Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+assistent le Conte Ludovicq sont Françoys, et que le Prince Casemir c'est faict pensionnaire de Vostre Majesté, et qu'il a l'estat qu'avoit Jéhan-Guillaume de Saxe, et qu'avecques cela l'on est à ce faire croire que c'est avecques quelque intelligence de Vostre Majesté que ces levées vont avant; néantmoins il n'y a nul qui me tienne telz propoz.... ....A ce que j'ay peu entendre et sentir, l'on demande toute ayde et faveur à l'EmpereurGa naar voetnoot(1) aulx affaires présentes, et ce chemyn là me feroit plutost soubçonner qu'il se proposast quelque conserte et paciffication que non la guerre, car il est tout manifeste que l'Empereur à tousjours tendu là et faict encores de présent par voye de son Ambassadeur, encores qu'il ne ce veoye rien de deçà qui approche à telles choses, parceque de jour à aultre l'on veoit donner toute presse à ung grand appareil de guerre; néantmoins tumbay-je en soubçon de ce que l'on recourt à l'Empereur, actendu comme il a esté jusques icy très aparent qu'il n'a pas grand crédict d'arrester ceulx qui vouldront sortir, de manyere que tout ce qu'il pourroit faire ce seroit de paciffier le tout, qui ne seroit, à mon oppignyon, sy venoyent là, sans conditions. Car de leur faire poser absolument les armes, je croy qu'ils en sont hors de termes. Vostre Majesté pourra, pour le bien de son service, fàire ung peu observer par ceulx qui sont pour ses affaires près de l'Empereur, s'il se traicte aulcune chose qui preigne ce chemain, et aussy faire prendre | |
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Ga naar margenoot+garde sur le Grand-Commandeur s'il n'entrera poinct aux praticques dont se vante estre sy bon maistre. En somme je diray à Vostre Majesté qu'ils sont icy presque désespérez des affaires des Pays-Bas, et, sellon que monstre le Roy Cathollique, il les veult remédier avecques la force, et n'y a homme qui y aye aultre cas, si n'est aultant que l'on vouldra subçonner avecques les choses cy-dessus dictes, et que l'on voullust dire que le bruict de ce grand appareil servist d'occasion de faire venir tout le monde avecques envye de moyenner une paciffication; les Ministres d'icy n'y seroyent si difficilles comme par le passé, et comme j'ay desjà dict par plusieurs foys à V.M. ils [y] estoient allés bien avant, et n'y a que le Roy qui leur ayt faict teste, et s'il vient là, ce sera qu'il n'y pourra aultre chose, ou je me trompe bien. Il donne très grande presse au Duc d'Alve; l'on pence qu'il sera icy dans un jour ou deulx, et aussy l'on dict que Don Joan d'Austria y sera bientost. Le Duc de Médyna-Celly feut hier pourveu de l'estat de grand-maistre de la Royne; s'il sçait faire part contre le Duc d'Alve, comme il a faict semblant quand il est arrivé icy, il se verra tost à qui l'on donnera le principal crédict, ou à celluy qui a toujours faict la guerre, ou à celluy qui conseille la paix.... ....Depuis ma dernière le Duc d'Alve entra dans ceste cour le dernier du passé et n'y voulut venir de jour, estant près de dix heures de la nuyct quand il arriva, de manyère qu'il feut peu accompaigné, non qu'il ne feust sorty infinis gens au devant de luy, mais il manda qu'il ne viendroit pour ce jour, qui fait que tout le monde se retira. Il alla dessendre chez le prieur Don Anthonyo et aussytost se meit dans ung coche et fut baiser les mains au Roy Cathol- | |
