Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– AuteursrechtvrijLettre CLXVI.
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Ga naar margenoot+fédérés à d'injustes soupçons. En 1569 les Etats d'Utrecht disoient à ce sujet. ‘De oproerige Gemeente en Rebellen hadden de wapenen in handen genomen, niet alleen tot resistentie, maar ook tot invasie van de Overheid en Catholyke, al op 't betrouwen van de Edelen Geconfereerden die hen-luiden te St. Truyen vryheid van de Religie beloofde, en genoeg in protectie genomen hadden ....... Vermits de vergadering die in Julio te St. Truyen geweest was, en konste men niet anders weten, of de predicatie en beeldstormerye geschiede bij kennisse en oogluikinge van de Geconfedereerden.’ Bor, I. 303b. Mon frère. J'ay entendu qu'il y at aulcungs de ceulx qui tienent la loy de Calvin, qui se trouveront en ceste assamblé, et comme sont gens qui de peu de bonn samblant que l'on leur faict, prendent ung gran piet et audace, et que je scay qu'il y at beaucoup d'entre vous de la mesme loy; pour éviter tous inconvéniens qui porriont succéder par eulx, si y pensent avoir quelque solagement et assistence de vos aultres, dont facilement redunderoit la totale ruine du pais, comme je me commence apercevoir en ceste ville qu'i marchent jusques à maintenant de bien grande audace et peu de respect du bien publicque; vous prie de tenir la main que l'on leur donne si peu d'espoir que faire ce porrat de les assister en ces presches désordonésGa naar voetnoot(1), et vous diray plusieurs choses qui sont passé issi, bien au contraire de ce que me dittes à Brusselles, retournant de LireGa naar voetnoot1; parquoy il est plus que nécessaire les rebastre la confidence qu'ilx ont; ilx vie- | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+nent bien si avant de dir e que, oires que l'on leur permes teroit la confession Augustane, qu'ilx ne se contenteroient. Je vous lesse penser à quoy ilx prétendent. Je n'ay le loisir de faire ceste plus longue, sinon que vous recommande la sagesse et le bien du pais et prie Dieu vous donner la grâce le povoir faire. D'Anvers, ce 16 de juillet A. 1566.
Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. Voici la requête présentée à la Noblesse à St. Tron par les marchands et peuple de par deçà d'après une copie qui se trouve aux Archives; cette pièce a eté communiquée par Te Water, IV. 305. Aux Sengneurs et noblesse assemblée à St. Tron. Les marchands et le commun ne scauroyent asses remercier vos Seigneuries de ce que depuis quelque moys en çà, considérant l'intollérable joug de l'Inquisition et placcarts, ils se sont délibérés de charger plustost tous les mauvais grés sur leur espaules, que d'endurer l'oppression du peuple par trop assubjetty aux inquisiteurs et leurs commis. Toutesfois les dit remonstrans considérans que l'ouverture leur estoyt jà faicte, ils n'ont trouvé par conseils de s'arrester à la porte, ains de passerplus avant, si que dequis ung moys ou environ ils se sont assemblés publicquement pour satisfaire à leur conscience et à l'ardeur et zèle du peuple, lequel il estoyt impossible | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+de le plus contenir. Or d'aultant qu'ils appercoyvent assez que par divers moyens on tâche de dissiper et rompre l'advancement de la prédication de l'Evangile, désjà fort engravée au coeur du peuple et que les magistrats sont totallement contraires, ils ont despuis consideré où ils pourroyent avoir refuge après la confiance qu'ils ont eu en Dieu touchant l'equité de leur cause, sy que jettans l'oeil d'ung costé et de l'aultre, ils ne voyent de toutes parts que menaces et menées secrètes pour dissiper le troupeau du Seigneur. Vous aultres doncques, Messieurs, estes ceulx sur lesquels ils ont l'oeil fichéGa naar voetnoot1 et desquels ils implorent non seulement la faveur, mais aussi l'assistence au besoing, tellemen qu'ils ont conceus ceste bonne et sainte espérance de vos Seigneuries, qu'elles n'endureront en façon que ce soyt, que tort ou violence leur soyt faicte pour l'exercice de la religion Evangélique. Ils supplient doncques très humblement au nom de Dieu, qu'il plaise à vos Seigneuries les prendre soubs vostre protection, les défendans contre tous leurs ennemys à ce qu'aulcungs empêchement ne leur soyent donnés pour l'exercice de la dite religion, et pour leur donner plus grande asseurance de vostre bonne volonté envers le païs, à la conservation de la paiz et repos publicq, que certains nobles soyent députés pour chascun quartier, affin de pourvoir aux troubles apparentes, jusques à ce que il y soyt aultrement pourveu par les estats-généraulx, légitimement assemblés. Que faisant, les dits remonstrans seront obligés de plus en plus prier Dieu pour votre prospérité, ensamble employer corps et biens pour conserver le païs en repos, et ferez bien. | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+La réponse, communiquée aussi par Te Water, l.l. est publiée ici d'après l'original et avec les signatures.
