces bons Seigneurs, par lesquels vous pourrez entendre plusieurs particularités qui seroient trop prolixes à entendre. Attendans les vostres, je prieray le Seigneur vous multiplier ses grâces, me recommandant aussi à vos prières. Vostre troupeauGa naar voetnoot(1) continue à l'accoustumée. Vos amis vous salluent. De Francfort, ce 8 de may 1574.
Vostre entier frère et amy serviable, [J]alluard. A Monsieur et honoré frère, Mr Taffin, Ministre du St. Evangile, où il sera. |
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