Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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* Lettre CDVI.
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Ga naar margenoot+que nous demeurerions en nostre entier, aussy bien qu'autrement, encor donnerions nous occasion à plusieurs de louer nostre modestie. Je vous prie d'y penser de plus près.-Touchant l'estat des affaires de pardeçà, ceux de Harlem se maintiennent encor bien vaillament, tant y a que nous manquant dejour à autre le moyen d'argent et d'amunitions, et devenant le pays povre et le peuple las et saoul de la guerre et par conséquent [tardient] lent à faire tout devoir, vous pouvés assez juger de vous mesmes que à la longue sera bien difficile de soutenir l'effort de l'ennemy. Et quant est de moy, je ne voy nul moyen au monde pour faire lever le siège de Harlem, à raison de quoy je vous prie bien fort d'aviser à bon escient s'il y auroit nul moyen par delà qui y peut servir, fust ce de faire semblant de quelque grande levée, ou d'interposer l'autorité des Princes à bon escient, ou bien d'entrer en accord. Vous asseurant que ce seroit grand dommage et faict de conscience de laisser ainsy périr tant de gens de bien, qui par leur prouesse ont surmonté la vertu ordinaire des hommes. Joint aussy que, si après si long siège tant constamment enduré, ils viennent en la puissance de l'ennemy sans [que] nous les puissions secourrir, est bien aisé à veoir quel en sera le jugement et le courage de toutes les autres villes, lesquelles certes n'en polront attendre sinon une fin toute pareille. Je croy que serés adverty que les nostres ont enfoncé quelque nombre de bateaux au passage de Lillo près d'Anvers pour empescher que les bateaux des ennemis n'y peussent passer. Combien que y ayant esté laissé quelque trou à faute de bateaux dont ilz n'avoyent nombre compétant, l'armée de l'ennemy y a encor passé et est | |
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Ga naar margenoot+guères loing de Saftingken, là où les nostres les attendent en bonne dévotion de bien choquer. Dieu nous doint ce qui nous est salutaire. Or est-il que le dit estouppement polroit tourner en grand préjudice à toute la trafficque et signamment à la ville d'Anvers; au moyen de quoy vous auriez belle occasion d'imprimer tant plus vifvement aux Princes le dommage que l'Empire et toute la Chrestienté recevront de ceste tant pernicieuse guerre, si bien tost et en extrême diligence l'on n'y remédie. Vous userez selon la discrétion qu'ay toujours cogneue en vous, et le plustost que nous viendrez veoir, moyennant que ce soit sans hazarder vostre personne, le mieux venu nous serez vous, et singulièrement si vous nous apportez quelques bonnes nouvelles, ou bien secours de ce que nous avons plus de besoing. Bref tout le pays vous attend comme un ange Gabriel. Et à tant me recommandant bien affectueusement en vos bonnes grâces, prieray Dieu vous maintenir, Monsr mon frère, en Sa saincte protection et sauvegarde. Escrit à Delff en Hollande, ce viiie mars 1573.
VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau.
Il vous plaira de présenter mes bien affectueuses recommandations à Messrs mes frères, le Comte Jean et Henry, et leurs communiquer aussy la présente.
A Monsieur, Monsieur le Comte Lodoic de Nassau, mon bien bon frère, Dillenberg. |
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