Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CDXL.
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Ga naar margenoot+tardée, se sera pour le peu de conte que les Princes Protestans et vous en faicte, comme sy elle ne fut aggréable, quoyque pour leur complaire le Roi se soit eslargi en ceste endroit, et que de sa part il l'a ramentuéGa naar voetnoot1 par deulx fois: mais que depuis il ne sonne mott, craindant qu'on ne l'accuse d'estre en ceste endroit plus actif que ceulx à qui le faict principallement attouche. Il dit aussi que la faute de cest irésolution procède de la négligence d'escrire et faire advertences des choses de dechà, surquoy il faict un protest que, si à l'advenir on ne s'en acquitte mieulx, que le mal qui en viendra sera nostre. Quant à moy, je croy que ce que je vous ay mandé par mes précédentes, soit cause du retardement de la promesse; joinct à cela la guerre qui n'est encore terminée du costé de LanguedockGa naar voetnoot(1), et les despensses journalières que tirent après soy le traictement des Ambassadeurs de Polongne, l'é- | |
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Ga naar margenoot+quipage du Roy élu, et celluy du Duc d'Allantzon pour le voiage d'Angleterre. PlusGa naar voetnoot1 j'ai veu par expérience que tous tant qu'ilz sont auprès du Roy et de la Roine, aiant plustot esgart à leur complaire, et par ce moien se maintenir, qu'à l'advancement d'un bon affaire, n'en osent parler qu'en tastant et par acquit; n'est qu'ilz soient poussez de quelqu'un, pour le respect duquel ilz prennent hardiesse sous umbreGa naar voetnoot2 d'advertissement, de parler librement des choses que aultrement ilz ne toucheront qu'en passant. Et de faict il me souvient qu'estant là toutes les fois qu'il y avoit quelque chose à faire dire de ma part à leur Magestez, il y avoit jalouzie à qui déporteroit la parolle, mesme bien souvent je recevois de leurs bons advis que par après ilz leur faisoient entendre comme venant de moy, et estoient bien receus, mais de mettre quelque chose avant d'eulx mesme pour l'avancement de nostre affaire, il ne le firent oncque, quy me faict dire qu'à la vérité il seroit bon de solliciter très expressément cest affaire pour ne la laisser dépérir. Et aiant receu depuis quatre jours de S. Excellce un lettreGa naar voetnoot(1), laquelle je vous envoye icy joincte, par laquelle il recommande que ce que je porray faire pour en tirer une bonne instruction que je le face, je ne feray difficulté, [et] aiant manié ce faict en chief de me présenter de rechief à faire un second voiage vers leur Majestés, si tost que je seray relevé des gouttes qui me détiennent encore au lict. Mais je désirerois bien fort, affin de monstrer par de là qu'on ha leurs affaires en recommandations plus qu'ilz ne pensent, que vous | |
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Ga naar margenoot+eussiez parlé avec l'Evesque de Colongne et cellui de Maience, affin que par un mesme voiage il sambla qu'on vosistGa naar voetnoot1 négocier diverses choses. Plus je vodrois aussi que Monsigneur l'ElecteurGa naar voetnoot(1), le Duc son filz, les Lantgrafes de Hessen et aultres Princes protestans, dont le dit Galiance faict mention, escrivissent par un mesme train à leur Majestés pour leur faire entendre combien ceste négotiation leur est aggréable, tellement que ces lettres estant accompagnez des vostres, peussent produire un effect certain et assuré, ou du moins qui les rendit par delà sans excuses. Et me semble à la vérité que c'est le vray moien d'i parvenir et qui néamoins est très facille. Car je ne pensse point que telz Princes refusassent d'en parler ouvertement pour la [con]séquence, et encore qu'ilz en facent difficulté, ilz le peuvent accomplir par lettres de crédence. Il vous plaira y adviser et m'en mander vostre advis par le premier, affin que je prende party estant guéry pour ne faire icy aulcune perte de tans. Davantage, Monsr, il faudra, selon l'advis de S. Excellce, escrire au Roy de sa part avecq les blancq signetz que vous avez de luy et en cela ne s'endormir aulcunement, affin que par cela nous remétions le faict en praticque. Et lors, s'il vous plaict toucerGa naar voetnoot2 en celles de S. Exce ll et les vostres de ma pension, il me semble que ce ne sera que bien à propos, et serés cause que j'auray à l'advenir moien de plus facillement faire service à vostre Maison à beaucoup moins de charge. Vous me parlates dernièrement qu'il seroit bon qu'il y eust quelque un de la part de son | |
