De patriottentijd. Deel 2: 1784-1786
(1898)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekend
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1. - Hertzberg aan Frederik de GrooteGa naar voetnoot1).Potsdam, 9 aout 1784. Sire! Je crois devoir très humblement rapporter à Votre Majesté que le prétendu Major Helldorff, qui est venu avec Grothausen de la Hollande, mais duquel celui-ci paroit ensuite s'être séparé par méfiance ou légèreté, m'a fait tant à Berlin qu'ici par écrit des ouvertures sur lesquelles je me suis bien gardé de m'expliquer avec lui comme avec un homme sans aveu, mais qui peuvent pourtant servir à découvrir les sentiments et lés vuës des Aristocrates Hollandois. Il m'a donc dit:
J'ai simplement répondu au Sieur Helldorff, qu'on ne pouvoit pas s'ex- | |||||||||
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pliquer sur des objets de cette importance avec une personne non authorisée comme lui, et que Messieurs les Hollandois n'avoient qu'à s'adresser au Ministre de Votre Majesté à la Haye. Il me semble que ces frondeurs Hollandois ont peur de Votre Majesté et qu'ils n'ont envoyé ces émissaires que comme des Enfans perdus, pour aprofondir Ses veritables dispositions; qu'ils se sont pourtant plus ouvert à Helldorff qu'à Grothaus qui veut faire le Negociateur neutre et qui ne me tient que des propos vagues. S'il m'est permis de dire mon foible sentiment, ou ne peut mieux faire que de les laisser dans l'incertitude et de les renvoyer au Sieur de Thulemeier, pour qu'ils soyent obligés de s'ouvrir d'une manière plus claire et plus sûre. J'espère que Votre Majesté approuvera que je Lui fasse ce rapport, pour ne Lui laisser rien ignorer de ce qui me revient sur cette matière. | |||||||||
Antwoord van den Koning.- Heldorf est un Drole chassé de l'armée pour sa mauvaise conduite au quel on ne peut ajouter foy. Si les Hollandois veulent savoir mes sentimens, qu'ils s'adressent au ministre que j'ai à la Haye. Non certainement je ne soutiendrai pas le Duc Louis, mais je ne déclarerai rien aux Hollandois qui ont si étrangement abusé des bons conseils que je leur ai donnés. federic. | |||||||||
2. - De Prinses aan Frederik de Groote, 14 October 1784Ga naar voetnoot1)..... Le Rhingrave de Salm a eu le talent de gagner la confiance de plusieurs des principaux chefs de la Cabale de Hollande, quoi qu'il soit très bien intentionné pour les intérêts du Prince et de Sa Maison; les pensionnaires des villes, bons jurisconsultes, et ayant une connoissance parfaite de la constitution du Gonvernement, ne sont nullement de grands hommes ni de profonds politiques, encore moins possèdent-ils les connoissances nécessaires pour régler la partie militaire; favorisés par les circonstances et dirigés par la France, ils ont acquis une prépondérance à laquelle eux-mêmes ne pouvoient s'attendre dans le commencement; tous les mécontents du gouvernement établi se sont joints à eux.... Schets van de verlegenheid waarin de driemannen verkeeren, omdat zij tegen den Keizer de dreigende taal niet voeren durven die zij gebruikt hebben zoolang het Engeland gold. Zij moeten nu óf de natie, óf Frankrijk ontzien. Ils donnent jusqu'à présent la préférence à la Nation, en osant tenir tête au chargé d'affaires de France; toutes les delibérations au sujet de l'Empereur se traitent jusqu' ici avec un accord, une union dont ou n'avoit plus l'idée. Dans de telles circonstances M. de Salm a fait connoissance avec les Pensionnaires des Villes de Hollande, et a été recherché par eux pour négocier des troupes auxiliaires; le Prince a approuvé cette idée; il a desiré que M. de Salm continuât à traiter avec ces Messieurs, | |||||||||
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et il a rendu compte au Prince des progrès qu'il faisoit peu à peu sur leur esprit; il étoit le seul ici, auquel on put penser pour une telle négociation, tant vis à vis de la Cabale, qu'en Allemagne. M. de Salm est depuis longtems au service de l'Etat, et se trouve maintenant colonel propriétaire d'un Regiment dont le Prince vient de le gratifier; il est bien vu de beaucoup de nos Régens, mais sa qualité d'étranger et l'ensemble de sa position ne permettoit pas qu'il fut mêlé dans les affaires; il ne paroissoit d'aucun parti, et quoique le Prince en fit un certain cas, il n'étoit cependant pas admis à aucune intimité avec lui. Toutes ces circonstances si favorables pour le Rhingrave étoient encore fortifiées par les sujets de plaintes personnels qu'il a de l'Empereur, et les désagrémens réels que les procédes du Duc Louis lui ont fait essuyer. M. de Salm est entre en plein dans les idées du Prince et il a eu en même tems l'art de ménager ces esprits soupçonneux et les a amenés à désirer eux-mêmes l'augmentation de l'armée, à proposer au Prince la levée des auxiliaires, et à s'en reposer sur lui sur la manière de les négocier; c'est de concert avec la Cabale que le Prince a proposé à la besoigne secrette des Etats-Généraux d'envoyer sous main des personnes de confiance en Allemagne pour négocier des trouppes; le Prince en a d'abord reçu l'autorisation et c'est en conséquence de cela que le Rhingrave de Salm se rendra incessamment auprès de Votre Majesté; si Elle daigne le recevoir avec un peu de bonté et lui faire donner quelque direction par raport à sa commission, j'ose L'assurer que cela fera le plus grand effet pour nos intérêts dans ce païs. Qu'il me soit encore permis de fixer un moment Son attention sur le personnel de M. de Salm, je ne puis nier que je ne craigne non sans raison que malgré son esprit et son talent, son zèle et la vivacité de son imagination ne l'emportent quelquefois et ne lui fassent concevoir trop d'epérance de ramener la Cabale dont il pourroit bien finir par être la dupe; ceci n'est pas du tout à craindre par raport à l'objet de sa mission, mais il porte ses vuës plus loin; d'ailleur il n'a pas une idée exacte de notre constitution si compliquée et il oublie quelquefois que la Cabale ne se borne pas à ces peu d'individus mais qu'elle a jeté de profondes racines dans toutes les provinces; qu'ainsi en enchainant les esprits de ces Pensionnaires, ce seroit affoiblir le parti, mais non pas le détruire; quoiqu'il est certain que la souree du mal est en Hollande, et qu'en divisant le parti on gagneroit déjà beaucoup. Au reste je n' hazarde ici que mon jugement particulier, qui peut être erroné, mais si j'ose dire mon opinion je croirois que le Rhingrave doit être menagé, flatté; qu'il peut nous être fort utile; qu'il a des droits déjà à notre reconnoissance, mais qu'il faut le diriger, le guider, l'éclairer, et qu'on ne peut lui accorder qu'une confiance limitée par la sagesse et la prudence nécessaires. | |||||||||
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à peésent décidé que le Rhin Grave de Salm sera envoyé par le Prince en Allemagne pour négocier des trouppes auxiliaires et pour solliciter le secours et appui de Sa Majesté pour l'exécution de cette négociation. Il me paroit fort nécessaire de vous mettre au fait des circonstances de cette affaire: Le Général Dumoulin lui a fait faire connaissance avec les principaux Conseillers Pensionnaires de la Hollande dans la vuë de l'employer au succès du but susdit. Il a fort habilement dirigé cette négociation de façon qu'il leur a fait sentir qu'ils ne pouvoient rien faire sans S.A.S. et que cette négociation devroit être dirigée par S.A.S. Ces Messieurs sent entrés dans ces Idées, et il a trouvé moyen d'arranger une conférence entre le Prince d'Orange, van Berkel et Gijzelaer, dont le but principal étoit la négociatien susdite, et une augmentation dans l'armée. Le premier but a réussi. Le Prince a été autorisé sur sa proposition à la besogne secrette, d'entamer cette négociatien, et d'employer pour cela une ou plusieurs Personnes. Le second but n'a pas réussi dans cette conférence, mais est maintenant remis sur le tapis, ei devenu depuis Vendredi un objet de délibération. Le Rhin Grave qui est sûrement un homme de beaucoup d'esprit, qui parle parfaitement bien quoique avec un peu trop d'art, a étendu ses vuës, et croit voir la possibilité, sinon à une reconciliation, du moins à une harmonie dans les affaires entre S.A. et ces Messieurs. Nous ne pouvons pas trop bien pénétrer encore, comment ces Messieurs pensent au sujet du Rhin Grave de Salm, mais celui-ci se flatte de pouvoir leur donner des Impulsions favorables aux intérêts du Prince et à la tranquilité. Il va même plus loin, et il croit qu'il peut les engager à tout. Je le considère comme un homme de beaucoup de talens, mais je ne le connois pas encore assez, surtout pas par expérience, pour oser lui donner toute ma confiance. Il connoit assez bien les sources des disputes internes, et il a quelques idées pour remédier aux maux, mais je crois qu'il a trop bonne opinion de van Berkel et Gijzelaer, et qu'il les envisage non seulement comme des personnes qu'on doit ménager, mais dont même on pourroit tirer parti en travaillant avec eux. Il ne connoit pas assez justement le fort et le foible de nos circonstances pour lui donner une confiance sans bornes, mais surement on peut le faire agir avec quelque succes sur l'esprit de ces Conseillers Pensionnaires. Il continue aussi à négocier avec eux, et il est fort possible qu'il les engage encore à quelques conférences avec S.A.S. qui auroient pour but, autant que j'ai pu le pénétrer, un mémoire contenant plusieurs points d'arrangement dans l'administration des affaires; mais ils seront contens, à ce qu'il dit, que le Prince fasse examiner ces points, et diriger les conférences avec eux par une personne tierce. Par toutes ces incertitudes sur le caractère vrai du Rhin Grave de Salm il est impossible qu'il soit informé au juste de votre position, et vous êtes prié d'informer M. de Hertzberg qu'il n'est pas dans la confiance intime de nos circonstances, quoiqu'il en connoit beaucoup, mais je doute si dans ses vuës il n'a pas plus d'intérêt à ménager les Conseillers Pensionnaires de la Hollande que S.A.S. | |||||||||
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4. - De Prinses aan Hertzberg, 1 November 1784Ga naar voetnoot1).(Lettre ostensible.) Introductie van Salm. .... La mission de Schöning lui est entièrement inconnue; je vous prie, Monsieur, de le traiter en conséquenee. Il se soumettra à vos directions, si vous voulez bien les lui donner. Un point bien intéressant c'est que les Chefs des la Cabale lui ont manifesté le désir que le Roi voulut envoyer ici (lorsque les tems seront plus calmes au dehors) un ministre de confiance, pour traiter entre le Prince - et eux; M. de Salm là-dessus leur a demandé s'il y avoit une personne à laquelle ils donneroient la préférence; ces Messieurs vous ont nommé; je n'ai pas besoin d'ajouter combien cet incident, manié habilement et dirigé par vois soins, pourroit devenir heureux pour nous. P.S. (secret). Nous avons un besoin urgent de vos soins et nous y comptons. J'ai écrit la vérité au Roi par raport au personel de M. de Salm; j'ai dit le bon et le mauvais. M. de Salm doit absolument être menage par nous et peut être très utile, mais il est loin de la perfection; d'un autre côté je crain qu'un extérieur affecté ne prévienne le Roi contre lui.... | |||||||||
5. - Van der Hoop aan von Schöning, 8 November 1784Ga naar voetnoot2).- Le Rhin Grave de Salm est parti cette nuit. Il a dit d'avoir obtenu de MM. van Berkel et Gijzelaer de solliciter le Roi pour envoyer M. de Hertzberg ici comme Ministre dans les différends internes. C'est sûrement un aveu de grande conséquence. Mais il me paroit très nécessaire que M. de Hertzberg demande cet aveu par écrit, soit de ces Messieurs même, soit du Rhin Grave de Salm. Ce dernier a une imagination excessive, et voit la réussite d'abord qu'il forme l'idée de quelque projet. Par là il s'égare souvent, de plus parce que l'idée avantageuse qu'il a de soi-même remporte quelquefois. Priez au reste M. de Hertzberg de le diriger avec toute l'exactitude que les circonstances peuvent permettre, et surtout les conversations qu'il peut avoir avec le Roi, tant sur les objets principaux de sa commission, que sur la seconde partie, sa négociation pour la tranquilité interne par l'interposition de Sa Majesté. J'avoue que sur ce sujet je soupçonne qu'il a plus l'aveu de Gijzelaer que de van Berkel, si même ses désirs et son imagination ne l'ont trop emporté. Il tâchera peut-être aussi d'engager le Roi à approuver que S.A.R. soit publiquement admise dans les affaires, tandis que nous préférerions beaucoup qu'il pressoit seulement le fond excellent de S.A.S. mais le défaut de développement, parce qu'il n'a pas le secours nécessaire et adapté à son caractère, et nous osons espérer qu'un tel secours pourroit tout corriger, sans convoler à cet autre remède dangereux à plusieurs égards, l'admission publique de S.A.R. dans les affaires. Nous prions instamment | |||||||||
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M. de Hertzberg de bien mûrement peser les vuës et les projets du Rhin Grave de Salm. | |||||||||
6. - Hertzberg aan de Prinses, berlijn 26 November 1784Ga naar voetnoot1).Salm heeft niet gezegd dat de patriotten Hertzberg's overkomst begeerden: .... il a seulement toujours parlé d'un ministre de confiance et de poids. J'ai pourtant appris de M. de ReedeGa naar voetnoot2), que c'étoit son intention de me l'insinuer lui-même.... Le Comte de Salm m'a fait entendre qu'il croyoit être nécessaire que le ministre du Roi ne vienne en Hollande que quand lui sera. de retour, puisqu'il croyoit seul avoir les moyens les plus propres à moyenner une conciliation .... Cette proposition de M. de Salm m'a fait naitre le soupçon que cet officier peut viser à s'emparer de la direction principale de la mission et de la médiation du Roi, ce qui n'a pourtant rien à dire si elle est confiée à un homme qui sait agir par lui-même. J'ai fait observer à M. le Comte de Salm que quand il s'agiroit d'exécuter cette mission, il seroit nécessaire de trouver des moyens pour que le Roi en fut requis en quelque façon par la République, pour que Sa dignité ne soit pas compromise par un refus; et qu'on ne pouvoit pas s'en rapporter aux propos vagues des deux Pensionnaires. Le Comte de Salm avoua que ces deux Messieurs n'étoient pas assez les maîtres de leur parti pour pouvoir assurer et autoriser une telle démarche publique. H paroit par là qu'il n'est pas tout à fait sûr de son fait.... | |||||||||
7. - Hertzberg aan de Prinses, berlijn 6 Januari 1785Ga naar voetnoot3).Salm is nu meer openhartig en verzekert dat beide partijen in de Republiek hem, Hertzberg, daar wenschen. Il s'exprime d'ailleurs d'une manière qu'on doit le croire entièrement porté pour les intérêts de la Sérénissime Maison d'Orange, et que ce n'est que pour la servir qu'il entretient des liaisons avec l'autre parti. Je ne manque pas d'être sur mes gardes avec lui.... | |||||||||
8. - Frederik de Groote aan Thulemeyer, berlijn 5 Februari 1785Ga naar voetnoot4).- Le Rhingrave de Salm vient de repartir pour la Haye. Il a fait profession ici d'un dévouement sincère au Stadhouderat, et il a donné les assurances les plus fortes qu'il feroit usage de ses connexions avec le parti aristocratiqueGa naar voetnoot5) pour moyenner, s'il étoit possible, la réunion des | |||||||||
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partis, et surtout l'établissement d'un conseil impartial par lequel, en le suivant, le Prince d'Orange pourroit regagner et conserver son influence. Tous tacherez d'observer comment et avec quel succes il executera ces promesses. | |||||||||
9. - De Prins van Pruisen aan de PrinsesGa naar voetnoot1).- Ce 2 fevrier 1785.Ma très chere soeur. Le Rhingrave de Salm étant sur son départ, je le charge de cette lettre, espérant qu'elle vous trouvera en bonne santé. .... Vous n'ignorez certainement pas, ma chere soeur, combien la saine partie ' du public désire que vous soiez à la tête des affaires qui y gagneroient infiniment; je loue votre délicatesse et votre moderation à cet égard, et je suis sûr que vous ne voudriez vous en mêler imédiatement qu'à la dernière extremité, par égard pour le Prince; mais permettez chere soeur que je vous supplie de ne pas attendre par trop de modération que les choses se gatent tout à fait et de songer que le bien-être de vos enfans en dépend et le bien général; ainsi si vous sentez que le danger augmente, rendez-vous aux prières que l'on vous fera certainement de prendre part aux affaires, et cela pourroit se faire avec tant de ménagement que le Prince ne s'en trouveroit pas choqué. J'écris comme mon coeur le sent, reste à Votre sagesse à suivre le parti que Vous croirez le meilleur; vous êtes bien plus à portée d'en juger que moi. | |||||||||
10. - De Prinses aan den Prins van PruisenGa naar voetnoot2).- Le Rhingrave me remit votre lettre, mon cher frère. Je reconnois votre amitié dans les conseils que vous me donnez, toutefois je n'ai pas la présomption de m'imaginer que nous serions sauvés si j'entrois directement dans les affaires; quand même j'aurois les qualités que vrotre prévention en ma faveur me suppose, je ne pourrois m'en flatter, ceci est l'exacte vérité; soyez cependant bien persuadé que je ne me refuserois à rien dont il puisse résulter quelque bien soit pour le païs soit pour ma familie, mais il est essentiel pour que je réussisse que j'avance lentement, il l'est que je ne me brouille point avec le Prince; un schisme dans notre domestique seroit le coup de grâce pour la maison, dans un moment où j'aurai plus de loisir je suis prête à vous le prouver si vous le souhaitez. Le Rhingrave nous revient comme il est parti, il est fort content de-son voyage, il forme nombre de projets pour nous tirer de peine, je ne les connois qu'imparfaitement, quand j'y verrai plus clair vous en serez informé. | |||||||||
11. - De Prinses aan Frederik de GrooteGa naar voetnoot3). - La Haye 21 fevrier 1785.- Il est de mon devoir de confier à Votre Majesté qui me comble | |||||||||
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de bonté, la position infiniment délicate et épineuse où je me trouve; je La supplie très liumblement de m'en garder le secret le plus absolu, et de vouloir bien me dire ce qu' Elle en pense. Le Rhingrave de Salm depuis son retour s'évertue à me convaincre de la vivacité de son zèle à nous tirer de peine, et du danger imminent où nous nous trouvons par les machinations de nos Ennemis, qui vont à rien moins qu'au renversement total de la Constitution; il pretend que l'unique moyen de prévenir le coup c'est que j'entre directement dans les affaires; pour parvenir à ce but il propose trois moyens, ou bien que le Prince consente de bonne grâce à remettre la tractation des affaires entre mes mains, ou qu'il y soit eutrainé insensiblement par les circonstances, ou enfin que je m'en empare haut à la main. Je crois de bonne foi que le Rhingrave cherche la gloire de sauver ce païs des combustions intestines et de nous rendre quelque service signalé, mais son zèle ne l'entraine-t-il pas trop loin? en a-t-il bien les moyens et les connoissances requises? et le danger est-il bien aussi pressant qu'il le représente, qu'il faille user de moyens violens si les autres rencontrent de difficultés et ne sont pas assez prompts? ce sont des questions qui viennent naturellement à l'esprit et auxquelles il n'est pas aisé de répondre, mais le Rhingrave est très avide de gloire, c'est ce qui est certain; il veut jouer un rôle, il peut faire quelque bien et beaucoup de mal, c'est ce qui l'est aussi; je crois ses intentions bonnes jusqu'ici, il faut donc modérer son ardeur et s'il est possible la bien diriger, mais non pas l'étouffer et rejetter ses soins; c'est ce qui rend mon rôle d'une si extrême difficulté. Quant au remède sur le quel seul il fonde tout son plan, j'ose dire hardiment qu'il ne suffiroit pas; je ne veux point faire parade d'une modestie qui pourroit paroitre déplacée, quoiqu'elle repose sur la conviction intime où je suis que je ne réunie point les talens qu'on m'attribue, mais je veux pour un moment supposer en effet que je les possède, alors encore je ne pourrai faire le bien que je devrois pouvoir opérer, par une raison fort simple: c'est que je manquerai des secours nécessaires tant que le ministère de la République ne sera pas mieux composé. Ces considérations ne m'empêcheront pas toutefois de travailler au bien qu'il dépendra de moi d'effectuer, et je ne me refuserai point non plus à mettre en oeuvre les deux premiers moyens et surtout le second que le Rhingrave a proposé, mais quant au dernier, je ne puis jamais y venir, non seulement parce qu'il seroit contraire à mon devoir, mais aussi par l'intime conviction qu'un schisme dans notre domestique seroit le coup de grâce de la maison, et que le but de nos Ennemis est de nous ruiner l'un par l'autre; je ne puis nier que j'ai beaucoup gagné dans la confiance du Prince; si je fais des progrès lents, ils sont d'autaut plus sûrs, et il n'est pas de ces caractères qui se laissent subjuguer par la violence; il se cabre pour lors, et on n'en obtient rien. Si au bout d'un certain temps ou vouloit m'obliger à en venir à cette extremité, j'ose supplier V.M. de me permettre d'employer Son Nom pour me refuser à des démarches qui sous le spécieux prétexte de sauver la maison, accélereroient sa perte. Mon cher Oncle me permettra de l'informer du | |||||||||
