Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre CDXXI.
| |
[pagina 114]
| |
Ga naar margenoot+poincts, ainsy qu'il vous fera le rapport, qui sera cause que ne vous feray icy long discours pour vous déclarer mon opinion et advis sur les poincts par luy proposez, ne faisant nul doubte qu'il ne soit desjà arrivé et vous a faict ample rapport de tout. Quant à ce que escrivés du courrir lequel seroit venue d'Espagnie, vers lequel auroit déclaré sa charge, ainsy comme vous me particularisez en vostre lettre, je crains que ce ne soit sinon ruses, affin d'entretenir les Princes d'Almagnie, veu mêmemant comme je vous ay desjà mandé par mes dernières que vous ay envoyés après le partement de Hellingen, que l'Empereur doit avoir escrit au Conte PalantinGa naar voetnoot(1) que de tout son pouvoir il vouloit assister au Duc d'Alve, luy commandant de faire le mesme; aussy ne puis-je me persuader que le Roy d'Espagnie voudra jamais contracter aucune paix avec ses soubjects, si ce n'est soubs forme de pardons, lequels sont ordinairement non seulement pleins de captions et exceptions fort préjudiciables à l'une des parties, mais aussy de leur nature mal asseurés à cause que une grâce [est pardon, donné plaisir]Ga naar voetnoot1, se peult aussy révoquer à plaisir, ou pour le moins à la moindre occasion et prétexte que l'on puisse ou vueille mettre en avant; toutesfois je vous prie de tenir la main à ce que [jai]Ga naar voetnoot2 puisse savoir l'un ou l'autre, et si c'est à bonne escient que l'on propose, que nous en puissions bientost avoir quelque résolution, consideré que de jour à aultre nous nous trouvons plus bas des moyens et de crédit, et semble impossible de le soutenir à la longue, et pour tant je | |
[pagina 115]
| |
Ga naar margenoot+vous prie d'user en cecy, toute diligence sans que toutesfois vostre voiage par delàGa naar voetnoot1 en soit retardé, accause que je suis d'iceluy autant désireux comme de chose que je sache en ce monde, n'estimant estre icy de besoing de vous ramentevoir que vueillés dissimuler et tenir secrète ledict voyage le plus qu'il sera possible pour plusieurs respects et notammant pour n'empescher vos bons desseings, ausquels je prie le Seigneur vouloir donner heureux succès. - Or pour vous respondre sur l'aultre point principal de vostre lettre, touchant la légation et rapport de Frégose, il faut que je vous déclare franchement que je m'asseure, pour la grande défiance que les Estats, ensemble et toute la qualité de ceux qui ont aucun jugement, ont du Roy de France pour l'acte [énorme] par luy commis, il seroit du tout possible de persuader aux dits Estats de condescendre aux [aGa naar voetnoot2] jà dictes que m'avés envoyé, et pourtant n'ay trouvé estimé utile ny conseilléGa naar voetnoot3 de les mestre en avant, car vous mesmes pouvés juger, estant ainsy descryé non seulement par deçà, mais par tous les endroicts du monde, et mesmement estant si fort blamée la perfidie en celuy qui pour son tiltre ordinaire vouloit usurper le nom Charle véritable, estant la tyrannie et cruaultés d'aultant plus reprochable que le tiltre estoit plus digne de louange, certes donc toujours viendront ilz là dessus que, puisqu'il est question de estre soubs tyrans, encor vault-il mieux estre tyranisé de son Prince naturel que d'un estranger, comme desjà bien souvent ilz disent; laquelle opinion estant desjà enracynée au ceur d'un chacun, ainsi que elle est conforme à la raison, oste certes tout fondement et d'ap- | |
[pagina 116]
| |
Ga naar margenoot+parence de fermeté et d'assurance en touts contracts semblables faicts avec si grand avantage du Roy de France et désavantage du Pays. Parquoy cognoissant aucunement les humeurs du Pays, aussy considérant les justes et p̅g̅nantesGa naar voetnoot1 raisons qu'il a de totalement se défier de la foy et promesse du dict Roy de France, j'ay tasché à part moy mestre quelques aultres poincts et article en avant lesquels, à mon advis, contienent tout ceque encor pourrezGa naar voetnoot2 es dits estats voudront et pourront accorder, me tenant bien assuré que jamais il ne condescendront à livrer ce pays pour trois cent mille florins d'Almagnye, bien vray que j'estime que ces articles que je vous envoye, seront par avanture trouvé iniques de l'autre partye. Mais quand l'on considérera de près les justes moiens pour