Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+datée du 26 jour de septembre, à Monsieur le PrinceGa naar voetnoot(1).... Affin doncques que Vostre Altesse puisse estre informé de la vérité comme tout est passé, je luy ay bien voulu envoyer ung petit récite, qui va icy joinct, par où Vostre Alze pourra veoir que n'ay riens faict, ny traicté avecques ceulx de la ville de Bruxelles, que ce ne soit esté par exprès commandement des Seigneurs et réquisition du Magistrat de la dite ville, car serois bien mary etGa naar voetnoot1 ne me doibt Vostre Alt. estimer si outrecuidé, d'avoir entreprins le moindre point ou le vouloir faire cy-après sur les vassaulx de sa Maté de mon authorité, espérant que Vostre Alt. en recevera telle satisfaction, qu'elle laissera tomber l'impression, qu'elle peult avoir conceue par les faulx rapports d'aucuns esprits malings, mes malveullans, et ne trouvera estrange que moy, estant gentilhomme, prens regard à ce que touche mon honneur. Quand à ceulx de Jumont, desquels Vostre Alt. faict mention en sa dite lettre, me semble àGa naar voetnoot2 correction très humble, ne pouvoir avoir commis aucune faulte, leur ayant déclairé l'accord faict à Bruxelles, puisqu'ils s'estoient addressé envers moy, et qu'estois enchargé par les Seigneurs, aussi bien que les aultres gentilshomes confédérés, de faire tout bon office par toute provinces généralement, sans excepter nulle, affin que les armes soyent mis bas et le dit accord entretenu; les ayant renvoyé vers leur Gouverneur, comme il appert par la lettre que j'ay escript à Monsr. de Noircarmes, et me semble qu'on me faict grand tort de me vouloir incoulper avoir sur- | |
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Ga naar margenoot+prins sur l'authorité du dit Gouvernement, n'ayant faict sinon effectuer la charge susdit en tous endroits, comme fais encores journellement tant que m'est possible, selon le serment de fidélité que j'ay faict entre les mains des dits Srs et confirmé par ma signature. Toutesfois si Vostre Alteze ne seGa naar voetnoot1 treuve pas servieGa naar voetnoot2 que je m'en mesle plus, me pourra faire décharger par les dit Seigneurs (auquel icelle avoit commander de traicter avecque nous aultres) de mon serment, par où seray délivré d'un grand fardeau queGa naar voetnoot3 j'avois entreprins sur mon honneur pour le seul service de sa Maté, comme le temps le démontrerat; come aussi à rendre obéissance à ce qu'il a pleu à V.A. me faire commander de me retirer hors du pais, pour à quoy satisfaire, suis, quant à ma personne, plus que prest, come en tout aultre chose que par Vostre Alt. me serast ordonnée, suppliant très humblement que le bon plaisir d'icelle soit de me faire escrire ce que Vostre Alt. veulx et commande que soit faict. Mais n'estant pas â moy mesmes, ains obligé par serment à la noblesse confédérée, ne puis riens faire sans leur advis et commandement, auxquels Vostre Alt. en pourra faire escripre et leur commander ce qu'elle desire estre faict. Ce que j'ay bien voulu donner pour responce à Vostre Alt., tant pour ma décharge, que pour asseurer icelle que ne desire chose au monde plus que de faire très humble service à Sa Maté et à Vostre Alt., pour satisfaction duquel j'ay tâché toute ma vie avec toutes mes actions, dont les | |
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Ga naar margenoot+Seigneurs en pourront rendre tesmoignage, et suis bien mary qu'en faisant mon mieulx, selon mon petit pouvoir, que cela doibt estre encoires sinistrement interpreté, ce que ne m'empeschera toutesfois de continuer au bon vouloir que j'ay, comme ne fais doubte que avec le temps la vérité en sera cognue, et prie Dieu, lequel je prens pour tesmoing de ma sincérité, qu'il n'y aye homme de par-deçà, qui desire moins le repos de ce pais, que moy. Que sera l'endroict de ceste, par où je baise très humblement les mains de Vostre Alt., priant le Créateur donner à Icelle très heureuse et longue vie. D'Anvers, leGa naar voetnoot1 jour d'octobre 1566. Voici maintenant le récit envoyé par le Comte, et écrit de sa main. Pendant que les députés de la Noblesse attendoyent dernièrement à Bruxelles l'Apostille, qu'il plairoit à V.A. donner sur la requeste présentée par les gentilshommes confédérés, fust dict par les Seigneurs, lesquels avoyent charge de traicter avec nous, à aulcuns de nous aultres, que V.A. avoyt receu certains advertissemens qu'on vouloit venir prescher dedans la ville, mesmement aussi sur les [haillesGa naar voetnoot2] et incontinent après abattre les images aux temples, comme on avoit faict en plusieurs aultres lieux, voire toucher à la personne de V.A. et d'aulcuns Seigneurs et gens du conseil de sa Maté, estant pour alors lesGa naar voetnoot3 elles, de quoy nous estants bien estonnés, respondismes aux Seigneurs, que ne pourrions jamais croire que telles malheureuses machinations fussent entrés aux ceurs des habitans de la ville de Bruxelles ou aultres, singulièrement veu que V.A. tenant le lieu de Sa Maté, | |