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Ga naar margenoot+.Exce qui résidat ordinairement en cour de France pour y faire ses besoignes; je m offre, comme [lors] je fis, de y demeurer cest hiver et jusques à tant que S. Excce y ait pourveu d'un plus suffissant. S'il vous plaist que je [ilGa naar voetnoot1] aille, il ne fault que me le commander, pourveu que l'on me donne quelque peu de moyen d'y vivre, comme plus amplement j'en ay parlé à Monsr de Bernicour, présent porteur, pour le vous faire entendre. Et de vray je porrois, par ceste asseurance d'estre en Cour, faire plusieurs menées avec les villes de la frontière d'Artois, dont nous nous porrions prévaloir pour le printans advenir. Car je scay que nous pourrons faire quelque chose, le dit Bernicour et moy, mais je désirerois bien que S. Excellce m'en escrivit un mot, affin que icy après on n'estimat pas que je me soie ingéré en ceste négotiation pour me soustraire de la guerre de Hollande; car vous, Monseigr, scavez qu'il n'í a rien en ce monde plus délicat que la réputation et qui est plus subjecte à la calomnie des médisans, et pour che, si tant est que vous trouviés bon les choses que dessus, je vous supplie très humblement en escrire un mot à S. Excellce affin d'en entendre son bon plaisir. Aussy s'il vous est advis que, pour porter les lettres des Princes que dessus, il fut besoing que je parlasse moy mesme à eulx, je me tiendray prest à touttes heures. Or pour satisfaire au contenu de celles qu'il vous a pleu m'escrire par [Lovergay], l'on m'escript d'Anvers que le camp est levé de devant Alcquemar pour raison dez eaus; ceulx de la ville ont faict une sortie en laquelle ilz ont tué sept à huict cens hommes, combien qu'il ne soit guerre pourveue de soldats. Les ennemis sont encore à | |
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Ga naar margenoot+battre Nieudam, à laquelle ilz ont donné divers assaus à grand domage de leur costé; il i a présentement 18 compaignies de gens de pied dedens, ausquels le Capitne la GardeGa naar voetnoot(1), que vous avez aultrefois veu à la Rocelle, commande. Amsterdam et Utrect sont en grand faulte de vivres, et sy tardent encore à prendre Nieudam, ilz y crieront famine, comme desjà ilz ont faict au camp d'Alckemar. L'on dit que l'ennemy vient assièger St Guertruiberg, et que jà les compaignies sont aus environs de Niemeghe et Bosleduc. Sy ainssy est, Hollande sera en repos pour cest hiver, et croi, d'autant que son Excellce est maistre de la rivière de Dordrect, à cause de quoy il la porra rafreschir à toute heure, qu'ilz n'y gaigneront pas leur despens. Plus je m'assure que sy les compaignies des Wallons ont une fois les clefs des chansGa naar voetnoot1, qu'il n'en retiendra pas un. Le bruict est icy tout commun que povre Tseraertz a esté tué en une mutinerie qui s'est faicte à St Guertruiberg; si ainssi est, je tiens, quoy que l'on dit du contraireGa naar voetnoot(2), que son Excellce a perdu en luy un bon et fidelle serviteur. Monsr de Bernicour vous contera la fachon de la mort et l'ignominie qu'on dit qui luy a esté faicte. Toutesfois je ne vous le mande point pour vérité, combien que ceulx qui viennent de Hollande et de Brabant le disent, et que j'en ay veu moi mesme des lettres | |
