Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
Ga naar voetnoot1† Lettre CDLXXXIII.
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Ga naar margenoot+sans affronter un extrême péril. Les inquiétudes du Prince durent être bien vives, d'autant plus que les Espagnols, de bonne heure avertis, et abandonnant le siège de Leide, prenoient leurs mesures avec promptitude et habileté. Il n'ensuit pas qu'il ait jugé la détermination de son frère trop bardie. Les Lettres suivantes ne contiennent aucun indice d'une telle désapprobation; au contraire, et il ne lui donne le conseil de se rendre à Emde (p. 370) que dans la supposition qu'une partie considérable de ses troupes l'avoit abandonné. Après ce que lui-même avoit souvent écrit, et notamment le 6 janvier (p. 321), sur les résultats décisifs que pourroit avoir son arrivée, sur la grande longueur et la tardivité d'exécution, sur la longue et vaine attente de secours qui avoit entrainé la ruine de la bonne ville de Harlem, sur la position critique à moins de quelque bon soulaigement, falloit-il après cela reculer! Si le Comte, attendu avec impatience par tout le pays de Hollande déjà en mars 1573 (p. 74) poursuivit audacieusement son dessein, ce ne fut pas par un excès d'humeur entreprenante, mais par un vif sentiment de son devoir. Le 21 janvier, probablement après la réception de la Lettre 468, il écrivoit: ‘sollte dieser anschlag zuerück gehen oder nicht gerathen, so were es dausent mal besser das man nie daran gedacht hette, dan die Hollender und Sehlender gar verzweiveln würden.’ p. 326. Messieurs mes frères. Depuis ma dernière du xe jour de ce mois, dont le double vat joinctement ceste, j'ay hier sur le soir receu une vostre du iiij de ce mesme mois, et ce jourd'huy matin m'est venue une aultre vostre du vije, par laquelle j'ay veu vostre délibération de venir avec voz trouppes pardeçà et à cest effect prendre vostre chemyn entre Grave et Thiel. Je vous puis asseurer que voz lettres me sont esté plus que bien venues pour la peine où j'étois de sçavoir l'estat tant de vostre santé que de voz affaires, et ayant reçeu vostre lettre, j'ay incontinent escript et mandé à une bonne partie de mes Capitaines qu'ilz ayent | |
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Ga naar margenoot+au plus tost à se trouver ès environs de Tiel pour estre en ces quartiers-là vous recepvoir, oires que je crains que le pays y est assez estroict pour la cavallerie, et toutesfois nous donnerons ordre de vous accommoder de bateaux et autres nécessités, le plus que sera possible, espérant aussy d'y aller moy-mesme. Je suis marri que les Franchoys ne sont encoires venuz jusques à vous; me doubtant que devant leur arrivée vous estes party: qu'ilz soyent délibérez de vous suivre, ilz ne pourront passer sans courrir quelque grand dangier, qui seroit dommaigne pour eulx, et nous viendroit mal à propos. Or il le fault remectre à Dieu et soy aider du mieulx qu'on peult. Quant au Rittmaistre Schenk, il a par diverses fois esté sommé de passer oultre avecq ses gens, mais s'en est toujours excusé à faulte d'argent, et que à ceste occasion ses gens ne vouloient monter à cheval, ainsi que par ses lettres propres qui sont esté interceptés j'ay veu. Mais si depuis quelques quatre ou cincq jours ençà il soit party, je ne le puis encoires sçavoir. Et sur ce, me recommandant très affectueusement en voz bonnes grâces, je supplieray Dieu vous donner, Messieurs mes frères, en parfaicte santé, heureuse et longue vie. Escript à Dordrecht, ce xiij jour d'apvril 1574. Quant à Eyndhoven, je ne fauldroye de y aller, comme aussy je ferois chasse plus grande, mais noz forces ne sont assez bastantes.
Messeigneurs. Estant son Excellence ceste nuyct pour quelque bonne occasion allé à Delft sans avoir signé ceste, j'ay bien voulu toutesfois la dépescher par ce porteur, en attendant que son Excellence vous envoye le | |
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Ga naar margenoot+duplicat par celluy qui a apporté voz lettres du 4e de ce mois. De vos Seigneurs,
très-humble et très-obéyssant serviteur,
Nicolas Brunynck. A Messieurs,
Le Comte Louis menaça Nymégue. ‘Hy trock op den 11 April, op Paeschdagh, sterck gherekent omtrent 2000 Peerden, ende ses ofte 8000 voetvolck, ende hem gelatende elders te trecken, nam synen weg subitelycken op Nimmegen, daer hem de Spaengiaerden (nu sterck zynde) terstond volghden.’ V. Meteren, 90b. Il fut arrêté le 13 avril par l'ennemi près du village de Mook, et le même jour il remporta un succès. ‘Met eenige Ritmeesters ende met een weynigh deel peerden uytgereden zynde..., ontmoete hy lichte peerden der Spangiaerden, ende die terstont bespringhende, sloeghse in de vlucht, veel doodt blyvende.’ l.l. Le lendemain les Espagnols, nombreux et expérimentés, firent une furieuse attaque. Une grande partie des soldats du Comte, dans ce moment critique, exigeoit, avant de combattre, leur payement. ‘Graef Lodewyck met d'ander Overste zyn na hun voet-volck toegereden, ende hebben met groote smeeckende woorden de soldaten gebeden ende vermaent dat sy wilden terstont den Ruyterschen Edeldom ende d'andere te hulpe komen. Maer.... sulcken haestigen peryckel niet bedenckende, hebben haer onwilligh ende langsaem bewesen, ja vele geldt, geldt! roepende, haer peryckel niet insiende.’ l.l. 90c. L'ennemi reçut des renforts considérables durant le combat. Le triomphe des Espagnols fut complet. Trois mille hommes de l'armée du Comte restèrent sur le champ de bataille. Toutefois, comme le remarque M. Bosscha, il fut vain- | |
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Ga naar margenoot+queur là où lui-même combattit. Il avoit chargé et chassé devant lui un escadron commandé par M. Schenk; ces fuyards répandirent le faux bruit de la défaite des troupes du Roi. L'ennemi rendit témoignage à sa prudence et à sa valeur. ‘De Spaengiaerden hebben selve geschreven dat de Overste ende het Peerdevolck alle verstant, vroomigheyt ende manheyt ghebruyckten’ l.l. |
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