Près de Rome
A l'heure où le soleil brille dans tout son éclat, je m'arrête sur le gigantesque viaduc qui relie Albano à l'Ariccia. Ma vue plonge dans un taillis; les grands arbres que la brise fait trembler, vus en raccourci, paraissent des arbrisseaux; il s'en élève mille joyeux cris d'oiseaux qui chantent leur hymne au printemps. Vers l'ouest, au-dessus du Monte-Giove, au-dessus d'une plaine que la culture marque de taches brunes et vertes, je distingue les voiles de bateaux qui semblent voguer dans les nues, la mer s'effaçant dans les vapeurs de l'horizon. Ariccia, légère, noire, sauvage, se penche sur le vert précipice. Passant sous les murs du palais Chigi, je m'engage, guidé par un enfant, dans une gorge profonde; je chemine sous des érables; l'ombre de leur feuillage se joue sur leurs troncs pâles et sur le sentier brillant de sève matinale. Les mésanges effrayées tournoient aux basses branches en jetant leurs cris aigus. L'air, la senteur, les bruits, tout est enivrant. Les lupins et les anémones se pressent sur la berge; les fougères se balancent à la brise; un ruisseau glisse sous la coudraie et s'évanouit dans les joncs tremblants. Le sentier continue à serpenter autour du Monte-Cavo jusqu'à la chapelle del Tuffo, adossée à l'escarpement. On entend le bruit strident des mouches bleues qui s'étalent sur les feuilles luisantes des lauriers. De l'endroit élevé où je suis parvenu, je revois le beau lac d'Albano, où se mire Pallazuolo, et