lesquels on est contrainct de traicter en ceste sorte, il y aura occasion de les estimer tant plus raisonables. Quoyqu'il en soit je les vous envoye pour les examiner et changer selon que trouverés convenir, toutesfoys suyvant ceste maxime que vous avés icy tout ce que j'estime que ce pourra accorder par deçà, et afin que selon vostre prudance veus sachiés coment vous régler en cecy. A cette Lettre sont joints les Articles suivants: apparemment ceux que le Prince envoya à son frère; car l'expression livrer le ‘pays pour trois cent mille florins d'Allemagne’ (voyez ci-dessus,) ne leur est pas applicable. Premièrement que le Roy de France faceGa naar voetnoot3 paix avec ses subjects déclarant expressément que il a esté abusé | |
[pagina 117]
| |
Ga naar margenoot+par ceux qui soubs prétexte de son service ont cherché leur profit particulier au prix de la ruine du pais et couronne de France. Item que il leur mette la religion libre selon le contenu de l'Edict de janvier l'an soixante sans fraude ou mal enginGa naar voetnoot1, et que cela soit confirmé, publié et [momogueGa naar voetnoot2] par tous les Parlements et Estats du Royaume, et envoyé la dicte confirmation et approbation entre les mains des Princes protestans en Alemagne avec promesse de le faire maintenir par tout le Royaume de France sans aucune dissimulation. Item, si sa Majesté n'est délibéré de faire luy mesme la guerre ouverte au Roy d'Espaigne et invahir hostillement ses pays et terres soit du costé de BeinsGa naar voetnoot3 en Hénault ou en quelque autre endroit du Pays-Bas, qu'il envoie promptement la somme de cent mill escus entre les mains du Prince d'Orange, affin de pouvoir soustenir les frais de la guerre, et par après de trois mois en trois mois à chasque fois furnira sa Majesté une pareille somme de cent mill escus au dit Prince d'Orange pour l'effet susdict, et d'avantage donne congé et licence au dit Prince d'Orange de lever tels soldatz et capitaines que bon luy semblera, jusques au nombre de mill de cavallerie, et vij centsGa naar voetnoot4 d'infanterie. A condition que toutes villes et terres que le dit Prince d'Orange ou ses adhérents polra conquester durant cest guerre, moiennant que ce soit hors de Hollande et Zélande, seront mises entre les mains et sous l'obéisance du Roy de France. Et davantage recevront le dict pays de Hollande et Zeelande le Roi de France pour leur protecteur et défenseur, à condition toutesfois que les- | |
[pagina 118]
| |
Ga naar margenoot+dicts Hollande et Zellande seront gouvernez par Seigneurs et Gentilzhommes du Pays-Bas, maintenus en tous et un chascun leurs droits, privilèges et usances, et auront la religion libre, avec l'exercice d'icelle, sans contredit ou cavillation quelconque. Et tant et si longtans que les dits pays, Zellande et Hollande, demoureront en la protection du Roi de France, seront iceux tenus de luy donner pour recognoissance la somme de quatre cent mille florins de Brabant par an, de quoy le dict Roy de France se contentera, sans pouvoir mettre autre imposition. Et sera le dit Prince d'Orange ou les dits pays, Hollande et Zellande, tenus de restituer et rembourser au Roi de France les sommes qu'il aura receus de luy, assavoir une chascune au bout de l'an après la réception d'icelle, ou ainsy que l'on advisera pour le meilleur. Surquoy le dict Roy de France s'obligera de les maintenir et secourir contre tous et un chascun de tout son pouvoir, avec obligation et promesse de ne faire nul appointement ny paix avec le Roy d'Espagne au préjudice ou dommage du pays, de la religion, ou de leurs privilèges et libertez, mais faudra que les dicts pais soyent comprins audit traitté, comme aussy récyproquement les dits pays ne polront faire nul apointement sans le sceu et congé de sa Majesté. Mais, en cas que le Roy de France vueille luy mesme faire la guerre au Roy d'Espagne, sera le Prince d'Orange ou les dits Pays de Hollande et Zélande tenus de luy furnir la somme de cine cent mill florins par an, tant que la guerre durera, sans que soit tenu leur furnir aultre somme que de cent mill escus susdits promptement, tandis que le Roy de France fera ses apprestes pour | |
[pagina 119]
| |
Ga naar margenoot+la guerre susditte, lesquelz encor les pays susdits seront tenus de restituer au bout de l'an après la guerre susditte Mai. déclarée. |
|