De Amsterdamse boekhandel 1680-1725. Deel 1. Jean Louis de Lorme en zijn copieboek
(1960)–Isabella Henriëtte van Eeghen– Auteursrechtelijk beschermdBrieven aan G. FritschAmsterdam ce 26 juillet 1707 MonsieurJe suis arrivé ce matin de mon voyage de France. Il a été plus long, que je ne m'etois proposé. Apres les premiers devoirs je lit vos deux lettres du 1e may et 13 du courant que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire pendant mon absence et sans perdre de temps j'y reponds. J'ay finy mes affaires dans ce pays la autant moins mal que j'ay pû. Quand j'auray l'honneur de vous voir, je vous feray un detail de mon voyage, qui n'a rien a se reprocher a la longueur du votre. Je vous diray cependant que je vous suis bien obligé de vos offres de services. Je vous envoye mon catalogue des livres que j'ay icy de France et une note manuscrite de ceux qui sonts en chemin, mais je doute qu'ils arrivent si tot. Vous pouvez toujours disposer de ceux du catalogue imprimé. Je vous ay passé en compte suivant vos ordres les 6 Gersons que j'ay envoyé a monsieur votre frere. Cependant je fait ce que vous m'ecrivez dans votre lettre du 1e may. C'est a dire que j'ecris a monsieur Adam Sellius dans le sens que vous me marquez et, quand vous le verrez, vous pouvez luy faire rendre compte des Gersons, ainsi que je luy marque aujourd'huy. Quand je suis partit de Paris, messieurs votre demy beaufrereGa naar eind50 et Bohm ne faisoit que d'arriver. On etoit fort etonné de son long sejour en Hollende. Cependant on paroit etre assez content de luy. Aporté bien de l'argent et les copies ne vous manquents pas. Je ne puis vous rien dire du fond de messieurs Huguetans. Les plus penetrans perdent leurs latins dans la conduite de ces messieurs. J'ay tout debité les Etats de France. Il en a paroitra une nouvelle | |
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edition a Paris. Il y a plus de 3 mois que deux perruques que j'ay envoyé de Paris vous attendent. Donnez moy des nouvelles de vos Tubulcain. Voila, mon cher monsieur, ce qui s'offre a vous dire. Vous scavez que je suis toujours a mon ordinaire etc. P.S. Je vous prie de me faire scavoir si vous pouvez me procurer les livres qui paroitrons dans les lieux marquées ci apres. C'est a dire a commencer au commencement de cet anné etc. Vous me feriez plaisir de m'en faire un envoy d'abord la presente receu. Il me faut 2 exemplaires de tous ces livres nouveaux, mais en langue vivante. Je vous en tiendray compte comme vous le jugerez a propos, mais reponce incessament. | |
Du 19 aout 1707 MonsieurEn verité, vous negligé bien vos amis. Depuis le 26 juillet dernier que je me donnay l'honneur de vous ecrire, je n'ay non plus entendu parler de vous que du Grand Mogol. Je recois des lettres de toutes part, par lesquelles on me marque qu'on ne scay ou vous etes. Vous avez aparamment vos raisons pour ne pas ecrire a vos amis, dans lesquelles je n'entre point. Monsieur votre frere n'a pas voulu rendre les Gersons a monsieur Sellius et comme je crois remarquer que vous avez quelques dentelez ensemble, ou je ne doit point entrer, je luy marque aujourd'huy en reponce d'une des sienne, que c'est a moy a qui il doit les dit Gersons et le prie de les garder jusqu'a nouvel ordre. J'espere que vous ne le trouverez pas mauvais. Je vous avoit prié par ma lettre du 26 juillet de me faire savoir incessament si vous pouriez me fournir les livres qui paroitrons dans les lieux que je vous marquois et même de m'en faire un envoy d'abord la presente receue, mais comme je n'ay point receu de vos nouvelles et que je suis fort pressé d'avoir des nouveautez de toute part, je me suis addressé a d'autres. C'est pourquoy ne m'envoyez rien. J'espere que j'auray bientot l'honneur de vous voir. Je vous diray en amy que votre presence est fort necessaire en ce pays. Je suis en attendent de vos nouvelles etc. | |
Du 16 septembre 1707 MonsieurJe n'ay receu que hier vos 2 lettres du 25 du passé et 1e du courant. Je ne puis comprendre ou elles sonts restées. Avant que d'y repondre je vous diray que monsieur votre (frere) Thomas m'a ecrit au sujet de f 153 que je ne me souvient pas avoir receu, puisque monsieur de GraafGa naar eind51 a ma quitance. Quand vous serez ici vous m'expliquez peut etre la chose. Cependant obligé moy d'en tenir compte a monsieur votre frere. Nous nous accomoderons bien a la 1e entrevue. Je suis faché, que vous n'ayez point receus plutôt la mienne du 26 juillet dernier. J'ay attandu appres la reponce jusqu'au 19 du mois suivant, mais comme la personne pour qui sont les livres que je vous demandoit me presoit extremement et que je n'attendois poin parler de vous - au contraire on disoit qu'on ne savoit ou vous estité -, c'est ce qui a été cause que je me suis adresé a un autre. Quand vous serez ici, nous parleron de cette affaire. On en fait plus dans une demi heure de | |
