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Le Monsieur qui ne sort pas après huit heures
Hissar, sis entre Philippopli et la longue chaîne des Monts Balkans, est un des villages les plus agréables de la Vieille Bulgarie. Des champs de roses, de maïs et d'avoine lui font une ceinture odorante et les foulards rouges des femmes s'épanouissent aux bords des chemins comme de splendides coquelicots.
Hissar, village thermal, possède une remarquable installation de bains, dont la température s'échelonne entre 37 et 38 degrés.
Ces bains ne datent pas d'aujourd'hui.
Le fameux Dioclétien III, empereur romain, les fit construire au IVe siècle.
L'endroit est bien choisi. A Hissar on est libre à souhait, libre de se promener dans les champs de roses en costume de bain et, si cela vous chante, de monter sur les remparts que Dioclétien a fait édifier autour de ses bains et de crier à tuetête à travers la campagne souriante: ‘A bas Mihailoff!!’ Nul ne vous cherchera querelle pour si peu. Bien au contraire!
Seul, peut-être, le général y trouverait à redire. Car l'eau chaude n'est pas le seul luxe de Hissar. Le village possède aussi un général en retraite, adonné principalement aux fouilles archéologi- | |
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ques. Fort aimablement, celui-ci m'invita à venir admirer ses trésors.
Quelle ne fut pas ma joie en découvrant que ce vieillard robuste ne connaissait pas seulement le Hissar du IVe siècle, mais aussi la Macédoine du temps de Dame Groueff! Il y avait voyagé et vécu des heures pénibles pendant, la guerilla meurtrière de 1903.
Naturellement, il me demanda ce que je pensais de la Macédoine d'aujourd'hui. J'avais dit la vérité aux comitadjis de Bansko; ici, loin de la menace de leurs parabellums, je ne pouvais la cacher à mon hôte.
- Ecoutez, général, lui dis-je, vous me parlez de la terreur en Macédoine yougoslave. Admettons un moment que vous ayez raison et qu'elle existe; je dois vous avouer, en retour, que la terreur en Macédoine bulgare est cent fois plus terrible!
- Impossible. Vos preuves?
- Ici, vous avez des bains fort bien aménagés. Là-bas, il en existe de plus modestes, à Bania par exemple, non loin de Razlog. Dans ce village tous les paysans ont les pieds propres, chose rare dans les milieux agricoles européens. Lorsque, récemment, deux de ces paysans furent massacrés par les comitadjis de Bansko......
- Qu'est-ce que vous me chantez-là?
- .....Leurs mères et leurs femmes n'eurent même pas à laver leurs membres inférieurs avant l'enterrement. Vous voyez comment il peut être avantageux de vivre en Macédoine, dans un village thermal..... Vous vous occupez de fouilles, n'est-ce pas? Permettez-moi de vous donner un
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conseil: allez dans le massif du Pirin. Vous n'y trouverez ni bracelets romains ni signets grecs, mais seulement quelques petites reliques comitadjiennes: une vingtaine de têtes de mort et quelques os, qui, à la chaleur printanière du moment, apparaîtront bientôt parmi les perce-neiges.....
- Mais ce sont des voleurs et des traîtres qu'on a punis! Je vous le répète: la V.M.R.O. châtie le mal et protège les innocents!
- Mille regrets, général, ce sont les restes d'une vingtaine de jeunes paysans qui avaient refusé de se laisser embrigader dans la Makedonska Mladejka Organizatsia. Vous savez aussi bien que moi que cette organisation pour la jeunesse sert de paravent à la milice de Vantché Mihailoff.....
Durant un moment, un silence pénible régna entre nous. Le brave général, qui avait connu Dame Groueff et tous les héros d'Ilinden se montrait fort affecté. Mais cela ne dura qu'un instant.
- Je crois en la justesse de notre cause, dit-il soudain en souriant. Si ces choses-là sont vraies, elles doivent avoir un motif. Je ne suis pas qualifié pour vous en parler, car il y a 25 ans que je ne suis allé en Macédoine. Mais voyez mon ami le Dr Stanichev, ancien Président du Comité des Réfugiés Macédoniens, à Sofia..... Comme il est joli ce petit bas-relief, n'est-ce pas?
