Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+contenue de vostre lettre, touchant l'assemblé des gens de guerre à Cobelentz. Ge me samble, puisque de toutt costé l'on me mande que la plus part des villes du PaysBas seriont bien d'opinion de faire quelque chose de bon, moienant qu'ilx vissent quelque apparence de mon costé de assistence, l'on porroit assaier de traicter quelque chose avecque les dit gens, qui sont maintenant à Cobelentz; parquoy vous prie de vous voloir trouver demain à BraunfelsGa naar voetnoot(1), là où nous porrons parler ensamble touchant ceste mattière. Le voage de Honinge est rompu à cause que les cerfs se sont en allés.... De CeippurgkGa naar voetnoot1, ce 7 de juilet A. 1571.
Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau.
Je vous prie voloir dire au Secrétaire que fasse demorer celluy de Dorderecht et aussi le jeusne Brockhuisen à Dillenbourg, jusques à ce que aurons parler ensamble, quij'esper serat demain à Braunfels.
A Monsieur le Conte Jan de Nassau, mon bien bon frère. Depuis le retour du Prince en Allemagne, vers la fin de 1569, jusqu'à l'expédition de 1572, il eut des entrevues et des correspondances avec une infinité de personnes. V. Meteren, p. 59, en énumère une partie. - En 1571 il donna à Dillenbourg un passeport à P.A.v.d. Werff, plus tard célèbre par son courage au siège de Leide: Kluit, Hist. der Holl. Staatsreg. I. 486, sqq. | |
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Les conférences du Comte Louis avec le Roi de France (voyez p. 383) excitoient des inquiétudes à la Cour de Philippe II: on peut voir des détails y relatifs chez M. Capefigue, l.l. III. 44, sqq. On craignoit une descente en Espagne; on se plaignoit amèrement des armements à la Rochelle, et de la course contre les marchands Espagnols: Charles IX sembloit faire peu de cas de ces remontrances. ‘Legatus Hispaniae nuper apud Regem conquestus est de injuriis Rochellanorum, et nisi Rex eos coerceret, dixit Regem Hispaniae persecuturum jus suum bello. Rex nullo in consilium adhibito statim respondit Principem Orangium et Comitem Ludovicum Nassaviensem esse Germanos, non posse eis denegare aditum in suos portus, sic ut nec Hispanis si id cupiant. Quod autem dixerit Regem persecuturum jus suum bello, se parum ea re moveri, et semper paratum fore.. 15 Aug. 1571.’ Languet, Ep. secr. I. 177. Languet, un peu impatient (voyez p. 295), regrettoit que ces bonnes dispositions produisissent encore peu de fruits. ‘Ante aliquot septimanas sperabamus etiam fore aliquos ex nostris qui in inferiore Germania aliquid tentarent, et jam in Picardiam confluxerant milites aliquot, sed haec etiam videntur evanescere aut saltem ita remisse agi, ut non videam quid sit de ea re sperandum. Auxerat spem in multis adventus Comitis Ludovici in hanc urbem et colloquium cum Rege. Quid clam agatur nescio, | |
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Ga naar margenoot+sed audio ipsum Ludovicum patienter auditum ab ipso Rege, cum de suis rebus dissereret, sed tandem ipsi responsum: Regem tanta rei pecuniariae difficultate jam laborare, ut non videatur consultum jam aliquid movere.’ l.l. p. 176. Après les guerres civiles ces embarras financiers n'avoient rien d'étonnant; d'autant moins que Charles IX avoit, depuis la paix de St. Germain, donné des sommes considérables aux Huguenots: l.l. 163. Dans les Pays-Bas on craignoit beaucoup une invasion du côté de la France. ‘In confinibus Gallicis magnus belli metus ab Hugenottis nobis injicitur. 29 Junii.’ Vigl. ad Hopp. p. 633. ‘Si Galli aliique vicini, quorum ligae foederaque jactantur exulesque nostri ac Hugenotti cum Geusiis, incitante Turca, aliquid moliri tentabunt, cogitari facile potest quid auxilii a nostro populo sic affecto exulceratoque expectandum erit.’ l.l. p. 663. - Le Prince, depuis son expédition en France et par le séjour prolongé qu'y faisoit le Comte Louis, entroit de plus en plus en relation avec les Calvinistes François. Parmi ceux auxquels il accorda une estime toute particulière, on remarque déjà en 1571 le célèbre Philippe de Mornay, Seigneur du Plessis, qui n'avoit alors que 21 ans, et qui, voyageant en Italie et en Allemagne, passa l'hiver de 1571 à 1572 à Cologne. ‘Il y fist amitié avec plusieurs gentilshommes des Païs Bas et par eux eust entrée aux affaires qui commençoient lors à s'esmouvoir par la tyrannie et perfidie des Espagnols ... Sur ce suject il fit deux remonstrances: en la première il exhortoit les Flamans à ne recevoir point de garnisons Espagnoles: en la seconde, après qu'ils eurent refusé les garnisons, il les admonestoit combien il leur étoit périlleux de là en avant de se fier aux Espagnols. Et furent icelles envoyées à Guillaume de Nassau Prince d'Orange, lors à Dilembourg, avec lequel il eut dès ce temps là une si étroite communication (bien qu'il ne le vit que huit ans depuis) qu'il ne se passoit rien si important en ces affaires dont il ne se fiast en lui.’ Vie de Mornay, Leide, 1647. p. 16. Revenu en France Ph. de Mornay composa le fameux Discours au Roi Charles IX pour entreprendre la guerre contre l'Espagnol es Pays-Bas, lequel fut présenté au Roi par Coligny et non seulement existe en manuscrit (Capefigue, l.l. | |
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Ga naar margenoot+III. p. 39), mais a été imprimé plus d'une fois, et se trouve en tête des Mémoires de Mornay, I. p. 1-18.- La tyrannie du Duc d'Albe, devenant de jour en jour plus oppressive, soulevoit contre lui tous les intérêts et tous les partis. La prise de la Brille, le premier d'avril, et celle de Mons, quelques semaines plus tard, déterminèrent en Hollande, Zélande, Gueldre, Frise, Utrecht, un mouvement presque général; et l'on pouvoit espérer qu'à l'arrivée du Prince d'Orange avec une armée considérable les autres provinces se déclareroient également en sa faveur. Surtout la position des affaires en France promettoit, de plus en plus, un meilleur avenir. Charles IX sembloit, cédant à l'influence de Coligny, chercher dans une guerre contre l'Espagne le moyen d'occuper l'ardeur inquiète de ses sujets, et d'étouffer les germes sans cesse renaissants des guerres civiles. Il envoyoit C. de Schomberg en Allemagne pour contracter alliance avec les Princes Evangéliques. ‘Der Antrag zu einem Vertheidigungsbündnisz mit den evangelischen Fürsten gegen alle Potentaten und Republiken, mit Ausnahme des Reiches, besonders um Frankreich gegen den Pabst und Spanien bei dem Pacifications-Edikt zu behaupten, geschah von Karl IX (dessen Briefe jedesmal sein Bruder und seine Mutter, diese meistens eigenhändig, bekräftigten), durch C. von Schomberg an den Kurfürsten Friederich von der Pfaltz und L. Wilhelm, welche die übrigen evangelischen Fürsten hinzuziehen sollten.’ V. Rommel, N. Gesch. Hessens, I. 547. Les négociations avec l'Angleterre étoient très actives. Le 29 avril on conclut un traité d'alliance et de confédération; en outre on traitoit du mariage de la Reine Elizabeth, d'abord avec le Duc d'Anjou, ensuite avec le Duc d'Alençon. Comme dans les Pays-Bas on pouvoit attaquer l'Espagne avec le plus de chan- | |