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bouche que par cent lettre. Monsieur Westijn, le jeune, n'a poin été a Paris. Il a été en Suisse. Il est a present a Francfort, de la il doit paser a Hembourg et de la ici, au moin a ce qu'on m'a dit. Me voici a vottre lettre du premier du courant: Ce n'est pas monsieur vottre frere qui m'a écrit qu'on ne savoit pas ou vous estiez; c'estoit un bruit de ville. Quand vous serez ici, je vous diray toute choses. Je ne suis en couroux contre personne et encore moin contre vous. Je say que vous n'este pas absant sans raison. Apres cela ce ne sont pas mes affaires, mais on ne peu pas empecher sairtaine gens de parler fort souvant sans savoir ce qu'il disent pour ne pas dire toujour. Faisonts bien et moquon nous du reste. Il faut mieux faire envie que pitié. Voila des proverbes qui ne sont pas moins vray que ceux de Salomon. J'ay mis ici sous preses les Oeuvre du pere Hardouin folio. Tous vos amis vous souhaitent bientot de retour et en cette ville et prinsipalement moy. Je vous prie de me dire quand es ce que vous esperez etre ici. Je suis avec bien du plaisir etc. | |
Du 3 janvier 1708La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire le 22 de l'autre mois ne m'est parvenue que le 30 au soir. Je n'ay pu donc y repondre ce jour la. Si j'etois vindicatif, j'aurois attendu aussi longtemps a vous ecrire que vous avez fait a me repondre, mais je vous pardonne pourvû que vous n'y retourniez plus. Je vous assure que je trouve fort a redire a votre absence. Je ne vois plus personne et je suis toute la semaine enfermé chez moy. Si vous voulez donc que je sorte de la solitude, hatez votre retour. Il pourra peut etre etre profitable a l'un et l'autre. J'ay entierement rompu avec monsieur votre frere, qui me traite cavalierement au sujet de f 153 en question. Pour finir toute contestation j'avois prié monsieur Sellius de retirer 5 Gersons, qui luy reste, lequel luy devoit payer quelques florins pour solde de la dite somme de f 153, mais il n'a ny voulu recevoir cet argent, ni rendre les Gersons. Je n'en scay pas la raison. Je luy en ecriray au premier jour. Monsieur Westein est de retour de son voyage. Je ne scay s'il en est content. Vous savez que je ne les voit point. Il est tres sure que votre absence fait bien jaser du monde, chacun a sa mode. Vos livres manquent entierement. Je vois des memoires sur lesquels on en demande. Vous ne feriez pas mal d'y donner ordre. C'est monsieur Kuyper libraire qui est mort. Celuy de Deventer s'ecrit Cuper. Le garçon de monsieur H. Desbordes, nommé de Coup, a acheté le fond. Je ne scay combien. Il yra demeurer dans la boutique ou maison de feu Kuyper. Quand je verray messieurs le Clerc et de la Motte, je leur diray ce que vous me marquez. Le testament de Mills n'est pas encore sous presse et Dieu scay quand il y sera. Monsieur Kuster devoit avoir le soin de l'edition, qu'un libraire etranger devoit faire imprimer icy de ce testament. Je soupçonne que c'etoit pour monsieur votre frere.Ga naar eind52 Auquel testament monsieur Kuster devoit y ajouter les variations, qui se trouve en grand nombre dans plusieurs manuscrits qui sonts a Paris et que monsieur Mills a obmis, mais tout cela s'est evanouië. Voila monsieur tout ce que je puis vous en dire. | |
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L'Esprit des cours s'imprime a present tous les 4 mois au lieu de tous les mois. L'auteur est toujours a la Haye.Ga naar eind53 L'Horace avance. Il y en a 2 volumes d'imprimé. Pour le pere Hardouin il paroitra plutôt, quoyqu'il aura plus de feuilles. Le Nummi antiqui est tout imprimé. Monsieur le Clerc me fait un specimen pour donner avis au public que ce dernier livre est sous presse. Si je scavois ou vous en envoier, je vous en enverois quelques exemplaires. Si vous etes encore a Augsbourg 15 jours ou 3 semaines, je pourrois vous en faire tenir 20 ou 30 exemplaires par monsieur Bouch, maitre des postes, qui vous les rendra gratis. Vous me feriez plaisir de l'aller voir de ma part. Il est fort de mes amis. C'est tout ce que je puis vous dire touchant la litterature, passons a celle de Venus. Monsieur Pain est enfin revenu aupres de sa chere epouse, scavoir a quelles conditions c'est ce que je ne puis vous dire. Mademoiselle Isabeau Murat se marie avec monsieur KolbeGa naar eind54 au mois de may prochain, les parties etant d'accord et mademoiselle sa soeur qui ne peut pas attendre si longtemps epouse incessament monsieur Cavalier.Ga naar eind55 Je finis par ou je devois commencer, c'est a dire monsieur par vous souhaiter une bonne année avec santé, prosperité et tout ce que vous pouvez desirer. Je suis etc. P.S. Vous ne me parlez point de vos 2 perruques, que je vous ay apporté de Paris et que je vous garde toujours. |
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