- Presque aussi beau que les roses de votre jardin! Vous vivez dans un vrai petit paradis, loin de la Macédoine..... Bonne nuit, général, et merci!
Le jour suivant je retournai à Sofia.
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Dans l'autobus, ma prononciation incorrecte du bulgare attira l'attention d'un monsieur d'âge moyen, qui m'aida très aimablement à trouver le chemin de la gare de Plovdiv. Naturellement, dans le train, nous parlâmes de la Macédoine:
- Vous avez été là-bas?
- Pendant quelques jours.....
- Et vous n'avez pas vu Ivan Mihailoff? Dommage, car c'est un homme remarquable. Il est petit, maladif même, mais tout cède devant sa volonté de fer. Nous sommes très bons amis. Peut-être pourrais-je vous ménager une entrevue..... Naturellement cela demandera du temps et vous devrez vous déranger quelque peu, parce que Mihailoff.....
- Est en haute montagne, n'est-ce pas, et la visite me coûtera au moins trois jours à dos de cheval, les yeux bandés?
- Parfaitement. Un chef comme lui.....
Je ne pus m'empêcher de rire:
- Alors, très peu pour moi. Pourquoi ne me recevrait-il pas dans sa villa de Bankia, près de Sofia?
Mon compagnon de voyage me lança un coup d'oeil scrutateur, comme s'il me soupçonnait d'avoir peur. Je me hâtai d'ajouter:
- Les comitadjis ne sont pas mauvais garçons du tout. Ils mangent du rahat-loukoum comme vous et moi et ils sont très gentils pour les étrangers: ils les suivent partout, uniquement pour pouvoir les secourir immédiatement en cas de besoin. Ils battent les villageois au ‘tabla’, bien entendu, car le ‘tabla’ est un jeu qui demande beaucoup de temps et d'entraînement.....
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Mon compagnon rit à son tour. Il devinait que je savais déjà quelque chose sur le compte de l'Organisation, et il battit immédiatement en retraite:
- Je ne crois pas, en effet, qu'Ivan Mihailoff pourrait vous apprendre grand chose de nouveau. Ce n'est pas un théoricien. Voyez plutôt le président du Comité National.....
- Le Docteur Stanichev?
- C'est l'ancien président, un de mes amis également. Il s'est complètement retiré lors d'une affaire récente.....
- Ah Ah! Nevrokop, pensai-je!
- Allez le voir. Vous le trouverez chaque soir chez lui, car il ne sort jamais après 8 heures.....
- Pourquoi? fis-je naïvement.
- Mais c'est un Macédonien très influent!
- Je comprends! Les Proteguerovistes sont de très mauvais sujets, n'est-ce pas? Et non seulement eux.....
Mon compagnon eut un sourire. Nous parlâmes longuement encore de la V.M.R.O. En ancien pilote d'avion il avait acquis l'habitude de regarder les choses d'un plan un peu plus élevé que le commun des mortels. Je me garderai bien de reproduire ici ses propos pleins de sagesse car cette franchise lui coûterait certainement un atterrissage forcé et définitif.
Le siège du Comité National, à Sofia, se trouve à deux pas de la Banque Nationale de Bulgarie. C'est un immeuble à deux étages, plutôt triste. Au premier palier se trouve un écriteau en français: Comité National des Réfugiés Macédoniens en Bulgarie. Depuis quelque temps j'étais telle- | |
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ment habitué à ne voir que des caractères cyrilliens que je cherchais le Comité un étage trop haut.....
Sur le palier obscur, personne. Je poussai une porte, doucement, comme il sied à un inconnu. La première chose que j'aperçus fut une paire de bandes molletières d'un vert pomme-pas-mûre que j'avais vues, le matin même, rue Vesletz. Je compris aussitôt que je m'étais trompé d'étage..... Je tirai la porte et redescendis quatre à quatre à l'étage légal.
La chambre de réception du Comité National (Légal) est garnie de fauteuils confortables. Pendant les deux heures d'entretien que m'accordèrent le Dr Stanichev et le secrétaire actuel, Vassil Vassilev, je me sentis très à mon aise. Sans doute, Todor Alexandroff, du mur, me foudroyait de son regard farouche, mais Todor Alexandroff, tout au moins, a droit à un portrait commémoratif. Criminel de guerre ou non, sa personnalité captive et fascine l'étranger, même bien des années encore après sa mort. Responsable de l'assassinat de milliers de Bulgares, il restera légendaire comme le ‘dernier Voïvode’. Je me demandais si Vantché Mihailoff aurait également un jour, ici, son portrait, après que l'un de ses compagnons l'aura assassiné.....
