236. P.N. van Eyck aan Albert Verwey, 24 juni 1915
Rome, le 24 Juin '15
Cher Monsieur Verwey,
Geyl m'a envoyé une traduction de votre dernière carte postale. Il a peur que les
lettres hollandaises seront retenues par la censure. Ce n'est pas vrai: vous
pouvez écrire en hollandais et il n'est plus nécessaire d'envoyer les
correspondances via Londres. Je n'ai pas encore reçu mon poème. J'espère que
Geyl ne le retiendra pas. Quant à ce que vous écrivez sur la correspondance de
notre cercle, - est-ce que je perds beaucoup que j'aurais en Hollande? Excepté
vous, je n'ai qu'un seul ami: Jacques Bloem. Je ne
connais pas les autres. C.à.d. j'ai parlé une fois avec Thomson (qui m'intéresse peu) et quelquesfois avec Labberton (qui ne
m'apprécie nullement, comme la plupart) Gerretson ne saura remplir le gouffre de
silence qu'il a fait entre nous deux, - il ne le désirera pas du reste. Donc il
n'y a que vous et Jacques pour m'écrire et pour m'informer. Jacques m'écrit 3 ou
4 fois par an. Qu'est-ce que je deviendrais sans vous? Vous me trouverez un peu
pessimiste, je crois, mais pourtant il y a beaucoup de raison dans ce que je
dis, n'est-ce pas? Il faudrait connaître: v.d.Leeuw,
de Haan, etc. etc. Vous nous reverrez en
novembre, probablement. Je serai heureux de me voir dans votre chambre, et de
vous écouter. D'abord, nous démenageons. Notre première destination, c'est
Siena. C'est plus bon marché. Nous y resterons quelques mois, essayerons de voir
quelques villes de l'Italie centrale (c'est un peu difficile, maintenant).
L'adresse: Pensione Chiusarelli (villa in Campagna) J'espère y écrire mon essai
sur Baudelaire et travailler à mon drame. Le journal n'a inséré qu'une lettre
politique de moi. Une erreur peu être? C'est honteux. J'ai un grand mépris pour
tout ce qui est ‘journal’, - et de raison. Le beau dossier que j'ai fait