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plan et des négociations ultérieures du Rhingrave à mesure qu'il me les développera, ainsi que de tout ce qui concerne cette importante affaire. wilhelmine. | |||||||||
12. - Frederik de Groote aan de PrinsesGa naar voetnoot1). - Ce 5 mars 1785.- Ma très chère Nièce. Comme cette lettre n'est que pour vous seule ma chère Enfant, je puis vous écrire toute liberté et comme je pense sur vos affaires. J'ai toujours considéré votre Prince comme un homme frivole et léger, qui est entièrement incapable d'affaires sérieuses, et qui par conséquent est obligé de recourir à quelqu'un pour le conduire. Son ancien Tuteur s'est chargé avec prédilection de cet Emploi, qu'il à geré jusqu'au guet à pens du César Joseph. Maintenant je vois comme je vous l'ai marqué, que votre Prince est entouré d'étourdis et de scribes très imprudens, qui lui font faire des démarches déplacées, ou qui sous son nom publient des sottises. Je suis donc convaincu que si cela continue, ce Prince se perdra non seulement lui, mais toute sa familie, et foi d'honneur, je n'imagine pas d'autre remède à ces malheurs futurs qu'en Vous, ma chère Enfant. Vous avez de la Sagesse et de la modération requise pour mener avec douceur les affaires de la République, et je vous exhorte pour le bien de votre mari, pour le bien de vos Enfants, et pour l'avantage de la République de vous insinuer dans les affaires, et de seconder le Stadt-houder dans un emploi qu'il n'est pas en état de remplir. Jamais je ne vous conseillerois d'avoir recours à la force, c'est un moyen odieux, mais je crois que par des intrigues de Cour, il sera possible d'écarter du Prince les polissons que le gros Louis y a mis comme ses créatures, et d'avoir pour les affaires des secretaires moins brutes que ceux qui travaillent à toutes les pièces Stadthouderiennes qui paroissent en public, et qui par parenthèse, lui font un tort indicible. Et quant à Vous ma chère Enfant, je suis de l'opinion que Vous pouvez imperceptiblement gagner la main pour vous meler des affaires en traitant vous-même avec ceux des Etats qui s'adresseront à vous. Allez à votre but, mais évitez l'éclat. A l'égard de votre Rhingrave, ce que je puis vous en dire, c'est qu'il ne manque pas d'esprit. Son caractère moral m'est inconnu, mais je lui ai assez parlé pour m'appercevoir qu'il est entièrement porté pour la France. Maintenant tout Hollandois doit l'être, car votre République est perdue si elle s'écarte de la seule Puissance qui l'assiste et la protège. federic. | |||||||||
13. - De Prinses aan Frederik de GrooteGa naar voetnoot2).- Ce 14 mars 1785.- Il n'est que trop vrai qu'une très mauvaise éducation a empeché l'entier développement des heureuses dispositions que le Prince avoit reçues de la | |||||||||
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nature, et qu'elle a laissé un libre cours à des penchans, à des habitudes qui lui ont faites et lui font encore le plus grand tort, mais on se tromperoit très fort si de là on alloit conclure que le Prince manque de talens et que se livrant de préférence à des amusemens frivoles, il abandonne aisément le maniement des affaires à quiconque a l'art de s'en emparer et se trouve à même de pouvoir les diriger; rien n'est plus difficile au contraire; à la continue il se laisse quelquefois entrainer, mais l'éxcessive méfiance que le Duc a su lui inspirer contre tout le genre humain met obstacle à une confiance plénière, et cette méfiance se réveille, quelques précautions que l'on prenne, à la moindre apparence que l'on a l'intention de le diriger; il vous échappe au moment oú vous croyez le tenir. Le Duc l'avoit subjugué par une habitude contractée dès l'enfance, personne n'a les mêmes droits ni les mêmes moyens, il faut tacher d'y suppléer par une conduite entièrement sage. Les insinuations et l'exemple du Duc souvent en opposition avec les qualités naturelles du Prince ont formé de son caractère un ensemble qui nous offre chaque jour des contradictions très singulières et qu'on a peine à se persuader si on ne voit pas les choses de très prés. Son coeur est bon, son jugement fort droit, sa mémoire étonnante, le fond de ses principes pur, il conçoit les objets très promptement et lorsqu'il est de sens froid il raisonne souvent ou ne peut pas mieux sur les affaires et sur lui-même, convenant de touts ses défauts; le penchant au soupçon et à la méfiance est à mes yeux celui qui nous fait le plus de tort: il empeche fréquemment l'effet des bons conscils, et lui fait contracter la malheureuse habitude de vouloir tout faire par lui-même; or comme cela est impossible, il en résulte des désordres inévitables; de là ces inconséquences, ces démarches précipitées dans un tems, trop tardives dans un autre, et aussi ces soupçons odieux que nos ennemis débitent et que les apparences ont justifiés, comme s'il étoit capable de trahir sa patrie et de manquer à ses premiers devoirs envers elle, tandis que je suis convaincuë d'après l'étude que j'ai faite de son caractère et une suite d'observations, qu'il s'opposera toujours avec horreur et la plus grande fermeté à toute proposition quelconque qui lui paroitroit préjudiciable aux intérêts de la République et à son devoir. Cette fermeté que j'admire lorsqu'elle se montre dans la répugnance à ce qu'il doit à l'Etat, se change en opiniâtreté lorsqu'on touche à ses anciens préjugés, profondément enracinés; on ne peut les heurter de front sans le révolter entièrement. Comme le Prince tient beaucoup aux usages établis et à ce qui est vraiment constitutionel (encore un principe louable), personne n'a autant d'influence sur son esprit que ceux qui par leur emplacement ont le radical en main pour lui parier d'affaires; il a naturellement une sorte de déférence pour eux; de là j'oserois hardiment tirer la conséquenee que si le ministère de la République étoit bien composé, les choses pourroient se redresser. Cette vérité se trouve aussi énoncée dans un écrit dont le Rhingrave nous a fait la lecture, au Prince et à moi, de la part de l'opposition; cette pièce dressée avec art ne contient du reste que des mots, mais elle pose en fait qu'un bon ministère peut sauver la patrie, et rendre au Stadhoudérat son | |||||||||
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lustre; quoique le Prince ne s'attende pas lui-même à grand' chose de cette négociation du Rhingrave, il s'est prêté (pour être à l'abri du reproche qu'il se refuse au rétablissement de l'harmonie) à lui donner une réponse à ce papier de l'opposition qu'il leur lira de sa part; elle est conçue en termes généraux et montre la disposition du Prince à délibérer et à se concerter avec tous les membres de l'Etat sur ce qui regarde le bien public, et son désir que les vacatures dans le ministère soyent remplies par des personnes intègres et capables; il ajoute qu'il souhaite que les places importantes de Secretaire du Conseil d'Etat et de fiscal de l'amirauté de la Meuse soyent remplies de cette manière. On parle d'y placer les esprits violens de l'opposition; en ce cas mon rôle deviendra au-dessus de mes forces. Le nouveau Trésorier-Général est une fort bonne acquisition, mais cela ne suffit pas s'il reste isolé. | |||||||||
14. - De Prinses aan Hertzberg, 9 Maart 1785Ga naar voetnoot1). -De Rijngraaf heeft haar en den Prins een stuk voorgelezen waarin de oppositie haar staatkunde ontvouwt. Cette pièce est habilement dressée; elle roule principalement sur deux vérïtés: 1o. que les affaires vont mal; 2o. que le vrai remède est un bon ministère, mais comme tout dépend du choix des personnes qui doivent composer ce ministère, le Rhingrave assure qu'ils y placeront les têtes chaudes qui ont le pouvoir en main; qu'ainsi notre seule ressource est de gagner ceux-ci; jugez par consequent de notre situation .... Le Prince a promis de répondre par écrit à cette pièce dont il n'étoit permis au Rhingrave que de nous faire la lecture. J'avois remis cette lettre d'un jour à l'autre dans l'espérance de pouvoir vous dire le succes de cette réponse dont beaucoup de choses dépendent, mais jusqu'ici le Prince ne peut se déterminer sur les termes; la démarche lui coûte et je tremble quelquefois qu'il ne s'y refuse.... Le Prince avoue qu'il y a des personnes qui veulent me rendre suspecte dans son esprit, en m'attribuant le projet de m'emparer de l'autorité et de le mettre de côté; il me rend justice, mais dans un caractère porté à la méfianee, de telles insinuations laissent toujours des traces.... | |||||||||
15. - De Prinses aan Hertzberg. - 11 april 1785Ga naar voetnoot2).- Le Rhingrave est toujours inquiet et veut jouer un rôle; il me paroit cependant que ses actions baissent un peu; il a trouvé l'écrit du Prince destiné à être communiqué à la Cabale, en termes trop généraux; il dit qu' il ne pourroit entrer en négociation sur cette baze, ainsi cela en est resté là, mais il voudra toujours avoir la gloire de réunir les partis. - Une tête chaude qui a une grande influence dans l'opposition vient d'être nommé fiscal ramirauté de la Meuse; c'est un homme obscur mais de beaucoup | |||||||||
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d'esprit qui s'est poussé par l'intrigue et par ses talens; on assure qu'il est susceptible d'être ramené sur le bon chemin; nous ne negligerons rien pour cela; de la réussite bien des choses dépendront; il a assé bien commencé sa nouvelle carrière; le Prince lui a parfaitement bien parlé, et il a plus fait, en l'admettant à son Département de la Marine, ce qui doit flatter son amour propre. Nadat blzz. 114 en 115 afgedrukt waren, vond ik op het Rijksarchief in een portefeuille waarin door Jhr. Mr. J.K.J. de Jonge vele jaren geleden een aantal stukken zijn bijeengebracht uit verschillende bundels der verzameling Dumont-Pigalle genomen, het volgende afschrift van een brief, kennelijk geschreven uit Berlijn door den gezant der Republiek A.W. baron van Reede. De hand die de copie vervaardigd heeft komt in de verzameling Dumont-Pigalle nergens elders voor, en in den uitvoerigen catalogus, in 1801 door Dumont-Pigalle den zoon van de nagelaten papieren zijns vaders opgemaakt, is het stuk niet verantwoord. Ik vermoed dan ook dat De Jonge het uit een andere verzameling zal hebben genomen omstreeks 1857, toen hij een aantal stukken ter opheldering van de geschiedenis van den patriottentijd gereed gelegd heeft om in de nimmer verschenen volgende jaargangen van Bakhuizen's tijdschrift Het Nederlandsche Rijks-Archief uit te geven of te bespreken. Aan welk adres de memorie verzonden mag zijn geweest weet ik niet te zeggen; misschien dat uit het huisarchief der familie Van Reede hieromtrent nog iets aan het licht kan worden gebracht, alsmede omtrent de gevolgen die de memorie mag hebben gehad, en de stukken die verder tusschen den gezant en sommige leiders der patriotsche partij in Holland moet zijn gewisseld (vgl. Bijlage III, 16 en 30). Daar de onbekende geadresseerde evenwel slechts dienen moest om het ontvangene aan De Gijselaar en Pieter Paulus over te leggen, mogen wij Van Reede's geschrift veilig als een memorie, aan dezen beiden gericht, beschouwen. Voor de kennis van Van Reede's karakter is zij van waarde: hij tracht het eigenbelang van De Gijselaar en Pieter Paulus te prikkelen, en spreekt hun wat naar den mond. Dit zal hij ook Hertzberg gedaan hebben; wij kunnen slechts het gezond oordeel der Prinses roemen, die aanstonds onderscheidde van welk gehalte het ‘dévouement’ was dat zij verzocht werd in Van Reede te erkennen (zie Bijlage III, 16). | |||||||||
15a. - A.W. van Reede aan een ongenoemde. - 10 Mei 1785Ga naar voetnoot1).- Si mon Ami Van der GoesGa naar voetnoot2) a convaincu ses Amis, que la méfiance que l'on me témoignoit pouvoit être injuste, s'il en est résulté entre eux et moi quelques relations, ne sont elles pas trop nouvelles, pour que je puisse croire, que sur un léger apperçu de mon individu, sur un témoignage que son amitié peut avoir exagéré, ces mêmes personnes passeront | |||||||||
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tout d'un coup d'un sentiment opposé à l'autre, et qu'à la première sommation que je leur ferai, je les trouverai disposées à m'accorder cette confiance sans réserve (nécessaire dans les affaires, et surtout dans celles que je voudrois traiter avec eux), qui est la suite d'une étude longue et réfléchie d'un Charactère? J'ai lieu de craindre qu'oui; tant que Van der Goes étoit à la Haye, je pouvois faire à la vérité proposer par lui mes idées, il y donnoit l'appui et les explications nécessaires. On lui répondoit plus franchement peut-être qu'on n'eût voulu s'expliquer vis à vis de moi, et il en resultoit qu'insensiblement cette confiance pouvoit s'établir. Aujourd'hui qu'il part, toutes mes espérances de ce côté-là sont évanouies, et comme dans ce moment un voyage en Hollande, qui seul pourroit servir à cimenter mes nouvelles Relations, et à faire prendre de moi l'opinion que je crois mériter et que je désire qu'on en aye, est une chose à laquelle les circonstances me défendent de penser, il semble que tout espoir de voir naître cette confiance est, si non éteinte, du moins très éloignée. Dans d'autres momens, j'attendrois du tems des circonstances plus favorables, et convaincu que la confiance se gagne, mais ne s'emporte pas d'assaut, je n'essayerois pas de l'emporter de haute lutte. Mais aujourd'hui que je crois que tout Délai seroit nuisible, 1o. au désir ardent que j'ai de servir ma patrie, 2o. aux moyens d'utilité que je crois entrevoir pour elle; c'est à dire que comme je ne puis concourir au Bien Public et employer les moyens que je crois propres à cela, qu'autant que je pourrai établir au préalable un degré d'intimité et de confiance suffisante entre Messieurs De Gijzelaar, Pieter Paulus, et moi; je dois ou renoncer à mon plus cher désir, ou bien chercher les moyens d'établir cette confiance. Je ne me dissimule point, combien cette tache est pénible; je sens parfaitement ce que la Prudence dicte dans le choix de ses Amis, et dans le degré d'intimité qu'on leur accorde, et d'après cela mon Entreprise m'effraye. Mais pourquoi, animé d'un but louable, ayant la Vérité dans le coeur, pourquoi devrois-je désespérer de persuader? Il me semble que quand on est animé par un bon motif, il est permis d'en chercher l'exécution, et que les obstacles ne doivent pas arrêter. Cela m'a déterminé à mettre mes idées sur le papier, ayant l'occasion de les faire passer par une main sûre. Quioque je dise déjà, beaucoup de choses, le peu de tems que j'ai ne me permet pas de tout dire, et d'y mettre l'ordre que j'aurois désiré. J'ai cru, autant pour motiver ma Proposition, que pour donner une Idée de mes sentimens politiques, devoir en faire précéder un court exposé; il suffira pour faire juger si mes Notions sont justes ou fausses, et ce sera le premier pas à la confiance. La Franchise avec laquelle je m'énonce, sera le second. Le troisième résultera de l'intérêt que je dois prendre à l'exécution du Plan que je propose; j'aurois beau avoir la réputation de désintéressement | |||||||||
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la mieux établie, on croira difficilement qu'un généreux sacrifice me fit perdre absolument de vue tout Intérêt personnel; mais quand j'avoue avoir autant d'avantage a la réussite d'une chose quelconque que je puis en faire espérer à ceux à qui je la propose, alors je crois, que s'ils reconnoissent ceci, que cela doit merveilleusement servir à les porter à me croire, et à les persuader que ma fortune étant commune à la leur, je suis aussi lié à eux par les liens les plus forts. J'entre en matière.... Une Vérité palpable, c'est que les Dissensions qui déchirent la République lui font un mal reël, et qu'il est à désirer qu'on trouve au plutot un terme d'accommodement. Le Roi qui a été sollicitéGa naar voetnoot1) d'y concourir, a déclaré qne ce ne seroit qu' après que nos Affaires avec l'Empereur seroient terminées qu'il voudroit s'en mêler, et il persiste dans ce Dessein. On ne suppose pas que celles-ci puissent mener à une Guerre, car alors le besoin d'une Paix inférieure deviendroit plus pressant encore. On part du principe que la Paix est prochaine, qui ratifiée, le Roi devienne Médiateur entre les deux partis, et envoye en son nom on suppose Monsieur de Hertzberg. Il se présente ici deux questions. Est-il indifférent pour le Bien Général, l'est-il pour celui de quelques particuliers, que M. de Hertzberg trouve à son arrivée des Relations formées, que quelques esprits soient bien disposes en sa faveur, et que lui-même leur porte le même sentiment? Considérons d'abord la première question. Naturellement un Ministre du Roi de Prusse ne doit pas paroitre un homme absolument neutre, et quoique celui-ci soit un homme franc, intègre, cependant il est naturel qu'il sera vu de meilleur oeuil de l'un des partis que de l'autre; si avec cela une Chaleur qui lui est naturelle, mal interprétée, passoit pour despotisme, cela ne nuiroit-il pas au Rôle de Mèdiateur? et si nonobstant ceci il parvenoit à trouver un terme d'accommodement, n'y auroit-il pas à caindre que cette Paix que la Conviction du mal que la Durée des Dissensions occasionne auroit pour ainsi dire nécessitée, n'eût pas le Charactère qu'elle devroit avoir? Résulteroit-il d'un Arrangement pareil, cet Accord, cette Harmonie nécessaire pour le bien de l'Etat, pour celui de ses Membres? La Crainte que j'en ai peut m'égarer, mais plus je trouve de Difficultés à déterminer les Moyens d'abord d'une Pacification, ensuite de lui donner le Charactère de sincérité et d'utilité requise, plus je crois sentir que le seul moyen qui peut y conduire, c'est de faire naître avant l'Epoque des Négociations à cet effet, une relation, une manièrc de liaison entre M. de Hertzberg et MM. De Gijzelaar et Pieter Paulus, qui les prépare à de la confiance. Il y a des choses que l'on sent mieux qu'on ne peut les rendre. Celle-ci est de ce genre, mais il n'y a personne qui n'ait senti la différence de la sensation qu'on éprouve, quand il voit pour la prémière | |||||||||