Mes rêveries furent interrompues par la voix ferme du Dr Stanichev. Celui-ci m'exposa de façon admirable, l'histoire des deux comités, le légal et l'illégal. Il possédait son sujet sur le bout du doigt et ponctuait son discours de gestes impressionnants. Enfin je hasardai une observation:
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- Alors, si je vous ai bien compris, il n'y a aucun lien entre les deux comités?
- Aucun.
- Mais votre but est le même?
- Naturellement! Seuls les moyens diffèrent. Nos actions néanmoins sont parallèles.
Je pensai aux bandes molletières pomme-pasmûre et risquai:
- Parallèles comme les deux étages de cette maison, par exemple?
- Votre image est fort bien choisie, répliqua le Dr Stanichev sans sourciller.
- Parlons un peu de ‘l'Organisation illégale’, si vous le voulez bien. Il y a un proverbe bulgare qui dit: ‘Si tu veux connaître un homme, ne demande rien, mais regarde son travail.’ Les comitadjis combattent, selon leur propre dire, la terreur en Yougoslavie. Selon moi, cette terreur n'existe pas. Mais pour quelle raison terrorisentils leur propre fief?
- Ce n'est pas vrai, monsieur!
- C'est très vrai, mon cher docteur. Toute la population est contre eux.
- Je ne vous crois pas. Qui vous a dit cela?
- Je l'ai vu par moi-même. N'aurait-on fait que me le dire, je ne trahirais personne. Les noeuds coulants se font trop vite dans la province de Vantché.
- Je vous accorde qu'il y a, comme partout, des mécontents et de mauvaises brebis. Ce sont eux que l'on punit car la V.M.R.O. maintient une haute mortalité parmi la population......
- Oui! Avec leurs parabellums! Vous ne
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croyez pas plutôt que les mauvaises brebis se trouvent parmi les comitadjis?
- Encore une calomnie! Croyez-moi: tous ceux, qui, en Macédoine bulgare, combattent la V.M.R.O. sont des serbophiles et des espions de Belgrade.....
- Alors il y a deux cent mille hommes chez vous qui sont des serbophiles et des espions?.....
C'en était fini avec la magnanimité. A défendre le passé, l'ancien président du Comité légal s'était montré plein de persuasion. Je le croyais. Il était sincère et j'admirais sa fermeté. Mais, en abordant le présent, il devait recourir au mensonge. Le secrétaire du Comité nous écoutait. Peut-être, aurions-nous été seuls.....
- Vous vous trompez encore! Je vous répète que toute la population soutient notre lutte comme au temps de Dame Groueff.....
- Et l'affaire de Nevrokop?
Il y eut un silence. La bombe était lancée. Au mur, Todor Alexandroff ricanait. Le Dr Stanichev, en vrai diplomate, sonna et fit monter trois cafés.
- Vous faites allusion aux trois membres du conseil municipal, qui furent enlevés il y a quelque temps? Voilà du beau travail de la part de la V.M.R.O.! Ces trois individus étaient des communistes et le communisme est la ruine de notre peuple....
Je prenais mon interlocuteur en flagrant délit de mensonge, car j'avais dans ma poche des journaux bulgares affirmant que sur ces trois malheureux, deux étaient des démocrates, le troisième un agrarien. Mais je n'insistai point. J'ai eu
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une éducation plutôt biblique et je n'aime pas contredire un vieillard. D'ailleurs l'ex-président du Comité légal avait commencé à défendre les comitadjis illégaux, et je désirais qu'il continuât. Ce qu'il fit.
- Il y a autre chose, mon cher docteur. Pour quoi, pendant l'affaire de Nevrokop, le gouvernement de Sofia a-t-il pris parti pour la V.M.R.O.?
