Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Lettre CDV.
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Ga naar margenoot+de la Saint Flour, et au pys aller, si voz vasseaulx sont découvers, avés pour donner la chasse aulx affamés trois cent lieuwes de chemin jusques à la Hispanie et les prendré tous ou la plus grande part par le menu, ayant prys l'advantage du hault vent, joinct voz frays vasseaulx et reposés sur les [mousquees et] tardives. Le Seigneur Séchelles raconte tout ce par le menu, ayant faict semblable entreprise avecques le Capitaine Sores, lequel il tient principal homme en semblables affaires, jà sollicitant, si comme il présume, ceste entreprise en Engleterre. De ma part je treuve ceste entreprise de grande conséquence, pour le moyen de pouvoir acquérir argent à foison et sans grand dangier. Et trouveray quelque mille dalers pour employer avecques part à ceste entreprise. Quant au temps, ce seroyt pour Januarius advenir, pour estre es insules de Açores au demy Aprilis. Et pour ne céler riens, j'ay commencé à practiquer avecques l'illustrissime Duc Julius de BrunswickGa naar voetnoot(1) pour avoir trois cent ou quatre arquebuses de cincq pieds, legières à l'advenant pour la commodité du bon fer qu'il tient en ses minerésGa naar voetnoot1: lesquelles aquebouses veulx à double charge, si comme l'illustrissime en a faict faire jusques à troys mille, et au debout à longues lancettes | |
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Ga naar margenoot+poinctées, pour s'en pouvoir servir en une presse au lieu d'ung espieu. Et pour scavoir ce que emporte ung nouveau stratagema, en une furie ou bataille, ne pense estre hors de propos de avancer ung advantage tel, duizant pour les courses de Hollande..... En oultre, comme Gérart Cock me somme de tout capituler, comme ay esté requis de parler à l'illustrissime Duc Julius pour sa pouldre de canon, m'a faict responce telle, que de sa provision ne se pouvoit deffaire; ains qu'il avoit soulfre et salpeter, si comme le scay, en toute abondance, et bien voloit quelles nous duissassent; ains pour la compromesse en l'Empire et l'indignation de la Court de Bourgoingne, que ne voloit sur soy attacher, ne traicteroit aultrement que par voye de marchandize, par ung tiers et plaigesGa naar voetnoot1 en Hildelsheim ou Brunswick. Et si pour avancer ung quantité de pouldre, on trouvoit bon luy envoyer artizans pour faire la pouldre, qu'il les entertiendroit et feroit faire molins et aultre appareil. Ne sçay de ma part s'il seroit bon de tenir ceste fenestre ouverte, pour n'estre pressé en quelque besoing que poldroit advenir. M'enchargea toutesfois que le manderoys à icelle vostre Excellence pour la bonne affection que sçavoit à icelle porter, par enseignes telles que luy aviés promys de luy mander contrefacture de toutes forteresses qui sont en Europe. Enfin pense en quelque endroict povoir servir à la republicque Chrestienne, ce que feray voluntiers. Et n'eusse fally de y mettre ma personne, comme l'ay faict devant Groninge et en France, si n'eusse esté bien au devant asseuré de par le Duc Guillame de BavièresGa naar voetnoot(1) de un an entier | |
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Ga naar margenoot+du desein du massacre de France, avecques asseurances et enseignes duizantes à faire crédence, n'ay de ma part fally au devoir. Ains estant transporté d'Ausbourg à la foire, expressément viens à Dillebourg, illecques ne trouvant personelle respondence, ou pour troubles, ou pour esté tout occupé entièrement de la part contraire, | |
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Ga naar margenoot+n'é volu secrets de Princes faire danzer en populace, seulement en advertyr à Francfort seurement les Barons utérins de Bourgoigne. Ainsi, par nonchalence, est venu la décadence. Le semblable inconvénient nous est advenu au Palatinat. Comme après le voyage de France à Strasbourg et [Manen], comme sçait la vostre Excellence, m'ay offert à fornir argent, n'ay trouvé au Prince Palatin que affections cherres de calvinizer le monde dont après, avecques suspence licence pour Francfort, n'ay volu défaillir de faire apparoistre par ung tiers ce qu'on ne croyoit estre en la nature à grand foison. Ay transplanté ung pour chevalier créé freschement de l'Empereur nommé Leonhard Tornezer sur l'Evesque de Munster, vrayment amys de mes parens. Illecque a faict l'expérience en présence du dict Evesque et Conte Otto de Scauwenbourg joinct livres de archidoxes et de quinte essence imprimés en Munstre; dont aussi par respondence en est venu la plaine cognoissance à l'illustrissime Lantgrave. Pour fin faché a esté et aultre grand seigneur nostre amy des partiaulx, et avons fally au buttin. Or laissons le tout; je pense, quant à ma part, que une belle bourse pour entretenir guerre jusques à la mort du Roy d'Espaigne, ne seroit que le vray remède à noz calamités. A tant me recommande à icelle vostre Excellence, en espérance de veoir la vostre. De Lipsich, ce 2me de mars 1573.
L'entièrement vostre et à commande, Leonhart von Embbe. A Monseigneur et Seigneur Conte Lodowick de Nassau, Catzenhelleboghe etc. Dillenburch. Es mains propres. |
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