Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre CDLVII.
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Ga naar margenoot+avecq tous les bateaux qu'ils avoyent peu équipper. Et depuis me sont venues nouvelles par lettres des Gouverneurs de la Vere et de Ziricxzee, que dimanche, 22e jour du dit mois, estant l'ennemy descendu jusques à [SchaftlingeGa naar voetnoot1] avecq toute sa flotte, pensant avecq la nouvelle lune se servir de la commodité de la haulte mer, laquelle il sçavoit que s'enfleroyt plus que d'ordinaire, vint passer le Boomkreke, qui est entre Rommerswale et Bergues op 't Zoom, avecq 54 navieres, tant de guerre que chargées d'amonitions et vivres, qu'il vouloit mener à ceulx de Middelbourch; mais en estant les nostres advertis, sont le lendemain venus rencontrer l'ennemy avec environ 50 bateaulx au lieu où le dit ennemy s'estoit ancré, qui estoit à demye-lieue près du dit Ziericxzee, duquel lieu l'ennemy apperçevant les nostres, s'est incontinent et à toute presse mis en fuyte, estant constrainct se sauver au havre de Bergues op Zoom, jusques à où les nostres l'ont tousjours poursuivy fort vifvement et tellement que l'ennemy n'at point sceu faire passer ung seul bateau pour ceulx de Middelbourch, bien que en passant il jecta six cens hommes dans le dit Rommerswael, qui sont illecq aussi assiégés; et ont depuis envoyé ung tambourin vers les nostres demander grâce de povoir sortir leurs vies et armes sauves, d'aultant qu'ils sont hors de tout espoir de secours: mais de ce que sur les conditions que les nostres leur ont proposé sera succédé, je ne suis encoires adverty; tant y a que l'espérance est ostée à ceulx de Middelbourch et d'Armuyden d'estre encores de long-temps ravictuiallés, en quoy le Seigneur Dieu nous a faict ung grand bien, dont avons matière de le louer; car es- | |
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Ga naar margenoot+tans ceulx de Middelbourch tant pressez de vivres, comme de tous coustels l'on me mande, et que par aucunes lettres des ennemis interceptés par les nostres, je cognoisse assez, j'espère qu'ils ne pourront tenir longuement, ains que de brieff la ditte ville avecq Armuyen seront à nostre povoir, chose qui pourra apporter quelque relasche à nos labeurs; du succès serez adverty par le premier. Depuis ce que dessus, me sont ce jourd'huy venues seures nouvelles par lettresGa naar voetnoot(1) de l'Admiral de Zeelande, que par composition nos gens sont rentrés au dit Romerswael, estans les ennemis sortis leurs vies et [baguesGa naar voetnoot1] sauvés, y ayant laissé trois bonnes grosses pièches d'artillerye et toutes les pouldres et boulets qu'ils y avoient amené, ainsi que verrez plus particulièrement par le double de la lettre du dit Admiral, qui vat joinctement ceste, avecq le double d'une lettreGa naar voetnoot(2) que Monsieur de Beauvois escripvoit au Capiteyne qui estoit au dit Romerswaele. Je loue le Seigneur Dieu de tout. Vous voyez, Messieurs mes frères, comme il plaist à ce bon Dieu bénir nos affaires et les termes ausquelz elles sont. Vous pouvez par là considérer le grand soulagement que nous pourrons avoir maintenant par un bon et fort secours; qui me faict prier que, s'il est aucunement possible, de mettre bientost en effect l'entreprinse de Mastricht, de laquelle le Conte Ludowick m'a escript, que ce soit le plus briefvement que faire se pourra, afin de faire ainsi passer quelque bonne trouppe par deçà, suivant | |
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Ga naar margenoot+que par deux ou trois de mes précédentes je vous ay escript, ayant espoir asseuré que facilement par tel moyen nous viendrons au boult des ennemis, qui nous pressent icy tousjours de plus en plus et taschent par touts moyens de séparer les villes les unes des autres; parquoy, devant que nous advienne aulcun inconvénient, la diligence est plus que requise; mesmes pour le respect de la ville de Layden, laquelle il convient entièrement ravictailler devant que nous en soions de tout séparez, estant desjà la dicte ville de Layden de touts coustelz serrée: vous priant qu'à ce regard me mandez librement et ouvertement s'il y a apparence de pouvoir effectuer quelque chose en brief ou point, afin que, selon cela, nous nous puissions régler, et sur tout qu'on ne se laisse par delà abuser pour chose [ni] que noz ennemis nous pourront faire entendre, fusse de la paix ou aultrement; vous asseurant que ce ne sont que toutes tromperies, abusions et fausetez pour nous prendre à la pipée, et cependant qu'ils se fortifient d'autre costé nous endormir après de nostre ruyne, comme par une lettre que m'a escript encores hier au soir Francisco de Valdès, je me suis fort bien apperseu. Prenez tousjours bien garde de quel pied marche l'Evesque de Colloingne, vous veuillant bien dire ouvertement que sa négociation m'est fort suspect pour plusieurs raisons; parquoy je vous prie que, sans arrester à cela, vous vous hastez par quelque aultre bout à nous secourir devant que je sois icy du tout enserré.... Escript à Delft, ce second décembre 1573. Par les grandes et excessives et trop extraordinaires charges qui nous surviennent de jour à aultre, les dépenses croissent aussi continuellement, qui nous a déporté une | |
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Ga naar margenoot+extrême courtresse d'argent, voire telle que je crains cela nous causera indubitablement une révolte du peuple croissant le dessus et altération de plus en plus, parquoy je vous prie de mettre par de là au plustôt ordre, afin qu'il y soit remédié par une paix ou par une bonne levée pour nostre secours, n'estant aultrement possible de maintenir plus longtemps. |
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