Il est résolu par les Seigneurs députezGa naar voetnoot1), qu'on asseurera le peuple que l'on ne luy fera aulcung tort ou violence pour le fait de la religion, jusques à ce que par les estatz-généraux rassamblez en soit aultrement ordonné: à condition que le dit peuple se conduise modestement se submectant entièrement à la résolution des ditz estatzgénéraux comme la noblesse ichy assamblée.
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Cette réponse ne paroit pas avoir entièrement rassuré et satisfait les pétitionnaires. A la suite de délibérations ultérieures, ils proposérent quelques points sur lesquels ils desiroient avoir une réponse précise. Voilà ce qui résulte du document suivant, Mémoire très curieux, qui semble être écrit de la main du Comte Louis de Nassau. La requête de ceux de la religion est probablement la même que celle des marchans et du commun. ‘Eene Requeste in den naeme van de Cooplieden, Borghers ende Inwoonders van den Lande die van de Religie waeren.’ V. Wesembeeck, p. 133. | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+Mémoire de ce qu'il semble qu'on pourroit respondre à ceulx de la religion, mesmement des points qu'on aurast à huiderGa naar voetnoot1 à l'assamblée. Ceulx de la religion désirent scavoir, voire estre asseurés des gentishomes confédérés:
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Quant au premier point semble que nous les debvrions promestre suivant ce que les avons par cy devantGa naar voetnoot(1) asseurés assçavoir que nous emplierons touts les moiens que Dieu nous donnerast corps et biens pour tout le peuple de pardeçà maintenir en liberté de l'exercice des deulx religions, come de la confession d'Augspourg et de laGa naar voetnoot1 religion réformée, tant et si longuement que Sa Maté en aurast aultrement ordonnée par l'advis et consentement des estats-généraulx de ces Païs-bas, ausquelles ordonnances ceulx des deulx religions susdictes se submetteront, comme nous avons faicts et faisons par cestes. Que n'entendons contrevenir, diminuer ou violer aulcungs privilèges des provinces de ces Païs-Bas, ains les entretiendrons et ferons entretenir, aultant que nous serast possible, en touts et quels points qu'il pourrast concerner. Que sommes contants de singner la requeste par ceulx de la religion présentée, moienant que nous la porons changer ainsi que serast trouvé convenable par commun advis des députés des gentishomes confédérés, bien entendu qu'on laisserast la substance en leur entier aultant que faire se pourrast. Que promesteront par serrement ou leur signature manuel de ne riens attenter de ce qui pourroit tendre au déservice de Sa Maté, perturbation du repos et bien publique des païs et subjects de Sa dite Mté de par deçà | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+et pour empêcher l'exercice des deulx religions susdits, si par Sa Maté ne fust aultrement ordonné avecques commun advis et consentement des estats genéraulx, sans prendre aulcung esguard à nostre particulier; et qu'en cas que pourroit conster que aulcung de nous vouldroit pourvoire à son particulier sur ce prétext, que le peuple serast alors déchargé de toutes ses obligations qui pourriont estre fondées sur ce faict présent ou aulcungne alliance. Que sommes contents qu'on y meste tel conseil et ordre comme on trouverast par commung advis estre le plus expédient pour l'advancement des affaires publiques, sans l'advis duquel conseil ne ferons aulcune chose d'importance. Réciproquement voulons nous estre asseurés du commung peuple et leur députés, que eulx ne prétenderont soubs ombre de la liberté de l'exercice de religion, de vouloir estre désobéissans à leur Roy et Prince naturel, moins traicter ou practiquer aulcune chose qui pourroit tendre à son déservice et diminution de son auctorité, semblablement qu'ils n'attenteront aulcune chose par où que la tranquillité, repos et paix publique pourroit estre perturbée, et le respect qu'ils doivent à leur magistrat estre