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Ga naar margenoot+estoit empêchée avecq ceulx de son conseil, pour donner ordre et mettre remède aux affaires du pais, offrans d'emploier nos propres vies pour obvier et empêcher telles méchancetés et insolences, et que ne restoit, sinon que les dits Seigrs nous déclarassent par quelle voye nous pourrions faire quelque bon service, que de nostre part nous estions plus que prests à l'exécuter. Sur quoy nous fust proposé entre aultres moyens qu'il seroit bon de sonder de ceulx qu'on tenoit affectionnés à la religion (qu'on dict) nouvelle, s'il y auroit quelque apparence de ce que dessus, et leur remonstrer le tort qu'ils auroyent de faire telles entreprinses, et principalement en ce temps là, où qu'on tâchoit à remédier à touts troubles et mettre tout à repos, et qu'on ne les souffriroit aulcunement, mesmes que nous aultres employerions corps et biens contre eulx. Laquelle remonstrance leur ayant esté faicte le mieulx que nous fust possible, ils déclarèrent que jamais leur intention ne fust telle et qu'ils ne cognoissoient entre eulx gens si méchans et malheureux, et nous firent promesse de surplus de ne point faire prescher en la dite ville et de se contenir en toute obéissance et modestie, et là où il y auroit quelqu'ung ou plusieurs lesquels se voulussent avancer de prescher ou abbattre les immages dedans la dite ville, qu'ils s'employeroient touts et ayderoient à l'empêcher, par telle voye comme leur seroit ordonné par V.A. ou leur magistrat, à telle condition qu'ils puissent avoir quelque exercice de leur religion hors de la ville pour satisfaire à leur conscience, n'ayans jamais tâché à aultre chose qu'à cette fin. Ce que fust par nous aultres rapporté aux dits SeigneursGa naar voetnoot(1), lesquels nous respondirent que nous | |
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Ga naar margenoot+leur pourrions promettre et asseurer sur leur parole d'aller librement aux lieux là où qu'on auroit presché par cy devant, suyvant l'accord qui depuis a esté donné, moyennant certaines conditions et remonstrances touchant le lieu, de point approcher une grande lieue près de la dite ville, pour certains bons respects, ores qu'ils le puissiont avoir faict plus près: ce que fust faict conforme au dict des Seignrs. Sur quoy ils nous respondirent qu'ils avoyent esté aultre fois dedans une prairie près de Villevorde, qui leur seroyt trop loing, mais qu'ils avoyent des aultres placestout près où on avoit presché par cy-devant, mesmes passé quelques années. Toutesfois après longues remonstrances et prières ils nous promirent de demeurer, pour respect de Vostre Alt., devers le quartier de Villevorde, si avant qu'il pleust au Magistrat leur désigner ung lieu près du premier sasGa naar voetnoot1 de la nouvelle rivière, affin qu'ils se puissent servir de barcques couvertes quand il feroit mauvais temps: et ainsi leur fust dict par nous qu'ils pourroyent hardiment aller à la place où ils s'avoient par avant assemblés, comme il nous avoyent donné à cognoistre, et qu'on ne leur feroit aulcung empêchement, ny obstacle, bien entendant qu'eulx se conduisassent modestement, sans aulcun acte scandaleux ou séditieux et selon qu'il appartient. Et ainsi que de là à deux jours ils pensoient aller ouir la presche au lieu cy-dessus mentionné, ils trouvèrent les portes serrées, et là leur fust dict par les Seigneurs, le Comte de Mansfeldt et le Comte de Hornes, qu'ils eussiont pacience pour ce jour là pour certains respects, et qu'on donneroit ordre qu'ils pourroient aller les aultres jours | |
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Ga naar margenoot+franchement, selon ce qu'on avoyt accordé aux aultres habitans du pais. Ce jour là mesme je fus mandé par Monsr. le Comte de Mansfeldt sur la maison de la ville, où me fust proposé, comme ung bruit courroit que je debvois avoir donné à entendre au peuple qu'ilz pourroient prescher dedans la ville ou pour le moins tout contre les murailles de la dite ville, et que pour cela ils abattoient desjà les arbres pour préparer une place; mesmement que je leur avoit donné une lettre de ce, signée de ma main et qu'ils fussiont bien esté content de demeurer encores sans presche, si quelques ungs ne les eussiont instigué. Sur quoy je respondis à Monsr. le Comte de Mansfeldt, en présence de Messieurs de la loy, que quiconque semoit tel bruit de moy, il me faisoit grand tort, disant que touts ceulx qui le vouldroyent dire ou maintenir, auroyent faulsement menty, priant qu'on me voulusse confronter le personnaige, et que je n'avois rien dict, ny traicté avec ceulx qui prétendoient ouir la presche, que ce n'eust esté par charge et commandement d'aulcungs Seignrs Chevaliers de l'ordre. Et ainsi se passèrent plusieurs aultres propos que V.A. peut avoir entendu du dit Seigneur Comte de Mansfeldt et de ceulx de la dite loy. Enfin on fist entrer quelques ungs des bourgeois, entre lesquels il y avoit de ceulx avecques qui j'avoie traicté et parlé par le commandement des dits Seigneurs, qui tesmoignèrent, comme ils pourront faire encores présentement, que je ne leur avoie tenu aultre propos que ce que dessus lors fust declaré aus bourgeois par Monsr. le Comte de Mansfeldt et ceulx de la dite loy, tant par le pensionnaire, que par aulcungs en particulier, qu'on n'avoit pas serré la porte ce jour là pour les empêcher | |
