Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+Nassau. - Malheureusement l'Empereur devoit se borner à une intercession amicale. Les liens qui unissoient les Pays-Bas à l'Empire, avoient été extrêmement relâchés en 1548, par le traité d'Augsbourg, Charles-Quint ayant réussi alors à faire exempter ces Etats héréditaires de toute juridiction supérieure. Le celèbre Kluit s'exprime ainsi à ce sujet. ‘Zie hier de looze streek des Vorsten die zijne voorouderlijke Erflanden voor eene geringe jaarlijksche belastinge, geheel en al der magt, gezag en rechtspleging van 't Duitsche Rijk onttrokken heeft, en van 't Rijk vrijgemaakt, dat is aan hem alleen onderdanig gemaakt heeft.’ Over 't recht om Philips af te zweren, p. 20. Sire! Nous ne faisons doubte que Vostre Mté soit esté de tout advertie de ce que passé quelques mois en çà c'est passé au Pays-bas, parquoy n'y ferons redicte pour point importuner Vostre Mté. Et combien, Sire, qu'avons estés quelque temps en grande paine pour ne scavoir à quoy le subit changement tandoit, mesmement aians la plus part de nous aultres estés advertis par la Gouvernante des Pais-bas, de plusieurs désordres, séditions et tumultes commises par aulcungs désobéissents et commun peuple, le tout soubs prétext d'une religion dissimulée, dont avons estés certes bien maris, que en ung temps où que sommes tellement affligés de l'enemy de toute la Cristienté, de l'autre cousté aussi pour le mauvais exemple que aultres subjects en pourriont prendre, pour nous estre si voisins et membre du S. Empire, qui ast esté cause que non seulement avons laissés passer par silence toutes les levées et préparations que le Roy d'Espaigne a faict despuis quelque temps en çà, ains avons estimé estre juste et raisonnable que touts Princes aiment tout bien, tranquillité et repos, deussent avecques tout leur pouvoir | |
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Ga naar margenoot+assister l'ung à l'aultre, pour empêcher la rebellion et désobéissance des subjects, de tant plus au Roy d'Espaingne, qui est fis d'ung Empereur nostre et si proche parrent de Vostre Mté, et dont les dits pays sont une partie membres. Et comme, Syre, aiants tant pour recommandé le service et prospérité de nostre patrie, et nomément iceluy de Vostre Mté, avons bien pour la proximité et voisinance du dit Pais-bas, volu informer particulièrement come toutes choses sont passés, la cause pour quoy et à quelle fin elles tendent, pour en advertir Vostre Mté, afin qu'icelle par son assistence, tant de force que aultre voie, eusse en temps secourru Monsr. son frère, pour éviter touts inconvénients ultérieurs. A quoy Vostre Mté nous eusse trouvés et nous trouverast tousjours bien prests à ensuivre ses commendements. Ainsi, Sire, avons véritablement trouvés que il en ast eu quelques désordres en abastant les images, ruinant les autels et occupant les temples, ce que nullement scaurions trouver bon, ny donner tort au Roy d'Espaingne de s'en resentir, comme nous entendons aussi que en partie il s'est desjà faict la démonstration requise: mais d'aultre part, Sire, les exécrables justices et persécutions de tant des milles et milles qui ont estés mis à mort, despuis que Dieu par sa saincte grâce ast mis en lumière la pure doctrine au S. Empire et que les principaulx placcarts et défenses ont esté dressés contre ceulx de nostre religion, combien qu'elle ast esté accordée et permise, nous donnent cause les tenir aulcunement excusés et avoir pitié et compassion avecques eulx, et que tout cecy est advenu avant les avoir permis aulcune prêche ou exercice de religion, et qu'on voit tousjours que chose maintenue | |
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Ga naar margenoot+aveques rigueur et véhémence, se vient à rompre avecques grand dangier et désordre, et principalement en ung faict de conscience, qui ne peult estre domptée par forces d'homme, et de tant plus n'aiant esté cecy commencé avecques aulcung ordre, sans aulcung chief ou Magistrat qui s'eust voulu au commencement déclarer pour eulx, de peur de tomber en la mauvaise grâce du Roy, qui ast esté cause de tant plus grand désordre; mais si tost que la Régente ast entreposé quelque petite permission de pouvoir prêcher, toutes ses tumultes se sont assouppies et cessées incontinent; par où on peult aisément comprendre que leur faict ne tend nullement à rebellion ou désobéissance, ains tout seulement de pouvoir jouir de l'exercice de la religion et donner satisfaction à leurs consciences. Il est vray aussy que somes bien informés que, soubs prétext de ceste permission, aulcunes sectes et prédications mauvaises s'entremeslent, ce que nous desplaict grandement, et serast de besoing et fort bon qu'il y fust mis remède en temps et heure. Voiant asteure, Sire, et que sommes avertis certainement que le Roy d'Espaingne, par instigation du Pape et aultres, est résolu de nullement vouloir souffrir aultre religion que la Romaine, quelle que soit, et que soubs prétext de chastier la désobéissance et chasser les mauvaises sectes, qui ne sont permises en l'Empire, il se prépare, et non seulement en Espaingne et Italie, mais aussi en Allemaingne, come il est notoir à ung chascung: seroit à craindre, que oultre tant des inconvénients, qui nécessairement adviendront par toute la Crestienneté et mesme en ce temps icy où que le Turcq ast acquis tel advantaige sur nous aultres, qu'il ne voul- | |
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Ga naar margenoot+droit quant et quant extirper nostre religion, à laquelle sommes bien asseurés que une grande partie et les plus principaulx sont affectionés. Et come il semble estre l'office de Vostre Mté de prévenir touts dangiers, principalement aulx provinces qui despendent de l'Empire et pour point lesser perdre et ruiner ung pais, dont Vostre Maté peult avoir la succession, par guerres intestines, n'avons peu délaisser de la supplier très humblement qu'icelle voulusse prendre ces affaires à ceur et envoier ung ambassade au Roy d'Espaingne, pour le détourner de ses desseings et le mestre sur tel chemin, come en tels et semblables cas de religion on est accoustumé de faire, et somes bien d'intention de envoier aussi ung ambassade pour le enquérir de nostre part de vouloir condescendre aulx moiens licites et raisonables, aveques la remonstrance, suivant la copie cy joincte, dont supplions très humblement Vostre Mté se vouloir conformer et cela au plus tost, espérant que le Roi se laisserast induire et ne vouldroit pas estre cause de tant de calamités, tant en l'Empire que en ses pais propres, et Vostre Maté recevrast une réputation immortelle et ferast ung très grand service à Dieu et toute la Crestienté. |
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