Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572
(1836)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijNo CCLXXIII.a
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Ga naar margenoot+aultres escripvent qu'il seroit contremandé et pourroyt bien attendre la venue du Roy. Que le Roy a déclaré de voulloir user de toute clémence vers ses subjectz et ne les grever des soldatz estrangers et pardonner à ceulx qui auroyent mespris, ce que aucuns entendent seullement de ceulx qui auroyent esté aux presches, aultres l'extendent plus avant. Que Sa Maté a esté fort marryGa naar voetnoot(1) d'entendre le partement de Monseigneur le Prince et qu'il désiroit fort son retour. Que les gentilzhommes prisoniers sont bien amplement examinés, les ung disent que se soit esté sans torture, les aultres que en torture; dont seroyent esté les commissaires Monsr le Conseillier Michaut, le Procureur-général de Malines, et le Sr de la Torre: toutesfois que la détermination de leur cause serat réservée à la venue du Roy. Que le Pape sollicite fort le Duc d'Albe afin que en passant il surprenne Genève, à quoy leur samble que pourra souffire le terme d'un moisGa naar voetnoot(2). Que le Roy de France faict refuz à la Royne d'Angleterre de rendre Calais. Que le Duc d'Alve ayt longtemps passé la mer, et que | |
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Ga naar margenoot+au chemin de Bourgogne et Luxembourgh se font grandes provisions pour recepvoir son armée. A Rome est arrivé l'Archevesque de ToledoGa naar voetnoot(1), auquel le Pape samble fort favoriser, sinon qu'il est ordonné que sa cause soit débattue devant aucuns Cardinaux et depuis résolvé en Inquisition. Ceulx de Genève ont requis assistence aux Cantons de Suisse, dont l'on escript que aulcuns ont faict difficulté, aultres offert de s'employer, et se sont pourveuz. Le Pape a faict lever de gens à cheval et à pied contre les insolences des banniz de Rome et de l'estat ecclésiasticque, à quoy doibt seconder le Vice-Roy de Naples. Les corsaires ont prins quelque navire chargée de marchandise à l'ostieGa naar voetnoot1 du Tybre, et le Pape s'employe fort pour y donner ordre et tasche d'effectuer avecq les Cardinaux de s'y employer. Le Roy de France samble que desjà bien ouvertement démonstre de vouloir faire entretenir la religion y observée d'ancienneté, et qu'il auroit faict faire ample correction contre ceulx qui auroyent attenté le contraire. Et entre aultres at on exécuté à Thoulouze vingt quatre hugenotz et en sont enfuyz bien deux cens, les figures desquels ont esté pendues et leurs biens confisquez. A Lyons est commandé par édict publicq, que les hugenots ne peuvent plus tenir assamblées, ne collecter deniers, ne avoir escolles et collèges, ne se mesler des affaires publicques, ne de la justice. | |
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Ga naar margenoot+Le Roy estant venu à Paris a deffendu les presches et assemblées des hugenotz et commandé que les prédicans fussent appréhendez et penduz, et que les maisons où les presches avoyent esté faictes, fussent rasées. A Monsr Dutré, général de l'artillerie, estant malade, a le Roy osté son dit estat, pour estre hugenot, sans le luy avoir voullu restituer après sa convalescence. L'on escript aussy que le Roy doibt avoir déclaré qu'il ne veult donner ne conférer dignité, estat ou office que soit à aucun HugenotGa naar voetnoot(1). Les Princes de Corcennes et Salerne, ambedeuxGa naar voetnoot1 Hugenotz, sont mortz. L'on dist que les Suysses ont refusé le passage aux gens de guerre Espaignolz et en on faict honnestement leurs excuses à l'ambassadeur du Roi d'Espaigne. Les filz de l'Empereur demeureront en Espaigne, oires que le Roy vienne comme l'on escript. Le mesme Roy doibt avoir escript à la Duchesse de Parme, Gouvernante du Pays-Bas, de tenir tous les affaires en estat jusques à sa venue. A cause de quoy l'on dist qu'elle superséde de procéder plus avant contre ceulx de la religion. La dicte Gouvernante a voulu mectre quelques enseignes de Wallons dedans la ville de Maestricht, et faire sortir le Conte d'Oversteyn avecq ses gens y estant en garnison, à cause que les citoyens se trouvoyent en si | |
