Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome II 1566
(1835)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Lettre CXLII.
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Ga naar margenoot+ty méchamment et malheureusement vynt quatre pyes au travers de leur gorge: il est byen vrey que le soyr que fusmes là arivé, mon nepveu CharllesGa naar voetnoot(1) fyst acoustreGa naar voetnoot1 ung chapon et quelque aultre chosse, lequell quant je le seu je ne voussuGa naar voetnoot2 poynt que l'on le servyceGa naar voetnoot3 à table et ne fust onques servy; ce que l'on an fyst après je n'an sey ryen, mes d'an avoyr mangé à la compagnye il n'an est rien. L'on m'ast byen dyct que mon nepveu le matyn rotyt ungne saussysse an sa chambre et la mangeast: je croys que il panssoyt estre an Espagne, là où l'on mange des morssylles. Voyllà tout ce que il ce passat et n'ey là fayct chose ny à aultre place, que je n'an veulle byen respondre et mesme la fayre publyer au son du tambouryn, et sy Madame veult que je luy mande par escrypt toute ma vye de jour an aultre, je le ferey, mes je ne sey sy elle s'an contanterast. Jé peur que non, anffyn ..... pour elle luy seroyct byaucoup plus duyssant que de prandre la payne de prester l'oreylle à ung tatGa naar voetnoot4 de petys coseryesGa naar voetnoot5. Touchans de ses byllés quy sement par là je n'an pouvons, mes je ne sey quy ce fust quy an pryst la copye, c'est ungne chose mal antandu, je sey byen que il n'y ast amme des nostres quy ne l'antande aultrement: y fault reguarder à le redresser par là; je l'ey desjà redressé par icy par | |
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Ga naar margenoot+l'avoyr tout fayct inprymer an Flamman, aultrement je n'y voyés aultre ordre. Je suys fort ayse que aves randu Mons.r de WarlusellGa naar voetnoot(1), certes je ne eu onques pansé que il nous eust manqué, cellon ce que je luy an ey aultrefoys ouy dyre. Il est byen venu, ancor queil antant la reson, il an fera condessandreGa naar voetnoot1 d'aultres, spandantGa naar voetnoot2 de mon costé ne fauldrey tousjour à randre mon extrême devoir de fayre toute bon offyce an depyt de toute la rasseGa naar voetnoot3 de la rouge truye desquels n'an vyentjames [neus] de carongne à byen. Et sur ce, Mons.r mon frère, je te demeure esclave frère à james, me recommandant myllyon de foys à vostre bonne grâce. De Vyanne ce xxiiij jour d'apvryll 1566.
Vostre frère et esclave humble et obeyssant vous servyr à james, LouysGa naar voetnoot(2) Henry de Brederode.
A Monsieur mon frère, Monsieur le Conte Lodewyck de Nassau. Voici la copie dont le Comte fait mention; elle est entièrement de sa main. Madame, je suis mary que il fault que je importunne vostre Alte. par ceste sachant que icelle a d'aultres occupatyons de grandes importances: sy esse comme il est | |
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Ga naar margenoot+venu en cognessance que il ast pleu à vostre Alte. de faire casser de son servyce trois de ses jantylsommesGa naar voetnoot1 de la Meson de vostre Alt.e pour avoyr esté de la honorable compagnye dernyèrement assamblés à Bruccelles pour présenter ungne requeste à vostre Alt.e tandant au byen et servyce de Sa Majesté et mayntyennement de ses estas et à la tranquyllyté du pays an général et repos de vostre Alte.; toute fois que, sellon que puys entendre, on leur interpreste tout aultrement, dysant que il doyvent avoyr contrevenu par là au servyce de vostre Alte. et au serment que il devryont avoyr fayct à icelle. Je suis esté requys de tous ceus an générall de la dicte assemblée de vouloyr de leur part escrypre ce petit mot de lettre à vostre Alte. la supplyant byen humblement, comme je la feys pareyllement de ma part, que vostre Alte. ne veuylle prandre à mall part que, encores que les dys troys jantylsommes ny uns de nous aultres n'estyons d'yntentyon d'anffayreGa naar voetnoot2 aulcun samblant à vostre Alte. pour ne nous poynt estre imputé que tandyons d'empêcher vostre Alt.e de commander et ordonner sa Meson sellon ses bons et vertueus plesyrs; si esse toutesfois, Madame, que voyant cecy nos adversayres prandont matyère et fondement à nous callomnyer par les propos quy doyvent avoyr esté tenus à ces dys troys jantylsommes par le mestre d'ostell de vostre Alt.e, allégant par là que vostre Alt.e ast asses démonstré le desplesyr et mescontentement que icelle doyct avoyr repceu de la dycte assamblé ansamble l'estyme que vostre Alte. tyent de ceulx quy s'an sont meslé. | |
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Ga naar margenoot+Apparemment cette lettre déplut au Comte Louis, et jugea t'il que l'on devoit formellement présenter une requête à ce sujet, accompagnée de quelques lignes à la Duchesse. Voici un brouillon de la lettre et de la requête trouvé parmi ses papiers. Madame, comme j'ay trouvé les gentishommes dernièrement assemblés à Brusselles fort troublés pour certain propos que le maistre d'hostel de vostre Alteze peult avoir tenu à trois gentishommes licentiés par vostre Alteze, se sont résolus pour la conservation de leur honneur, estant par ledit propos tous [infamevrivoles], de présenter requeste à vostre Alteze, laquelle supplient à vostre Alteze de vouloir faire venir et examiner par le Conseil de sa Maté afin d'impetrer apostille par laquelle, jusques à ce que leur faict soit entendu de sa Maté, se puisse mettre à repos et non estre calumniés, pour éviter tout scandales et inconvéniens, bien entendant, Madame, que ne voullons donner loy à ceulx que vostre Alteze peult tenir en son service, mais bien respondre pour ceulx qui font profession du mentendementGa naar voetnoot1 d'ungne cause à nous tous touchante équalement et commune.