diminué, ains qu'ils se submetteront aulx commandements et ordonnances tant de Sa Maté que aultres magistrats par icelle leur ordonnés, moiennant que ce ne soit chose par où leur conscience pourroit estre intéressée et se régleront en tout ce qui concernerast la défence de la liberté de leur religion, selon l'advis et commandement de nous et de leurs députés nous adjoincts pour conseil, tant et si longuement que par Sa Maté soit | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+sur icelle liberté aultrement ordonnée par advis etc. selon lesquels ung chascung se réglerast. Quel que puisse avoir été le résultat de ce Mémoire, il est certain que les Confédérés prirent le peuple, les Luthériens et les Calvinistes, sous leur protection; ils donnèrent l'assurance qu'il ne seroit fait aucune violence pour le fait de la religion; démarche hien hardie et très inconsidérée. En outre on prit des mesures pour opposer, le cas échéant, la force à la force. Il y a donc lieu de s'étonner que M. Bilderdyk ait écrit. ‘Waartoe hier besloten en of er iets besloten zij geworden, is onzeker. De Spaanschen willen dat het besluit was volk te werven om zich tegen des Konings krachtige maatregelen, zoo hij ze doorzetten mocht, met geweld te kanten, en dat zy den Onroomschen die hunne bescherming verzochten, die beloofden. Het laatste is wel waarschijnlijk, maar het eerste ongeloofbaar, naar de twijfelmoedigheid, waarin zij verzonken waren, schoon er zekerlijk in die bijeenkomst wel quaestie van geweest zal zijn.’ VI. 60. Et M. de Beaufort (Leven van Willem I,) va encore plus loin. ‘Viglius verhaelt dat sy voorstelden de nootzaekelykheit om geld op te brengen om den oorlog daarmede te kunnen voeren.., doch van die voorstellingen is niet gebleken, en uyt de onderhandeling van de Edele met den Prins van Oranje en den Graef van Egmont blykt het tegendeel.’ I. 478. Malgré ces assertions si positives, la protection promise est un fait constaté, et la résolution de lever des troupes est également averée Il est vrai que Strada écrit: ‘Nunciatur Gheusios circiter duo millia conventuros Trudonopolim ... deliberaturos an arma suscepturi sint, animato ubique populo. De armis falso nunciatum est.’ I. 244. Mais ceci se rapporte à une prise d'armes immédiate. Les Confédérés ne firent pas mystère de leur résolution, disant ouvertement à la Gouvernante. ‘Nous avons été contraints chercher les moyens de faire amis en certain Pays pour nous en servir et ayder en cas qu'on voulut procéder allencontre de nous et les subjects et vas- | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+saux du Roy plus avant par voye de fait, et non à autre fin.’ Le Petit, Chronique de Hollande, p. 109a. Et invités par la Duchesse à s'expliquer encore plus clairement, ils ajoutèrent. ‘Ce n'est sinon en ce Pays ici et en Allemagne.’ l.l. p. 114b. La pièce suivante adressée, à ce qu'il paroit, par le Prince d'Orange au Comte de Bréderode, contient quelques avis et exhortations tendant à prévenir les inconvéniens qui pourroient résulter de l'assemblée. Il est difficile d'en fixer précisément la date. Elle est postérieure aux promesses des Confédérés à ceux de la religion. Peut-être ce Mémoire a t'il été remis au Comte soit à la conférence de Duffel, qui eut lieu le 18 juillet, soit du moins peu après. La réponse qu'on fera à Madame est la réponse à ce qu'elle leur avoit fait notifier par le Prince et par le Comte d'Egmont (Te Water I. 391,) et l'envoi de députés à Madame eut aussi lieu quelques jours plus tard. - Le Prince prévoyoit le cas où il ne pourroit de nouveau quitter Anvers et en effet le Comte d'Egmont revint à Duffel sans lui. | |||||||||||||||||||||||||||