- Vous devez faire erreur. L'attitude du gouvernement bulgare envers la V.M.R.O. est strictement neutre. Certes, parmi les hauts fonctionnaires de l'Etat, il y a beaucoup de Macédoniens, et ce fait crée, peut-être, une atmosphère favorable à la V.M.R.O., mais, l'attitude du gouvernement est, tout au plus, celle d'une neutralité bienveillante. D'ailleurs, le gouvernement se trouve dans l'impossibilité d'entreprendre quoi que ce soit contre la V.M.R.O. Songez-y, nous sommes presque un million de Macédoniens en Bulgarie? Sur ce million, il y a 600.000 réfugiés d'après-guerre! Tous se lèveraient comme un seul homme si le gouvernement envoyait des troupes contre les comitadjis!.....
- Permettez-moi, mon cher docteur, de penser le contraire. Tout Petritch, tout Bansko, tout Nevrokop seraient aux fenêtres pour pavoiser leurs maisons!
- Je ne vous crois pas. Ceux qui vous l'ont dit sont des serbophiles.
- Ne parlons pas de luttes imaginaires. Revenons à l'affaire de Nevrokop, car il est un autre point que vous pourrez peut-être m'expliquer. Pourquoi, pendant cette affaire, les troupes sou- | |
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tinrent-elles la V.M.R.O. contre la population? Pourquoi empêchèrent-elles la population de Nevrokop, qui était en pleine révolte, de marcher sur Bansko et Gorna-Djoumaia? Pourquoi ces perquisitions chez la population paisible et non chez les comitadjis?
- Vos questions me sont incompréhensibles, monsieur. Le gouvernement, et, par conséquent, l'armée, sont absolument neutres. D'ailleurs, l'armée n'a rien à faire avec les comitadjis. Ecoutez: à aucun moment, depuis la guerre de libération de 1878, l'armée n'a marché avec les comitadjis.
- Mais, alors, la guerre civile de 1923-24?
Ce fut la deuxième bombe. Le Dr Stanichev aurait mieux fait de commander à ce moment trois slivovitzas. Rien de tel pour créer une diversion opportune à un débat qui risquait de devenir épineux. Il n'en fit rien. Il leva ses mains vers les bandes molletières, pomme-pas-mûre, je veux dire vers le plafond, comme s'il eut voulu dire: ‘Pourquoi, pour l'amour de Dieu, me rappelez-vous ce temps-là?’ Puis, d'un voix persuasive:
- Vous savez, la confusion d'une guerre civile..... Tous contre tous..... La mêlée générale.....
- ..... La mêlée générale.....
- ..... Je regrette que nous ne puissions nous mettre d'accord. La V.M.R.O., pendant la guerre civile, n'a tout de même pas assassiné des officiers ou des soldats, que je sache. Les soldats bulgares savaient très bien où ils dirigeaient leurs baïonnettes. Permettez-moi une autre question. Pourquoi les comitadjis se battent-ils entre eux?
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Est-il indispensable pour une oeuvre idéaliste que ses partisans s'entre-tuent à leur propre quartier général?
- Vous faites allusion à la lutte entre Protoguerovistes et Mihailovistes? Croyez-moi, les Protoguerovistes sont des dissidents, des traîtres à la sainte cause, payés par Belgrade.....
- Vous le savez, sans doute mieux que moi. Un dernier renseignement: Qui a créé la Makedonska Mladejka Organizatsia et quel est son but?
- La ‘Mladejka’ dépend directement du Comité National. C'est une de nos oeuvres les plus importantes. Il ne faut pas que la jeunesse oublie ou ignore le passé! C'est pour cela que nous éveillons dans chaque nouvelle génération le désir d'une Macédoine libre et indépendante.
- Alors la ‘Mladejka’ est une organisation légale?
- Parfaitement.
- Je vous remercie. C'est tout ce que je voulais savoir.
- Et moi, je vous remercie de votre franchise, si différente de la mentalité de quelques-uns de vos collègues qui, ici même, ont exprimé leur enthousiasme pour la cause macédonienne et, par ailleurs, nous ont violemment critiqués.
- Le terrible regard de Todor Alexandroff les a probablement intimidés. A chacun ses méthodes!
Dix secondes plus tard je courais au café du coin pour y prendre une chope de bière car les multiples mensonges de l'ex-président m'étaient restés dans la gorge.
