Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre CDLXXVI.
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Ga naar margenoot+avecques ses subjects, ils ne le feroient avecques ceulx de ceste nouvelle opinion. Car les raisons sont toutes évidentes, encores que l'on dict que choses d'Estat permetent ou pour le moins souffrent quelques fois le déshonneste: mais qui verra à quoy est attaché ce Roy, ne pourra jamais penser que avecques les Huguenots de France il ayt ne cherche d'avoir praticque. Car il laisse de apaiser et paciffier ses païs pour respect de ce dire, sy bon qu'il les ayme mieux perdre que de consentir chose quelle qu'elle soit contre la relligion et foy catholique; et là il se demeure; et s'il avoit, comme je dictz, à tramer quelque cas contre le service de Vostre Majesté au dedans son royaume, je croy que ce seroit plustost avecques quelques ungs qui ont pris ung tiers estat, et lesquels ne se sont fondez, ne pour le service de Dieu, ne pour celuy de Vostre Majesté, en ce qu'ils se sont trouvez aux armées ou par les provinces, soubz coulleur de se dire Catholicques, les armes à la main avecques toute insollance se rassasier de leur enragée avarice. Je croy asseurément que avecques ceulx-là il ne trouveroit faute de matière pour les susciter à quelques insollances. Car je panse bien que les consciences jugent bien les aucuns, qui ne se peuvent tousjours asseurer à estre quites, et aiant fait le fondement de leur bonne relligion en leur avarice l'or et l'argent, dont-ils pensent que ceulx de deçà ont quantité pour les récompenser, après leur avoir ou leur faisant service, seroit bien à craindre qu'ils ne aidassentGa naar voetnoot1 à tenir tousjours le feu dans les estouppes; et me semble qu'il y a plus à craindre de ce costé-là que non de l'autre, mais il est bien besoin de se prendre garde de l'un et de l'autre.... | |
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Ga naar margenoot+....Les Espagnols vont tousjours avecques jallousie et crainte que enfin il ne se face quelque alliance avecques Vostre Majesté des Anglois et de leurs rebellesGa naar voetnoot(1), qui leur vienne à leur très grand préjudice et intérest en leurs Estats de Pays-Bas; mesme que leurs beaux diseurs de nouvelles leur ont dict que le Prince d'Orange alloit, traictant avec Vostre Majesté, luy remettre tous les Païs-Bas aux meins, pourveu qu'elle luy promist luy laisser Hollande et Zellande, et que le Roy de Polloigne avoit promis au Conte Ludovicq, quand il le vint trouver à l'entrée d'Allemaigne, toute assistance, et que, lors que toute la noblesse qui l'accompagnoit en son voiage s'en retournast, ils reviendroient tous trouver ledit Conte pour l'accompaigner partout et en tout ce qu'il vouldroit, et qu'il luy donneroit encores, de son crédit qu'il avoit en France, dix ou douze mil harquebusiers et deux ou trois mil chevaux. Ceulx qui font icy ceste marchandise gaignent de l'argent; et quant la furie de ces nouvelles leur vient, ils pensent qu'ils sont bien servis, mais à peu de temps après je croy qu'ils plennentGa naar voetnoot1 l'argent qu'ils y mectent..... Je sçay qu'ilz ont l'intention si leur affaire [freb seist] bien en Flandres, de donner une main à la Royne d'Angleterre, et gageray qu'ilz ne perderont la conjoncture, si elle leur vient; et qu'elle ne se fie, si elle ne veult se tromper la première. | |
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Ga naar margenoot+Ils dissimuleront tout ce qu'ilz pourront jusques a ce que le temps leur donne lieu.... 21 février 1574. |
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