Brieven. Deel 1. 9 september 1922-28 december 1929
(1977)–E. du Perron– Auteursrechtelijk beschermd
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1. Aan R. Petrucci-VerwéeGa naar voetnoot1.: Brussel, 9 september 1922aant.Bruxelles 9 Septembre 1922 Chère Madame, Je vous écris ceci pour vous présenter d'abord mes excuses pour ma déplorable nonchalance dans le choix de mes enveloppes; mais quoique la lettre que vous avez lue a dû vous être désagréable, je suis au fond très content qu'elle vous a involontairement instruite, car je me sentais le dernier temps vraiment trop hypocrite envers vous. Vous l'avez mérité un peu en me traîtant toujours de ‘gosse’; mais tout de même je me sentais malhonnête. Je me rappelle nos conversations de QuintoGa naar voetnoot2., quand vous me parliez de mon retour aux Indes avec un coeur laissé somewhere, puisque cela serait une chose si naturelle à mon age et qui me serait arrivée même si j'avais été au Kamschatka! Pourtant vous saviez très bien que j'aimais Clairette et personne autre et vous savez que je l'aime toujours; et très très probablement (il faut ajouter ceci) je l'aimerai toujours, n'en vous déplaise. Ce que vous ne saviez pas peut-être (mais puisque je veux être franc jusqu'a la fin ‘amère’ maintenant j'avoue que je n'arrive pas à croire que vous, avec votre intelligence et votre jugement, ne vous seriez doutée de rien!) c'est que Clairette aussi m'aime... un peu; rassurezvous, madame, un tout petit peu, quoi qu' elle en dise, car elle me critique toujours avec des yeux point ‘aveuglés par l'amour’, croyezmoi, et il me faut encore un bien sérieux effort et peut-être beaucoup de temps pour qu'elle m'aime vraiment. Mais j'ai le temps, maintenent que je ne partirai plus aux Indes, même quand mes parents iraient, et j'attendrai avec la tenacité calme que les anglais appellent ‘de chien’, doggedly, s'il le faut. Seulement je n'aimerais pas vous avoir comme ‘ennemie secrète’. Vous êtes une vraie force, madame, je m'en rends compte, et en même temps je vous trouve vraiment trop sympathique pour aimer que vous le seriez; ce n'est pas pour me faire une ‘alliée’ de vous que je dis ceci, c'est plutôt (car je comprend que vous ne pouvez pas m'approuver) pour vous avoir en... ‘ennemie ouverte’, si je peux m'exprimer ainsi. Alors comme les acteurs de théatre (les seuls gens toujours implacablement décidés) je dis: ‘J'accepte le combat!!!!’ avec | |
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quatre points d'exclamation. Je vois que vous riez et que vous dites: ‘le gosse...’ mais, je rie aussi en ce moment! Donc: je ferai de mon mieux pour vaincre, je vous en avertis, que voulez-vous, madame, gosse ou pas gosse, j'aime Clairette, au moins autant que tout autre, et c'est plus fort que moi et je sens que c'est elle qu'il me faut comme compagne de guerre, et personne ‘besides’, et je ne pourrais jamais me résigner à rester inactif, même s'il existent quelques messieurs apparemment plus ‘dignes’ d'elle, et même pour vous faire plaisir. - Voulez-vous m'écrire ce que vous en pensez? Si vous avez des reproches à me faire, soulagez-vous. Mettons que pour cette fois-ci je vous ai consulté en ‘sage amie dont je respecte l'expérience’; mettezvous en ma place: que feriez-vous? Je voudrais bien savoir aussi si vous me détestez tout à fait maintenant et comme quoi vous me considérez. Pour rien au monde je voudrais jouer de la comédie maintenant et vous sourire bêtement et vous parler p. ex. de ‘poules’ et d'autre volaille et sentir que vous ne m'aimez pas et pas du tout peut-être. Dites-moi franchement si je vous ai sérieusement mécontentée et si vraiment vous seriez tellement contrariée que j'aime Clairette, dès que je serais plus heureux que les autres. J'espère que vous pourrez apprécier ma franchise au lieu de m'en vouloir et suis, madame, bien respectueusement à votre service, - Eddy
P.S. Permettez-moi, de vous féliciter encore personnellement de l'anniversaire de Clairette et de vous envoyer (en jouvenceau mondain) mes meilleurs voeux pour l'installation de votre château. |
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