Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† Lettre CCCXII.
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Ga naar margenoot+plus principaulx Srs gentilzhommes et infiny nombre des inhabitans du pays, desquelz si nous voullussions mectre à déduire les inestimables services qu'ilz ont faict à feu de très haulte mémoire l'Empereur Charles et à sa Mté Royalle, ne faisons doubte que vous et tout homme de bon jugement viendriez bien à confesser que les vrayz, bons et fidelz services sont maintenant reputez devers ceulx qui regnent pour infidelité et desservice; si esse que, quant est à nous, ne scaurions estimer que aulcunnes choses nous pourriont estre trop dures pour faire esclaircir ce enquoy nous sommes esté tousjours par avant d'ung commun accord, et que espérons quant viendrez à l'esplucher de plus prez, le serons encoires; car de vouloir estimer de faire une métamorphose des estatz et parmuter la liberté en servitude et de ne tenir en riens nulz previléges pour confirmez qu'ilz soient par solempnel serment, il est autant absurde que son bon vouloir, présumer de vouloir atteindre le ciel avecq le doigt. Car estant vous, Monsr, et tous ceulx que adherez aux emprinses et intentions du Duc d'Alve, plongez dedens ces lamentables termes, et nous à vouloir, pour le service du Roy, comme sommes oblygés, maintenir le contraire, plaindons en vérité que tous les subjects viennent à en souffrir indifférentement, comme il se voit icy alentour, et ne doubtons, sy Dieu n'est servy d'y pourveoir miraculeusement, le verrons encoires en plusieurs aultres lieux. Parquoy vous prions, pour les raisons que dessus, et aultres que seriont trop longues à alléguer icy, que veullez, pour bien acerter à servir le Roy, vous recognoistre tellement que ne soyez constrainct de ne faire riens avecq remors et regret, comme | |
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Ga naar margenoot+il ne peult estre aultrement de ce que voyez advenir journellement et apparant de continuer encores longtamps, si vous aultres, qui estez obligez de combattre pour vostre patrie, ne venez à vous persuader que ne debvez servir aux particulières ambitions d'unne nation estrangère et ennemye de toute justice, raison et policie, comme il appert par innummérables exemples et en diverses provinces où icelle règne et at regné, en abolissant toutes loix, coustumes et contracts, et faisant assasines, meurdres, violement de femmes et filles, et déchassant ceulx qu'ilz cognoissent estre les plus fidelz à leur Prince, en leur ostant, par saississement, confiscation et spoliation, leurs enffans et biens, et les condamnans par fameulx criz et édictz sans aucune forme ne procédure de justice et contre les previlèges de l'ordre, lesquelz vous néantmoings avez juré de maintenir, et contrevenant au résidu à la déclaration que vous povez souvenir avoir faict plusieurs fois en plein conseil et ailleurs; et vous plaira croire que, si ne vous fussions affectionnez, nous nous fussions bien déportez à faire ceste; laquelle espérons néantmoings trouvera quelque raison auprès de vous, d'autant que en ceste saison les meismes raisons, que soulliez avoir tant d'années paravant, debvriont astheur plus militer que lors, se effectuant maintenant ce que à grand peine eussions sceu imaginer, au grand détriment de tous les subjects de sa ditte Maté, or au moings vous esclercira tellement noz intentions, que n'en scauriez faire aulcunement mal vostre prouffit, désirans néantmoings qu'il vous plaise nous faire ung petit mot de responce par ce présent porteur, lequel ne scait riens du contenu. A tant, Monsr, ferons la fin, prians | |
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Ga naar margenoot+le Créateur vous illuminer par son Sainct-Esprit, en vous ostant le mascreGa naar voetnoot1, que puissiez veoir ce que vous comple tant pour vostre honneur que le salut de vostre âme. Vous baisant les mains, mais non pas à l'Espaignol. Escript en nostre camp de Groeninghe, ce xxve de juingh. |
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