une réelle bravoure, combattu dans les sièges où l'on vit parer le courage par le courage. Il fit voir valeureusement qu'il n'était pas paralysé quant a la valeur qui était trempée pour la gloire; c'est ce que l'on a beaucoup constaté en lui. Il s'est engagé envers l'Honneur; il a beaucoup souffert sous les armes, dans les assauts et les combats; de sorte qu'il est juste de lui en savoir gré.
Toutefois, ce que je loue au-dessus de tout, c'est sa grande féauté chevaleresque. Son éloge sera toujours nouveau pour ceux qui comprennent qu'il a si fidèlement accompli sa promesse en tout temps, quoi qu'il dût en souffrir. Mainte fois par jour il a regardé avec grande tristesse Sibourg, Cologne et Neufs en outre, où il était en otage pour dettes, et resta toujours attaché a sa parole: aucune fatigue ne l'en fit départir, ni danger pour sa vie, ni les bourrasques de la température, tant de jour que de nuit; il fit son devoir, quoi qu'il lui en coûtât.
Cela dura neuf mois, qu'il ne put avoir de répit en aucune de ces trois villes. Ceci fut trop pénible pour le noble homme; pourtant il y vint toujours; ce qui lui causa maintes fois des craintes pour sa vie et des fatigues. A Cologne, où il était enfermé de longues lieures dans une cellule, ce qui eut bien chagriné un moine, on put remarquer qu'il ne rompit jamais sa féauté.
Cet état d'otage le fatiguait, parce que chevalerie et sa nature sont deux inséparables, dont l'un plaît bien à l'autre; et à qui rien ne leur sied mieux que de vrais gestes de chevalerie; et comme il les négligea un certain temps par son arrêt forcé, il dut toujours en souffrir.
Chacun voudra bien remarquer dès lors que rien ne lui convient mieux que les tournois: il est dans les assauts comme dans les combats, espoir et soutien du côté des amis, soucis et