Momusklanken. Gedichten in 't Maastrichtsch, Nederlandsch en Fransch(1883)–G.D. Franquinet– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 98] [p. 98] A soixante ans. Couplets chantés a un banquet du Comité de la Société Momus. Mon front blanchit et ma barbe grisonne, Mon oeil est terne, et mon pas chancelant: Mes dents s'en vont, le sommeil m'abandonne, Ma voix tarit, mon timpan se détend; Mon dos se voûte et j'ai la face blême, Le verre échappe à mes doigts frémissants, Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, Plaignez mon sort! Amis, j'ai soixante ans. Mais si du temps je dois subir l'injure, Et si mon front de rides s'est couvert, Je me soumets sans plainte et sans murmure; Chez moi le coeur est encor jeune et vert. Mon sang s'enflamme aux sons de la musique; Le verre en main, je brave les autans; Près d'un minois dont la grâce me pique, Parfois je crois n'avoir pas soixante ans. [pagina 99] [p. 99] Ah! que d'amis que notre ère vit naître, Gais compagnons de nos joyeux ébats, De nos côtés vîmes nous disparaître! Où donc sont ils? ne le savez-vous pas? Ils sont là bas, dans le sein de la terre, Glacés et sourds aux accords de nos chants; A leur mémoire, amis, vidons ce verre! Combien d'entr'eux, n'avaient pas soixante ans! A cette table, où le champagne mousse, J'en vois plus d'un dont la tête a blanchi, D'autres chez qui la barbe à peine pousse, Mais tous vaillants, tous narguant le souci. Puissent les vieux, et je suis de ce nombre, Se rajeunir par ces vins pétillants! Jeunes lurons, puissiez-vous sans encombre Rire et chanter encor à soixante ans! En vous offrant, au déclin de la vie, Cette chanson, j'attends une faveur: Mes pauvres vers, ma rime peu polie, Accueillez les, mais sans trop de rigueur. Souvenez-vous que celui qui les chante Marche courbé sous le fardeau du temps, Et que la route au Parnasse est glissante Pour un rimeur qui compte soixante ans. Jos. van Halen. Vorige Volgende