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Ga naar margenoot+ces de succès, c'étoit sur ce théâtre que se portoient tous les regards. Déjà le 12 août 1571 Walsingham traçoit ainsi à Leicester la situation des choses. ‘Les Princes d'Allemagne prévoient sagement que si les Pays-Bas étoient unis à la Couronne de France, cette Puissance seroit trop redoutable: Ainsi leur dessein est de composer avec elle, et de l'obliger à se contenter de la Flandre et de l'Artois qui lui appartenoient autrefois. Mais pour le Braband et les autres pays qui étoient autrefois de la dépendance de l'Empire, leur dessein est de les mettre sur l'ancien pied et d'en donner le Gouvernement à quelque Prince d'Allemagne, qui ne peut être raisonnablement que le Prince d'Orange. On veut unir la Hollande et la Zélande à la Couronne d'Angleterre ... Ces trois Puissances étant unies, et toutes les circonstances bien examinées, il'est impossible humainement parlant que l'affaire ne réussisse.’ Mém. de Walsingh. p. 143. Un tel projet de partage n'eut pas aisément été mis à exécution; la Reine Elizabeth s'y seroit probablement opposée, malgré l'opinion plus favorable de Walsingham: l.l. p. 144. Il est très curieux de remarquer dans les écrits du temps, et le désir de la France de s'étendre en Belgique, et les craintes qu'on éprouvoit en Angleterre à ce sujet. Burleigh écrit à Walsingham le 23 avril 1572: ‘On travaille ici sous main pour empêcher les gens des Pays-Bas de retourner au secours de la liberté de la Patrie. J'aimerois mieux qu'ils le fissent eux-mêmes et que cela ne fut pas fait par d'autres, qui ne les laisseront peut-être pas longtemps jouir de la liberté après qu'ils l'auront une fois recouvrée.’ l.l. 219. Il existe une conversation extrêmement curieuse de l'Amiral de Coligny sur ce sujet avec H. Middelmore, dans laquelle celui-ci déclare franchement: ‘Of all other thinges we colde least lyke that France shulde commaunde Flawnders, or bryng it under theyr obedience, for therin we dyd see so apparawntlye the greatnes of our dainger, and therfore in no wyse colde suffer it.’ Ellis, Original Letters, 2d Ser. III. p. 6. Quant au Prince d'Orange il n'est guère probable qu'il ait alors déjà participé à des desseins de ce genre. Le Comte Louis alloit plus vite que son frère; et l'on ne sauroit conclure des démarches de l'un à la manière de voir de l'autre. Le | |
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Ga naar margenoot+Prince savoit que l'intervention des Puissances étrangères est rarement desinteressée; et sous ce rapport le passage suivant d'un discours d'Aldegonde, prononcé en juillet, est bon à méditer. ‘Souden wy by vreemde Potentaten als den Conink van Vrankryk of Engeland (betalinge) versoeken, so soude het Land in groot en opentlyk perikel staen onder vreemde Heeren te komen, dewyle sy dat geld niet en souden willen tellen, of sy moesten wel versekert zyn op eenige steden, dat sy der niet en souden aen verliesen: waerdoor sy eenen voet in 't Land souden krygen en namaels niet daer uit te brengen syn, also by menige exempelen soude konnen bewesen worden. Beneven dat syne Vorstelyke Genade genoeg versocht heeft, dat sulx op dit pas niet doenlyk en is.’ Bor, I. 387b. Néanmoins le Prince comptoit sur les sympathies et de l'Angleterre et du Roi de France. Charles IX prenoit beaucoup d'intérêt aux entreprises du Prince d'Orange. Il promettoit de l'argent, il continuoit à accueillir le Comte Louis, il favorisoit les levées des Protestants, et le Prince pouvoit raisonnablement attendre que bientôt le Duc d'Albe se verroit harcelé et pressé de toutes parts. |
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