Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CCXX.
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Ga naar margenoot+pour défendre les intérêts des Pays-Bas, et journellement on recevoit des nouvelles qui en irritant le Roi rendoient leur tâche encore plus difficile N'ayant pu suivre la marche des événemens, ils ne s'ex pliquoient pas cette infinité d'excès et de désordres, que les Seigneurs auroient aisément, croyoient-ils, pu prévenir ou tout au moins réprimer. Ils en étoient d'autant plus douloureusement affectés que, délibérant toujours en Espagne sur les trois points qu'en avril on avoit mis en avant (pas d'Inquisition, modération des Placards, pardon général), il s'étoient flatté d'atteindre bientôt le but de leur mission. ‘Bergensis et Monteniacus (dicebant), si Comitia Generalia non placeant, aliam rationem posse iniri .... Addentes porro, re bene agitata, invenire se super articulo Inquisitionis plene per Regem esse satisfactum: nec aliud restare quominus Domini officium faciant, quam ut moderatio Placitorum acceleretur.’ Ep. Hopperi ad Vigl. 100. Cependant le Comte de Hornes répondoit à son frère: ‘Pour fasché que estes là, estes plus à vostre aise que ici, veu l'estat des affaires et le peu de remède que l'on y donne: car tout s'en va ruinant.’ Procès d'Egm. II. 496. Monsr. Pour avoir le Roy tardé aucuns jours à despêcher courier par-delà, l'ayant remis de jour à aultre passé 15 jours, je ne vous ay peu respondre plus tost au deux lettres qu'il vous a pleu m'escripre du 20 et 25 d'aoust, lesquelles j'ay receues en ce lieu le 8 7bre passé, vous baisant bien humblement d'icelles les mains et de la bone souvenance que vous avez de vos servitrs. A ce qui me samble par vostre dte lettre, vous avez receu quelque satisfaction et contentement par la lettre que Sa Maté vous ast rescript, de quoy certes, Monsr, seroye fort ayse et tiendroye la payne de mon voyage pour fort bien enplyée, sy en quelque endroict par icelluy puissiez demeurer plus content, signament à l'endroict de Sa Maté, auquel j'ay dict ce que par celle du dit 20 me comandiez, de la bonne volunté que avez de vous enplo- | |
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Ga naar margenoot+yer en tout ce qui despendra son service; Sa Maté me dict qu'il avoiet ceste mesme opinion de vous, oussy elle estoit conforme à l'amour et volunté qu'i vous ast tousjours porté, et me commanda de vous respondre ce que dessus de sa part, oussy vous faire entendre le service agréable que luy feres de vous enployer en tout ce que trouvereis convenir pour son service en ses affaires qui passent présentement par-delà. Vous asseurant, Monsr, à mon jugement ne luy en scauriez faire pour l'heure qui luy contenta plus, que tenir la main et d'empêcher ses pilleries et sacagemens d'esglises et cloistres et les presches oussy, [avantGa naar voetnoot1] que faire ce peult, car certes les choses, que par delà se sont passées en cest endroict, sont esté inupportablesGa naar voetnoot2, ne faisant doubte que vous aultres Srs n'ayez [sentuGa naar voetnoot3] extrêmement de souffrir tels actes, presque en voz présences. Je vous puis asseurer, Monsieur, que Sa Mat. l'ast fort resentu les susdt sacagemens d'esglises et cloistres, mesme la peu de résistence ou contradiction qui s'en est faict par tout, veu le peu de gens, et que ce n'estiont que ung tas de blistres qui comettiont ses insolences et malheurtésGa naar voetnoot4Ga naar voetnoot(1). Le samblable ast oussy resen- | |
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Ga naar margenoot+tu Sa Maté des presches, et le peu de démonstration que l'on ast faict de s'y opposer, ce que Sa Maté vouldroit ancoire que l'on fisse aut moins à ses grassateurs et pilleurs d'esglise, et par force, puis qu'i semble que [l'avez] bien pardelà, et samble à monsr le Marquis et moy qu'il a raison et que tant de Srs et personages principaux que estes par-delà, ne debvez souffrir semblables actes, mesmes voyant astheure q'y avez argent et des gens, et certes, Mons., n'eussions jamais espéré que semblables choses fussiont advenues et moins nous estant icy envoyés par vous aultres, que poyes considérer combien parce l'on nous voire occasion de nous trouver bien empechés et avecq [très] grande raison. Sa Maté respond à Madame par ce courrier sur ses dernières, du 13 du passé, oussy luy mande son intention sur l'assamblée des estatz-généraux et comme verreisGa naar voetnoot1 le tout, me remettray [austGa naar voetnoot2] despêche sans en faire [redite], seullement vous diresGa naar voetnoot3 ce mot que tenons le trouvereis asses maigre et avecq raisonGa naar voetnoot(1), mais | |
