chambres, zall, camynien, caminade, une Chambre particulère, ‘la Chambre de la Dame,’ ou l'on suspendait les Armoiries des Chevaliers amis, morts ou vaincus. On faisait peindre ces armoiries par le héraut qui en faisait aussi leloge, et le récitait comme unjour d'inauguration.
Ces poèmes narratifs si dédaignés jusqu'aujourd'hui, parce qu'ils rebutaient les traducteurs qui y rencontraient des termes de blason dont ils ne comprenaient pas le sens, ne sont pas si barbares, si on les regarde de plus prés.
Dans presque tous, il y a ‘une Dame’ que le héraut invoque et qui lui parle et qui lui ordonne de peindre et de chanter. C'est la Dame qui veut orner sa Chambre des armes des chevaliers: ce nest pas seulement de Guillaume de Hainaut, c'est aussi de Jean de Spanhem. ‘Écoute Gelre, dit-elle, je vais faire une Chambre neuve que je veux orner de la peinture d'armoiries’. Ailleurs: ‘Il a bien mérité qu'on le dépeigne dans la Chambre.’ Et Renaud de Fauquemont: ‘Vous le ferez, Gelre, inscrire dans ma Chambre avec les valeureux.’ Ailleurs encore deux pages vont chercher ‘dans la Chambre de la Dame’ les armoiries d'un chevalier.
Il y avait done dans cette suite de chambres, que M. Viollet le Duc nous a montrées nues et vides, une Chambre où les Dames suspendaient, - non les armures, les casques, les épées, les boucliers des aïeux réservés à la Salle du Donjon, - mais les armoiries peintes des chevaliers amis, comme aujourd'hui on a sa galerie, son salon, son boudoir où l'on suspend l'image d'un vaillant capitaine, d'un poète, d'un homme d'état ou d'un savant. C'est, dans les moeurs du xive siècle, un détail gracieux, à ajouter à ceux qui concernent les tournois, les cours d'amour, les chapels de fleurs, les écharpes brodées et les missels dans l'oratoire. C'est un détail d'ornementation sur lequel j'appelle l'attention des architectes.