Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CCVIII.
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Ga naar margenoot+froide, maigre et peu plausible consolation, l'autre ouvertement envahissoit les sectaires, ainsi qu'ilez les nommoit, desorte qu'il me semble que le Roy des Roys n'y trouve aucun lieu où passer son chef. Quant à ceulx de la ville de Gand ils gémissent encore dessous le joug de servitude, non obstant que la moisson du Seigr soit tout par tout asses abondante et copieuse, et le peuple fréquent qui y accourt, affamé d'avoir Sa divine parole. Mais d'autant que le peuple de Dieu s'augmente et prend accroissement d'heure en heure, d'autant et plus le Magistrat se déclarre de tout contraireGa naar voetnoot(1) mortel et juré ennemy du petit tropeau, et qui est le plus grand malheur pour eux, ilz ont tellement endurci les coeurs, qu'ils ne veullent en façon du monde entendre ou faire place à la voix du Seigr et à son Sainct Evangile. Voire toutes leurs entreprises, practiques et desseings ne tendent à autre fin, qu'à supporter les supposts de l'Antichrist et à redresser son CiègeGa naar voetnoot1. Quant à ceulx qui ont brisé les images aux temples consacrez au seul service d'un seul Dieu, on continue à les persécuter plus que jamais, sans qu'un seul puisse eschapper l'ongle meurtrière de ce milans. Ceulx qui s'en sont enfuiz, pour estre soupconnés d'avoir aydé à briser les dicts images, sont en nombre de plus de mille, bien comptés, sans les femmes et enfans, de qui les pitoiables cris et misérables complaintes, s'oient à toute heure si piteusement tout par tout où on se tourne, qu'il est à craindre grandement que, si Dieu n'y remédie par vostre interces- | |
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Ga naar margenoot+sionGa naar voetnoot(1) et moien, qu'i ne s'esleve un grand nombre des fugitifs qui s'amassent et fourmellent en certains lieux, dont le trouble soit plus dangereux sans comparaison que le passé. Oultre ce qu'il y a plusieurs pouvres prisonniers, qui sont à la miséricorde et mercy d'un magistrat sans pieté et mercy. Et qui pis est, il y a plusieurs qui marchent icy et principalement à Bruges la teste haut levée, qui ne se so soucient de contravenir à la permission accordée à ceulx de l'Eglise refourmée, s'estant enhardis d'empesscher et rompre les prédications par plusieurs fois et sans le consentement du magistrat, mesme jusques aux capitaines qui sont ordonnés à conserver le peuple en paix et union. Or pour autant que ce ne seroit que redite de vous particulariser le tout par le menu, et pour ne vous donner plus d'ennuy, je feray fin, après vous avoir prié, au nom de toute la comunauté, d'y vouloir apporter tel remède, que nous ayons occasion de haut louer le Seigneur, qui de Sa grâce vous a si richement eslargy ses dons, qu'avecq le bon vouloir et singulière bonté que se lict sur vostre face, vous avez aussi la puissance de tirer les pouvres affligés hors de la geule des loups ravissans, en quoy faisant, ne ferez pas tant seulement service très agréable à Dieu, ains quant et quant obligerez la plus part des Gantois (lesquelz, à dire vérité, vous désirent | |
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Ga naar margenoot+mille fois le jour pour leur tuteur et gouverneur) à prier Dieu pour vostre prospérité, en vous promettant de ma part que je rendray à V. Ill. Seigrie telle dévotion que sçavez attendre de un de vos plus humbles et plus obligez serviteurs, y apportant tousjours plus d'affection et désir que je n'auray jamais de moien ou pouvoir, espérant toutefois tant de la grâce de Dieu, qu'il me sera offert quelque occasion pour ne vous estre de tout inutile, emploiant toutes mes estudes et forces à vous faire tels offices en quelque lieu que je sois, qui vous donneront peult-estre non moins de plaisir que de contentement, Qui sera l'endroict ou je prieray le Créateur, Monseigneur, de donner à vostre Ill. Seig.rie l'accomplissement de vos saincts désirs et la maintenir avecq vie longuement heureuse en sa divine garde. De Denterghem près de Gand ce 19me de septemb. 1566.
De V. Ill. Seigrie Le très humble et très obéissant serviteur,
Charles Utenhove le filz.
Monseigneur, s'il plaist à V. Ill. Seigrie nous faire un mot de responce (dont très humblement vous en supplions), le présent porteur, Monsr. de Markeghem, mon frère aisné, viendra prendre à quelque heure qu'il vous plaira le luy commander. Dem Edelen Wolgebornen Hern, Hern Lodwichen, Graeffen zu Nassau, meinem gnedigen Hern. |
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