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Notes
Les Chevaliers de la Croix
A propos des luttes de l'Ordre Teutonique, c'est-à-dire des Chevaliers de la Croix, des Chevaliers de Dieu, Milites Cruciferi, contre les Payens de la Lithuanie, voici quelques lignes que nous trouvons dans un rare petit volume imprimé à Francfort, en 1530: Germaniae perbrevis Explicatio, authore Bilibaldo Pirckeymero.
‘Lithuania Moscoviae versus Boream est conjuncta, ad occasum vero, ubi regio est Samogithia, Livoniae et Prusciae adnectitur, ab ortu autem fluviis terminatur Oskol, Iugra et Doneytz: qui omnes in Tanaim exonerant ad meridien versus Poloniae et Rusciae adjacet, haec gens superioribus annis admodum obscura et Rutenis subita fuit. Verum quum succedenti tempore duces nacta esset bellicosos, ita praevaluit, ut totam Russiam, suo subjeceret imperio, quin et Livoniam, Prussiam et Poloniam assiduis infestavit incursionibus, adeo ut nisi Milites Cruciferi, cum aliorum Christianorum principum subsidio, illis obviam inissēt, tam de Polonia, quam de Pruscia actum fuisset. Nee tarnen ita reprimi potuit, ut non maximas clades Christianis inferret, pariter et acciperet, duravitque bellum infestissimum multis annis, donec tandem deficiente regia stirpe Polonica, Jagellus magnus Lithuaniae princeps, fidem Christi una cum regno Poloniae, et relicta Ludovici regis filia Hegvide accepit. Ac post susceptum Baptismum, Vladislaus est vocatus. Contigere haec sub annum salutis 1386.’
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Le luxe au XIVe siècle
Il est certain que le luxe du xive siècle était aussi grand et plus sérieux qu'aujourd'hui. Les soieries, les étoffes d'or et d'argent, les tissus d'Orient brillaient dans les Tournois avec une somptuosité sans égale. L'art de la broderie était dans tout son éclat et le lecteur nous saura gré de puiser dans une publication des Comptes de Hainaut, faite par le Cercle Archéologique de Mons, dont on ne saurait trop louer l'initiative et le dévouement, un fragment détaillé des broderies d'un poindeur de Mons.
Ces timbres de pennes de paon; ces lions de fin or armoyés des armes de Bavière et pignons de trompes armoyés de fin or sur satin; ces semis de lettres, ces centaines de blasons, ces harnais, ces pinniaux de fin or bruni, cette diaprure et cette guipure d'argent en relief, ces fleurs poinconnées et percées à jour, ces houppes de soie vermeide; ces heaumes surmontés de lions de fin or, ces draps blancs de Damas, et ces plumes d'autruche si grandes qu'elles pouvoient estre; ces centaines de bannières armoyées qui n'étaient pas de simples chiffons de calicot, attestent une industrie développée et nous font demander aujourd'hui ce qu'est devenu à Mons Jehan le poindeur.
‘A Jehan le poindeur, pour pluiseurs ouvrages que fais avoit pour monsr et a sen commant; si en fu comptet par le recheveur le xiie jour d'octembre l'an iiii xx xii, premiers: pour une paire de pignons de trompes, qu'il livra quand messire fu à Paris, xx frans; item, pour i grant blason mis devant l'ostel monsr à Saint-Omer, quant li fleste y fu, li s., et pour xvi petis blasons pour celi fieste, xxxii s.; item, pour i grant blason pour
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le fieste qui fu à Digon, lxxvii s., et pour xvi petis blasons pour celi fieste, xxxii s.; item, pour lvi blasons pour le fieste qui fu a Paris au may l'an iiiixx x, iiii l. viii s. et pour c petits blasons pour le fieste d'Engletière, vii l.
xiiii s., et pour c petits blasons pour celi fieste, x l.; item, pour le tournoy qui fu à Brexielle, unes couvretures de cheval jusques au fuellon, sielle, pissière, canffrain, une creste toute nuefve, i kokelet, i hiaumme, une torcque, le demy corps et les manches, pour monsr, se furent ces couvretures et li harnas li moitiés devant noirs et li autres moitiés derierre rougez, toutes ces ii parchons semées de escuchons armoyés des armes monsr, et y eut lx escuchons et, entre ces escuchons, semées du ii manières de fleurs d'or pierchiés et remplies de vert et de rouge et enlevées et poinchonnées en l'autre moitiet; al esclencq leis tout batut d'argent et semet d'escuchons jusques à lx, armoyés des armes monsr,
et sour cel argent faire une diasprure de ghippure d'argent eslevée et rasanlée de iiii fleurs poinchonnées et eslevées et perchiées à jour et remplies de vert et de rouge, et sour le moitiet de ce harnas faire l pinniaux de fin or brunit et sour cascun pinnel une houppe de soie vermelle et assir une bende de bouquerant de ii dois de let dorée de fin or; item, pour i blason de celle devise fait pour ledit tournoi de Brexielle xlv frans; pour le timbre monsr: le lion dorer de fin or et les ii koriettes et i kokelet faire d'argent brunit et armoyet des armes monsr et pour fiérer, vii frans; pour le joedi que messire jousta, sielle, pissière et chanffrain et un culière, se fu houchiet de rouge et de blanc drap de Damas; sour le blancq semées de plumes d'ostriche, si grandes qu'elles pooient y estre, semées de fin or, et sour l'autre moitiet, d'argent en celi manière; et pour v houches d'escut, ii sielles, ii pissières et ii chanffrains, qui furent parties de blancq et de rouge, xii frans; pour ii harnas fais au Loskignot, sielles, pissière,
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chanffrain et ii escus à jouster, se furent pallet de fuelle de kesne et de margharites; et ii autres harnas fais à Mons, sidles, pissiêres chanffrains et ii escus, se furent pallet de fuelles de kesne et de doubles roses blanches, pour ces quatre harnas vi frans.’ - P. 195.
