Je vous ay passé les livres au prix le plus modique. Je vous prie donc de ne point le laisser voir a qui que ce soit, mais d'en profiter, car je fais une grande difference des prix de ce que l'on vent en argent content et de ce que l'on ne vent que pour d'autres livres. Cependent je vous puis assurer que je ne donne aucun livres de ceux que je vous envoye, a un ou deux article pres, a qui que ce soit sur ce dernier pied.
Si monsieur l'abbé Bignon prenoit quelque livres des deux balles, vous n'avez qu'a me les passer a credit sur le pied que je vous les marque et m'en donner s'il vous plait avis.
Vous ne feriez pas mal de faire voir la facture sans prix a monsieur Remond de ce que je vous envoye. Il demeure faubour St. Germain, vis-a-vis l'abbey au Bois, et je ne doute point qu'il n'en prene quelques uns. Si vous n'aviez pas la comodité ou pour mieux dire les moyens de debiter les livres, comme par exemple Obedientiae credulae venae religio 12o 2 volumes, je vous adresseroit deux ou 3 personnes que je connois pour le debit de ces sortes de livres, mais vous savez que le secret est naissesaire par raport a ces gens la.
Je vous passe les livres en monoye d'Hollande, mais afin que vous ayez une regle pour la vente de ce que je vous envoye ou que je vous envoyeré par la suite, je prendray les Louis d'or en espece sur le pied de dix florin, quoyqu'il n'un valle ici que 9½. C'est le meme marché que j'ay avec monsieur l'abbé Bignon, pour tout ce que je lui envoye. Et observé s'il vous plait que dix sol par Louis d'or ne laisse pas que de faire 5 pour cent. Sur ce pied la je conte donc qu'un Sancti Cirilli grand latin vous coutera un Louis d'or en espece, qui fait a ce que je crois 13 l. 5 s. chez vous et c'est un livre que vous pouvez vendre dix-huit livres relié, ainsi du reste. Si je prend la liberté de vous faire ce detail, ce n'est pas pour entrer dans le gain que vous pouré faire, mais c'est pour vous faire remarquer le prix auquel je vous passe les livres. Je say aussi, que vous vendré le livre latin en 2 volumes 12o, que je vous site si dessus, environt six livres et qu'a peine vous en coute t'il trois. Au reste monsieur je suis ravis que ceux, avec qui je fais, gagne avec moy et j'espere, que ma corespondence ne vous sera pas tout a fait inutile.
Dans six semaine ou deux mois, je pouray encore faire un autre envoy pour chez vous. C'est pourquoy prenez la peine de m'envoyer de bone heure un memoire de ce que vous pourié avoir besoin, afin que j'aye le temp et la comodité de ramasser les livres. Si je n'avois pas esté obligé de payer aux libraire de chez vous sept a huit mille livres que je leur devoit en livres, j'aurois fait votre envoy plus gros. Contenté vous donc s'il vous plait pour cette fois de ce que je vous envoye. Je suis etc.