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fois une personne avec qui il doit traiter, ou s'il a déjà quelques Connoissances à son sujet. Dans le second Cas on accueille avec un air plus riant; on est plus disposé à la Franchise. Il me semble qu'au moyen de ces démarches préparatoires M. de Hertzberg pourroit parier à M.M. Pieter Paulus et Gijzelaar plus confidamment qu'à d'autres, qu'il leur paroitroit un Médiateur plus neutre qu'aux autres et que par là conséquemment M. de Hertzberg trouvant dans ces Messieurs des Gens prévenus en sa faveur, pourroit aussi plus compter sur eux pour faire recevoir des propositions, qui sans cela éprouveroient des difficultés. Sans entrer dans d'autres Détails, je crois par ceci avoir prouvé, combien ces Relations procureroient de facilité pour la Négociation, parce qu'en établissant la confiance entre les Négociateurs, elle en feroit rejaillir sur la Négociation, et revêtiroit par là l'accommodement d'un charactère de Vérité et de Solidité qui ne pourroit que contribuer au Bien Général. Quant au Bien particulier, il est permis de s'en occuper, dès qu'il ne nuit pas au Bien Public, et bien plus quand il y concourt. Revêtus de Charges distinguées, en passe de pouvoir en obtenir d'autres, MM. Gijzelaar et Pieter Paulus conviendront je pense, que quelque crédit qu'ils puissent avoir par eux et leurs amis, que cependant leur désir de concourir au plus grand Bien de leur Patrie est souvent gêné par des circonstances étrangères. Si une réunion de partis porte moins d'obstacles à concourir au Bien Général, il n'en résulte pas que tous les individus des deux partis doivent y trouver un avantage égal. Cela paroit même impossible. Pourquoi se refuser à l'influence que le Médiateur doit nécessairement avoir, quand il aura achevé son Ouvrage, pour établir l'un plus avantageusement que l'autre dans l'esprit du parti opposé? Certainement M. de Hertzberg, s'il avoit travaillé confidemment avec ces Messieurs, si la liaison que d'avance je voudrois contribuer à former sans que d'autres que lui, ces Messieurs, mon ami Goesje et moi en eussions connoissance, si cette liaison dis-je s'établissoit, et que M. de Hertzberg dut en parti ses succès aux bons offices de ces deux Messieurs, il ne pourroit qu' être disposé à de la Reconnoissance, et seroit le premier à détruire des préjugés qui pourroient peut-être s'être élevés contre eux, et à contribuer à les mettre aussi bien dans l'esprit de ceux qui ne les connoissent peut-être pas, qu'ils le sont auprès de ceux qui savent les apprécier. Il me semble qu'il résulteroit de ceci un avantage particulier pour eux très intéressant, et qui influeroit ensuite encore sur le Bien Public, parceque si comme je l'ai dit plus haut, des Relations intimes avec cette cour conviennent au système de la République rien ne pourra mieux les établir, les consolider qu'une bonne Intelligence, qu'un accord parfait entre quelques Membres du Gouvernement, et un Ministre presque tous deux dans la même Cathégorie, car si ces membres peuvent acquérir avec le tems une plus grande influence, ce Ministre en aura aussi une bien plus considérable sous un autre règne. C'est ici le cas de dire qu'on fait tort quand on croit qu'il soutient M. de Thulemeyer; dans le fait en cela il ne peut rien, et qui | |||||||||
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connoit cette cour le sait comme moiGa naar voetnoot1). Je ne dirai par delicatesse rien de plus sur les avantages particuliere que mon plan offre, quoique je suis convaincu que quand ils concourent comme ceux-ci au Bien Public, on peut parfaitement les analiser, je dis plus, y faire attention et se laisser guider par eux. Comme chacun tient à ses idées, je me permets de croire que j'ai passablement établi les miennes, et d'en conclure qu'il est essentiel soit que M. de Hertzberg aille en Hollande, soit qu'on y envoye un autre et que d'ici il conduise la Négociation; que l'on établisse une baze de connoissance, de confiance, de Politesse, que cimentent les Relations ultérieures que ces Messieurs auront ensemble, et qui facilite leurs Négociations. Tel est le plan que j'ai formé depuis bien longtems. Les circonstances pour le développer m'ont manqué; à force de chercher à les faire naître, je commence à les croire plus favorables. La réponse et la conduite de MM. Pieter Paulus et Gijzelaar en décideront. Seul, sans presqu'aucune relation dans l'origine avec M. de Hertzberg et avec eux, j'ai conçu une idée qui peut paroitre extravagante au premier aperçu; sans aucun titre, revêtu d'un Charactère Public qui m'enjoint la plus grande Circonspection, comment entamer une pareille Négociation? Je me suis fié sur la bonté de ma Cause, j'ai compté auprès de M. de Hertzberg sur l'opinion qu'il avoit de ma Droiture et de mon attachement pour ma Patrie; je me suis flatte ensuite qu'un Exposé vrai de mes sentimens, de mon plan, da ma conduite, le témoignage de mon ami Van der Goes, me feroient réussir auprès de MM. De Gijzelaar et Pieter Paulus, c'est à dire me vaudroit (s'ils goûtent mon idée) et la Confiance nécessaire, et le secours dont j'ai besoin de leur part. Enfin j'ai compté aussi un peu sur le mobile puissant de l'humaine Nature, l'amour-propre, et j'ai calcule que M. de Hertzberg pour le succès d'une commission qui doit le flatter, MM. Gijzelaar et Pieter Paulus par le même motif, comme Coöpérateurs, et par les avantages particuliers que ce Plan leur offre, étoient tous trois intéressés à l'accepter; que comme | |||||||||
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ils avoient tous trois le même Intérêt de désirer que si cette Liaison peut se former, qu'elle fut tenue et conduite secrette, parce quaGa naar voetnoot1) dans leurs Charges respectives ils ne pouvoient pas être compromis, l'un vis à vis de son Hoi, les autres de leur parti, ils feroient d'autant moins de difficulté de s'en rapporter à moi et de me fournir les moyens de réussir, qu'ils pouvoient faire à mon égard le même calcul que je faisois au leur, c'est que par amour-propre comme par intérêt personel, j'étois également intéressé à faire réussir un plan dont le succès comme Créateur ne pouvoit jamais m'être indifférent, et par conséquent, à mettre dans la Conduite de cette Affaire autant de prudence et de Secret que de Zèle; qu' ainsi liés tous les quatre par pour ainsi dire un et même Intérêt, nous aurions tous les motifs possibles de compter et de nous fier les uus aux autres. Mes premiers pas ont été vers M. de Hertzberg. Je ne lui ai point caché mon plan, ni les difficultés; je l'ai exposé avec la même franchise avec laquelle je le détaille ici, et j'ai lieu d'être très content de ma Démarche, et de l'intimité dans laquelle je suis depuis avec lui, qui a résulté de la confiance que je lui ai marquée. La Réponse que je recevrai par vous, décidera du Succès. Je n'ai pas voulu frapper le dernier coup sans savoir l'avis de ces Messieurs; il en a grâces à moi très bonne opinion, je le sais positivement. Si donc vous pouvez leur faire agréer mon Idée, il me semble qu'en me chargeant d'un mot de Politesse de leur Part, un Compliment du Désir qu'ils auroient personnellemont de le voir et de travailler avec lui, seroit dans les Commencemens à sa Place. Si cela se répétoit, ou que sur l'un ou l'autre objet ils puissent lui faire faire, al was het maar een blaauwe Boodschap, cela entretient toujours la Correspondance; ils n'ont pas à craindre d'être compromis, il saura toujours distinguer que c'est une Chose personelle, et n'en fera aucun Usage, j'en répons. D'ailleurs je le répète, lui-même par des Raisons particulières craint, autant qu'ils peuvent le faire, d'être compromis dans le moindre des choses. Voilà mon Epître finie, voilà ce Plan dont je vous ai parlé; employés vos efforts à le faire recevoir, mon Ami, ce sera votre premier pas dans la Carrière. Fait le 10 de Mai 1785. | |||||||||
16. - Hertzberg aan de Prinses. - Berlin le 5 juin 1785Ga naar voetnoot2).- M. de Reede me professe toujours le plus grand dévouement pour V.A.R., pour Mgr. le Prince et pour le Stadhouderat. Il prétend avoir des liaisons et des correspondances sûres avec quelques chefs du parti opposé, surtout avec M. Gijzelaar, et il prétend qu'étant las d'un certain joug ou pourroit les attirer dans le parti du Prince, et que surtout M. Gijzelaar étoit prêt d'y entrer, s'il étoit sûr d'y être bien accueilli et d'être recommandé | |||||||||
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et soutenu par le Roi. Il me paroit viser même à la place de Grand-Pensionnaire. M. de Reede croit que V.A.R. a déjà gagné le Sieur Peter Paulus et qu'en s'assurant du Sieur Gijzelaar, qui doit être la meilleure tête du parti opposé, il ne restoit que Van Berkel qui commençoit à être abandonné et détesté. Il souhaiteroit que le Roi veuille à présent se montrer et intervenir en Hollande pour opérer une réconciliation des partis. Je suis pourtant obligé de dire que personne ne peut proposer cette intervention au Roi avec espérance de succes que V.A.R., et que S.M. ne s'y résoudra difficilement avant que l'accommodement entre l'Empereur et la République ne soit conclu ou assuré. Le Roi d'Angleterre a fait proposer au Roi de prendre entre l'Angleterre et la Prusse un concert général pour les affaires en Europe, et surtout aussi pour renouer les liaisons avec Ja Hollande, mais le Roi n'a accepté ce concert que pour les affaires d'Allemagne, et il croit ne pouvoir pas encore faire des démarches en Hollande. M. Ewart me tourmente beaucoup du plan qui paroit plaire aussi à M. de Reede, que le Roi devroit intervenir à présent en Hollande, pour y rétablir l'Union et l'ancien système, et tacher de faire accéder l'Angleterre et la République à l'association Germanique. De Prinses moet daar niet van spreken: men is hier bang, de oostenrijksche partij aan het fransche hof gewonnen spel te geven, wat zeker gebeuren zou wanneer de Duitsche Vorstenbond zulk een uitbreiding verkreeg: Le cas de la guerre de sept ans reviendroit, c'est l'objection qu'on me fait toujours et qui n'est pas tout à fait sans fondement. | |||||||||
17. - De Prinses aan Hertzberg, 17 Juni 1785Ga naar voetnoot1).Beleefde afwijzing van den voorslag van Van Reede: Trop d'ardeur l'ernporte quelquefois; il ne connoit que très superficiellement les chefs de la cabale, et nommément ceux avec lesquels il est en Correspondance. Avant d'aller plus loin, ne devroit-il pas vous donner ouverture plénière de la baze sur laquelle il fonde ses espérances? elle devroit être bien solide pour que nous entrions dans ses idées. Gijzelaar is een veel te heftig partijman voor Raadpensionaris; aan zijn, vijandige bedoelingen valt niet te twijfelen. M. Paulus paroit être fort bien avec nous depuis qu'il est dans son nouveau poste, mais il a les mêmes défauts dont on accuse M. Gijzelaar; il faudra voir si à longue il pourra modérer son caractère fougueux. Je doute que son ambition se borne au poste qu'il occupe; en attendant nous tachons de profiter des dispositions qu'il manifeste, et le Prince en le plaçant dans son département pour les affaires de la marine lui a donné une preuve distinguée de sa confiance. Je doute beaucoup jusqu'ici que le crédit de M. van Berkel soit si fort diminué; d'ailleurs ce parti contient en- | |||||||||
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oore un Pensionnaire, celui de Haarlem, Zeeberg, qui jouit du moins d'autant de considération que les deux autres, et qui vraisemblablement resteroit l'âme du parti quand même Gijzelaer s'en détacheroit; celui-ci en apparence plus modéré mais plus fin, plus rusé, et au fond dans les mêmes principes, est peut-être le plus dangereux. Vóór de vrede met den Keizer gesloten is, zal zij den koning niet om interventie vragen; hij heeft er zich te stellig tegen uitgelaten. | |||||||||
18. - De Prinses aan Frederik de Groote. - Maison du Bois, 1 août 1785Ga naar voetnoot1).- Nous avons déjà prévenu les sages conseils de Votre MajestéGa naar voetnoot2) en acceptant l'invitation des Etats de Frise pour assister au mois de septembre à la Célébration du Jubilé de l'Academie de Franecker; c'est une occasion favorable de nous rendre dans cette province, une des plus importantes après la Hollande et qui dans ce moment-ci comence un peu à changer de sistème. Ce Voyage nous procure aussi l'occasion toute naturelle de revoir Amsterdam où nous n'avons pas été de 16 ans, nous nous y embarquerons pour nous rendre en Frise, et si le Prince juge à propos de retourner par terre nous passons toutes les Provinces à l'exception de la Zélande; je ne sai pas encore à cet égard au juste ses intentions parce qu'il est encore en Flandre d'où il se propose de revenir le 6 de ce mois. | |||||||||
19. - De Prinses aan Frederik de Groote. - Maison du Bois, 1 août 1785Ga naar voetnoot3).- Une conversation interessante que je vien d'avoir avec M. Harris m'oblige d'importuner Votre Majesté une seconde fois aujourd'hui; ce ministre est de retour depuis peu de jours et c'est la première fois de sa vie qu'il m'a parlé des affaires; je l'ai toujours évité soigneusement jusqu'ici, mais ayant demandé cette fois à me parier, je n'ai pu m'y refuser. Après m'avoir réitéré à plusieurs reprises les assurances les plus positives du vif intérêt que sa Cour prenoit à la République et à la maison d'Orange, du désir sincère du Roi son Maître de le prouver dans l'occasion, et de l'ordre exprès qu'il avoit de me donner cette assurance, ainsi que de son zèle à exécuter des ordres qui auroient le bien de ma familie pour objet, il ajouta qu'il voyoit avec un plaisir inexprimable le rapprochement qui avoit lieu entre les Cours de Berlin et de Londres, objet de ses voeux depuis longtemps; il ne me dissimula point qu'il regardoit ce rapprochement comme un événement très heureux pour sa patrie, et qu'il ne négligeroit rien pour resserrer ces noeuds de plus en plus; que sa Cour en même tems envisageoit ce moment comme propice pour opérer un chan- | |||||||||
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gement avantageux dans ce païs-ci, et qu'elle ne demandoit pas mieux que de s'entendre avec Votre Majesté sur les moyens de maintenir et d'affermir le Stadthoudérat dans ses droits légitimes. Je repliquois en termes généraux sur le commencement du discours, et quant à la fin je lui temoignois que cela me paroissoit encore excessivement délicat, vue la grande prépondérance de la France dans ce païs; que ce seroit infiniment exposer le Prince et Sa maison si on pouvoit à juste titre lui suposer des liaisons avec l'Angleterre contraires au sistème dominant, et que je voulois bien lui dire que j'avois tout lieu de croire que mon cher oncle l'envisageoit sous le même point de vuë; qu'il falloit donc attendre du tems et des circonstances un changement que celles d'à présent ne promettoient guère d'amener. Après avoir rendu toute la justice possible aux hautes lumières de Votre Majesté et à Sa profonde sagesse, qui se montroit en ceci comme en tout, il observoit que malgré la justesse de ce raisonnement il ne falloit pas non plus perdre de vuë qui si on attendoit encore quelque tems, il ne resteroit plus de moyen de soustraire la République au joug de la France; que l'Epoque de la Paix seroit d'abord suivie de la conclusion de l'Alliance avec la France, qu'alors tout seroit dit; il ajouta divers raisonnemens pour prouver la force des liaisons et des ménagemens de cette Cour vis à vis de l'Empereur, ainsi que des vuës arbitraires et ambitieuses de ce Prince qui ne pouvoit trouver de frein que dans la convention dernièrement signée à Berlin; il finit par me prier instamment de le mettre aux pieds de Votre Majesté, et de marquer à mon cher Oncle ce qu'il venoit de me dire de la bonne volonté de sa Cour pour nous, en suppliant très humblement Votre Majesté de vouloir bien lui suppéditer le plan de conduite qu'Elle croiroit qu'il doit suivre ici, pour parvenir au but desiré, et peser murement avec Sa sagesse accoutumée les moyens à mettre en oeuvre; il observa encore que les Esprits començoient à changer ici, que les partisans du Prince étoient nombreux, mais dispersés, divisés, et craintifs; que s'ils se sentoient protégés par deux Cours puissantes et respectables telles que celles de Prusse et d'Angleterre ils reprendroient plus de courage et de consistance. H me pria de garder cette conversation pour moi seule, et de ne la confier qu'à Votre Majesté. sentant la force de toutes mes raisons de prudence, et en particulier de n'en parier ici à personne; je lui promis ceci d'autant plus volontiers que je crois mieux servir le Prince en le lui laissant ignorer, au moin jusqu'à la réponse de mon cher Oncle; Votre Majesté sentira je crois que ma délicatesse n'est pas mal fondée à cet égard, d'ailleurs m'assure mieux du secret qui est des plus nécessaires. Mon cher Oncle daignera me guider dans cette affaire délicate et importante, et voudra bien me prescrire jusqu'à quel point Elle souhaite que je fasse usage de ce qu'Elle me répondra vis à vis de M. Harris; je serois au désespoir de le compromettre; peut-être si Elle trouvoit bon de m'écrire quelques lignes séparées que je puisse lire à M. Harris, ce seroit le plus sur pour prévenir tout mésentendu; ce sera toutefois comme Elle l'ordonnera, je m'abstien de toute reflexion sur cette affaire, m'en remettant à mon' cher Oncle. | |||||||||
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20. - Sir James Harris aan Lord Carmarthen. - Hague, 2d august 1785Ga naar voetnoot1).- My Lord. I had a very long conversation with the Princess of Orange on Sunday evening. It was of her own seeking; she came into Madlle Danckelman's appartments where I was on a visit, and began immediately, of her own accord, entering into a Political Discourse. I found she was, more or less, acquainted with what had passed lately between the Courts of London and Berlin, as well as with the signing of the Germanic League, and that Her treating me now with a degree of confidence she never shewed me when I was here before, arose from a supposition that the Courts of Prussia and London were drawing towards each other. As I had room to believe she was very fully informed from her brother the Prince of Prussia, of what had been sent some months ago to Potzdam, I thought it would be neither wise or candid to be mysterious towards Her. I therefore informed Her, as far as is come to my knowledge, precisely, the footing on which we stand at Berlin; of the friendly intercourse which had lately been carried on between the two Courts, and of every appearence of coldness between them, or ill-will, having been done away. I added that I would not conceal from Her that we had proposed to His Prussian Majesty a plan of co-operation in Holland, with a view to recover the Republic from its present State of subjection to France, and to restore the Power of the Stadtholder, and that we had not scrupled to declare we would go hand in hand on this occasion; but that the King of Prussia had declined our offer, giving for reason ‘que la Poire n'étoit pas mûre’ and that it would be better to wait till matters were made up with the Emperor before we attempted any measures here; - that as we considered this a direct refusal, we had said nothing more on the subject; - at the same time however, I would confess to Her Royal Highness, that our opinion by no means coincided with that of His Prussian Majesty, for that we were persuaded that if nothing was effected while the Negotiation with the Emperor was pending, nothing could be effected after it was concluded. I told her that I was convinced that fear was more likely to operate on the minds of men constituted like the present leaders of the faction than any other motive; - that as for any act of violence against the Prince they never would dare to attempt it, if they knew he was supported by two such great Powers as England and Prussia, and the body of his friends would then venture to appear and stand out in his behalf, which, circumstanced as the country was, they were naturally afraid to do; - that, on the contrary, I considered the giving time to the party to carry their views into execution, without opposition, as the surest means of effecting the irrevocable downfall of the Prince of Orange, and that the day when the Treaty of Alliance between France and Holland was signed, would be that which would terminate the existence of a Stadtholder in this Country. | |||||||||
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The Princess said: ‘she could not deny that France had always been their worst enemy, but’ added she, ‘the King of Prussia thinks differently; he has always advised us to keep on terms with the Court of Versailles, as that is the only chance of retaining any part of our Power; and abandoned as the House of Orange is by all its friends, and connected as I am, we could not but pay a due deference to His advice.’ - I owned that His Prussian Majesty rather leaned towards the interest of France in this country. The Princess said: ‘she could not pretend to contradict me; that te King of Prussia had certainly been very much encouraged by His Brother Henry to expect France was ready to enter into an alliance with Him, but that she believed He was now undeceived on this point, and that she could assure me the last letters she received from Potzdam were by no means french’Ga naar voetnoot1). The last thing the Princess said, was: ‘It must not appear that we have ever had this conversation. If it leads to something, we may easily meet again. In the meanwhile our conduct must not be altered; you must continue to appear to make no Party-distinctions, and I must keep up the same appearances towards M. de Vérac and his family.’ I cannot pretend to say whether the Princess by thus speaking with me, did it in consequence of a hint from Berlin, or whether entirely from her own head; - I hope in either case, I have not said either too much or too little, and if no good, at least no harm will result from this conference. I am certain that it has made a favorable impression on Her mind. - It is to be remarked she took the advantage of the Prince's absence to speak to me. | |||||||||
