Momusklanken. Gedichten in 't Maastrichtsch, Nederlandsch en Fransch(1883)–G.D. Franquinet– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 102] [p. 102] Elias. Chant biblique. (Livre des Rois. III. 19) Sur le Horeb était assis Un serviteur de Dieu dans un morne silence, Sous ses pieds contemplant Israël dont les fils Courbaient leurs fronts avilis Devant Baal; - et ses pleurs coulaient en abondance. Mais terrible soudain retentit dans les airs La voix du Prophète en colère: ‘Ecrase les débris de ce peuple pervers, Seigneur! et que partout proclame ton tonnerre: Jehovah seul est grand, il est juste et sévère.’ [pagina 103] [p. 103] Et du Prophète saint la croissante fureur Bouillonnait dans son sein, plus sombre et plus profonde. Un Ange descendit: ‘Bientôt le Roi du monde Passera dans ces lieux, tu verras ton Seigneur.’ Alors d'un noir nuage Jaillissant, un orage Fouette rocs et côteaux Et fait mugir les eaux. Tout tremble; le tonnerre Gronde, le pâle éclair Au loin embrase l'air De sa fauve lumière. Et l'Ange du ciel dit: ‘dissipe ta frayeur, Dans l'orage, Elias, ne vient point le Seigneur!’ Et des voiles funèbres Repandent la terreur, Les vents dans les ténèbres Sifflent avec fureur, Et des voix souterraines Hurlent, tandis qu'errants, Peuplent les noires plaines Des fantômes géants. Et l'Ange du ciel dit au frémissant Prophète ‘Le Seigneur ne vient point escorté de tempête!’ [pagina 104] [p. 104] Des feux tourbillonnants Vers la cîme enflammée S'élèvent, écumants; A travers la fumée Que l'abîme vomit, La montagne tremblante Dans cette horrible nuit Parait flamme ondoyante. Et l'Ange du ciel dit: ‘ne crains rien, car ton Dieu Ne vient point, entouré de fumée et de feu!’ A ces mots s'éteignit le bruit de la tempête; Et soudain au milieu d'invisibles concerts, Chants purs des calmes flots, des astres et des airs, L'hymne sacré du ciel au dessus du Prophète Eclata d'harmonie. - Il releva la tête. - Devant lui Jehovah passait. Et le Prophète saint, abimé de respect, Se prosterna, le front courbé dans la poussière, Et ses larmes coulaient en brûlante prière. G.D. Franquinet. 1853. Vorige Volgende