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Ga naar margenoot+d'aller aux presches, ains pour la multitude des estrangiers qui estoient devant la dite porte, lesquels en ouvrant la porte aus bourgeois, se fussent aisément fourrez dedans, et qu'on donneroit doresnavant tel ordre que ne leur seroit faict aulcun empêchement, désirant qu'ils voulussent avoir pacience jusques à lendemain à six heures, où qu'on feroit une publication de ce que leur avoit esté dict là de bouche de la part des Seigneurs de la ville, ensuyvant ce que moy aussi leur avois promis et asseuré; et furent requis les dits bourgeois de vouloir faire tout bon office envers la commune, qui estoit assemblée au marché en grand nombre, affin qu'ils se voulussent retirer ung chascun en son quartier. Lors me fust proposé de vouloir aussi aller avecq les présents bourgeois sur le marché, et dire à ceste comune ce que dessus. A quoy je fis difficulté, leur alléguant que je ne désirois nullement me mesler de leurs affaires, voyant que desjà on interprétoit si faulsement ce qu'avois traité avec aulcungs particuliers, ce que me pourroit seulement advenir en mon absence, ayant à partir ce soir là. Toutesfois n'estimant estre convenable de refuser résoluement ce dont ils me requéroyent si instamment, m'en allay vers les dits bourgeois au marché pour les renvoyer contents; comme fis en présence de quinze ou vingt gentilshommes, de la meilleure forme que m'estoit possible, selon qu'ilz en pourront rendre bon tesmoignage. Or estant depuis changé ce que leur fust accordé, se sont trouves aulcungs des susdits bourgeois envers moy, se complaignans qu'on ne les vouloit laisser jouir du bénéfice accordé aux aultres villes de ce Pais-Bas, et par moy à eux promis, tant par charge des Seigneurs, Chevaliers | |
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Ga naar margenoot+de l'ordre, que de ceux de la loy de Bruxelles et ce par commun accord des trois membres de la dite ville, et que pour cela ils s'adressoient à moy, comme à celuy qui leur avoyt tant des fois confirmé les dites promesses et asseurances, espérans que je ne les auroye pas voulu abuser des parolles, et que je voulusse avoir regard à ma promesse. Sur quoy leur refrechis le propos et promesse que je leur avoie tousjours tenu, disant que je ne pensoie que ceulx de la dite ville de Bruxelles, ny personne des aultres, voulussent contrevenir à leur accord: et affin que je puisse scavoir les occasions qui avoient meu ceulx de la ville à changer l'accort faict par Son Alt. et par eulx desjà publié, que je dépêcheroie ung gentilhomme vers Monsr. le Comte de Mansfeld et ceulx de la ville, pour entendre les raisons, affin que tant mieulx je puisse satisfaire à mon honeur (ce que aussi j'ay faict, envoyant le Sr Cocq le 20e de septembre, lequel n'avoit aultre charge), les disant en oultre que j'avois entendu que ceulx de la ville prennent leur fondement sur la place, alléguans qu'ils avoient trouvé par information qu'on n'y avoit jamais presché, au contraire de ce qu'ils m'avoient donné à entendre. A quoy ne scaurois que respondre, m'ayant jamais meslé, ny veu leur presches, et que, si ainsi estoit, il leur fauldroit faire preuve suffisante, remettant au reste la dispute du lieu à eulx; mais quant à ce que de sortir hors de la ville pour ouir les presches aux lieus où de faict elles ont este faictes et se font, que ny les trois membres de la ville, ny aultres les pourront empêcher, ny défendre d'y aller, sans contrevenir directement à l'accord. Nous ayant esté declaré au surplus à Bruxelles des dits Seigneurs que ceulx là qui de- | |
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Ga naar margenoot+meurions aux villes et lieux, là où que les presches n'avoient pas esté faictes avant la publication du dit accort, se debvriont contenter d'aller aux lieus où qu'il estoit permis, sans en faire faire de nouvelles, et qu'en cela on ne leur feroit aulcune recherche, molestation ou empêchement; ce que nous aultres députés avons donné à entendre et asseuré aulx aultres lieux où les mesmes difficultés et disputes se sont présentées. |
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