21. - Frederik de Groote aan de Prinses. - 11 août 1785Ga naar voetnoot2).- Machere Nièce. De tous nos sens, celui de la vuë fait la plus forte impression. Par cette raison les Payens admettoient leurs idoles; les Catholiques leurs images, pour nourir la superstition des peuples. Montrez donc, ma chere enfant, votre Stadthouder à vos gros Républicains, pour réveiller en eux un reste d'attachement pour la maison d'Orange, et afin que vos Aristarques sachent qu'il est encore des Provinces qui conservent de la rceonnoissance pour les descendants d'une familie qui cimenta les fondements de leur liberté. Een tweede brief van dezen datum bevatte het antwoord op het andere schrijven der Prinses van 1 Augustus, doch is niet bewaard. De inhoud valt wel te benaderen: | |||||||||
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The King of Prussia's language here is a mere mockery, and his recommendation of moderation and conciliatory measures does not proceed from any sentiments of timidity or irresolution which may attend old age, but from a decided Intention to keep, at any rate, on terms with France. The last Letters He has written to the Princess of Orange are, I am convinced, of the same tendency, and though they may be couched in friendly words, amount to an absolute refusal to do anything effectual here. I am inclined to this belief because I was to have seen the Princess early this morning, and I received a note last night intimating that although the Letters she expected from Potzdam were arrived, yet, ‘comme il n'y a rien qui presse, Elle croyait qu'on ferait mieux d'attendre jusqu'à mercredi, soir du Bal, avant que d'en parier.’ It is easy to explain what this means, and that their Contents are nearer my expectations than Her wishes.... | |||||||||
23. - De Prinses aan Frederik de Groote, 25 Augustus 1785Ga naar voetnoot1). -Berusting; zij zal zich tegenover Harris gedragen zooals de Koning aangeeft. Mais qu'il me soit permis d'exprimer mon vif désir que les circonstances permettent à mon cher oncle de témoigner énergiquement les bontés et la protection dont Elle nous honore; ce ne peut être contre la France si longtemps qu'elle ne lève pas le masque, je sent que cela est très difficile; ni ouvertement avec l'Angleterre parce que cette puissance est encore en trop mauvaise odeur ici; mais il est certain que si on ne trouve pas un moyen de relever le courage des vrais amis de la constitution, et d'imposer quelque crainte à ceux qui cherchent à la renverser, l'état du Prince et de sa familie est on ne peut plus précaire. | |||||||||
24. - De Prinses aan Hertzberg, 25 Augustus 1785Ga naar voetnoot2).- Depuis ma dernière, les chefs de la cabale n'ont pas fait la moindre démarche pour se rapprocher de nous, au contraire. J'ai entendu plusieurs fois M. Paulus, étant seule avec lui; il a paru s'ouvrir à moi avec beaucoup de franchise, il a de l'esprit et j'ai trouvé de bonnes idées dans son sistème, mais d'autres très erronées, auxquelles il tient cependant fortement, par exemple il veut introduire une espèce de démocratie, et il voudroit que ce fut le Prince lui-même qui en donne l'exemple, qui commence par se dépouiller de plusieurs droits jusqu'ici reconnus légitimes; je n'ai pu entrer là-dedans d'abord parce qu'en conscience je le trouve pernicieux à la République et puis qu'il seroit inutile de le proposer à S.A.S. qui ne voudroit pas seulement entendre parier de quelque chose d'aprochant; en effet si je pouvois vous détailler tout ce plan (qui feroit plus que l'objet d'une lettre) je m'assure, Monsieur, que vous en reconnoitriez l'absurdité. Ce n'est pas cependant que je ne sente très bien combien l'affection de la Nation est une chose précieuse pour le Stadhouder, mais celui-cy doit res- | |||||||||
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ter neutre entre les regens et le peuple; il doit maintenir les justes droits de la régence, et garantir le peuple de l'oppression: pour jouer un si beaurôle il faut avoir cette affection qui tient en bride les Régents. | |||||||||
25. - De Prinses aan Frederik de Groote. - Maison du Bois, 5 septembre 1785Ga naar voetnoot1). -Zij zullen over een dag of tien naar Friesland gaan, maar de reis niet over Amsterdam nemen: .... nous avons été informé sous main que les magistrats de cette Ville de tous les partis craignoient quelques désordres qu'ils n'auroient pas le pouvoir de réprimer, ce malheureux esprit de démocratie gagnant considérablement dans cette Ville, et ôtant la force nécessaire au magistrat dont il jouissoit d'ailleur; ces partisans de la democratie ne sont pas du nombre de ceux qu'on peut compter parmi les amis du Stadhouderat; ils ne veulent que l'indépendance, et quand à leurs sentimens à notre sujet ils sont d'accord avec le parti aristocrate qui nous est opposé. Nos amis se distinguent par leur attachement à la constitution établie qu'on veut à toute force renverser; .... il est bien essentiel de trouver quelque moyen de renforcer notre parti, de lui donner de la consistance.... | |||||||||
26. Thulemeyer aan Frederik de Groote, 10 September 1785Ga naar voetnoot2).- Le Prince d'Orange n'a pu combattre le désespoir qui s'est emparé bier de son esprit. Il à projetté d'abandonner la partie et de se retirer. Je n'ai cessé d'employer les représentations les plus pressantes et en même tems les mieux motivées, pour le détourner d'une résolution aussi funeste. Sa resistance a été d'abord très forte, au point qu'il a exigé dans ma présence de la Princesse son Epouse, de l'accompagner dans sa retraite avec ses enfants. J'ai cru alors ne devoir rien ménager, et j'ai déclaré au Prince que je m'opposois au nom de Votre Majesté à l'éloignement de la Princesse d'Orange et des illustres rejettons de sa Maison. Qu'en tous cas si une nécessité urgente m'y appeloit, je manifesterois même ces sentimens envers le Gouvernement des Provinces Unies, afin de conserver à ses descendants une dignité qu'il paroissoit disposé à abandonner. La Princesse a appuyé mes représentations avec sagesse et cette douceur qui la caractérisent d'une manière si éminente, mais ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai obtenu avec peine que le départ fut différé de quelques jours. Le Prince d'Orange soutient que son départ du païs, pourvu qu'il fut accompagné de son Epouse et de ses enfans, perdra ses adversaires et portera la nation à le rappeler avec éclat et avec le recouvrement de toutes ses Prérogatives. Je diffère très fort d'opinion et je suis convaincu qu'une démarche aussi fausse fermeroit à la maison Stadhouderienne l'entrée du païs pour toujours. Le Prince est travaillé de l'idée qu'on en veut à sa vie, et qu'on ne songe à rien moins qu'à lui faire son procès. | |||||||||
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27. - Hertzberg aan Frederik de Groote. - Berlin, 18 septembre 1785Ga naar voetnoot1).- Si dans cette occasion on ne fait pas quelque effort vigoureux pour la maison d'Orange, elle sera non seulement perdue pour jamais, mais la Répuplique sera aussi entièrement perdue pour la Prusse et augmentera le nombre de ses ennemis, en accédant au sistème des Cours de Vienne et de France, ce qu'on pourra peut-être empêcher en conservant du moins le Stadhouderat sur un pied quelconque. Si le Prince d'Orange se laisse tant emporter par la peur que de s'en aller, il peut en résulter le bien que Madame la Princesse d'Orange restant avec sa familie en Hollande, comme Votre Majesté le lui conseillera sans doute, elle pourra se mettre à la tête des affaires, et les rétablir peu à peu, en se laissant adjoindre un Conseil des Provinces, dans lequel les chefs du parti opposé voudront sans doute se placer, mais lesquel elle ne manquera pas de regagner peu à peu par sa prudence. Je sais par des avis particuliers, que les trois Pensionnaires ne désirent pas mieux que de gouverner de cette manière avec la Princesse, croyant impossible d'aller ensemble avec le Prince. Ce ne sera pourtant qu'un pis-aller dans un cas de nécesssité. | |||||||||
28. - Frederik de Groote aan de Prinses. - Potsdam, 18 septembre 1785Ga naar voetnoot2).- Ma très chère Nièce. Je répète ma chère Enfant ce que je vous ai souvent dit, que la crise où vous vous trouvez malheureusement, me fait une peine infinie. C'est le résultat d'une infinité d'intrigues de ceux qui veulent gouverner la Hollande et qui ne sont pas délicats dans le choix des moyens qu'ils employent. Je ferai faire des remontrances chez les Hauts et Puissants Seigneurs, j'en ferai faire également à Versailles; cela vous donnera au moins quelque répit. Mais d'autre part, je conseille très fort au Prince de tenir pied à boule. S'il s'éloigne à present de son poste, il donne gain de cause à ses ennemis, et par trop de précipitation lui-même il s'exile pour jamais, avec toute sa familie, de la Hollande. Ce sont les intrigues de Harris qui est d'un naturel un peu violent, qui ont enflammé les Aristarques, leur cabale et les François. Il faut les appaiser par une conduite mesurée, et tacher surtout de conserver le tronc du Stadhouderat autant que possible.... | |||||||||
29. - De Prins van Pruisen aan de Prinses. - Potsdam, 18 septembre 1785Ga naar voetnoot3).- Je vous ai écrit ma cher soeur une lettre ostensible, et me réserve de vous témoigner mes vrais sentiments par ces lignes. Si le Prince persiste à se retirer, le bien de la chose ne perdroit rien et il me semble qu'il seroit utile qu'on lui conseilla de s'absenter pour quelque tems en lui faisant envisager d'un côté sa propre sûreté et pour donner le tems aux esprits échaufés du parti patriote de se calmer. | |||||||||
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Autant que l'éloignement du Prince paroit nécessaire, autant il est de toute nécessité que Tous restiez me cher Soeur avec vos enfants; Tous avez la confiance et l'amitié générale, et d'après ces sentiments que Vous avez inspiré il y a lieu d'espérer que l'Harmonie se remettroit entre les différents partis dont la dissention a mis le trouble dans la République. Je suis fort content de la manière dont Tul meier a agi dans cette affaire et j'espère que Vous le serez aussi. C'est lui qui vous fera parvenir ces lignes. | |||||||||
30. - Joseph Ewart aan Sir James Harris. - Berlin, September 21st, 1785Ga naar voetnoot1).- A courier from the Hague arrived here on the morning of the 18th, and I set out for Potzdam immediately afterwards, carrying with me a Letter from the Princess of Orange to the Prince of Prussia, which I was desired, by Mr. Hertzberg, to deliver, and to communicate to Him the different intelligence, received from the Hague. His Royal Highness expressed the greatest surprise and indignation at the Stadtholder's Panic, and wish to abandon the helm. He repeated his own desire to take an active and decided part in support of his sister, but regretted the impossibility of prevailing on the King to adopt the same system. His Royal Highness desired me to return to Him in the evening, when he gave me two answers for the Princess his Sister - one of which he said was ostensible to the Prince, recommending firmness in general; the other secret, giving His own private sentiments with regard to the situation of affairs, and insinuating that if the Prince insisted on retiring, He ought not to be prevented, and that She should remain as Gouvernante. The Prince explained himself very fully to me on this head, mentioning the Proposal made for that purpose by the patriots above eight months ago, which he said the Princess had then, very properly, refused to listen to, but, that as the Prince had given such repeated proofs of his misconduct and weakness, and now wished, of his own account, to retire, from motives of personal danger and in expectation of being recalled, He might be permitted to follow His inclination, which would at least do no hurt to the cause. On the next day, returning to Potzdam, I had a conversation with the Duke of Brunswic. He blamed the Stadtholder for all his past imprudence and above all for his cowardice in wishing to retire from motives of personal danger. The Duke agreed that if the Prince persisted in his resolution to withdraw, he ought not to be forced to remain, and that the Prixcess would preside alone in the Council, as Gouvernante and Tutrix of Her Children. The Result of this Conversation was a Request from the Duke to get M. de Hertzberg to draw up a sketch of a plan of accommodation for Holland. I accordingly returned immediately to Berlin. M. de Reede having received the same day a long letter from Gijzlaar and Peter Paulus, repeating their anxious desire to enter into a constitutional | |||||||||
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arrangement with the Prince, and at the same time declaring in the most positive manner, that they would never treat with Thulemeyer, the Idea of employing another person was adopted. I returned to Potzdam yesterday, and immediately communicated the piece drawn up by M. de Hertzberg to the Prince of Prussia and to the Duke of Brunswic. I had my last conversation with the latter yesterday evening at Sanc-Souci. He came directly from the King, to whom He said the had communicated all the Ideas contained in the Plan, and that they seemed to meet with His Majesty's entire approbation. That the King had repeated the absolute necessity of the House of Orange's giving up a great deal; that His Majesty approved of the appointment and composition of the Council, and, in short, admitted all the essential points contained in the project. The Duke next told me that he had discussed fully with the King the delicate question ‘whether the Prince of Orange should be retained or not’, the Result of which was the same with that te had given yesterday, and that, at all events, the Princess and Her Children should remain, and would suffer no loss by the Prince's absence. The Duke approved entirely of M. de Thulemeyer's being set aside, and that Baron Reede should be employed in the Negotiation, for which he considered him as in every respect the best fitted, not only on account of his attachment to the house of Orange, and his enjoying at the same time the confidence of the principal patriots, but from the opinion he entertained of his character. Being returned hither, and having communicated everything to M. de Hertzberg and to Baron Reede, the first has transmitted the project to the Princess of Orange. M. de Reede has written to Gijzlaar and Peter Paulus, to assure them of the King of Prussia's sincere wish to cooperate effectually to the reestablishment of Tranquillity in the Republic - and as a proof of H.M. 's impartiality, mentions His consenting that the different negotiations should pass trhough his hands. He has given them the substance of the plan proposed to the Princess. P.S.Ga naar voetnoot1) In regard to the employment of Baron Reede, I am thoroughly convinced you would be well satisfied with him as a Negotiator, not only on account of his abilities and way of thinking, but from his extraordinary candour and prudence. I think it right to give you this particular assurance respecting him, as I know his friends at the Hague, in general, do injustice to his character in many respects. | |||||||||
31. - Hertzberg aan de Prinses. - Berlin, 21 septembre 1785Ga naar voetnoot2).- On m'a beaucoup pressé ici, de faire le projet d'un accommodement et d'un arrangement intérieur en Hollande; ou l'a montre à Potsdam à Messeigneurs le Prince de Prusse et le Duc de Bronswic, le dernier en a fait part au Roi, et on m'a assuré qu'il avoit trouvé également l'approbation | |||||||||
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de Sa Majesté et de Leurs Altesses Royale et Sérénissime et on m'a pressé de l'envoyer à Votre Altesse Royale. L'entrée de V.A.R. au Conseil sera sûrement agréable à tous les partis; si V.A.R. a de la peine à proposer ce point par Ses principes de delicatesse, il pourra être proposé par le Roi. L'admission de quelques chefs du parti opposé au Conseil sera absolument nécessaire. M. de Reede croit que les Pensionnaires y sont portés,et veut s'y employer si on lui témoigne de la confiance. Une grande difficulté sera, quelle personne le Roi pourra y employer; M. de Thulemeyer, ou quelle autre personne. J'espère que Monseigneur le Prince renoncera entièrement à l'idée funeste de quitter la Hollande, mais si contre toute attente il y revenoit, je crois que V.A.R. doit à tout prix rester en Hollande et se mettre à la tête des affaires. C'est absolument nécessaire tant pour les intérêts de la République que pour ceux de Sa familie. Bijgevoegd: | |||||||||
Idée générale d'un plan d'accommodement intérieur en Hollande.
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32. - De Prinses aan den Prins van PruisenGa naar voetnoot1).- Je vais vous répondre, mon cher frère, à l'ouverture que vous me donnez de vos vrais sentiments. Si le Prince dans un moment de vivacité s'oublioit au point de quitter effectivement la partie, je crois que mon devoir seroit de rester avec mes Enfans, et de prendre alors pour eux tel parti que les circonstances et la sagesse me prescriroient, mais je ne puis le lui conseiller, ce seroit 1o manquer à ce que je lui dois, et 2o ne pas améliorer le sort des Enfans; quel triste état que celui d'une familie, que le chef abandonne! et que votre amitié pour moi ne vous fasse pas illusion; on fait semblant de m'aimer parce qu'on veut me mettre en opposition au Prince et qu'on cherche à diviser la familie; du moment que je serois à la tête, les condamnations pleuvroient sur moi, parce qu'on a résolu un changement de constitution, et vous savez qu'une minorité offre rarement les moyens de donner de la force à l'administration; d'ailleurs je trouverois pen de secours dans le Ministère. Je ne suis pas aveugle sur le chapitre dû Prince; il a cependant de très bonnes qualités dont ou pourroit tirer parti, mais on veut l'écraser, et c'est à moi de le défendre et le droit des Enfans, autant que je puis; la méditation du Roi pourroit renforcer mes moyens et je compte beaucoup là-dessus. Croyez vous que le Roi veuille encore tenir sa promesse et nous envoyer M. de Hertzberg? J'ai tout lieu d'être très contente de M. de Thulemeyer, et je suis charmée que vous lui rendiez justice, mais je suis obligée d'avouer qu'il n'est en général pas fort aimé ici. Ceci entre nous s'il vous plait. | |||||||||
33. - De Prinses aan Hertzberg. - Leeuwarden 3 octobre 1785Ga naar voetnoot2).- Je ne vois pas d'inconvénient de demander un plan d'accommodement à la Cabale, cela n'engage à rien, et si M. de Reede veut s'y prêter, à la bonne heure, mais au mon de Dieu qu'il ne se. fie pas aveuglement à Messieurs les pensionnaires, il en seroit infailliblement la dupe; ils ne marchent pas droit, cela est certain. Si le Prince abandonnoit la République dans un moment de désespoir, je suivrois votre conseil, et je tacherois de défendre les droits de mes Enfans, mais ne croyez pas que le Prince mis de côté les choses iroient mieux avec moi. Peut-être y auroit-il moyen de mettre une digue au torrent par cette province-cy qui est moins mauvaise, | |||||||||
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mais j'y compte fort peu, quoique je l'essayerai. Il n'y a à mes yeux que vous, Monsieur, qui conveniez pour être le médiateur au nom du Roi, mais je n'ose me flatter que cela se pourra encore; j'en ai touché un mot à Sa MajestéGa naar voetnoot1) sans vous nommer directement, mais en lui rappelant ses promesses. Bijgevoegd: | |||||||||
Considérations sur l'idée générale d'un plan d'accommodement intérieur en Hollande.