‘A Jehan le poindeur de Mons, pour pluiseurs ouvraiges de sen mestier qu'il a fais, si comme ii timbres de pennes de paon et i lion de fin or armoyet des armes de Bayvière; item, une banière darain poindre pour le halle de Mons; item, pour une paire de pignons de trompes qu'il fist armoyés des armes mondit signeur, liquel estoient de fin or sur sattin; item, iiielx escuchons de le grandeur d'un fuellet de papier armoyez des armes monsr; item, lx timbres de le houppe de paon et, en cascun timbre, fait i escuchon armoyet des armes susdictes et le campaingne pavée de iii couleurs blanc, rouge et vert et semées de lettres d'erre et E; item, xxxiii timbres dou timbre de Bayvière; en somme lxxvii écus, parmy i drap pointuret de l'assemption de saint Eloy et de saint Christofle, mis à le bassecourt en Biertainmont, iiixxxii 1. viii s. - P. 271.
En vérité, cela devait être d'un merveilleux effet.
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Remarques sur l'état du Manuscrit
Nous avons cru devoir, dans le fac-simile des planches, imiter les défauts du manuscrit original, c'est-à-dire les signes de la svieillesse et du temps, les éraillures, les nuances plus ou moins ternes des couleurs, et cela par une raison dont les les lecteurs nous sauront gré.
Un écu peut être détérioré par maladresse ou par malveillance. On peut en gratter, en remplacer, en imiter ou changer un émail. Nous indiquerons done dans l'Armorial les écus auxquels on a touché et ceux qu'on a ajoutés. Ils sont rares il est vrai. La peau de vélin qui a servi au héraut était d'une nature telle que toute fraude saute aux yeux. De même le papier vergé qui a servi a nos fac-simile étant fabriqué avec la pâte du ‘papier timbré’ français, ne permet guère qu'on le gratte. Nous avons done fait tout notre possible pour donner à nos exemplaires la valeur de manuscrits, de sorte qu'ils pourront servir plus tard de contrôle à l'original si on y touche.
Voici l'état des planches quand elles nous ont servi de modèles:
Sur la planche I, comme nous l'avons déjà fait remarquer, le premier blason a été rempli d'une couleur d'argent qui s'est oxydée. La face du second blason a été chargée d'une couleur d'un ton faux.
Pl. II. Au 3e blason, l'or a été rempli de pâte à brunir et d'or. Un grattage insignifiant a eu lieu.
Pl. V. Aux 4e et 7e écus, l'argent s'est oxydé.
Pl. VII. Au 1er blason, la couleur azur est tombée.
Pl. X. Au 7e blason, la couleur noire, sable, s'est altérée et est devenue bistre par l'effet du temps.
Pl. XI. Les 3e, 4e et 5e écus ne sont pas achevés: ils devaient
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ressembler aux deux premiers et Gelre n'a pas pris soin de les sabler. - Le bas du dernier écu a été coupé.
Pl. XIV. Au 3e écu il y a une éraillure dans la queue du lion.
Pl. XVIII. La grande lettre N d'en haut est éraillée.
Pl. XXII. La croix, les sourcils et les cornes ont été remplis d'une pate a dorer et recouverts d'une couleur d'or.
Pl. XXIX. Les carreaux d'or ont été surchargés de mêtne qu'en la planche XXII.
Pl. XXX. L'or a été surchargé de même, avec plus de soin qu'ailleurs: les ceils depaon sont refaits avec soin. -Au bas, sur le fonds de gueules de Nidou, il y a des éraillures.
Pl. XXXI. L'argent a été surchargé de pâte à brunir; et la couleur argent, ayant été mal posée, s'est détériorée. Les drapeaux devaient contenir la figure de l'écu: on n'en aperçoit que l'indication sous le gueules.
Pl. XXXII. L'argent a été chargé de terre à brunir et la couleur s'est fanée par l'action du temps.
Pl. XXXIV. Le fond jaune d'or a été chargé de pâte à dorer et la couleur or a disparu à moitié. - Remarquez le diapré gueules sur gueules qui orne les lozanges.
Tous ces changements et surcharges d'or et d'argent sont, à mon avis, l'amusement d'un enfant, et ne détruisent en rien la vérité des armoiries.
Pl. XXXV et XXXVI. Les deux écus sont maigres et nous semblent avoir été dessinés par le fils de Gelre: Il y a là une transition. C'est l'essai d'un jeune homme qui va succéder à son père et c'est un indice nouveau de ce que nous avons avancé: que l'éloge du Duc de Juliers est de Gelre-Beyeren.
Pl. XLIII. La couleur blanche de l'aigle de Ferrare est en partie tombée par un frottement.
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