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Ga naar margenoot+par là poyes juger les passions et affections des ministres. Sy esse que pour cela vous prions ne vous y arrester beaucoup car n'en donnons la coulpe à Sa Maté, et vous supplions de rechief vous enployer de toutes voz forces à donner contentement en ce que dessus à Sa Maté et le servir en tout ce qui se offrira plus que jamais; car sommes traictans certains moyens, le Sr Marquis et moy, au desseu d'aultres, dont dens 15 ou 20 jours vous adviserons, que espérons vous donneront quelque contentemens, sy pouvons [acceter] et sortir avecq nostre dessein; mais penses, Monsr, que ne povons négocier du tout comme desirerions pour les bones nouvelles que nous mandes journellement de delà. Sa Maté ast eu quelques accès de fiebvre tierceGa naar voetnoot(1) dont n'est ancoere du tout quicte; sy esse qu'i se porte asses bien, Dieu | |
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Ga naar margenoot+mercy, et se parte demain du bosque de Segovia vers Madrit, où estant arrivé, je croy, déclairera de brief son partement pour Italye et delà en Flandres. Il a desjà despeché courrier vers Italie pour faire venir toutes ses galères de Naples et CecilleGa naar voetnoot1 incontinent à Rosas et en la coste de Barselonne, et qui menessiont toute l'infanterie Espagnolle [dast] susdit Naples et Cecille avecq eux et qu'i les laissent en chemin à Gênes pour attendre Sa Maté en Lombardie pardesà. Sa Maté ast faict faire en diligence 30 enseigne d'Espagnols de 250 hommes pourGa naar voetnoot2 enseigne, affin de les passer avecque eux, et se servir des vieux souldars qu'i trouvera là: l'armée que Sa M. appreste pour nous visiter avecq, l'on tient pour certain [ceinde] dix mille Espagnols, huict mille vieux souldars d'Italie, et deux mille des besoignes qu'i mayneGa naar voetnoot3 avecq eucx, six mille Italiens et 24000 Allemans, et deux mille chevaulx légers, mille hommes d'armes et cinq mille noirs harnois Almans; et, quant aux escus, vous puis asseurer que de long temps Prince Crestien ne s'en est trouvé mieux pourveu, ors que se fust pour ungne plus grande entrepriseGa naar voetnoot(1). Vous poyes considérer par vos prudences, sy ceste trouppe vient ungne fois à nostre pays, ce qui se passera et ce qui en despend, qui nous gardera en dire davantage; seulement nous samble s'il y eust moyen pardelà entre | |
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Ga naar margenoot+vous aultres, de remédier les affaires etGa naar voetnoot1 oster les presches avant la venue de Sa Maté, seroit chose fort [acertée] et éviter beaucoup d'inconvéniens. Je croy, Monsr., que avez receu ungne lettre que avons escript a Mr d'Egmont et à vous et à Monsr. l'admiral du bosqueGa naar voetnoot2, du 29 d'aust passé, et veues aulcunes aultres; depuis n'avons eu de vos nouvelles. Monsr. le Marquis ast esté sy malade d'ungne fiebvre continue, l'aureis entendu par lettres miennes du 20 du passé, que ay escript à Monsr. d'Egmont, et certes tant que les médecins aviont perdu l'espoir et ne luy doniont 2 jours de vyeGa naar voetnoot(1), mais Dieu mercy, ce porte à présent asses bien et le tenons hors de dangier entièrement, dont j'ay le contentement que poyes considérer, et que m'asseure que tous vous aultres ses amys auront oussy, car croy certaynement que son mal ne procédoiet que de passion et regret des affaires de nostre pays. Je luy ay tousjours tenu compagnye en ce lieu et voyant qu'il est hors de dangier et pour ne faire faulte aux affaires de nostre pays, nous avons advisé par ensemble, que je iray demain avecq Sa Maté vers Madrit où j'espère que Monsr. le Marquis pourra suivre dans cinq ou six jours. - Monsr. je feray la fin de ceste prolixe lettre en vous priant me commander s'il se offre en quoy vous faire service et croire que m'y enploray oussy voluntairement que servitr nul que ayes. En cest endroict vous baiseray humblement les mains, priant au Créateur | |
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Ga naar margenoot+sous donner longue et bonne vye. De Segovia ce 4 octobre 1566. Monsieur le Marquis m'a chergé vous baiser les mains de sa part et vous supplye tenir ceste pour siene, que pour son indisposition ne vous ast peu escripre, oussy vous remercye et à monsr le Conte Lodewich du bon conseil que avez donné à Madame sa femme pour sa ville de Berghes, se offrant vous servir en aultre endroict que luy comandereis. Vostre plus que bien humble serviteur, F. de Montmorency. Monsieur Monsieur le Prince d'Oranges, Conte de Nassau. |
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