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34. - Lord Carmarthen aan Sir James Harris, 11 October 1785Ga naar voetnoot1).- Circumstanced as the Stadtholder now is, it would be extremely difficult if not impossible to devise anything like immediate assistance even to a character possessed of every degree of manly fortitude and political wisdom. Te best we can therefore hope for in the present instance is, to prevent, if possible, the Prince of Orange from contributing himself by any ill-concerted measure of resentment to accelerate his own disgrace and the ruin of his House. To return to the Hague now, would but expose him to fresh insult and oppressionGa naar voetnoot2). A voluntary abdication of the Stadtholderate would on the other hand compleat the measure of his disgrace not only now, but render his Character despicable to posterityGa naar voetnoot3). The measure, therefore, wich appears most likely to be productive of any advantage is this: to declare his Intentions of absenting himselfGa naar voetnoot4) from the Hague, and to justify this his Resolution in a written exposé of his motives for having taken it. A public appeal of this sort, joined to the absence of the PrinceGa naar voetnoot5) from the usual place of hisGa naar voetnoot6) Residence, would probably render the leading party cautious in provoking the populace by | |||||||||
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any violent attack upon the Prince, and might produce some new and favourable circumstances in his behalf in the more distant Provinces. | |||||||||
35. - Sir James Harris aan Lord Carmarthen. - hague, 25th October 1785Ga naar voetnoot1).- The Prince and Princess remove from Leeuwarden on the 29thto Groningen and from thence, probably, to Loo. I fear there is a strong hankering to return bither, and that there are not wanting people about the Court who, from motives of pleasure, of convenience, or, perhaps, from still more interested views, are forward enough to advise this measure. I remain clear in my own opinion on this subject, and shall move Heaven and Earth to keep the Prince and Princess together and at a distance from the Hague. The pains the patriots take to bring the Court back, clearly prove the impropriety of its Peturn, and it is evident to me that the absence and neutral conduct of a Stadtholder (particularly of one like the present) would tend more to distress and unpopularize them than the best concerted Plan of activity He is capable of adopting. My chief apprehension is from the side of the Court. If I could prevail on them to do nothing, I think much might be done for them, but if they move themselves, I dread their marring their own cause. The Prince has received my Letter but not answered it. The Princess writes, on this occasion, these words: ‘Le Prince a reçu la Lettre du Chevalier Harris, et m'a dit qu'elle m'étoit aussi destinée, mais il ne me l'a pas donnée à lire jusqu' ici. Je sais cependant, en gros, l'opinion qu'elle renferme, mais en vérité, je ne sais encore me décider si elle est bonne ou mauvaise; et je ne crois pas que le Prince l'ait examinée jusqu'ici avec assez de soin pour pouvoir en parier pertinemment; ce qui est sûr c'est que je désire beaucoup que tout entre dans son ancien ordre.’ This Letter was dated the 21st of October, One of the 22d says: ‘j'espère que je vous reverrai dans peu, mais ce moment ne me parait plus ainsi prochain qu'il y a quelques jours; cependant plus je pense, moins je vois la possibilité d'un long exil; on peut trainer, mais finalement il faudra pourtant revenir où le Devoir nous appelle, où doit être notre Domicile; et plus ou traîne, plus ce Retour aura de difficultés.’ - It is clear to me, from these Expressions, that the Princess is inclined to return hither, and that she will not approve of my letter to the Prince. I trust however, this is only from a desire of being in a more agreeable situation, and that it does not arise from her concurring in the views of the Patriots. | |||||||||
36. - Sir James Harris aan Lord Carmarthen. - hague 8th November 1785Ga naar voetnoot2).- My Lord. - The following intelligence may, I believe, be considered as perfectly authentic; the channels through which I have | |||||||||
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received it leave no doubt of its being a faithful account of the plan the ruling faction have resolved on. I must begin by premising to your Lordship that the whole of what I am going to write has been concerted with France; that it has the sanction, and will have the support, of France, throughout every part of it; and that, when I mention the ruling faction here, I consider the Court of Versailles as making a very material part of it. Their plan is, by persecution, and by operating on the fears of the Prince of Orange, to force him to relinquish the administration of the Stadtholderate, and to retire to his possessions in Germany. They have some charges against him not totally void of foundation, and their own art and his weakness will furnish them with many specious and affected ones. They mean to bring these forward with all the publicity possible, and to terrify him with the idea that his conduct has been so highly criminal against the State, that his head is liable to be brought on the block. His imagination is already strongly impressed with this dread, and, in conversing with me, he has often said, the Patriots mean to treat him as the Republicans did Charles te First. If they succeed in driving him out of the Republic (which I think very probable), they then intend to call upon the Princess to be Regent, and to put into Her hands so much of the fragments of the Stadtholderian Power as is necessary for their own purposes, both at home and abroad - at home, to prevent the progress of Democracy, - abroad, to satisfy the Hing of Prussia, whom though they hate, they are taught by France to treat with great management and circumspection. They do not intend to alter the hereditary succession of the Stadtholderate, but they propose taking on themselves the education of the Prince of Orange's children, and to send the two young Princes to be brought up in France (as it is said, however incredible), under the tuition of the Rhingrave of Salm. The Post of Captain- and Admiral-General is to remain with the Stadtholderate but to be put in Commission, as incompetent with a female Regency, and the power of marching the Troops, of pardoning criminals, and of recommending proper persons to fill up vacancies in the Magistratures of the different Towns, to be taken entirely and for ever, from the Stadholder. I need not point out to your Lordship the pernicious tendency of this plan, nor how completely it will answer every purpose of the Patriots, without exposing themselves and their party to the danger which would inevitably attend a direct attempt to subver t the Stadtholderate entirely, and to substitute a new form of Government in its place. It will leave strength enough in the hands of the executive power to keep the democratical faction from rising, and not enough to controul the aristocratical authority. It will satisfy France by making the House of Orange dependent on the towns of Holland, which province will be always dependent ou France; and I much fear, it will also satisfy the King of Prussia, whom I consider much less interested in the preservation of the Stadtholderate than in obtaining for his Niece such a situation as | |||||||||
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may not degrade Her, and which may appear to posterity as if He had not forsaken Her. I confess, My Lord.... Het vervolg is nauwkeurig afgedrukt, Diaries II, 120. | |||||||||
37. - Vergennes aan Verac, 1 October 1785Ga naar voetnoot1).- Nous partageons pleinement, Monsieur, la façon de penser des patriotes à l'égard de M. le Stadhoulder; nous le regardons comme un ennemi secret de la tranquilité et de la liberté de la République; mais nous sommes d'avis que ce sentiment doit être dissimulé, et qu'il est nécessaire que les patriotes mettent dans ce moment-ci beaucoup de circonspection dans les procédés à l'égard de M. le Prince de Nassau: ils pourront reprendre leur système de réforme lorsque la paix et l'alliance auront rendu le calme à la République; ils opéreront alors avec d'autant plus de succès qu'ils n'auront pas d'embarras extérieurs à craindre. Au reste, Monsieur, je supose comme je l'ai toujours fait, que la constitution servira de base invariable aux changemens qu'il s'agira d'opérer. | |||||||||
38. - Vergennes aan Verac, 24 december 1785Ga naar voetnoot2).- Comme la République, Monsieur, vient de recouvrer sa tranquilité extérieure, je pense qu'Elle ne tardera pas à s'occuper sérieusement de sa tranquilité intérieure, et par conséquent à fixer le sort de M. le Stadhouder. Le Roi de Prusse nous presse depuis longtems d'intervenir dans cette affaire, et même de combiner nos démarches avec les siennes. Nous avons constamment répondit que nous avions une répugnance invincible à nous mêler des affaires domestiques de la République, et que d'ailleurs nous étions persuadés que les patriotes ne porteroient jamais la moindre atteinte aux prérogatives légales de M. le Stadhouder. Le Roi de Prusse vient de renouveller ses instances, mais je n'ai fait que des réponses vagues à son Ministre, parce qu'avant de rien proposer au Roi, j'ai jugé nécessaire de consulter les patriotes. Je vous prie donc, Monsieur, de les prier de ma part de me confier leurs intentions, leurs vuës et leur plan, et surtout de s'expliquer avec franchise sur l'intervention du Roi, comme sur celle du Roi de Prusse. Ils pourront sans crainte de déplaire à Sa Majesté décliner l'une et l'autre, parce que nous n'avons pas plus d'envie que de droit d'intervenir dans leurs discutions intérieures. La seule chose que le Roi désire est de voir la bonne harmonie rétablie parmi les différends ordres de la République. Elle atteindra vraisemblablement ce but si elle s'attache plus a diminuer l'abus que le Stadhouder pourroit faire d'une autorité trop étendue, que les Prérogatives honorifiques de sa dignité. | |||||||||
39. - De Prinses aan Frederik de Groote. - Loo, 7 janvier 1786Ga naar voetnoot3). -Korte brief, houdende mededeeling van 's Prinsen voornemen om het Stadhouderschap neder te leggen en het land te verlaten, met verzoek om advies | |||||||||
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van Z.M. - Behalve dezen brief, dien zij den Prins had voorgelezen, schrijft de Prinses onder denzelfden datum nog den volgenden geheimen: J'ai cru devoir céder aux instances du Prince, et exposer son vrai sistème à mon cher Oncle, savoir que le seul et meilleur moyen de rétablir le Stadhouderat, c'est de l'abandonner tout à faitGa naar voetnoot1). Quelqu' excusable que soit le Prince dans notre afreuse situation d'avoir des momens d'accablement qui ne lui permettent de former d'autres voeux que la retraite, je doute cependant que ce plan méritera l'aprobation de V.M., d'ailleurs il me paroit que si le Prince a des scrupules de consentir qu'on dépouille ses Enfans de quelque prérogative essentielle de sa charge, il lui est encore moins permis de les déposséder entièrement de leur Etat, qu'ils ne rattraperoient certainement pas du vivant de leur Père. La mauvaise volonté de la France et l'acharnement de nos Ennemis sont assez connus à mon cher Oncle, ils sont tels que cela exige de notre part une sagesse consommée dans toute la conduite, et une activité extreme dans les expéditions qui sont encore entre les mains du Prince. Je suis au désespoir d'être forcée de l'avouer, mais son découragement prend si fort le dessus, il désire tant de ne plus être accablé du fardeau qui lui pèse tous les jours davantage, qu'il se refuse souvent à l'activité nécessaire. Si l'affaire du commandement s'arrange, ou si elle reste seulement en suspens, et qu'il prenne la résolution d'aller à la Haye, je vois quelque jour à nous soutenir tellement-quellement, mais si ceci n'a pas lieu, ce qui est très possible, il ne me reste aucune espérance, et ce sera le Prince lui-même qui jouera le jeu des ennemis, et ainsi accélérera notre chute. Dans ces circonstances il seroit peut-être, à souhaiter que le Prince se retira effectivement quelque temps des affaires, mais sans quitter ses charges; il devroit le déclarer et alléguer la manière dont on le traite et surtout la méfiance qu'on lui montre; peut-être pourroit-il alors faire quelque voyage pour se dissiper, ou bien rester avec nous dans le lieu qu'il choisiroit. Je soumets à la sagesse de V.M. si Elle trouveroit à sa place, dans sa réponse à ma lettre, de glisser délicatement ce conseil, mais en ce cas je La supplie que ce soit sans me nommer, ni les Enfans. V.M. comprend ma situation; si le Prince soupçonnoit qu'on voudroit élever mon autorité au détriment de | |||||||||
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la sienne, il ne s'y prêteroit pas, et iroit jusqu'à me soupçonner des idées et des sentimens dont je suis incapable; d'ailleurs je ne puis moi-même consentir à ceci qu'autant que ce seroit du plein gré du Prince. Je n'ajouterai qu'uu mot, c'est qu'il m'est bien cruel de me voir réduite à l'extrémité de devoir tenir ce langage. J'ose encore La supplier de me garder un absolu secret. | |||||||||
40. - Frederik de Groote aan de Prinses. - Potsdam 21 janvier 1786Ga naar voetnoot1).- Ma très chère Niece. J'ai été frappe des idées que le Prince d'Orange a formées, de vouloir abdiquer. C'est précisément ce que demandent ses ennemis; s'il prend cette résolution il se perd lui et sa familie pour jamais. J'en reviens toujours à ce que je vous ai si souvent écrit. Conservons le tronc de l'arbre et dans des temps plus prospères les branches repousseront. Il faut que le Prince témoigne de la fermeté et une noble assurance dans les moments critiques, ou il se perd de réputation dans toute l'Europe, Quel est dans l'Univers l'homme auquel les événemens viennent comme il les désire? Personne; au contraire tous essuyent des revers, et c'est dans ces momens que doit briller le courage et la grandeur d'âme. Voila mon avis, ma chère enfant, voila ce que je tache d'effectuer, que le Stadhouderat reste, quitte pour attendre de plus favorables conjonctures. Si le Prince prend d'autre parti, il doit se regarder lui-même comme le destructeur de sa familie, et dès ce moment je l'abandonne à sa funeste destinée. Voila, ma chère Enfant, comme j'envisage et j'ai toujours envisagé votre situation scabreuse. Empêchez le Prince de se perdre, faites tous vos efforts pour réveiller sa constance et son courage. | |||||||||
41. - Vérac aan Vergennes, 11 Maart 1786Ga naar voetnoot2). -Mededeeling van de uitkomst der stemming te Amsterdam; het advies van burgemeesteren is aangenomen. Il ne faut rien se dissimuler, Monsieur le Comte; cet avis est la ruine du parti patriote et du sistème de la France. Si malheureusement il passe aux Etats d'Hollande, les Patriotes sont écrasés: M. van Berkel, M. de Gijzelaer, M. Paulus, aucun de nos amis ne peut reparoitre à la Haye.... Soutenir les villes qui nous restent et en gagner quelques autres, voilà ce qui nous est absolument nécessaire pour le moment présent; si nous pouvons seulement opérer la scission aux Etats d'Hollande, je ne désespère de rien; il faut porter toute notre attention sur Amsterdam et prendre des mesures efficaces pour renverser M. Rendorp et son parti.... Dans les petites villes de la Province d'Hollande, il y a toujours de petits intérêts de familie et de societé à ménager; ceux qui dirigent à présent la magistrature d'Amsterdam ont su les faire valoir à leur profit. Vouz concevez par là le genre de la guerre que nous avons à faire actu- | |||||||||
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ellement, et que nous aurons à faire jusqu'à ce que la France soit tellement maîtresse de la République qu'aucun autre parti n'ose plus s'y montrer. Pour espérer quelque succes de cette entreprise, il me falloit un homme qui joignit à la plus grande activité beaucoup d'esprit et d'adresse, et surtout une connoissance profonde du Local, dns individus, et des intérêts par lesquels on peut les mettre en mouvement. J'ai été assez heureux pour trouver cet homme dans la personne de M. le Comte de Coetloury qui réunit toutes ces qualités avec le dévouement le plus en tier aux intérêts du Roi. Arrivé depuis quelques mois en Hollande où il a déjà, fait un séjour de plusieurs années, j'ai eu le tems de le connoître, et j'ai senti non seulement qu'il pouvoit nous être d'une grande ressource dans la crise actuelle, mais même qu'il étoit le seul qui put travailler efficacement à ramener les Esprits dans un espace de tems aussi court. M. de Coetloury m'a averti qu'il ne vouloit point aller sous l'apparence d'un petit intriguant subalterne sans aucune espèce de mission, ce qu'il croiroit pouvoir nuire essentiellement à ses intérêts par la suite; qu'il se chargeroit très volontiers de cette besogne, mais qu'il désiroit d'y être autorisé par le gouvernement, et qu'on lui donnât les moïens de s'assurer du succès. Je lui ai tout promis; en attendant qu'il put être autorisé par vous, Monsieur le Comte, je l'ai autorisé moi-même en lui permettant de me citer lorsque les circonstances le demanderoient .... J'avois envoïé hier en avant le digne M. Dumas et un jeune officier nommé M. d'Ivoy, très zêlé pour la bonne causeGa naar voetnoot1). Ils ont été s'aboucher à Rotterdam avec M. Paulus et m'en ont rapporté l'espérance d'avoir pour nous la ville de Schiedam. M. le Comte de Coetloury accompagné de M. Dumas va faire la tournée de Delft, Rotterdam, Dort, Schiedam, Gorcum et Amsterdam. Nous tâcherons d'avoir Gorcum. M. d'Ivoy est parti ce matin pour cette ville afin de préparer las voyes à M. de Coetloury, qui aura une conférence avec M. de Gijzelaer à Dort sur le compte de la ville de Gorcum. De là il se rendra à Amsterdam pour mettre au fait M. van Berkel.... Ces malheureux patriotes de l'intérieur de la Province font des questions qui décèlent et leur ignorance, et les moins par lesquels on les décide. Il s'en est trouvé un qui demandoit sérieusement à M. Dumas, s'il étoit vrai que le Roi de France ne se mêleroit en aucune façon de la Hollande dans le cas où le Stadhouder viendroit à la tête de 25 000 hommes forcer les Etats d'Hollande à souscrire à toutes ses volontés Voila les monstres qu'on leur fait et qu'il faut combattre. Enfin, Monsieur le Comte, si quelquefois l'argent est nécessaire, j'ai autorisé M. de Coetloury à se servir de ce moien qui dans tous les cas sera le dernier qu 'on emploiera et avec toute | |||||||||
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la discrétion possible. M. de Coetloury m'inspire de la confiance, et si nos démarches réussissent, j'aime à dire d'avance qu'il aura rendu à l'Etat un service de la plus haute importance. Tout ce qu'il désire, Monsieur le Comte, c'est que vous voudrez bien m'écrire ‘que M. le Comte de Coetloury ayant acquis de longue main des connoissances fort étendues sur la Hollande, Sa Majesté jugera à propos de m'autoriser à communiquer avec lui sur toutes les affaires et dans toutes les circonstances où je jugerai cette communication utile au bien de la chose’.... Il devient nécessaire de faire valoir la protection du Roi, de pouvoir en donner des assurances formelles partout où besoin sera, se mêler ouvertement des affaires intérieures puisque les autres Puissances aussi s'en mêlent, m'autoriser enfin à faire toutes les déclarations de ce genre qui pourront être utile à nos intérêts.... Il est très possible que l'occasion se présente d'emploier le moyen de l'argent, et vous savez que le fond pour les dépenses secrètes de l'ambassade du Roi en Hollande est à peu près nul. | |||||||||
42. - Vergennes aan Vérac, 15 Maart 1786Ga naar voetnoot1).- La perplexité où nous sommes, Monsieur, ne nous permet pas de vous donner des instructions précises sur la conduite que vous avez à tenir dans les différentes conjonctures où vous pourrez vous trouver; et Sa Majesté pense que ce qu'Elle a de mieux à vous prescrire, c'est de concerter toutes vos démarches avec les trois Pensionnaires.... Si les Etats de Hollande out rendu à M. le Stadhouder le commandement de la Haye sansGa naar voetnoot2) des restrictions convenables, il nous paroit que les patriotes ne doivent pas pour cela se livrer au découragement, qu'ils doivent au contraire faire avec assurance tête à l'orage, et préparer avec réflexion les moiens de le dissiper et d'amener un nouvel ordre de choses. Le Roi y concourra autant que cela sera en son pouvoir. Si au contraire les chefs des patriotes auroient réussi à opérer une scission, le Roi vous autorise à agir de concert avec eux, de suivre la direction, qu'ils jugeront devoir vous donner, et d'emploier même, si cela est absolument nécessaire, des moïens pécuniaires pour augmenter le nombre des partisans de la bonne cause. Mais en même tems que le Roi est disposé à se montrer avec énergie en faveur des Patriotes, Sa Majesté désire que l'on puisse éviter un éclat, et qu'au lieu de pousser les choses à toute extrémité, ou trouve encore des moïens de conciliation, non pas pour rendre à M. le Prince de Nassau toute l'autorité qu'il avoit usurpée, mais pour remplacer par de vains simulacres ce qu'on lui aura ôté d'essentiel. Il me semble que l'on pourroit conférer, par une résolution particulière, à M. le Stadhouder le commandement dont il s'agit, comme les commandants l'ont partout ailleurs, en réservant, pour tous les cas et pour toutes les circonstances, l'autorité | |||||||||
