Vanitas vanitatum
Oh! toutes les lèvres mortes depuis le monde! Les lèvres aux langueurs mystiques, les lèvres aux harmonies païennes, les lèvres inspirées des prophètes, et des lèvres des philosophes - déjà blêmes et sépulcrales en leur chair vivante!
Les lèvres d'amour, les lèvres de mystére, les lèvres de sagesse...
Toutes les lèvres et toutes les lèvres.
Pas une n'a su l'Hymne suprême. Pas une n'a dit le verbe miraculeux,
Et je rêve de chants si doux qu'à les chanter on aimerait la Vie...
Et je rêve de mots si doux qu'à les savoir on aimerait la Mort...
Oh! tous les doigts flétris depuis le monde! Les doigts aux caresses chrétiennes, les doigts aux sensualités grecques, les doigts pâles et maigres des Consolateurs, et les doigts de Pascal, éteints et mornes en leur chair vivante!
Les doigts d'amour, les doigts de poésie, les doigts qui cherchèrent la Vérité...
Tous les doigts et tous les doigts!
Pas un n'a su le délice triomphal; pas un n'a fixé la splendeur souveraine.
Et je rêve de baumes si bons qu'ils guériraient la Vie...
Et je rêve de Cieux si vrais qu'on bénirait la Mort...