l'humanité, manqueront aux efforts des victimes, que la crainte aura dispersées. C'est en parcourant l'histoire que l'on voit cette fascination exercée par le génie de la guerre, - amour de la violence et de la ruse, respect du plus fort, entretenus par les livres que l'on met encore de nos jours aux mains des écoliers. Oh! comme alors on chérit le spiritualisme partout où on le rencontre, chez les poëtes, les artistes, les penseurs, les religieux, - tous admirables quand le sentiment de l'amour spirituel les anime! et combien davantage lorsque cet amour, porté jusqu'à l'enthousiasme, se montre en des génies ardents qui, pleins de généreuses espérances, tentent de faire fleurir en ce monde le sentiment de la fraternité! La lecture des hymnes de Synésius m'a fait vivre toute cette soirée aux temps de la primitive Église, parmi ces poëtes inspirés qu'éclairait encore la clarté de la Grèce expirante. Avec quel étonnement on écoute parler le bel idiome de Platon sur la terre d'Égypte, aux divinités monstrueuses, non loin de la sombre Memphis et des monuments funéraires des Pharaons! Le sphinx, dressant sa tête noire au-dessus de la mer de sable, et le fils de Typhon, Anubis, à la tête de chacal, l'interprète des mondes, devenaient les témoins des efforts de Psyché s'élevant aux sphères de l'idéal. La lyre harmonieuse de l'Apollon chrétien venait étouffer le son strident de la flûte du faune de Libye. Pendant que le Nil traînait ses eaux limoneuses aux seuils de ces palais qui avaient été si longtemps hantés par les esclaves des Ptolémées; pendant que les chameliers sillonnaient le désert fauve de leurs caravanes trafiquantes,
Synésius, enfant de la colonie grecque de Cyrène, enchantait de ses pieux cantiques les villes de Bérénice, d'Apollonie et d'Arsinoé. Ces rêves charmants, dont les sculpteurs grecs arrêtèrent les contours dans le marbre, pénetraient la pensée de ce chantre chrétien. Toutes les belles formes de la terre devenaient