malgré sa pauvreté, se pressait autour de petits étalages où des marchands vendaient des limons, des pastèques et des fruits de mer. Les lazzaroni, qui avaient travaillé sous le soleil ardent à la Marinella, faisaient en plein air leur repas frugal; des femmes et des enfants à peine vêtus apportaient dans de grands paniers le poisson que des pêcheurs avaient pris sous les rochers du Pausilippe; des jeunes filles que voulaient envoyer de doux messages s'adressaient à un écrivain public gravement assis sous un large parasol qui lui servait de tente. Pendant qu'un marchand de sculptures offrait aux étrangers de petites statuettes et des camées taillés dans la lave du Vésuve, et qu'un vieillard pinçait de la guitare en s'accompagnant de la voix, des marins et des gens de la campagne, rassemblés autour de longues tables, mangeaient de la pâte qui sortait fumante de fourneaux dressés dans la rue. Partout se formaient des groupes animés: moines, soldats, mendiants, bourgeois, qui, bien qu'inconnus entre eux, babillaient familièrement. Lorsque les premières étoiles percent le ciel et que la tiède brise du soir se répand dans la ville, l'animation des rues s'accroît encore. C'est une harmonie confuse de bruits et de voix; les cris des voiturins se mêlent aux chansons des enfants, aux bêlements des troupeaux et aux sons nasillards des musettes sous les images de la Madone. Aux balcons superposés et festonnés de plantes, maintes beautés se penchent pour adresser des saluts à des personnes aimées et échanger avec elles de gais propos. J'ai suivi l'allée de la Villa Reale, que décorent des statues de dieux mouchetées de l'ombre des palmiers, et j'ai achevé la soirée au
petit cimetière de Pausilippe, près du tombeau de Virgile. Des images champêtres se sont perpétuées autour de la paisible sépulture du chantre de la vie pastorale: les églantiers répandent leur léger parfum au-dessus du colombaire qui renferma ses cendres; les bergers de Pouzzoles passent et