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Ga naar margenoot+où le faict est particulièrement discouru. L'on dict icy que nos gens ont pris VienneGa naar voetnoot1. L'on m'escript d'Anvers que le Duc d'Alve y doit estre au commencement de ceste sepmaine, et là il y trouvera les Ducz de Medina et d'Arscot, M de [Harst] et grand cantité de noblesse. Les un disent que c'est pour trouver moien d'avoir de l'argent, aultre que c'est pour parler d'appointement. Il est certain que le Duc d'Alve avoit receu promesse des Génevois d'avoir huict cent mille escus, pourveu que la lettre de change fut acceptée en Hespaigne. Sur quoy il a receu quatre vingtz et cincq mille escus, mais aiant les dittes lettres esté refusez et depuis renvoiées par protest, il est demeuré en blancque, tellement qu'il n'a pas un soubz. Il est icy tout commun qu'il i a querelles entre le dict Duc et l'Evesque de Collongne; si ainssi est, il seroit tans de traiter avec luy. Le bateaus de Monsr de Beauvois ont faict un voiage à Tergouse, où ilz ont déchergé leurs vivres. Aucuns disent que c'est pour pourvoir à la nécessité de l'isle, aultres disent que c'est pour avoir plus de commodité d'avitailler Midelbourg par le menu, en laquelle il n'i a plus que pour un mois de vivres. Monsigneur le Prince a envoié Hellingk avec tous les gens qu'il mène dernièrement en l'isle de Walkren; depuis ilz sont arrivez, tant Anglois, Ecossois que François, quinze cens homes de guerre, tellement qu'il i a pour le présent sis mille homes de guerre en l'isle de Walkren. Il a esté en ce logis un gentilhome Anglois, parti de Londres depuis dix jours, qui dict qu'il avoit laissé en Angleterre le Conte de Retz, et qu'il le pensse estre là envoié pour demander passage pour le Roi de Pollongne. Monsr, vous | |
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Ga naar margenoot+scnavés pourquoy ce peult estreGa naar voetnoot(1), ce qui me faict conjecturer que son voiage ne sera pas sans fruict; d'autant que, comme vous scavés, il est homme qui ne tente pas volontiers un faict à l'aventure. Qui est tout ce que je vous puis mander, sinon, Monsigr, que la maladie qui me détient encore au lict, l'importunité de mon médechin, et le deffault de tous vivres, mais sur tout le danger auquel je me voy réduit d'encourrir une vilaine honte, pour m'estre libéralement emploié au service de Monsigneur le Prince, me contraindent de vous supplier très humblement et au nom de Dieu de me secourir en ceste extrême nécessité, laquelle je puis dire estre telle que de mon vivant je ne me suis trouvé en telle paine, et de laquelle je ne me puis nullement exempter si vous ne m'aidez promptement; ainssi que Monsr de Bernicour, qui est toujours oculaire et auquel j'ay prié de le vous faire entendre, le vous contera particulièrement. Je vous supplie donc, Monsigr, qu'il vous souvienne de quel ceur j'ay toute ma vie fait service à vostre Maison, et quelle est l'occasion que me conduit en ces termes, et vous assurer néanmoins qu'il n'i a au monde chose tant périlleuse ou difficille que je n'entreprende très volontiers pour le service de vostre Excellce et le vostre, toutes fois que requis en seray. A tant, Monseigr, après m'estre très hum- | |
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Ga naar margenoot+blement recommandé à vostre bonne grâce, je prieray Dieu que vous, Monsignr, Il donne heureuse et longue vie. De Collongne, ce 24 de septembre 1573.
Vostre très humble et très obéissant serviteur, Guislain de Fyennes.
L'armée du Turc est apparue avec trois cens voille sur les costes de Pouille, où le Roy d'Espaigne ha vingt mille hommes de pied, tant Espagnolz, Italiens, que lansquenetz. Le Marollois, qui est celluy qui vous fut envoié d'Anvers lors que j'étois à Zighem, m'a escrit plusieurs lettres, par lesquelles il faict instance d'avoir traictement pour vivre en Anvers, et de là [envoiera] toutes nouvelles; je l'ay remis à vostre retour; il vous plaira doncques me mander ce qu'il vous en semble. Je croy qu'avec peu de chose il se contentera, parquoy il me semble qu'il seroit bon de le faire venir, tant pour en traicter avec luy come aussy pour scavoir la vérité de sa menée, laquelle il dit estre preste, attendu que, si ainsy est, elle seroit aisée à exécuter par le moien du grand nombre de gens qui sont à présent en l'isle de Walckren.
A Monsigneur, Monsigr le Conte Ludovick de Nassau. |
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