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Ga naar margenoot+grande multitude aux sermons des prescheurs du dit Conte, estans de la Confession, qu'ilz avoyent faict auparavant aux presches des ministres qu'ilz avoyent enchassez. Mais le mesme Conte a refusé d'en sortir ou d'admectre les dys Wallons sans estre premièrement du tout payé, dont est allé faire ses excuses à la dite Gouvernante en Anvers. Quatre enseignes de piétons, envoyez par Madame hors d'Anvers, ont efforcé au chemin ung monastère de Dames tout prez de la dite ville, et y faict plusieurs insolences, et y cerché par tout le Prévost des maréschaulx avecq ses gens pour les massacrer, lesquelz à grant peine se sauvarent, et en oultre envoyarent quelques ungs d'entre eulx en ung villaige là auprez, où ilz délivrarent par force tous les prissonniers du dit prévost, ayant très bien battu l'officier du dit lieu. L'Evesque de Cambray a voulu practycquer le Concile de Trente contre le Chapitre et Chanoines au dit Anvers, et procéder à la visitation et réformation contre iceulx; ce qu'ilz n'ont voulu tolérer, ores que Madame le leur at commandé; parquoy le dit Evesque les veult exécuter et à ce constraindre par force, mettant gens de guerre en leurs maisons, oires qu'ilz ayent appellé au Pape. Madame pour ce reffus estant irritée contre les dits Chanoines, les a faict presser par le Conte de Mansfelt, Gouverneur du dit Anvers, de furnir par le payement du garnison illecques jusques à la somme de vingt mille florins Carolus, et nonobstant toutes leurs belles excuses leur fauldra passer par là, et les furnir, ou de bonne volunté, ou par constraincte. Les nouveaux temples érigées au dit Anvers, tant de ceulx de la Confession d'Auguste que des Calvinistes, se | |
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Ga naar margenoot+commencent à raser et les aultelz et statues es anciennes Eglises à restaurer et ériger. Et comme en la plus grande église, entre aultres statues, fust mis ung Moyse avecq les tableaux contenant en langaige de Brabant les dix commandemens de la loy, et du costé de luy ung Jesu-Christ crucifié avecque la croyx, entre les bras duquel pendoyent plusieurs obligations deschirées et cassées, ayant aussy prosterné dessoubz ses piedz la mort, le diable, l'enfer et le peché: lesquelles deux figures comme furent fort regardées du peuple, le Doyen et Chapitre en ont esté scandalisez et ont faict grande instance vers Madame, vers le Gouverneur et vers le magistrat, affin quilz fussent ostez, allégans pour cause premièrement que l'escript n'estoyt conforme au texte de l'escripture; mais estant trouvé le contraire, ont prins l'occasion que les dites figures, ainsi mises, estoyent pernicieuses et héréticques, et comme telles debvoyent estre ostées et rompues, à cause qu'ilz ostoyent trop ouvertement les mérites des oeuvres et que tout le salut dépendoit de la seulle passion de nostre Seigneur. Mais comme par la contradiction du Curé et d'aultres ne le pourrent obtenir, ont finalement tant importuné que Madame leur a concedé de pouvoir changer l'escript du [thioys] en latin, combien qu'il ne soit encoires effectué. La Citadelle se faict en Anvers au monastère de St Michiel, et aura de circuit, comme l'on escript, bien 6000 piedz. Les Ambassadeurs d'Angleterre vont vers l'Empereur et luy présenteront l'ordre du dit Royaulme. |
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