Requeste touchant les trois gentilzhommes de Madame.
Madame, les Srs et gentishommes qui depuis naguères, pour le service de Sa Maté et repos publique ont estey assamblés en la ville de Brusselles pour présenter requeste que vostre Alteze a receu, ont entendu depuis | |
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Ga naar margenoot+leur partement qu'il a pleu à vostre Alteze otterGa naar voetnoot1 de son service trois gentishommes, pour ce qu'il sont de la compaignie et trouvés en la dite assemblée et que pourtant auroit faultezGa naar voetnoot2 le serment faict à vostre Alteze et attenté choses contraires au service de Sa dite Maté. Madame, comme il a pleu à vostre Alteze présentant la dite requeste user d'ungne singulière bénévolence en nostre endroict et asses déclairer nostre intention estre bonne et loyable, toute la compaignie a esté fort troublée et trouve estrange, Madame, ayant vostre Alteze donné à cognoistre qu'elle n'estoit d'intention de juger de nostre faict, que ceste déclaration en est ensuyvie, parquoy supplions très humblement à vostre Alteze, pour le repos desdits Srs et gentishommes assemblés, de vouloir donner à cognoistre, si ce procéde du commendement de vostre Alteze ou de l'ignorence du maistre d'ostel de vostre Alteze, lequel pour non estre imbeu des affaires de pardeçà peult avoir sinistrement interpreté la dite assemblée. Attendu aussy, Madame, que tous les Srs assemblés en général et particulier sont prestz par droics et vives raisons asseurer leur faict et prendre la justification de leur cause, laquelle non estant entendue encorre de Sa Maté., supplions à vostre Alteze, pour la considération de l'honneur d'ungne tant honorable compaignie, l'avoir pour recommendée et imposer silence à tous ceulx qui témérairement la vouldroient calumnier.
Il y a aussi la minute suivante, écrite, à ce qu'il paroit, par le Comte Louis. | |
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Ga naar margenoot+Madame, j'avois proposé de ne point donner aulcune fâcherie à V. Alt. pour le faict sur lequel est fondé la présente requeste cy joinct, cognoissant qu'icelle est assez occupée en aultres affaires de plus grande importance. Mais ayant esté instamment requis, voire pressé de toute la compaignie de vouloir présenter ceste nostre requeste, ne léGa naar voetnoot1 sceuGa naar voetnoot2 aulcunement excuser, suppliant bien humblement V.A. la prendre de bonne part. Et qu'yl luy plaise y respondre par apostille, comme nous espérons et attendons de la prudence et naifve bonté de V.A. laquelle le Seigr. Dieu veuilleprospérer en tout accroissement d'estat et grandeur de ses estats. Me recommandant et nostre cause très humblement à la bonne grâce de vostre Altesse. Enfin voici la requête comme elle fut présentée. Le brouillon, de la main du Comte, se trouve également aux Archives. Madame! Nous, les très humbles et obéissans serviteurs de Vostre Alt., ne povons délaisser d'advertir à icelle, comme qu'avons entendu qu'il a pleu à V.A. faire casser trois gentilshommes de sa maison, lesquels ont esté de nostre compaignie, quand nous fusmes dernièrement à Bruxelles pour présenter nostre très humble requeste à Vostre Alt., leur faisant dire par vostre maistre d'hostel qu'ils avoient contrevenu au service de Sa Maté et au serment qu'ils debvoyent à V.A. - Madame, nostre intention n'est point de nous entremesler des affaires de vostre Maison, pourtant venons tant seullement aux parolles que le | |
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Ga naar margenoot+maistre d'hostel de V.A. doibt avoir tenu au dit cassement, lesquelles sont conjoinctes avecq la reproche et notable deshonneur de nous touts, et avons eu ung fort grand resentiment, voyans meismes que nos adversaires prennent matière de nous calomnier, disans que Vostre Alt. donne assez ouvertement à cognoistre par ce propos que le maistre d'hostel de V.A. leur a assez déclairés en quelle estime icelle tient toute nostre compaignie, et comme nous ne sommes poinct asseurés si le commandement de Vostre A. a esté tel, de peur, ou de mancquer à nostre honneur, ou d'offencer Vostre Alt., vous supplions très humblement nous vouloir déclairer par appostille sur la présente, quelle a esté l'intention de V.A., pour suyvant icelle donner quelque contentement et satisfaction à la compaignie et serrer la bouche à nos calomniateurs. Et si ferez bien. En marge on lit une apostille de la teneur suivante: Par ordonnance de son Alze. Il n'a esté icy question du service de Sa Maté, ains de celuy de son Alteze, à laquelle est loysible, comme à chacun de moindre qualité, de licencier ses serviteurs, selon que bon luy semble, comme aussi les suppliants confessent assez de ne se debvoir mesler des affaires de la maison de Sa dite Alteze. Par le Greffier du bureau de son Al.ze Imbrechs. Ainsi finit cette affaire, dans laquelle la Duchesse sut défendre ses droits et montrer de la fermeté. Peut-être eut il mieux valu s'abstenir d'une tentative qui ne pouvoit guères avoir d'autre resultat. |
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