De patriottentijd. Deel 1: 1776-1784
(1897)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekend
[pagina 390]
| |
Bijlage VIII.
| |
22 Juin 1781.- J'avois été informé à Bruxelles de la démarche énergique des magistrats Amsterdamois, et je n'ai pas été étonné de la fermentation qu'elle excite. Ces respectables patriotes, après m'avoir fait part de leur première proposition aux Etats de HollandeGa naar voetnoot2) que je vous ai remise, m'avoient confié, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dire, qu'ils étoient résolus à ne mettre aucunes bornes au developement de leur zêle, et qu'intimement persuadés des intentions perverses de M. le Duc, ils se disposoient à demander formellement son éloignement des conseils de M. le Prince Stadhouder. J'ai cru devoir ainsi que je vous en ai rendu compte, ni les écarter d'une détermination aussi intéressante, ni les y exciter plus qu'il ne m'ont paru l'être. Je me suis borné à leur témoigner alors, qu'avant d'en venir à une telle extremité il étoit indispensable de se déterminer à soutenir avec fermeté un pas aussi important, et qu'il convenoit d'être assuré du concours des membres les plus importants de la République. Ils m'ont paru adopter mes observations, et m'ont promis qu'ils ne réaliseroient leur projet qu'autant qu'ils seroient en quelque sorte certains du succès. M. Visscher, second pensionnaire d'Amsterdam, arrive ce soir ici, et m'a fait demander un entretien. | |
26 Juin 1781.- L'assemblée des Etats d'Hollande qui doit avoir lieu demain ramenant naturellement ici ce soir le pensionnaire de la ville d'Amsterdam, j'ai cru convenable, M. le Comte, de l'engager à différer jusqu'à aujourd'hui l'entretien qu'il m'avoit demandé. Il m'a fait assurer que la régence est fermement résolue à s'en tenir à sa démarche, et qu'elle se flattoit de se voir secondée par les membres les plus importants de l'Etat. Il n'est possible de prévoir encore quel en sera le succès, mais je crains qu'elle n'ait été trop prématurée. J'aurois desiré que les magistrats Amsterdamois se bornassent en ce moment à disposer l'adhésion generale à leur première proposition, et reservassent pour la dernière extrémité leur nouvel exploit. Ils me paroissent avoir compté sur les effets de la fermentation populaire, qui menace vivement le Duc; mais le peuple dans touts les Etats est si inconstant, approfondit si peu, calcule si mal, qu'il me semble bien téméraire de le regarder en general comme un appui solide. Je ne serois pas étonné qu'on parvint facilement à excuser à ses yeux celui que les magistrats Amsterdamois | |
[pagina 391]
| |
presentent comme la cause des maux présents de leur patrie, et à diriger contre eux-mêmes la haine publique; et si M. le Duc avoit le génie aussi élevé qu'il a l'esprit rusé, si le Stadhouder avoit le caractère de ses auteurs, il seroit possible de profiter de cette conjoncture pour étendre la puissance Stadhoudérienne et assurer de plus en plus le joug que la dernière révolution a imposé à la nation. C'est pour cela qu'il m'auroit paru plus sage à Messieurs d'Amsterdam de ne pas se presser de frapper ce grand coup, et de ne s'y décider qu'après avoir rassemblé des preuves d'une évidence invincible, et établi un concert imposant entre eux et leurs principaux coalliés. M. le Stadhouder paroit s'associer avec beaucoup de chaleur à la querelle de son oncle, et employer en sa faveur toute son influence. M. le Conseiller Pensionnaire, que bien des gens croyent réconcilié avec le Duc, me semble beaucoup plutôt dissimuler avec art la joie que lui causeroit sa chute. Je crois devoir observer de la manière la plus passive cette scène intéressante sans altérer la confiance des Amsterdamois, et me prescrire dans cette conjoncture critique la plus scrupuleuse retenuë. J'ai déjà déclaré à M. le Prince et à M. le Conseiller Pensionnaire que le système politique du Roi ne cesseroit jamais d'être fondé sur la justice, la franchise et la loyauté: que Sa Majesté étoit très éloignée de prendre aucune part directement ni indirectement aux démêlés des membres de la République entr'eux, et qu'Elle faisoit les mêmes voeux pour la paix intérieure des Provinces Unies que pour le dévelopement energique de leurs forces navales. | |
3 Juillet 1781.- [Mededeeling der resolutie van de Staten-Generaal van den vorigen dag]. Je ne sais si M. le Duc trouvera cette déclaration suffisante, mais elle ne me semble pas remplir l'objet qu'il s'étoit proposé. D'un autre côté, si Messieurs les magistrats d'Amsterdam ne donnent pas plus de suite à leur démarche, comme j'ai lieu de le croire, et comme il me paroit désirable à beaucoup d'égards, je persisterai dans l'opinion qu'ils n'ont pas agi dans cette conjoncture avec leur prudence ordinaire. |
|