Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome III 1567-1572

[p. 7]

Lettre CCLIV.
Schwartz au Prince d'Orange. Défaite de ceux de la religion par Noircarmes: préparatfs du Roi pour soumettre les Pays-Bas.

⁺*_** Noircarmes remporta un succès important. ‘Gheusii pecorum more caesi, paucissimi ex tanto numero evasere ... Norcarmius militem Tornacum admovet ..., Tornacenses Ducis sese fidei clementiaeque committunt. Ille triumphanti similis urbem ingressus statim populum exarmat.’ Strada, 309.

.... Quant aux affaires de pardeçà, V. Exc. aura degjà esté adverty comme Monsr. de Noircarmes, général de l'armée Catholique, a donné une bataille contre ceulx qui s'appellent de la religion en Flandres, auprès de Lanoy, et disent avoir tout rompu et tué. Le président Viglius avoit dict qu'ils avoient tué 2600 personnes, je croy bien qu'il soubhaitte, mais les aultres moings passionés parlent de 800, aulcungs de 400. Delà est allé Mons^r de Norcarmes envers Tournay, là où il a tant faict que ceulx de la ville ont receu environ 10 enseignes des siens en la ville. Ceulx de Valenciennes tiennent encoires, et on a dict qu'ils avoient demandé sauff conduict pour venir en Court, mais ils ne sont pas encoires arrivés.

Monsr. d'Egmont est allé en Flandres le deuxieme de ce mois.

De France et Angleterre je n'ay point eu aultres nouvelles depuys. L'Ambassadeur d'Espaigne m'a escript de France, mais riens de nouveau.

+ 1567. Janvier.

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⁺D'Espaigne j'ay eu lettres du Gouverneur des enfans de l'Empereur, que les Cuertas de Castille estoient prorogués jusques au moys de janvier, et que le Roy prennoit en Espaigne tout l'argent qu'il pouvoit recouvrir et qu'il mandoit une summe incroyable de par deçà et qu'il avoit encoires bien maigre préparation pour le partement, combien qu'on disoit pour certain que le Roy vouloit venir pardeçà avecques son fils, et que le S^r Ascanio de la Cornia estoit encoires en la Court d'Espaigne, attendant quelque charge; mais par lettres d'Augsbourg du 24 de décembre que [accusent] lettres de Milan du 5 du mesme moys, ils m'escripvent que nostre Roy avoit donné charge au Conte Albrecht de Ladron de lever und régiment des piétons Allemans pour les mettre en garnisons d'Italie et Piemont en la place des Espaignols, lesquels on vouloit tirer dehors et les conduyre en Espaigne par les galères, pour garde de la personne du Roy, et que asteure le Roy a contremandé au dit Conte de Ladron de ne lever plus les dites gens, ce qu'est ung indice q'on ne tirera plus les Espaignols hors d'Italie, et par avanture le voyage du Roy sera rompu suspendu. Ce que je scauray par les primières lettres d'Allemaigne, lesquelles j'attends demain au matin, et advertiray incontinent V.E. Le Conte Charles de Mansfeldt est au pais de Lutzembourg, et on dict qu'il y a quasi tout son régiment ensemble, mais diverses nations, Françoys, Lorrains, Lyegois et Lutzelbourgois. Le Conte de Meghen est encoires ici, et on dict qu'il dressera aussi quelques Compagnies des piétons. Ces bons chevalliers favorits ont hier souppé sur leurs principal chief et conseil, le Duc d'Arschot, là où ils ont beu tant et plus la sancté du Roy et de Madame, et ont estés fort aises. Aujour-

+ 1567. Janvier.

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⁺duy ils ont disné sur le Conte de Meghen. J'ay veu passer Monsr. de Berleymont ceste après disné devant mon logis, vienant du bancquet....; son visage estoit plus rouge que le chapeau nouveau du Cardinal..... De Heydelberg on m'escrit ... comme le 21 déc. estoient arrivés quelques deputez de ceulx de la religion de par deçà, et, comme le Conte Palatin est encoires en Baviere à Amberg, ils sont allez envers luy. Der Schwabische Kraysz soll diesen Monat gehalten werden, und vermeinen das dieselbige deputirtte daselbst yhre sachen werden vorbringen.... De Brusselles en haste, le 6 de janvier 1567.

De Vostre Excell_ce,

très humble et très obéissant serviteur et vassal,

Schwartz.

+ 1567. Janvier.