Lettrés puisqu'ils sont la source, la langue mère qui a donné naissance au flamand, au hollandais et à l'allemand.
On doit remarquer aussi que ce Héraut - parlant l'anglofrançais, tel que nous le montrent les placards de Rymer, et chantant les dialectes du Rhin devant les Danois qui les comprenaient - porta sa parole de l'Espagne à la Finlande, écouté de tous, compris de tous, et nous, nous pouvons à peine le déchiffrer.
Si done j'ai entrepris de mettre sous les yeux de tous le facsimile de ce manuscrit c'est que j'ai deviné qu'il y avait là d'abord des trésors d'érudition à ouvrir, et qu'ensuite cette poésie n'était pas si sauvage qu'elle en a l'air.
Il faut, en effet, se rendre compte de la vie féodale pour comprendre les beautés de cette poésie narrative qui se déroule et se répète sous les voutes des vieux burgs dans la Grande Salie, devant la cheminée, prés du feu, pendant les longs soirs d'hiver. Gelre invoquant la Muse ‘la Dame versée dans l'Art d'Amour et du Blason’, auprès du prince assis sous son dais, entouré de ses grands vassaux, Gelre charme les loisirs du château assemblé et sa voix pleure ou retentit.
Malgré sa rudesse de langage, malgré sa sauvage poésie, j'admire Gelre et je soumets son oeuvre au monde savant parce qu'elle renferme des documents nouveaux pour l'histoire du xive siècle, le siècle des Hérauts.
C'est dans ce poème que la Dame, la Muse appelle Gelre par son nom de familie: Henen; et je ne serais pas surpris que dans les vers suivants, le mot Eynen, répété cinq fois, ne renfermat quelque jeu de mots.