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Ga naar margenoot+lique, et l'on m'a dict qu'il se meit par deux fois de genoil, et qu'aulx deux foys le Roy lui porta les bras au col. Je feis observer sa contenance allant et sortant, mais l'on m'a dict qu'il ne monstroit la chère trop contente, et qu'il a bien rabattu de sa supperbie avecques laquelle l'on dict qu'il estoit entré en Espaigne, là où il avoit commencé a traicter tout le monde de menaces et de tuer les plus grands de [merced], mais cela luy commença de passer à [naud]; il voist que le Roy son maistre ne luy voulloit octroier que son fils Don Frédéricq vint avec luy à la court, de laquelle il est banny pour quelque temps pour avoir esté trouvé troictant d'amour dans le pallais avec une des filles de la feu Royne; et de plus il feut commandé à ung de ces principaulx conseillers qui venoyt avecques luy, et lequel l'on dict avoir présidé au conseil des troubles qu'ils avoyent ainsi voullu appeller en Flandres, se nommant le personnaige Jéhan de Vargas, qu'il n'eust à approcher de la court de cinq lieulx. Ce premier seoir il feut assés bon temps avecques le Roy, et le lendemain au matin il y retourna, où il feut aussy ung bon temps, et y feut aussy bien accompaigné. L'on dict qu'il s'en partira bientost pour s'en aller à Albe, et que le Roy fera démonstration d'estre très mal content de luy, et d'avoir désagréable tout ce qu'il a faict en Flandres; et tiens-je de bon lieu que cela ce faict pour contenter les Flamans, et leur donner par tels depportements à entendre que ce n'a esté de la vollunté du Roy que ledit Duc les ayt mal traictez, luy ayant persuadé que, tenant ceste modde, ce seroit chemain pour entrer à paciffier et adoulcir les volluntez altérées, qui ne sont tournées si ce n'est à ceulx qui les asseurent les faire jouir du repos. Puys qu'ils cherchent | |
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Ga naar margenoot+toutes ces voyes de connivances, je ne faicts doubte que en fin, si l'on leur en donne lieu, ils n'apoinctent du tout et à quelque prisGa naar voetnoot1 que ce soit, encores que [dans] l'apparence qu'ils font d'armer il n'y a rien qui signiffie telles choses... ....L'on m'a dict que ces jours aussy que le Roy Catholiques eût les advis de toutes ces levées qui se font contre luy en Allemaigne, l'advertissant aussy que plusieurs des subjects de V.M. passoyent au secours de ses rebelles, il dict que cest article seroit bien le pire, mais, quand V.M. ne luy seroit poinct ennemy et qu'il ne l'auroit contre, il s'asseuroit de recouvrir et remectre ces Bas-Pays à debvoir, mais que il ne pouvoyt croire que ung si bon Roy, estant travaillé de si maulvaiz subjectz, voullut fomenter contre ung Roy son frère et amy, la mesme chauseGa naar voetnoot2 avecques laquelle il avoit eu tant à souffrir. Et ce mesme jour à son soupper, il loua grandement V.M. d'une infinité de bonnes partz qui sont en elle, mesmement de sa grande sobrietté, et feit ung conte que mangeant au seoir retiré plus que n'estoit de sa cousthume, il y eust quelque seigneur qui luy dict que ce n'estoit celle des Roys ses prédécesseurs de manger ainsy retiré; et que V.M. luy avoit respondu que aussy n'avoyent-ils leurs subjects rebelles et désobeissans, et qu'ils avoyent de ce temps-là pour pris de leur fidellité la presence de leur Roy. ...Il me dict, Sire, qu'il considéroit très bien tout ce que jeluy disoys, et qu'il n'y avoit rien plus vray [que] que tous ses dangiers debvoyent estre remédiez par extresme dilligence et bonne correspondance entre vous deulx, ce qui ne manqueroit jamais de sa part, et que quant aulx subçons, il estoit homme ami, ne les prenoit de peu, et que, encores | |
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Ga naar margenoot+que par le passé il en eust eu de très grandes occasions pour respect de ce qui avoit passé avec les Allemans, que néantmoings il n'y avoit entré sy avant qu'il n'eust bien considéré la nécessité des temps, luy ayant de plus les occurences esclaircy toutes choses, demourant satisfaict en toutes choses... Madrid, 4 avril. |
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