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suprême au Comité représentant les Etats de la Province. Je vous prie, Monsieur, de communiquer cette idée à nos amis, en les prévenant cependant qu'elle m'est personnelle, que je n'y tiens pas si elle leur présente des inconvénients majeurs, et que je souscrirai sans difficulté à celles qu'ils croiront plus adaptées à la constitution de la République, et surtout à sa tranquillité présente et future. Il me reste, Monsieur, à vous parier de la sûreté personnelle des Patriotes. Vous les assurerez qu'en tout état de cause, le Roi les prend sous sa protection immédiate; et vous ferez connoitre partout où vous le jugerez nécessaire, que Sa Majesté regardera comme une offense personnelle tout ce qu'on entreprendra contre leur liberté. Il est à présumer que ce langage tenu avec énergie en imposera à l'audace des Anglomanes, et que le Prince de Nassau croira courir quelques risques en affrontant le ressentiment de Sa Majesté. Je finis, Monsieur, en vous transmettant l'approbation du Roi aux dis positions que vous avez faites pour seconder les Patriotes, et le gré que Sa Majesté sait à M. de Coëtloury d'y avoir concouru. Ce dernier ne doit pas douter de l'empressement avec lequel je rendrai compte au Roi des preuves de zèle qu'il continue de donner, et du plaisir que j'aurai à lui procurer des récompeuses proportionnées à ses services. | |||||||||
43. - Vergennes aan Vérac, 15 Maart 1786. (Particulier)Ga naar voetnoot1).- L'argent, si vous avez été dans le cas d'en répandre, vous sera ponctuellement remboursé ou à ceux qui vous l'auront avancé; il suffira que vous me l'indiquiez. Vous pouvez même tirer sur M. d'Harvelay aux échéances les plus courtes; sur l'avis que vous m'en donnerez vos traites seront ponctuellement acquittées.... Au moment que j' écris ces lignes, le proces il me semble doit être ou gagné ou perdu. Supposions le proces perdu, je ne vois pas pourquoi nos amis s'abstiendroient de paroitre à la Haye. M. le Stadhouder y reviendra triomphant; ce triomphe ne peut être que précaire, et l'on peut s'en reposer sur lui du soin de détruire par de nouveaux abus l'espèce de popularité momentanée que ceci lui aura donnée. L'influence de nos amis ne datant pas du moment où l'on a retiré à M. le Stadhouder le commandement de la Haye, je ne vois pas comment la restitution de ce commandement puisse gâter toutes nos affaires. Si contre toute attente nos amis gagnent ce fameux procès, c'est le cas d'user sobrement de leur victoire, et de faire un assez bon parti à M. le Stadhouder pour lui ôter la facilité de nuire, sans lui enlever la représentation de l'autorité, dont il est peut-être plus jaloux que de la réalité. Je ne suppose pas, Monsieur, que nos amis aient le projet d'anéantir le Stadhoudérat, ou du moins de le réduire au point de n'être plus qu'un phantôme; ils l'ont toujours nié, et je suis persuadé qu'ils étoient, et qu'ils | |||||||||
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sont encore, de bonne foi. Mais les apparences ont été contr' eux. L'acharnement qu'ils ont mis dans l'affaire du commandement a été regarde de toutes parts comme l'acheminement à des mesures qui ne tendoient à rien moins qu'à abolir une dignité qui blesse des yeux républicains. Nos amis n'ont pas senti qu'ils donnoient des défenseurs et des appuis à la cause stadhoudérienne. La Cour de Berlin (qui connoit la Personne, qui l'apprécie et qui l'estime en raison de sa capacité et de sa vertil)' auroit vu sans peine qu'on l'eut restreint dans l'exercice de ses Prérogatives, mais elle n'est pas aussi tolérante pour ce qui a rapport à la dignité. L'intérêt de la Mère et des Enfants lui est cher. Elle veut le protéger, et la protection seroit encore bien plus éclatante, si le Prince Royal étoit à la tête de l'administration. Ses sentiments pour Madame la Princesse sa soeur qui sont connus justifient cette assertion. Il n'est pas de l'intérêt de la République, il ne l'est pas du notre, d'aliéner la Cour de Prusse et de la forcer à une opposition ouverte à nos vuës et à nos mesures. C'est ce que je vous prie, Monsieur, de faire sentir à nos amis et de leur bien inculquer. A partir de là, s'ils étoient en position de dicter la capitulation, j'estime que la prudence leur conseilleroit de rétablir M. le Stadhouder dans le commandement de la Haye, en ajoutant quelques restrictions à celle déjà apposée par la ville d'Amsterdam. Cet acte de modération qui leur feroit un honneur infini dans l'esprit des gens impartiaux, imposeroit silence au parti qui leur est opposé. Il ne faut pas s'y tromper, Monsieur; le nom d'Orange quoiqu'il ne soit que d'emprunt, a un grand crédit et un grand ascendant non seulement parmi le Peuple, mais même parmi les families les plus considérables. Ce ne sera jamais sans danger qu'on paroitra à l'attaquer, mais put-on le faire avec succès, peut-être y auroit-il à hésiter. Au moindre mécontentement, le Peuple dont ce nom est l'Idole, le rappelleroit et lui décerneroit, ainsi que cela est arrivé dans toutes les révolutions, une autorité bien plus étendue que celle qui lui avoit été précédemment accordée. Je regrette que M. le Rhingrave de Salm ne soit pas venu à Paris quand son arrivée m'a été annoncée pour la première fois peut-être que je l'eusse persuadé de la vérité de ces faits, qu'à son tour il en eût persuadé les Patriotes, et que ceux-ci eussent évité la difficulté présente. Nos amis ont grand besoin d'être tempérés; je vois infiniment de chaleur dans leur conduite; c'est un guide bien daugereux, surtout s'agissant de faire prévaloir un système nouveau qui pendant plus d'un siècle a été l'objet de la réprobation générale. Les vieux préjugés ne se secouent pas si facilement: il faut donc de l'art, de la patience, et surtout de la modération pour les saper et les dissiper. Je ne crois pas cette dernière qualité la vertu favorite de nos principaux amis. L'amour peut-être trop exclusif du pouvoir peut les entraîner plus loin qu'ils ne se le proposent; c'est le cas où des conseils pourroient être nécessaires. Jusqu'ici ils ont montré peu de disposition à en rechercher: je remarque qu'ils engagent les affaires, et qu'ils ne sollicitent le concert que lorsqu'il n'y a presque plus d'issuë. Il est bien nécessaire que vous les éclairez à cet égard. Ces Messieurs ont un amour-propre qu'il faut éviter de choquer; | |||||||||
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sur toute chose garez-vous de leur chaleur qui est parfois excessive. Il est juste que nous les appuyons et que nous les protégions, mais il faut être bien attentif à ce qu'ils ne vous entraînent pas au delà des bornes, et que nous ne soyons pas un instrument dans leurs mains. M. le Rhingrave est à Paris depuis Dimanche matinGa naar voetnoot1); sa santé fatiguée du Voyage ne lui a pas encore permis de se rendre ici; je l'attends aujourd'hui. P.S. (après-midi). J'ai vu M. le Rhingrave. Il est fâché mais point effraïé de ce qui est arrivé à Amsterdam. Il ne croit pas que la chose, si elle est irrémédiable, soit d'une conséquence funeste, mais il faut de la fermeté et du courage. | |||||||||
44. - Vérac aan Vergennes, 17 maart 1786Ga naar voetnoot2).- Le mardi 14 M. le Comte de Coëtloury et M. Dumas sont revenus de leur tournee qui n'a pas été sans succès. Ils se sont abstenus de paroitre à Gorcum par le conseil de M. de Gizelaer qui a des moïens pour travailler dans cette ville d'une manière avantagause à nos intérêts; ils ont été à Schiedam et à Gouda où ils ont vu les personnages les plus intéressants, et ont réussi à les mettre entièrement de notre cöté. Par un effet de cette démarche, le Bourguemaitre et le Secrétaire du Conseil de Schiedam ont paru chez moi mardi au soir; nous sommes convenus de nos faits, et nous pouvous compter désormais sur le suffrage de ces deux villes. Verslag der Statenzitting van 15 Maart: de beslissing is voor het minst veertien dagen of drie weken uitgesteld. Schiedam en Gouda medegerekend is men nu van acht steden zeker; men zal trachten er Dordrecht, Gorcum en Hoorn bij te winnen. Le nom du Roi n'a pas été compromis jusqu'à présent, et j'ose vous assurer, Monsieur le Comte, de toute la discrétion possible dans l'emploi des pouvoirs que Sa Majesté daignera me confierGa naar voetnoot3). | |||||||||
45. - Vérac aan Vergennes, 22 Maart 1786Ga naar voetnoot4). -Aanslag van Mourand (woordelijk bij Caillard). - Rendorp en Thulemeyer maken bij eenvoudige lieden misbruik van de laatste memoriën van Pruisen; om hun de nederlaag te bezorgen is het dringend noodig dat Frankrijk zoo spoedig mogelijk een tegenverloog indiene bij de Staten-Generaal, en in een openlijke verklaring aan de Staten van Holland de partij kieze van de patriotten. Hij heeft met de pensionarissen een ontwerp opgemaakt en zendt het over. Les phrases que vous verrez soulignées sont celles qui contiennent les idées capitales, les idées auxquelles nos amis sont particulièrement attachés | |||||||||
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et sur lesquelles ils désirent que la note porte en entier, quels que puis-Bent être les changemens que vous croirez devoir faire dans les expressions. En même tems, M. le Comte d'EsternoGa naar voetnoot1) pourroit être autorisé de faire à la Cour de Berlin des insinuations douces et amicales pour la détourner du dessein de se mêler d'une affaire qui, dans le fait, est purement domestique et qui par l'influence d'un aussi grand Prince pourroit devenir dans ce malheureux pays la source d'une guerre civile. J'ose vous assurer, Monsieur le Comte, que toute conciliation sur le commandement de la Haye est impossible. De deux choses l'une: ou l'on se contenteroit d'y mettre des restrictions purement illusoires, comme la ville d'Amsterdam le propose, et alors ce seroit tout donner au Prince; ou l'on y mettroit de vraies restrictions, des restrictions réelles telles que vous proposez, et alors le Prince les rejetteroit comme bien au dessous de sa dignité. Vous pouvez être certain, Monsieur le Comte, que M. van Berkel ne met dans cette affaire ni aigreur ni animosité. M. de Gijzelaar a plus de Chaleur, mais il obéit à l'impulsion de M. van Berkel, et en dernière analyse c'est toujours l'avis de M. van Berkel qui fait loi dans le parti. Je n'ai fait jusqu'à présent aucun usage des moïens pécuniaires que vous avez eu la bonté de confier à ma discrétion, en me laissant le maître d'en faire l'usage que je croirois indispensable pour les intérêts de Sa Majesté. Vous pouvez être bien assuré que je ne les emploïerai qu'avec toute la prudence et toute l'économie possible. Bij deze dépêche is gevoegd: le: een particulier schrijven van Vérac aan Vergennes: .... Je dois vous le dire avec franchise, Monsieur le Comte, notre intérêt est d'ôter au Stadhouder tout ce que nous pourrons. Moins il aura d'influence et d'autorité, plus le Roi sera maitre ici. M. le Prince de Nassau a été et sera toujours notre ennemi; si nous le servons il profitera de notre bonne volonté et ne nous en détestera pas moins. Nous devons donc lui ôter les moïens de nous nuire.... 2e: het ontwerp der door de patriotten verlangde nota: | |||||||||
Projet d'une note à remettre aux Etats-Généraux.Hauts et Puissans Seigneurs. L'ambassadeur soussigné a ordre du Roi son maitre de transmettre à V.H.P. les témoignages les plus expressifs et les plus sincères de sa constante amitié et de leur réitérer les plus fortes assurances que S.M. ne cessera d'attacher le plus haut prix à l'alliance qu'elle vient de contracter avec la République. Ces sentiments ne peuvent qu' ajouter au vif intérêt que le Roi prendra toujours à tout ce qui peut contribuer à la gloire et à la prospérité de la République, et S.M. ne peut que former les voeux les plus sincères pour y voir promptement renaître une parfaite tranquillité, mais le Roi reconnoissant que V.H.P. sont les seules maitresses de la direction de leurs affaires intérieures, et ne se croyant point en droit d'y intervenir, doit se borner à | |||||||||
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exprimer à V.H.P. combien il désire de voir enfin se dissiper entièrement ]es dissensions qui troublent en ce moment le repos de la République; et en attendant cette heureuse époque S.M. est fortement persuadée que V.H.P. s'abstiendront de toute mesure qui pourroit affoiblir l'effet qu'Elle doit attendre de Son alliance avec la République. De son côté le Roi connoissant les obligations que lui impose le titre d'ami et d'allié de V.H.P. et désirant les remplir dans toute leur étendue, n'hésite point de leur déclarer que S.M. emploiera tous Ses soins et fera les démarches les plus instantes pour qu'aucune influence étrangère ne trouble V.H.P. dans l'exercice libre et entière de leur souveraineté. | |||||||||
Aux etats de Hollande et de Westfrise, et aux différens corps souverains de cette province.(N.B. L'ambassadeur usera de cette déclaration après s'être concerté avec les principaux du parti bien intentionné, sur le moment convenable pour la remettre. Elle pourra aussi servir vis à vis des Etats des autres Provinces et les différens membres dont elles sont composées. L'ambassadeur soussigné a ordre du Roi son maitre de déclarer à Leurs Nobles et Grandes Puissances les Etats d'Hollande et de Westfrise, ainsi qu'aux villes et corps de noblesse ayant voix dans l'assemblée souveraine, que S.M. en Sa qualité de bon allié les assure de la manière la plus positive, qu'Elle employera dans tous les tems et dans toutes les circonstances, tous les moyens que Dieu lui a donnés, pour la conservation de la liberté et de la constitution primitive de la Républiqve, au rétablissement de laquelle constitution les véritables Patriotes employent le zèle le plus louable, en reformant les abus qui s'y étoient introduits. | |||||||||
46. - Vergennes aan Verac, 29 Maart 1786Ga naar voetnoot1).- Le Roi et son Conseil ont réfléchi sérieusement sur la position critique où se trouvent nos amis, et Sa Majesté, après avoir délibéré mûrement sur les moïens de les assister avec efficacité, m'a chargé de vous transmettre les instructions suivantes: Le point le plus important à déterminer est l'utilité et l'à-propos de la déclaration dont vous m'avez adressé le projet. Nous avons examiné et analyse ce projet dans ses motifs comme dans ses expressions, et je ne dois pas vous cacher que nous avons trouvé de grandes difficultés sur l'un comme sur l'autre de ces deux points. Nous avons considéré, en premier lieu, qu'il n'est essentiellement question dans ce moment que d'une affaire purement domestique et d'une diversité d'opinions dans les magistrats d'Amsterdam; quel titre le Roi a-t-il, quel prétexte même peut-il alléguer pour s'immiscer dans une pareille discussion? | |||||||||
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Sa Majesté, en le faisant, ne s'exposerait-elle pas au reproche de vouloir gouverner la République, influer sur ses délibérations, et tenir la conduite qui a rendu l'Angleterre odieuse et détruit son influence? En second lieu, le Roi n'est parvenu à arrêter le Roi de Prusse qu'en lui représentant qu'il convenoit de ne point gêner la République dans son indépendance en intervenant dans son administration intérieure: Sa Majesté Prussienne auroit lieu de s'étonner si, au mépris de ce langage, nous faisions la moindre démarche publique qui le démentiroit. J'ajouterai à cette remarque, Monsieur, que la déclaration telle que vous l'avez libellée auroit l'air d'une contre-déclaration contre la Cour de Berlin, et vous devez sentir de vous-même les mauvais effets qui en resulteroient; les rapports du Roi avec la Hollande ne sont pas isolés; la politique de Sa Majesté embrasse et doit embrasser toute l'Europe; elle veut que la Eranee, alliée des Provinces-Unies, se tienne en même temps dans des mesures d'amitié et de confiance avec la Cour de Berlin. Il s'agit, en troisième lieu, de considérer les patriotes eux-mêmes. Ils ont le soutien du pouvoir démocratique, ils se trouvent donc dans la nécessité de plaire au peuple. Or, s'il est constant que rien ne le flatte plus que l'idée de son indépendance, il seroit à craindre que cette idée ne s'affoiblit si le Roi se montroit dans les discussions intérieures de la République, on du moins, s'il se montroit sans les motifs les plus graves et les plus urgents. Que résulteroit-il de cette conduite inconsiderée? Rien autre chose sinon que Sa Majesté se compromettroit et que les patriotes seroient présentés à la nation comme sacrifiant à leurs vuës personnelles l'indépendance de leur pays. Toutes ces réflexions, Monsieur, ont paru au Roi d'une telle force qu'il n'a trouvé, dans l'état actuel des choses, que des inconvénients dans la déclaration proposée, et qu'il a cru devoir s'attacher à quelqu'autre moyen de seconder les voeux et la cause des patriotes. Is er dus voor een verklaring aan de Staten-Generaal geen reden, het kwaad zal voldoende kunnen bestreden worden door den toonbaren brief dien hij hierbij voegt. Vérac kan er afschrift van geven aan den President van de week, den Raadpensionaris of den Griffier. Mocht tegen alle waarschijnlijkheid deze brief onvoldoende blijken, dan mag de gezant, doch slechts bij volstrekte noodzakelijkheid, de eveneens bijgevoegde verklaring indienen bij de Staten-Generaal. Si les patriotes sont en mesure de ramener la pluralité à leur système, nous n'avons aucune objection à leur faire pour le fond; au contraire nous applaudirons à leur succès; mais nous avons à leur observer qu'ils feront une chose infiniment désagréable à la Cour de Berlin, et qu'il est à présumer que cette Cour ne cessera d'intriguer et de tourmenter la République jusqu'à ce qu'elle ait ramené M. le Prince de Nassau à son ancien pouvoir. La Prusse est trop puissante et trop voisine de la République pour être négligée ou compromise par celle-ci. Dans ces circonstances nos amis feront bien d'examiner de nouveau si le commandement ne pourroit pas être rendu à M. le Stadhouder sous quelques restrictions de plus que ne l'a | |||||||||
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proposé la ville d'Amsterdam. Nous sommes d'avis, Monsieur, que cette possibilité existe; M. le Rhingrave de Salm avec qui j'ai discuté amplement la matière, le partage, et je ne puis que m'en rapporter aux détails qu'il transmettra à cet égard à ses commettants. Je me borne à vous observer que le Roi de Prusse n'exige pas que l'on rétablisse M. le Prince de Nassau dans toute l'étendue du commandement; que ce Monarque ne demande qu'un simulacre qui empêche la Princesse sa Nièce d'être errante en Hollande, et qu'il verra sans peine l'autorité militaire confiée à un Comité établi particulièrement à cet effet. Vous observez, Monsieur, que toute conciliation est impossible parce que M. le Stadhouder se refusera à toute modification. Si tels sont en effet les dispositions de ce Prince, c'est une raison de plus de ne point se conduire à son égard avec une roideur inflexible: s'il s'obstine à refuser tout accommodement, il finira par rebuter la Cour de Berlin et par s'en faire abandonner; si au contraire il se détermine à souscrire aux conditions qu'on lui proposera, le mal, s'il y en a, ce que nous ne croïons pas, aura moins d'inconvénients que les troubles actuellement subsistants.... Reste, Monsieur, le droit de patentes et le règlement de 1674. J'ai amplement discuté ces deux objets avec M. le Rhingrave de Salm, et nous sommes tombés d'accord que le Roi ne pouvoit point intervenir pour assurer les démarches que font les patriotes pour en effectuer l'abolition. La seule chose que vous puissiez vous permettre est de faire avec prudence des insinuations analogues à leurs intentions, mais vous vous abstiendrez de faire agir dans les Provinces, au moins en votre nom, les affidés que vous pouvez y avoir. M. le Rhingrave partage mon sentiment à cet égard. De bijgevoegde toonbare brief luidt als volgt: Il nous revient, Monsieur, que des personnes mal-intentionnées s'efforcent de répandre secrètement des doutes sur la pureté des sentimens qui attachent le Roi aux Provinces-Unies, et que leur but est d'affoiblir par là, s'il est possible, les liens qui subsistent entre Sa Majesté et la République. Quoique des insinuations aussi fausses et aussi maladroites ne soient dignes que de mépris de notre part, cependant le Roi juge devoir en arrêter les progrès, parce qu'il n'est pas d'erreur, quelque grossière qu'elle soit, à qui l'intérêt, l'ignorance ou la corruption ne donne des adhérens, et que les auteurs des insinuations dont il s'agit comptent sans doute sur l'efficacité de ces trois moyens. L'intention du Roi est donc, Monsieur, que vous contredisiez ces mêmes insinuations de la manière la plus formelle, et que vous fassiez assurer dans cette vuë Leurs Hautes Puissances que Sa Majesté considère les intérêts de la République comme les siens propres, qu'elle prend et prendra en tout tems la part la plus sincère et la plus active à sa tranquillité et à son indépendance, tant intérieure qu'extérieure, et que bien loin de suposer que Leurs Hautes Puissances prennent jamais des mesures qui pourroient affoiblir l'alliance qui les unit à Sa Majesté, Elle met au contraire la confiance la plus absoluë dans leurs dispositions à les resserrer de plus | |||||||||
