Brieven 1888-1961

Aan Kaya Batutaant.

Epernay, le 26 soir 1914.¹

Kaya chérie,

Je t'ai adressé tantôt, de Reims bombarde, une carte. Mais elle mettra q.q. jours a te parvenir, je pense. C'était terrible et grandiose. J'ai vu sous mes yeux blesser mortellement un pauvre homme, un ouvrier. La cuisse arrachée, la moitié du crane enlevée. Affreux. Mais ce bruit. C'est du tonnerre. Ces salauds tirent encore et toujours sur la cathédrale. L'aspect en est désolant. J'ai sangloté en voyant cette destruction. J'ai toujours cru que je n'aurais pas peur. Maintenant je le suis. Une maison s'est effondrée a vingt mètres devant nous. Le tonnerre éclata au-dessus, dix fois, toutes les 2 minutes. J'ai tranquillement traversé la place de la cathédrale et j'ai cueilli, devant la statue de Jeanne d'Are - miraculeusement restée intacte - une feuille de laurier que je te destine. - Je n'ai plus de temps. J'ai fait une longue dépêche pour mon journal.² Demain nous partons pour l'Argonne.³

Je t'adore

Sandro

1 Briefhoofd: hôtel de la gare et du chemin de fer, epernay (marne).

2 Alexander Cohen, ‘Uit het dagboek van een Fransch soldaat’ in De telegraaf, 25 september 1914, avondblad, p. 1 en 2. Ook in Alexander Cohen, Uiterst rechts, Amsterdam 1981, p. 164-170. In deze tweede aflevering gaf Cohen zijn indrukken weer van de periode 5 augustus tot en met 19 augustus 1914.

3 De Argonne is een streek met beboste heuvels, die van het noorden (Charleville-Mézières en Sedan) langs de Maas naar het zuiden loopt. Verdun ligt in het oosten aan de Maas. In 1914 werd hier na de slag aan de Marne hevig gevochten.