chose de beau, que je ne pouvais comprendre?
Pendant des semaines, ils répétèrent le même [m]orceau. J'en fredonnais des parties, et un soir j'allai dans la chambre à coucher exécuter des pas de danse sur cette musique. Il y avait un passage qui, un autre soir me fit me sauver pour sangloter et penser à ma petite soeur morte de faim.
Eux discutaient. Le mot ‘la septième’ revenait souvent; puis ils tapaient des deux mains sur les touches, quelquefois de toutes leurs forces, quelquefois délicatement comme s'ils touchaient du velours, et disaient: ‘Pour moi, c'est comme ça’, ou ‘Je le sens ainsi’. Alors ils recommençaient.
Eitel ne me permettait pas de parler musique. Quand je lui demandais de m'expliquer ce qu'eux entendaient dans les morceaux qu'ils jouaient, il répondait, renfrogné:
- Cela ne s'explique pas, tu ne comprendras jamais.
- Parce que je ne l'ai pas appris, mais si je l'avais appris comme vous...
- Non, jamais tu n'aurais compris.
Je sentais nettement sa conviction que j'étais d'une autre espèce, sur laquelle rien d'élevé n'avait prise, bonne tout au plus à leur servir de passe-temps.
Dans ces moments-là, d'instinct, je cessais le