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en plus et à en assurer la durée. Vous saisirez cette occasion, Monsieur, pour exprimer à Leurs Hautes Puissances la peine que causent au Roi les dissentions intestines qui troublent la République et les voeux que Sa Majesté fait pour que Leurs Hautes Puissances trouvent dans leur sagesse des moyens propres à ramener la tranquilité et à l'établir sur une base constitutionnelle, la seule qui puisse être juste, solide et durable. Les Etats Généraux, Monsieur, ne se méprendront pas sur le motif de la démarche que le Roi vous prescrit; ils ne le soupçonneront sans doute pas de vouloir infleur sur la direction de leurs affaires intérieures; Sa Majesté sait trop bien par Elle-même combien les Souverains sont et doivent être jaloux de leur indépendance, pour se permettre rien qui put porter la plus légère atteinte à celle de son alliée; Sa Majesté n'a d'autre intention dans les conseils qu'Elle transmet à Leurs Hautes Puissances que de leur manifester tout l'intérêt qu'Elle prend à la prospérité des Provinces-Unies, et de leur fournir une nouvelle preuve de la sincérité de l'afection et de l'amitié qu'Elle leur porte. | |||||||||
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47. - Vérac aan Vergennes, 5 april 1786Ga naar voetnoot1).- Nos amis ont été très satisfaits des sentimens exprimés dans la note dont vous avez eu la bonté de m'envoïer le modèle, ainsi que de la dépêche ostensible, mais comme ces deux pièces ne remplissent point l'objet que le parti avoit en vue, ils jugent qu'il n'y a aucun usage à en faire, pas même auprès de M. le Grand-Pensionnaire; ils pensent que cette dépêche pourroit faire plus de mal que de bien, et je ne suis pas éloigné de leur avis. Ces deux pièces resteront donc pour le moment dans mon portefeuille, sauf à en faire par la suite l'usage que les circonstances pourront exiger .... Dort nous donne beaucoup d'espérances ainsi que Hoorn; Gorcum n'est pas aussi décidé, mais ses dispositions s'améliorent. Dès que nos amis se seront assûrés de onze voix, l'affaire sera décidée; nous apprenons que la ville de Haarlem commence à balancer et à ressentir les effets de l'intrigue ennemie, et nous désirerions un peu moins de flottement dans l'esprit de M. Zeeberg, d'ailleurs patriote très estimable et très éclairé. Notre véritable point de repos dans le moment actuel est que le Conseil Comité se trouve chargé du commandement par une résolution expresse des Etats; qu'il le gardera jusqu'à ce que la question soit décidée pour ou contre le Stadhouder; que nous n'avons point à craindre l'arrivée imprévue de ce Prince qui déconcerteroit les mesures de. nos amis; que par cet arrangement ceux-ci gagnent un tems en quelque sorte indéfini, et qu'ils seront à peu près les maîtres d'éluder ou différer la décision de la question. Bij een afzonderlijke dépêche van dezen datum vraagt Vérac traktementsverhooging aan. Toen tijdens Engelands overwicht de rol van fransch ambassadeur bij de Republiek van weinig gewicht was, kon deze met weinig toe. Nu is dit anders geworden: Ce n'est plus parmi les habitans de la Haye et les principaux d'Amsterdam que doivent se concentrer mes relations politiques; il faut qu'elles embrassent aujourd'hui les députés de toutes les Provinces à l'assemblée des Etats-Généraux, et ceux de toutes les villes de Hollande à l'assemblée des Etats de cette Province. Il ne se trouve parmi ces derniers aucun Bourguemaitre, aucun Pensionnaire, aucun conseiller, enfin aucun de ceux qui sont comptés pour quelque chosé dans leur ville, qui ne soit pour moi un être précieux, un être à ménager par tous les soins et moïens possibles. Le plus sûr de ces moïens est indubitablement de leur faire tout l'accueil qu'ils peuvent désirer, de leur ouvrir ma maison, de prendre | |||||||||
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toutes mes mesures pour la leur rendre agréable, de faire en sorte que de retour chez eux ils célèbrent l'ambassadeur du Roi et le traitement excellent qu'ils ont reçu de lui. Ce moïen de me paroit pas moins infaillible pour gagner des voix que celui de la séduction par argent. Aussi, Monsieur le Comte, je n'ai pas craint d'en faire un usage fort étendu à dater du moment où j'ai reçu le premier avis de la fatale résolution de la ville d'Amsterdam. Le corps diplomatique, à l'exception du ministre d'Espagne, est en général dans de mauvaises dispositions pour nous, et les habitans de la Haye sont presque tous nos ennemis; il n'est pas moins nécessaire pour les intérêts du Roi que son ambassadeur les accueille et leur fasse les honneurs de sa maison d'une manière grande et noble. Dans la lutte entre le parti Républicain et le parti Stadhoudérien il y a nécessairement de transfuges, et quoiqu'il n'y ait pas grand fond à faire sur cette espèce de gens, cependant ils se font nombre et il est bon de de les accueillir, moins pour les avoir que pour que le parti contraire ne les ait pas. Il est intéressant de faciliter ces défections qui deviendront d'autant plus nombreuses que les affaires Stadhoudériennes empireront, et de leur donner dans ma maison une bonne maison qui soit pour eux une espèce de centre et de point de ralliement. S'il est possible que les esprits changent à la Haye en notre faveur, ce n'est qu'en environnant l'ambassadeur du Roi d'un certain éclat qui impose. Cet éclat, ce faste de la Cour Stadhoudérienne est peut-être dans le fond la seule raison qui attache au Prince Stadhouder les trois quarts des habitans remarquables de cette ville: dans l'incertitude si ce Prince reviendra ou non ils regrettent les amusements ou les distractions que sa Cour leur offroit. Kantteekening: Le Roi a décidé que les appointemenls de M. le Marquis de Vérac seront portés à 150 mille Livres à commencer du ler janvier de cette année. Dit is een vermeerdering met 40.000 livres. | |||||||||
48. - Vergennes aan Vérac, 17 april 1786Ga naar voetnoot1). -Vérac's dépêche van 5 April is in den Conseil du Roi besproken, met dit gevolg dat de verklaring aan de Staten-Generaal herzien en gewijzigd is. Verder zal Z.M. in geen geval gaan. Ne perdez j'amais de vue, je vous prie, Monsieur, que le Roi ne sauroit s'isoler, et qu'il est dans l'obligation absolue de combiner sa conduite politique d'après les rapports nécessaires qui existent entre la France et les autres Puissances de l'Europe .... Nous désirons que l'on admette des modifications qui puissent au moins sauver, jusqu'à un certain point, la dignité de M. le Prince de Nassau ou plutôt de Madame la Princesse; nous nous en rapportons entièrement à cet égard aux lumières et à la prudence des Patriotes. | |||||||||
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49. - Frederik de Groote aan de Prinses. 28 Maart 1786Ga naar voetnoot1).Après ce qui vient de passer à la Haye .... je prends congé du Stadhouder et vous déclare que je ne me melerai plus de ses affaires. Qu'il se perde, puisqu'il le veut ainsi. Quoi, losqu'avec mille peines je trouve quelque expédient pour redresser ses affaires, aussitôt de son côté il gâte tout. Cela en est trop. Il n'y a que vous et vos enfants innocens qui soyent à plaindre. Pour le Prince d' Orange qui n'agit que par caprices et toujours mal à propos, il ne lui arrivera que ce qu'il mérite, si on le met de cöté. J'ai défendu à Thulemeyer de s'entremettre dorénavant dans ses affaires, pour ne me point rendre indiscret en voulant soutenir les extravagances de ceux qui agissent en insensés. Voilà, ma chère enfant, à quoi votre mari me réduit.... | |||||||||
50. - Frederik de Groote aan Finckenstein, 30 Maart 1786Ga naar voetnoot2).Il est certain que le Stadhouder fait tout ce qu'il peut pour empirer la situation où il se trouve; c'est pourquoi j'ai écrit hier là-bas, que je ne me melerois plus de ses affaires s'il vouloit les gâter. J'ai aussi dit la vérité au Sieur de Thulmeier dans cette occasion-ci. Il est clair, que le Stadhouder a envoyé ce perruquier dont il est question, à la Haye. Le Sieur de Thulmeier auroit dû me dire la vérité; il ne l'a pas fait. Ainsi je lui ai chanté la game, et si la France insiste là-dessus, je le mettrai dehors, car je n'en suis pas content. Ge qu'il y a de très certain, c'est que les liens de l'union des François et des aristocrates consistent principalement en ce que la France s'entend parfaitement avec eux pour mettre le Stadhoudérat de côté. A présent si le Prince avoit un peu de conduite, il auroit pu soutenir sa thèse, mais la bêtise qu'il a de se meler avec le petit peuple, cela lui cassera le col. Les aristocrates sont maîtres des troupes. Ils peuvent les faire agir comme il leur plait, de sorte que le peuple ne peut avoir que le dessous. Sur ce, etc. federic. | |||||||||
51. - Hertzberg aan de Prinses, 11 April 1786Ga naar voetnoot3).- Selon la dernière dépêche de M. de Goltz du 29 Mars, le Comte de Vergennes s'étoit expliqué envers lui, après le premier entretien avec le Comte de Salm, assés convenablement, en disant qu'on rendroit au Prince le commandement de la Haye, et qu'on pourroit créer un conseil de guerre, dans lequel il auroit une voix prépondérante. Le Comte de Salm a évité de voir Messieurs de Goltz et de Brantsen sous prétexte d'indisposition. Toen dit gesprek tusschen Vergennes en von Goltz plaats had, waren den eersten de gebeurtenissen van 17 Maart nog onbekend. Thans echter heeft | |||||||||
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d'Esterno hem, Hertzberg, zooeven de volgende van Vergennes ontvangen dépêche medegedeeld: ‘.... Le Roi est disposé à faire de nouveaux efforts sur le succès desquels nous sommes encore dans l'incertitude, pour porter les patriotes à un arrangement convenable. C'est l'objet de mes conférences avec le Comte de Salm, aux principes et sentimens duquel je ne puis qu'applaudir, ainsi qu'à son attachement pour Madame la Princesse de Nassau. Le Roi vous autorise, Monsieur, à porter ceci à la connoissance du ministère du Roi de Prusse, pourvu qu'il en informe Sa Majesté en lui faisant observer, qu'il est tems de porter le Prince à entrer dans la bonne voye, si on veut prévenir un éclat fâcheux dans la République, et surtout de l'engager à ne pas se laisser gouverner par le chevalier Harris et quelques mauvaises têtes qui l'entourent. On se tromperoit si l'on croyoit que le Roi voulut abandonner des citoyens qui en marquant leur attachement pour la France, défendent ses intérêts contre les attaques de ses ennemis. Tout au contraire il se trouveroit dans le cas de les soutenir, et il se verroit obligé de renoncer à l'espérance de porter les esprits à un accommodement raisonnable, ce qui est toujours l'objet que Sa Majesté désire d'atteindre. Tous pouvez communiquer aussi cette dépêche à M. le Baron de Reede, et le prier d'assurer Madame la Princesse de Nassau de toute l'affection du Roi, et de Son désir de lui en donner des preuves, si M. le Stadhouder ne s'y oppose pas, et veut se rendre à une réforme que la Constitution autorise; Son Altesse Royale peut être assurée que le Roi recevra avec plaisir toutes les ouvertures qu'elle voudra Lui faire passer par M. de Vérac, à qui Son Altesse Royale paroit accorder de la confiance.’ Men moet nu afwachten, [gaat Hertzberg voort], wat de koning hierop antwoorden zal, en zich zooveel mogelijk gedragen naar wat hij aanraadt. | |||||||||
52. - Frederik de Groote aan Thulemeyer, 15 April 1786Ga naar voetnoot1). -d'Esterno heeft aan het ministerie medegedeeld: .... que quoique la scène du 17 devoit rendre toute conciliation plus difficile, le Roi Très Chrétien par amitié pour moi et la Princesse d'Orange continueroit pourtant ses soins pour moyenner un Plan de conciliation, pourvu que le Prince d'Orange cessât de se faire gouverner par le parti anglois, qu'il se prêtât aux restrictions conformes à la constitution qu'on pourroit exiger de lui, et qu'il tâchât de prévenir de nouvelles scènes puisqu'il se trompoit s'il croyoit que Sa Majesté Très Chrétienne abandonneroit ses amis, et que les attentats de cette nature, s'ils continuoient, forceroient à la fin la Cour de France à ne plus se meler des affaires du Prince. Je n'ai pu qu'accepter ces offres de la Cour de France, et comme le Comte de Vergennes avoit dit auparavant au Baron de Goltz, qu'on rendroit le commandement de la Haye, et qu'on pourroit adjoindre au Prince d'Orange un conseil de guerre dans lequel il présideroit et auroit une voix | |||||||||
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prépondérante, j'ai fait dire au Comte d'Esterno que ces propositions me paroissoient acceptaties et de nature à pouvoir servir de base à un plan de conciliation; que je ferois mon possible pour disposer le Prince à accepter les deux articles susmentionnés. Tous pouvez faire part de ce que dessus à la Princesse d'Orange sous le sceau du secret, et vous la prierez de disposer le Prince son Epoux à se prêter non seulement aux deux articles susmentionnés, mais aussi au reste de ce que la Cour de France exige de lui, et dont il ne peut pas se dispenser, s'il ne veut pas entièrement gâter ses affaires et s' exposer à perdre le tout. | |||||||||
53. - De Prinses aan Hertzberg. - loo 14 Mars 1786Ga naar voetnoot1).- J'ai été avertie de différens côtés qu'il court un bruit qu'il y a un projet de mettre le Stadhouder de coté et son fils à sa place; on varie sur les détails, les uns disent qu'on prieroit le Prince de s'éloigner un tems, et qu'après que moi j'aurois cimenté la conciliation, il reviendroit; d'autres parlent de son entier éloignement des affaires, et de l'établissement d'une minorité, mais sans s'expliquer si l'on me voudroit pour tutrice. Quoi qu'il en soit, j'ai cru devoir vous en prévenir; je considère tout schisme dans la familie comme le coup de grâce qui achèveroit de perdre la maison. | |||||||||
54. - De Prinses aan Hertzberg. - loo, 7 Avril 1786Ga naar voetnoot2).- Il me revient de bonne part que le Comte de Salm a formé le plan de dépouiller le Prince de ses charges et d'en revêtir son fils aîné. Je répète ceci parce que je tremble toujours qu'il ne profite d'un moment d'humeur ou de faiblesse pour faire goûter ceci au Roi, ce qui me mettroit dans le plus cruel embarras; ce seroit le coup de grâce pour la familie. | |||||||||
55. - Hertzberg aan de Prinses, 18 April 1786Ga naar voetnoot3).- Le Comte de Salm a déployé à M. de Goltz son plan ou celui des Pensionnaires, qui paroit très outré et pas admissible dans la totalité. M. de Goltz en a informé le Roi et M. de Thulemeier, mais la Cour de France ne s'en est pas encore ouverte au Roi. (Secret.) Selon le Plan du Comte de Salm, rapporté ici par M. de Goltz, Votre Altesse Royale devroit se rendre seule avec sa familie à la Haye, et Monseigneur le Prince visiteroit en attendant les places de la République ou ses Etats d'Allemagne. Il ne devroit pas s'opposer à deux réformes principales, l'une des Regiemens Stadhouderiens dans les quatre Provinces d'Utrecht, Gueldre, Overissel et Groningue; l'autre, que ses courtisans ne soyent plus membres des Etats-Généraux; qu'on lui conserveroit l'exercice de ses dignités de terre et de mer et la présidence dans tous les conseils, mais qu'on lui adjoindroit un conseil composé de 6 généraux, 2 ministres de l'Etat et 2 membres du Souverain; que le Prince y auroit 2 voix. Je | |||||||||
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ne trouve admissible que le dernier article, que je soumets pourtant au jugement de Votre Altesse Royale, et je crois qu'en l'admettant on pourra parvenir à rayer le reste; mais après tout il faut voir ce que la France nous proposera. | |||||||||
56. - De Prinses aan Hertzberg, 28 April 1786Ga naar voetnoot1).- M. de Thulemeyer m'a communiqué le plan du Comte de Salm, comme il l'a reçu de M. de Goltz. En réponse j'ai préparé les deux pièces ci-jointes; le Prince les a approuvées et je Vous es remets, Monsieur, les soumettant entièrement à Votre sagesse et à Votre jugement; vous reglerez l'usage à en faire si vous y trouvez de bon, ainsi que la manière de lea faire parvenir à la Cour de France soit en partie, soit en entier.... Je donne encore en considération si on ne pourroit insinuer qu'en ne voulant aller qu'avec le Prince, il ne s'en suit pas que je me refuse à parier avec ceux qui ont confiance en moi, mais de l'aveu de Son Altesse Sérénissime et sans mistère. Eerste bijgevoegd stuk: | |||||||||
Considérations sur les articles proposés par le Rhingrave de Salm au Baron de Goltz.In den aanhef van zijn voorstel had Salm haar mot loftuitingen overladen: .... peut-être le Rhingrave ne seroit pas fâché que l'encens qu'il m'offre et qu'il me promet même de la part des violents antagonistes du parti Stadhoudérien me tourne la tête au point de m'imaginer qu'en séparant ma cause de celle du Prince il pourroit en résulter des avantages pour le reste de la familie, mais je ne lui conseille pas de se livrer à cet espoir ni d'en bercer ses amis.... M. de Salm met d'abord en avant comme un fait, ‘que le bien-être du Prince dépend en grande partie dans ce moment-ci de ne pas vouloir résister à ce qu'il ne pourroit empêcher, et de se faire un mérite apparent de céder de bonne grâce ce que définitivement la force majeure l'obligeroit à céder également.’ - Ceci est trop vague, trop général pour qu'on puisse y répondre; quant à l'espèce de menace que cette réflexion renferme, elle n'effraye pas; quiconque s'en laisse imposer par la crainte, mérite de succomber; ou ne craint rien lorsqu'on défend son bon droit.... La réforme des Regiemens dans les provinces d'Utrecht, de Gueldre, d'Overissel et de Groningue ne regardant pas la province de Hollande dont les directeurs actuels doivent être considérés comme les commettants du Rhingrave de Salm, on ne peut entrer en discussion avec lui sur cette matière. Toutefois on veut faire observer que ces Regiemens doivent être regardés comme des loix fodnamentales qui ne peuvent être altérées que par le concours de tous ceux qui en ont juré l'observation. Il s'en suit | |||||||||
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que la seule discussion de ces Regiemens possible est celle entre le Prince et chacune des provinces intéressées séparément .... De quel droit le Rhingrave de Salm et ses amis veulent-ils imposer des loix au Prince jusque dans le choix des personnes qui composent sa Cour?.... Il est hors de doute que les Etats ont le droit d'exiger que les différens devoirs du Capitaine-Général soyent remplis comme ils doivent l'être, mais de là il ne s'en suit pas qu'il faille priver le Prince de ce qui revient à son poste, et sous prétexte de la nécessité d'un arrangement, former un Conseil qui borneroit l'exercice de son autorité légitime; il paroit beaucoup plus naturel, et j'ose ajouter plus avantageux au bien de la chose, qu'au cas qu'il faille un arrangement, ce soit le Prince qui le fasse lui-même, sans qu'on veuille le gêner sur les moyens, lui seul restant responsable des suites. M. le Rhingrave termine par deux objets qui le regardent personnellement; ils ne m'arrêteront pas longtems. Le Prince s'est expliqué ouvertement sur ce qui concerne les nouvelles légions; il n'a pas agi sourdement contre M. de Salm par de petits moyens indignes de son caractère. Quant au grade de Général Major qu'il ambitionne, on ignore les droits qu'il peut faire valoir, et si c'est une faveur qu'il réclame, c'est à lui à la mériter. Tweede bijgevoegd stuk: Notre éloignement de la Haie ne nous mettant pas à portée de nous concerter de bouche avec le Marquis de Vérac, selon que la Cour de France paroit le souhaiter, je préfère de Vous' remettre nos intérêts en Vous priant de peser la valeur de ces réflexions, et de les transmettre au Cabinet de Versailles, si Vous les en croyez dignes. Nous applaudissons à la déclaration franche de la Cour de France, qu'elle n'abandonneroit point ses amisGa naar voetnoot1): elle est faite pour inspirer de la confiance. Maintenant il s'agit de s'entendre sur les termes de cette protection. Est-ce leur conserver une prépondérance dans les assemblees d'Etat qui par le fait remet la Souveraineté entre les mains d'un petit nombre d'individus et les rend les despotes absolus de la République en foulant aux pieds les loix, les usages, jusqu'aux privilèges des peuples, - ou n'est-ce simplement que leur assurer la libre jouissance de ce qui leur revient; assurer leur vie, leur état, leur existence civile et politique? On ne peut suposer le premier, à moins d'admettre encore de deux choses l'une, savoir, ou que la France veuille détruire l'indépendance de cette République libre à laquelle elle promit son appui, ou qu'elle appréhende que son alliance n'est pas assez bien affermie, et que les liens pourroient aisément en être rompus. On ne peut lui attribuer des principes odieux; il faut donc croire qu'elle se méfie du Prince et doute qu'il suit de bonne foi le sistème adopté par la République; à ce dernier égard ou peut la rassurer hardiment: le Prince ne séparera jamais ses intérêts de ceux de l'Etat.... | |||||||||
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On ose de plus mettre ici en doute, s'il est bien au pouvoir de la France d'assurer à ceux qui se qualifient particulièrement d'être ses amis, une autorité stable du moment qu'elle dégénère en despotisme; il s'élève contre elle des clameurs de toute part, et les annales de tous les païs mais particulièrement celles de ces Provinces ont fait voir que toute autorité qui est obligée d'avoir recours à des moyens pareils à ceux que l'on emploie, travaille elle même à sa ruine; cette vérité est doublement palpable lorsqu'il s'agit d'une autorité usurpée qui n'a pas de fondemens solides; le Stadhoudérat peut être aboli, mais les divisions n'en seront pas éteintes, ce sera une hydre sans cesse renaissante, et l'Etat se verra à deux doigts de sa perte - seroit-ce trop avancer que de dire que les commencemens de ceci se font déjà sentir? On se flatte que la France ayant des principes équitables ne voudra étendre sa protection qu'à ce qui est juste et raisonnable, et dans cette espérance on ose l'assurer que nous n'en voulons ni aux biens, ni à la vie, ni à l'état de ces individus; nous allons plus loin et nous sommes prêts à nous contracter avec eux dans tout ce que le bien de la patrie demande; nous prouverons ces dispositions quand on le voudra. Nous demandons simplement qu'on ne nous attaque plus .... | |||||||||
