Momusklanken. Gedichten in 't Maastrichtsch, Nederlandsch en Fransch
(1883)–G.D. Franquinet– Auteursrechtvrij
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Et sous la lueur incertaine
Son grand oeil se fixe, arrêté,
Lisant sur l'écorce du chêne
Un nom qui s'y trouve incrusté.
Puis cherchant près de là, gisante,
La caressant de ses deux mains,
Il prend l'épée étincelante
Et se la passe autour des reins.
Saisissant à l'arbre une lyre
Qui se balançait au rameau,
Quand rien dans la nuit ne soupire,
Il chante, assis sur son tombeau:
‘Chasseur de Lutzow sur la terre,
Je suivais le noir escadron,
Et poëte, mes chants de guerre
S'unissaient aux sons du clairon.
Sans moi chassez par la vallée!
Amis! jamais je n'ai faibli,
Mais dans la brûlante mêlée
La mort m'a trop tôt assailli.
Sans moi courez, battez la plaine!
Que le pays soit libre, heureux!
Vous m'avez couché sous le chêne,
Mais partout vous suivent mes voeux.
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De sainte espérance enflammées,
Mon épée et ma lyre ici-bas
Me furent toujours bien-aimées
Et fidèles jusqu'au trépas.
Au coeur du chêne séculaire,
Sans faste, on a gravé mon nom;
Pourtant la gloire tutélaire
L'entoure de son pur rayon.
Où sont de plus belles couronnes
Que sur mon tombeau, que ces fleurs?
Chaque fois, printemps, tu m'en donnes
Et renouvelles leurs senteurs.
Je ne veux point de sépulture
Comme celle des fronts royaux;
Sous cet arbre, cette verdure,
Laissez-moi mon calme repos.
Et que souvent mon âme entende
Frémir les feuilles dans la nuit,
Qu'à ces branches ma lyre pende
Et vibre sous le vent qui bruit.’
G.D. Franquinet.
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