Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+soir receu vostre lettre du 17 du présent, par laquelle j'entens ce qui est passé au rencontre que Monsieur le Ducq Christophore et mon frère ont eu avecq les ennemis, et le peu de certitude que vous avez de ce qui est de leurs personnes, et en quel estat ils sont; dont je suis à la vérité en bien grand peyne, estant desjà neuf jours que la chose est passée. Je leur ay dépesché plus de dix messaigiers, mais toutesfois je n'ay jamais peu entendre aulcune nouvelle ny certitude, vous priant à ce regard bien affectueusement me mander par le premier en quel estat ilz sont. Or, quant à ce que me dictes que noz affaires sont en bonne disposition par delà, j'en loue Dieu, et vous en remerchie bien affectueusement de la dilligence, peyne, et sollicitude dont vous estez de tout temps employé à l'advanchement de ceste nostre choseGa naar voetnoot1, vous priant de vouloir tenir la bonne main soit vers le Roy de France, le Roy de Pologne, Duc d'Alençon, Palatin, Ducq de Saxe, Brandenbourg, et aultres diverses, afin qu'ilz voullussent une fois prendre une résolution, sans nous tenir tousjours en suspens; car par si long délays les affaires se pourroyent avec le temps changer de la sorte que eulx et nous pourrions tomber en inconvéniens inespérez. Touschant ce que désirés sçavoir mon intention sur ung des deux événemens, l'ung ce que auriez à faire en cas que le Duc Christophle et mes frères Contes Ludovick et Henry sont encores en vie et qu'ilz peuvent assambler leurs forces ensemble, mesmes puisque les trouppes Franchoyses sont approchées. En responce de quoy je vous diray qu'il ne nous pourroit au monde venir chose plus à propos et mieux désirée, sinon que les forces se pourroyent de rechieff | |
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Ga naar margenoot+joindre et monstrer teste à l'ennemy, et en ce cas et que l'ennemy ne s'estoit renforcé de plusieure cavallerie de Allemagne, me sambleroit beaucoup mellieur de passer la Meuse là où je la passois la première fois, que non pas icy à l'entour, à cause qu'il faict fort estroict pour la cavallerie. Mais pour cela il fault faire estat d'avoir trois mille bons piqueniers avec corseletz, pour soutenir la cavallerie des ennemis. Et en cas que le Duc Cristophle ou mon frère, que Dieu ne veuille, soient morts ou qu'ilz ne peuvent assambler leurs gens, il n'y a aultre remède sinon que ung de mes frères prenne tous les Franchois, Wallons, et quelque nombre de piqueniers et cavallerie, et tire droict vers Embden, et regarder si l'on pourroit faire quelque entreprinse sur Delfsil, sinon s'embarquer et nous trouver en Hollande. Je ne vous sçauroys assez mander le marissement que j'ay d'estre si incertain de la disposition de mes frères. Parquoy vous prie de rechief me mander ce qui en est, et tenir la main qu'eulx mesmes m'escripvent, aultrement ne pourroys estre à mon repos et aurois tousjours mauvais soubçon. Mon frère le Conte van den Berch m'a ci-devant escript de Gorchim de quelques rittmeisters lesquelz présentent nous amener trois mille chevaulx. Vous pourrez enquester de luy ce qui en est, et s'ilz sont encoires de mesme volunté, me mandant par après, tant de cecy que de toute aultre chose, de voz nouvelles et ce le plustost que pourrés pour me relever de peyne.... Escript à Bommel, ce xxije jour d'apvril 1574. Ayant depuis ceste escripte encoires de plus prez considéré toutes choses, je treuve que, pour maintenir nostre faict, il est entièrement requis de faire en bonne diligence nouvelle levée de cavallerie pour retirer les forces | |
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Ga naar margenoot+ennemies autre part, qui autrement nous viendront icy toutes sur le bras; car ayant l'ennemi maintenant redoublé ses forces, il se fault asseurer qu'il nous viendra courir sus. Et, si pour faire la dicte levée les moyens vous faillent, me semble requiz d'en escrire promptement à tous les Princes d'Alemagne, leur remonstrant les termes où nous sommes et dangiers qui leur menassent, ensamble et aux aultres potentatz avec lesquelz nous avions commencé à traicter, en cas que les Espaignolz viennent à estre maistres absolutz de ce pays, et au contraire avec bien peu de chose ilz nous pourroyent présentement aider à nous maintenir, qui seroit tant plus pour leur seureté. Mandez-moy quelz moyens vous avez pour recouvrer argent, afin que regardions icy s'il y auroit à cela quelque espoir. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. A Monsieur,
Thierry, fils de Gerard (Dierick Geritssoen), écrit d'Anvers, le 26 avril, ‘à Jéhan van Linden, demeurant pour le présent à Aix (voyez p. 356): Les affaires vont mal, les Espagnoils ont mutinésGa naar voetnoot(1) et ont choisy tous nouveaux officiers et demandent estre paiés et veulent | |
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Ga naar margenoot+avoir nostre pouvre ville d'Anvers pour pillage et disent s'ilz y peuvent jamais entrer qu'ilz la pilleront; aussy il y court ung bruit que certains marchans d'Anvers auvoient presté de l'argent au Prince; c'est, comme je croy, pour colorer le faict, en cas que le pillage de la ville sortoit son effect. L'infanterie Wallonne de Monsieur de Havré s'en retourne vers Amsterdamme, laquelle on dict estre assiégée; toutefois les Espagnoils viennent tousjours vers Anvers. Les affaires sont en ung pouvre estat pardeçà.’ |
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