À la gloire de la Belgique. Anthologie de la littérature belge. Deel 1. Les écrivains d'expression française(1915)–Jan Greshoff– Auteursrecht onbekend Vorige Volgende [pagina 291] [p. 291] Léon Paschal [pagina 292] [p. 292] Au bruit de la mer lointaine. Ce soir d'octobre est plein d'un émouvant mystère. J'entends comme des voix dont les sourdes rumeurs S'en viennent jusqu'à moi des confins de la terre. Tantôt la voix grandit, se rapproche ou se meurt, Puis reprend. L'on dirait que, derrière les voiles Dont les brumes au ciel tissent les fils d'argent, C'est un chant maternel que, là-haut, les étoiles Chantent pour assoupir la terre en la berçant. Aucun souffle n'émeut l'heure presque divine; Il fait tranquille et doux. Rien n'agite la mer. Se peut-il que le bruit qu'au lointain je devine Soit la rumeur des flots dans le grand soir désert? Ce jour même, j'ai vu les flots couleur d'opale Sur lesquels frémissaient de mouvantes lueurs Dans leur miroir profond refléter le ciel pâle Que le déclin d'automne imprégnait de langueurs. Le silence étendait son aile insaisissable, Aucun souffle non plus dans les airs apaisés N'errait; et les ondes légères sur le sable Faisaient en expirant moins de bruit qu'un baiser. Et maintenant, dans l'ombre où ne flotte une haleine, O! mer, ta voix confuse, en un vaste unisson, Maintenant qu la terre a tu ses clameurs vaines, Emplit le ciel de l'un jusqu'à l'autre horizon! Il en est de ta voix et de son charme occulte Comme des sentiments que l'âme à son insu, Distraite par la vie et ses âpres tumultes, Dans le secret profond d'elle-même a conçus. Aveugle et dissipé, l'esprit ne les soupçonne, Ignorant du mystère accompli dans son sein, Et, du même sommeil que cette mer d'automne, Ils dorment jusqu'au soir qu'ont prévu les destins [pagina 293] [p. 293] Pour que l'ombre s'abaisse et sous sa cendre efface Les aspects mensongers dont s'abusaient les sens Et qu'un vaste silence autour de nous se fasse. Alors l'homme s'écoute; il entend des accents Méconnus autrefois dans ses heures frivoles Qui se lèvent soudain comme un chant solennel, Et son coeur tout entier est empli de paroles D'où s'épand on ne sait quel prestige éternel. Vorige Volgende