brigands dans les Balkans qu'à Berlin, Londres ou Paris. Il n'y en a même plus du tout. Sauf dans une petite province qui s'appelle la Macédoine bulgare.
Rien à redouter cependant, on peut s'y rendre en toute tranquillité: on n'y attaque pas les étrangers, mais seulement la population. Et là, il sera permis d'assister à un spectacle extraordinaire, unique en Europe, voire même dans le monde entier.
Ce petit pays est habité par 200.000 Macédoniens de sang bulgare que les brigands maltraitent, terrorisent, enlèvent, pendent, volent et torturent à leur aise. Ils peuvent le faire impunément, parce qu'ils se sont organisés en une sorte de Société anonyme de brigandage, dénommée Vetrechnata Makedonska Revoljoutionna Organizatsia (V.M.R.O.), ce qui signifie ‘Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne’. Une partie des actions de cette honorable société, dont les membres s'intitulent ‘comitadjis’, est entre les mains du gouvernement bulgare; l'on va jusqu'à prétendre qu'un gros paquet, la majorité même, est passé à l'étranger et est déposé dans un coffre dont seulement un grand dictateur de notre temps possède les clefs.
Il y a trente ans, cette société anonyme de brigandage constituait un vrai comité de patriotes intrépides. Chaque Macédonien, riche ou pauvre, en faisait partie; les Turcs, alors maîtres de la Macédoine, tremblaient devant eux.
Dans l'histoire de l'Europe du XXe siècle, il n'y a pas d'épisode plus sanglant, plus héroïque, plus romantique et plus triste que l'histoire de la