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Au moment de partir, trois joueurs d'une table voisine se retournèrent vers moi. J'en reconnus deux pour les avoir croisés dans les couloirs de l'étage légal. Le troisième, le chef orné de l'éternelle casquette kaki, portait des bandes molletières d'un vert pomme-pas-mûre.
Quelques questions encore.
Pourquoi les interviews accordées aux journalistes étrangers par les dirigeants du Comité National, ne sont-elles qu'un tissu de mensonges?
Si j'avais commis la folie d'aller directement de la gare de Sofia au sombre bâtiment de la rue Alexandre, j'en serais sorti comitadji! Après avoir dévoré les cinq kilos de brochures dont le Dr Stanichev me fit hommage, je l'aurais supplié de les échanger contre de vraies armes. Le Dr Stanichev eut alors appuyé sur un bouton électrique et m'aurait chuchoté à l'oreille: ‘Sur le palier on vous remettra quelques jouets. Ils ont appartenu à un voïvode mihailoviste qui nous a rendu visite la semaine passée. Naturellement, on lui a reproché l'illégalité de ses actes et, dans sa retraite précipitée, il a oublié trois ou quatre petites choses qu'il avait posées sur mon bureau pour être plus à l'aise dans le fauteuil que vous venez de quitter. Je les ai fait ranger dans un placard du haut..... Vous savez?..... Les mauvaises langues!.....’ Serrant la main du Dr Stanichev dans un geste de compréhension totale, j'aurais ensuite ramassé précipitamment cinq petits paquets soigneusement enveloppés de papier de soie rouge et noir: deux parabellums et trois mignonnes bombes.....
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Hélas! pourquoi avant de gagner le Comité légal; ai-je commis la sottise d'aller d'abord en fief terroriste?
Je m'interroge encore.
Pourquoi le Dr Stanichev m'a-t-il conté qu'il y avait 600.000 réfugiés macédoniens d'aprèsguerre dont la moitié d'origine yougoslave, quand la statistique officielle bulgare démontre qu'il n'y en a que 38.000 de Yougoslavie et 60.000 de Grèce?
Pourquoi falsifie-t-il l'affaire de Nevrokop?
Pourquoi le Makedonia, l'organe du Comité National (légal) se fait-il sans cesse le porte-voix de la V.M.R.O.? Par exemple: dans le Makedonia du 3 mai, on trouve in-extenso toutes les résolutions du lugubre congrès terroriste de Kustendil, tandis que Svoboda ili Smert ne les a publiées que deux jours plus tard! Et quand on sait que le tirage du Makedonia est de 4.000 exemplaires seulement et que ses pertes d'exploitation se traduisent par des millions de levas, comment ne pas se demander: ‘D'où vient l'argent?’
Pourquoi le Comité National (légal) édite-t-il à ses frais des brochures comme celles du journaliste Tachower, dans lesquelles celui-ci se fait le champion de la V.M.R.O. sans souffler seulement un mot de l'action soi-disant légale?
Pourquoi Iordan Skatroff, l'aide de camp de Vantché Mihailoff me donne-t-il pour son numéro de téléphone celui-là même du Comité légal?
Pourquoi les comitadjis disent-ils qu'ils ne sont pas comitadjis - un vilain nom que les ‘Ser- | |
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bes’ leur donnent - mais membres de la Mladejka Organizatsia, l'enfant préférée du Comité légal?
Pourquoi la voiture vert-de-gris de la V.M.R.O, dans laquelle ont été enlevés les conseillers municipaux de Nevrokop, stationne-t-elle si souvent devant la porte du Comité National (légal)?
Pourquoi le Comité National (légal) se fait-il le champion de la V.M.R.O. d'aujourd'hui?
Pourquoi?
Parce que l'immeuble de rue Alexandre a deux étages. Au premier règne le mensonge; au deuxième le meurtre.
Meurtre et mensonge! Voilà les deux principes directeurs des deux Comités d'aujourd'hui, le légal et l'illégal.
En réalité, les deux Comités n'en font qu'un. Pourquoi donc ne pas le proclamer officiellement, puisque, en Bulgarie, sous le gouvernement actuel, meurtre et mensonge sont deux moyens parfaitement légaux.
Pourquoi le Dr Stanichev ne sort-il pas après huit heures? Vantché Mihailoff lui doit bien une dizaine de gardes du corps, pour sa vaillante défense de l'action illégale!
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