Mémoire.Que Monseigr le Comte tienne la main que ceulx de l'assemblée ne facent nul désordre dont leur réputation pourroyt estre diminuée, et qu'en traictant les affaires on use de bon ordre et gravité. Qu'en cas que Monseigneur le Prince ne pourroyt partir d'Anvers, il donne ordre que les dits gentilzhommes puissent traicter avec Monsr. d'Egmont ou aultre Seigneurs et que sur tout ce fusse Monsr. le duc d'Arscot, sans venir en la ville d'Anvers, pour le bruict qu'il pourra faire et mettre les choses en désordre. | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+Qu'on regarde que les députez qu'ilz envoyeront à Madame, puissiont avoir telle charge, qu'ils n'eussiont picques ou menaces, ains telle modestie et courtoysie que ne puissent enaigrir le faict. Et que le semblable ils facent sur l'instruction que Monsr d'Egmont pourra proposer. Que les ungs désirent merveilleusement que Monsr de Bréderode puisse retourner en ceste ville en l'absence de Monseignr, mais les aultres ne le désirent nullement, donnant à entendre qu'en cas qu'il vienne, ils se retireront trestoutsGa naar voetnoot1. Et semble à Monseigr que ne conviendra aulcunement qu'il revienne, cependant que Son Excellce sera là. Par quoy ayant achevé icy, trouve bon que Monsr. le Comte destourne sen eux, affin qu'il ne revienne. Mais bien qué luy mesme viene seul avec la moindre compaignie, pour avertirGa naar voetnoot2 désordre, comme sera adverty plus particulièrement. Que monsr le Comte envoye copie de la responce qu'on faira à Madame comme de soy mesme, et si mandera Monseigr le Prince son advis, comme son Exc. a desà declairé à Monsr. de Bréderode et quelques ungs de ses gentilzhommes. Que Monseignr a entendu des estranges propos d'aulcungs des gentilzhommes et bien contraire de leur requeste, à cause de quoy sera nécessaire, que Mons. le Comte prenne garde qu'il ne sorte hors de la dite Requeste, car tout le malfaict d'eulx tombera sur luy et leur l'imputerast-on à grande legiereté. Que Monseignr trouve les Calvinistes bien eschauffés et voyt encores bien peu de remède pour les induire à | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+quelque bon moyen, que Son Excellce craint que sera à la fin la destruction, non seulement de ceste ville, mais de tout ce pais en général, et ce que les faict estre ainsi présumptieux ne procéde sinon soubs l'ayde et assistence de ces gentilzhommes, lesquels, comme Son Excellce a entendu, ont donné grand espoir et promesses de ne les jamais abandonner, que semble toutesfois estre entièrement contraire à leur Requeste, et trouve Son Excellce, encores que le Roy voulsusse parmettre l'exercice de la Religion, selon la Confession Augustane, que les aultres n'en seroyent contents de cela, mais vouldront avoir églises à leur opinion. Que Son Excellce trouve ceulx de la confession Augustane fort gens de bien et paisibles et nullement enclins à sédition ou désobéissance et fort contraires à ceste façon des Calvinistes. Considérés toutes ces choses que Monsr. le Comte prenne peine de négotier tellement avec les gentilzhommes, qu'au lieu de penser faire le service du pais, ne soyent cause de la perdition d'iceluy, ce que luy reviendroyt à perpétuel deshonneur et charge. Il paroit bien que le Prince n'avoit pas une haute opinion de l'assemblée. Ce qu'à Duffel il dit au nom de la Duchesse, savoir qu'il n'y avoit pas de raisons valables pour se réunir de nouveau et que la Gouvernante avoit beaucoup fait pour leur donner satisfaction, étoit probablement assez en accord avec sa propre manière de voir. C'est dont une remarque très peu fondée de M. de Beaufort (Leven v. Willem I, I. 481.) ‘Die redenen waren buyten twyfel seer be- | |||||||||||||||||||||||||||
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Ga naar margenoot+drieglyk, de Prins en de Graef van Egmont spraeken alleen uyt naem en uyt last van het Hof, en het is hier wel te vermoeden dat de Prins een dubbele rol speelde.’ D'abord, puisque le Prince agissoit par ordre et même d'après une Instruction écrite (Te Water, I. 391), il n'est pas nécessaire de supposer de la duplicité; en outre il y avoit, d'après les convictions du Prince, beaucoup de vrai dans la réprimande que la Duchesse faisoit donner aux Confédérés. |
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