57. - Hertzberg aan de Prinses, 6 Mei 1786Ga naar voetnoot1). -Hij prijst beide stukken zeer: Je suis parfaitement de l'avis que Monseigneur le Prince Stadhouder ne peut et ne doit pas sacrifier les regiemens Stadhoudériens, que son Altesse Sérénissime n'a pas besoin d'entrer en composition là-dessus avec les Etats de Hollande qui n'ont rien à dire dans les autres Provinces. Wat den Raad betreft, is hij niet geheel met de Prinses eens. Is er misschien iets goeds te wachten van een reorganisatie van den bestaanden Raad van State? Je crois que Monseigneur le Prince feroit bien de faire rédiger quelque plan bien raisonné tendant à amender et à accélérer toutes les expéditions de ses différends départements. Si Son Altesse Sérénissime vouloit faire un pareil plan de réforme et le communiquer au Roi, nous pourrions l'opposer à celui que la Cour de Frauce pourra nous communiquer et ensuite on pourroit traiter là-dessus à la Haye dès qu'Elle y seroit retournée et qu'on Lui auroit restitué le commandement de la garnison, ce qu'on peut et doit toujours demander comme une condition préliminaire. Notre grand et excellent Roi est toujours porté de Coeur et d'âme pour Votre Altesse Royale, mais il compte toujours que la France ne lui manquera pas aprés tant de promesses, et qu'elle s'employera bientôt et sérieusement à accommoder les affaires en Hollande, en disant ‘qu'il ne voyoit pas pourquoi la France voudroit nous faire illusion et ce qui lui en reviendroit’Ga naar voetnoot2); cependant il a été choqué de ce que la Cour de France traine | |||||||||
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si longtemps à nous communiquer un Plan d'accommodement et qu'elle ne nous a pas dit un mot de la note du Comte de Vérac. Reede zal van het tweede stuk der Prinses een ‘précis’ aan d'Esterno overgeven. | |||||||||
58. - De Prinses aan Hertzberg, 15 Mei 1786Ga naar voetnoot1). -De Prins kan bezwaarlijk aan het verzoek voldoen. Het is een dwaling dat hij werkt zonder bureaux, er bestaat er een voor marinezaken, en voor het legerdepartement is er een in wording geweest. Vers le milieu de la guerre angloise, le Prince a formé un département de la marine, qui consiste dans les vice-amiraux Reinst et Zoutman, le Chef d'escadre Kinsbergen, et les Conseillers-Fiscaux des Amirautés de la Meuse et d'Amsterdam, actuellement Messieurs Paulus et Van der Hoop; ce département est en règle et je ne vois pas qu'on puisse y rien changer; M. de Kinsbergen est certainement un de nos plus habiles marins, M. Zoutman s'est fait une réputation par la bataille de Doggersbank et c'est un honnête homme; M. Peinst est aussi assés généralement estimé et tient aux premières families d'Amsterdam; je ne crois pas qu'on pourroit trouver mieux. M. Van der Hoop, quoique poursuivi parce qu'il fait profession d'être attaché à la bonne cause, jouit cependant de l'estime et de la confiance de son Amirauté, et vit quant aux affaires de la marine en bonne harmonie avec son collegue Paulus. Quelques mois avant l'arrivée de M. de Maillebois, le Prince avoit tâché de former pour l'armée de terre un département à l'instar de celui de la marine; les Généraux Van der Hoop et Dumoulin en étoient avec quelques adjudants du Prince, et un Comis du Cabinet qui faisoit l'office de Ministre. A l'arrivée de M. de Maillebois le Prince lui présenta ce Département et le pria de vouloir en être; ces Messieurs lui offrirent leurs services et de s'assembler chés lui soit ensemble soit séparément, toutes les fois qu'il le jugeroit à propos; mais M. de Maillebois n'en profita pas, et soit qu'il craignit se compromettre avec M. de Maasdam qui étoit plus ancien général que lui et auquel on avoit fait le même compliment, soit que soufflé par la Cabale il ne vouloit point entrer en relation étroite avec le Général Van der Hoop, il ne vouloit jamais reconnoitre ce département, et quoiqu'il fut convaincu de la nécessité de quelque chose de pareil, il s'obstina à proposer des nouveautés de son cru, au lieu de s'attacher à ce qui existoit et de s'appliquer à le perfectionner; c'étoit une mauvaise politique dont je suis persuadée qu'il se répent comme de bien d'autres choses depuis qu'il connoit d'avantage le païs. Avec un peu d'habileté il auroit aisément écarté des affaires M. de Maasdam, qui n'étoit nullement militaire et encore moins homme d'Etat et politique; il auroit dû profiter des talens et des connoissances du Général Van der Hoop et se mettre au dessus des clameurs patriotiques, parce que de fait l'armée de l'Etat ne | |||||||||
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lui offroit rien de mieux. Tout ceci a d'abord diminué le bon effet que que le département pouvoit et devoit faire; ensuite de circonstances particulières ont fait quitter le païs au secretaire; il n'a pas été fort bien remplacé; les circonstances de la République et les notres ont dispersé tout le département, de façon qu'à présent il est entièrement dissout. Le malheur est que nous manquons de bonnes têtes et de gens habiles; c'est ce qui manque aussi au ministère du Conseil d'Etat; ce conseil ne peut être toujours bien composé, vue la constitution, mais le ministère doit y suppléer. M. Bisdom de l'aveu de tous les partis ne suffit pas à son poste avec la meilleure volonté du monde. L'esprit de parti et la jalousie en ont écarté le seul qui en avoit les talens; c'étoit encore un Van der Hoop, frère ainé de ceux que j'ai nommé précédemment. Tous me direz que je vous nomme toujours cette familie; cela vous prouve notre disette .... | |||||||||
59. - Vérac aan Vergennes, 6 Mei 1786Ga naar voetnoot1). -Na de indiening der verklaring aan de Staten-Generaal op 21 April nemen de zaken een goeden keer. De resolutie die de pensionarissen met 11 tegen 8 stemmen genomen willen zien, is nu al in een aantal steden gepasseerd, die dus onmogelijk weer terug kunnen. Het zijn Haarlem, Leiden, Gouda, Schoonhoven, Alkmaar en Monnikendam. - Schiedam en Purmerend zullen spoedig volgen. Op Dordrecht, Gorcum en Hoorn moet nog voortdurend gewerkt worden. Dort seroit une ville excellente, mais le vol élevé que M. de Gijzelaar a pris dans la République et la considération que ses talens lui acquièrent excitent la jalousie de ceux qui occupent les premières places de cette ville; il en résulte une disposition générale à le contredire dans tout ce qu'il propose, mais dans l'affaire présente il se conduit avec tant d'adresse, il met une si grande réserve auprès de ceux qui sont a ménager, l'affaire d'ailleurs est si importante en elle-même que je ne pense point que les régens de cette ville sacrifient l'intérêt de leur Pays à ces vains sentimens de jalousie .... Si je dois en croire un propos de celui qui est ici à la tête du département de la police, il seroit très difficile d'empêcher des mouvemens séditieux si le Prince venoit à reparoitre ici. Sa présence à plusieurs ègards nous causeroit de l'embarras, mais il faut croire que le génie qui l'a si bien inspiré jusqu'à présent le retiendra encore hors de la Haye jusqu'à ce que cette affaire soit entièrement terminée. | |||||||||
60. - Vergennes aan Vérac, 14 Mei 1786Ga naar voetnoot2).- Il y a apparence, Monsieur, que la note remise le 21 avril servira à rétablir en faveur de nos amis la majorité relativement au commandement de la Haye, mais je ne vous cacherai pas que ce triomphe de leur amour-propre ne répond pas entièrement aux vues et au système de Sa Majesté; Elle a toujours pensé et pense encore qu'il ne doit pas être question de dépouiller M. le Stad- | |||||||||
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houder ni de le laisser dans l'humiliation; je ne vous cacherai même pas que le Roi auroit desiré qur vos dernières dépêches continssent quelques données sur cet objet. Sa Majesté s'en occupe d'autant plus que c'est le seul qui affecte véritablement la Cour de Berlin, et que le Roi de Prusse suspecte principalement nos intentions à cause des délais que les patriotes y mettent et que ce Prince nous impute. Comme M. le Rhingrave de Salm se propose de retourner incessamment à la Haye, je m'entretiendrai sérieusement avec lui sur cette matière et je n'aurai pas de peine à l'amener à nos idées, parce qu'il en a toujours senti la justice et la nécessité. | |||||||||
61. - Vergennes aan Vérac, 18 Juni 1786Ga naar voetnoot1). -De Rijngraaf wordt door zijn particuliere zaken nog een poos te Parijs opgehouden, daarom verzendt Vergennes nu wat hij dezen had willen medegeven: Les Patriotes continuent à garder avec nous le silence le plus absolu sur leurs vues, en sorte que nous avons l'air de n'être que l'instrument de leur intérêt personnel, et cette manière d'agir, outre ce qu'elle a de désobligeant pour nous, nous donne aux yeux de la Cour de Berlin une apparence de fausseté que nous ne méritons pas et qui ne sauroit nous convenir. Nous jugeons qu'il est tems que les Patriotes nous expliquent sans détour et sans réserve leur sistème et leur plan. Comme nous supposons qu'ils sentent comme nous d'un côté le danger de détruire le Stadhoudérat et de l'autre la nécessité d'une conciliation, nous ne pouvons que les inviter à nous confier enfin les bases qu'ils souhaiteroient donner à cette conciliation. Nous les examinerons et nous déterminerons de concert avec eux la marche à tenir pour l'effectuer. Mais comme il est à peu près impossible de suivre par correspondance un objet aussi délicat et aussi compliqué, je désirerois que vous vous pénétrassiez bien des idées de nos amis et que vous vinssiez ici pour les discuter à fond avec moi. Je n'attends que votre réponse pour prier le Roi de vous accorder un congé. | |||||||||
62. - Vérac aan Vergennes, 23 Juni 1786Ga naar voetnoot2). -Dordrecht heeft de goede resolutie eindelijk genomen met 19 tegen 5 stemmen. Schiedam en Gorcum zijn nog altijd onzeker, en zelfs sedert eenigen tijd weer Gouda. - Alleen Delft heeft nog een resolutie genomen volkomen gelijk aan die van Amsterdam. | |||||||||
63. - Vérac aan Vergennes, 27 Juni 1786Ga naar voetnoot3). -Bij aankomst van Vergennes' dépêche van 18 Juni waren de meeste vrienden naar hun steden; alleen Van Berckel was in den Haag. Hij is van oordeel dat de gezant zich onmogelijk verwijderen kan. M. van Berkel m'a conjuré d'insister auprès de vous pour que vous voulussiez bien ne pas donner de suite à cette idée; vous voyez, m'a-t-il | |||||||||
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dit, où nous en sommes; l'affaire du commandement n'est pas encore décidée, le Prince est en Zélande, la fermentation est au comble dans le peuple de la Haye, la province d'Utrecht et celle de Gueldre sont en feu; quitter la Hollande dans ces circonstances est un dessein qui ne peut qu'augmenter la confusion; les Stadhoudériens et peut-être aussi quelques Patriotes faibles croiront que vous abandonnez la partie.... Ma présence ici leur paroit tellement nécessaire qu'étant informés que j'avois le projet de faire une tournée dans la province d'Utrecht, ils m'ont supplie de différer ce petit voyage et de ne pas quitter la Haye dans ce moment. M. van Berkel m'a proposé de vous envoyer M. le Marquis de la Coste. Je n'ai, Monsieur le Comte, rien à objecter contre cette idée. M. le Marquis de la Coste est parfaitement au courant; je n'ai rien de caché pour lui; il a toute la confiance de nos amis. Si donc vous désirez son arrivée, vous n'avez qu'à me le faire savoir. | |||||||||
64. - Vérac aan Vergennes, 30 Juni 1786Ga naar voetnoot1). -De Gijselaar is terug en is het met Van Berckel geheel eens. | |||||||||
65. - Résumé d'une conversation du Ministre avec M. le Rhingrave, le 7 Juillet 1786 (il a été lu à ce dernier)Ga naar voetnoot2).L'opinion de M. le Comte de Vergennes est qu'il faut penser sérieusement à concilier les différends qui divisent la République, parce que l'état de fermentation et de tension où Elle se trouve ne sauroit durer plus longtems sans occasionner une explosion. Que dans la position actuelle des choses l'alliance du Roi est illusoire pour lui comme pour la Hollande, et que le moindre événement peut la détruire. Que pour la consolider, il faut que le Roi tienne ostensiblement la balance entre les différends partis qui divisent la République, parce que c'est le seul moyen de les réunir au besoin pour l'intérêt commun; qu'en suivant une autre marche la France auroit plutôt l'air d'un chef de parti que d'allié de la République. Que le premier moyen d'acheminer le plan qui vient d'être indiqué, est de terminer la discution relative au commandement de la Haye; qu'il n'y a aucun inconvenient à le rendre à M. le Stadhouder avec la réserve des droits inhérents à la Souveraineté des Etats, et en créant en même tems un Conseil qui dirigera toutes les affaires militaires et dont M. le Stadhouder aura la présidence. Que l'affaire des Regiemens étant purement domestique, le Roi ne doit y paroitre ni directement ni indirectement, et que si la Cour de Berlin cherchoit à s'y immiscer, Sa Majesté interviendroit pour l'en détourner. | |||||||||
66. - Vergennes aan Vérac, 7 Juli 1786Ga naar voetnoot3). -Vérac mag in zijn plaats de la Coste zenden, maar niet voordat de Rijn- | |||||||||
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graaf, die naar den Haag terugkeert, de patriotten van Vergennes' inzichten zal hebben in kennis gesteld; hij verlangt dat de la Coste dan eindelijk de zoo dikwijls gevraagde verzoeningsvoorstellen mede brengen zal, zoodat hij zijn eindbesluit zal kunnen opmaken. | |||||||||
67. - Vérac aan Vergennes, 28 Juli 1786Ga naar voetnoot1). -Beslissing: 10 tegen 9. Toen Schiedam zich door een resolutie bond, kocht Harris Hoorn om, dat zijn eerste resolutie introk en op den morgen vóór de vergadering nog nieuwen last zond. | |||||||||
68. - Vergennes aan Vérac, 3 Augustus 1786Ga naar voetnoot2). -Vrees dat een verzoening nu onmogelijk is geworden; de Stadhouder kan nog veel kwaad doen; de goede verstandhouding tot het hof van Berlijn is ernstig in gevaar gebracht. De immers invloedrijke Rijngraaf zou met al de welsprekendheid die zijn deel is, de waarschuwingen van Vergennes in den raad der patriotten voorgedragen hebben .... M. le Rhingrave a-t-il fait usage de mes observations? Votre silence à cet égard ne me fait que trop présumer qu'elles lui ont échappé. Quoiqu'il en soit, il est très important, Monsieur, que vous m'envoiez sans retard M. de la Coste; nous ne pouvons pas abandonner notre sistème à la direction de gens qui agissent en tout sans concert et qui nous regardent comme des machines entre leur mains. Le sistème du Roi ne peut reposer sur un petit nombre de personnes qui rapportent tout à leur intérêt et à leurs vuës particulières; le Roi en s'alliant avec les Etats-Généraux a compté traiter avec la République et non pas avec une faction. Ces réflexions, Monsieur, sont pour vous seul, et vous vous abstiendrez d'en faire part à qui que ce soit. | |||||||||
69. - Rendorp aan mevrouw van Kinschot, te parijs. - Amsterdam, 7 Août 1786Ga naar voetnoot3)... Il seroit à souhaiter que le Ministère sentit la vérité de ce que je prévois. Deux choses importent essentiellement: la première que le sistème politique actuel soit conservé, et que nos liaisons avec la France soient continuées et nos liaisons avec l'Angleterre non renouées. La seconde que le pouvoir du Stadhouder soit tellement circonscrit, que par son influence il ne puisse pas renverser le susdit sistème. On peut garantir l'un et l'autre si la France veut emploïer son influence actuelle pour faire agir avec plus de modération. De Rijngraaf moet te Parijs valsche voorstellingen hebben gegeven. De tegenwoordige machthebbers in Holland wekken zulk een wantrouwen, dat men nog een coalitie der zes provinciën tegen Holland beleven zal. Si on pousse les choses trop loin, la réaction sera égale à l'action. Le Stadhouder reprendra le dessus, et nous aurons acheté un véritable Esclavage par quelques instants d'une liberté licencieuse. Le Cabinet de Ver- | |||||||||
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sailles verra trop tard qu'un M. de Salm et de Coetloury lui ont fait faire des démarches contraires à ses intérêts, en l'engageant à soutenir à outrance quelques particuliers qui aiant tout ose, sont obligés de se soutenir coute qu'il coute. | |||||||||
70. - Mevrouw van Kinschot aan Vergennes, 16 Augustus 1786Ga naar voetnoot1).(Met afschrift van bovenstaanden brief). - Zij woont te Parijs, heeft omgang met de gezanten van Berkenrode, de Mercy en von Goltz. Zij kent Rendorp van hun beider jeugd af, en had hem geschreven welke kwade diensten Salm deed te Parijs. Dit was zijn antwoord. Uit den weinig verzorgden stijl kan Vergennes opmaken dat de brief alleen voor haar bestemd was; Rendorp weet van haar stap niets. | |||||||||
71. - Vergennes aan mevrouw van Kinschot. - Versailles, 26 août 1786Ga naar voetnoot2).- Vous pouvez, si vous le jugez à propos, mander à votre ami que s'il nous croit des préventions à son égard, il ne lui sera pas difficile de les détruire; que nous estimons tous les Hollandois à qui nous supposons un attachement franc et loyal aux véritables intérêts de leur patrie, et qu'il nous seroit très-agréable qu'il nous fournit des motifs d'avoir le même sentiment à son égard. | |||||||||
72. - Rendorp aan Vergennes, Amsterdam 4 September 1786Ga naar voetnoot3). -Hij is verstoord op Mevrouw Van Kinschot, die een indiscretie begaan heeft. Hoewel hij niets terugneemt van het geschrevene, was de brief volstrekt niet voor Vergennes bestemd. | |||||||||
73. - Vérac aan Vergennes, 11 Augustus 1786Ga naar voetnoot4).Na de resolutie in zake het commando is alles rustig gebleven in den Haag. Pour les cas que nos amis eussent été dans la minorité, M. le Grand-Pensionnaire avoit promis de ne pas conclure, parce que dans les affaires qui intéressent les droits du Souverain, il est inconstitutionnel de prendre une résolution contre lui à une majorité faible; ensuite les réclamations auroient été universelles dans toutes les villes républicaines; leurs Députés étoient décidés à ne plus reparoitre à la Haye; on avoit même ouvert des avis pour transférer l'assemblée à Leyde ou à Harlem, et si la résolution eut été prise de force, la minorité se fut retirée et eut protesté en déclarant les autres traîtres à la Patrie; les Bourgeois auroient éclaté de toutes parts et c'est alors que la guerre civile auroit été véritablement à craindre. Les choses se sont donc arrangées de la manière la plus convenable aux intérêts de la République et aux nôtres .... M. le Rhingrave de Salm n'a pas perdu un seul instant depuis son arrivée et s'est occupé sans | |||||||||
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relâche de nos affaires, mais par tout ce que je viens de dire vous voyez qu'il lui étoit impossible de réussir dans un plan de conciliation qui d'ailleurs auroit trouvé sa principale difficulté dans le Prince lui-même .... | |||||||||
74. - Vergennes aan Vérac, 13 Augustus 1786Ga naar voetnoot1).- Je ne puis me dispenser de vous exprimer mon étonnement au sujet du silence que vous continuez de garder au sujet des conférences qui ont dû être tenues avec M. le Rhingrave de Salm, et sur le voïage de M. le Marquis de la Coste. Je ne dois pas vous cacher que ce silence nous jette dans la plus grande perplexité et qu'il est instant que vous le fassiez cesser. Messieurs les Patriotes savent très bien recourir à nous quand ils ont des embarras qu'ils nous croïent en mesure de faire cesser; mais il me paroit qu'ils ne sont guères soucieux de nous en épargner. | |||||||||
75. - Vérac aan Vergennes, 26 Augustus 1786.(Reçu par M. le Marquis de la Coste le 29)Ga naar voetnoot2). Rechtvaardiging. - Nadat Harris vruchteloos gepoogd had met de patriotten betrekkingen aan te knoopen, heeft hij zich met de aristocraten verbonden. Rendorp in Rolland, de drie reglementsprovinciën en Zeeland in de Staten-Generaal, zouden een oppositiepartij uitmaken. ‘On en fit le premier essai à la vacance de la place de fiscal de Brabant, et contre le voeu unanime de la Hollande cette place fut conférée à un sujet entièrement dévoué au parti anglomane. Nous les avons vu en dernier lieu violer l'usage établi de tout tems dans la République, en proposant une réponse dressée sur leurs principes aux Cours de Londres et de Berlin sans en donner aucune connoissance préalable à la Hollande.’ Daarna het afdanken van Salm. Als men niet zooveel geestkracht hij de tegenpartij had ontmoet, zou men getracht hebben de vrijcorpsen te doen verbieden en de drukpersvrijheid te doen beperken door de Staten-Generaal. In Holland zelf werkten zij met zooveel ijver, dat er groote kans bestond op triomfantelijken terugkeer van den Stadhouder, ‘ce qui auroit indubitablement détruit le sistème de la France sans retour.’ In het voorjaar stelden de patriotten zich voor dat de commandokwestie met 14 tegen 5 zou beslist worden in den zin van Van Berckel; Amsterdam viel af, en daarna nog twee steden. Dus stond het 11 tegen 8, later door het verraad van Hoorn 10 tegen 9. De patriotten moesten de resolutie wel nemen, voor de afval nog grooter werd. Ondanks Van Bleiswijk's weigering zou Amsterdam dan zijn resolutie op onwettige wijze hebben doorgezet, de Prins ware teruggekeerd en de patriotten hadden naar Dordrecht, Leiden of Haarlem moeten vluchten. De burgeroorlog dien Vergennes voorkomen wilde zou juist dan zijn ontbrand. |
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