Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermd
[pagina 60]
| |
Aan Kaya Batutaant.Paris, 13 décembre 1893.
Ma petite Kaya adorée,
Merci, ma vaillante petite femme de toutes les commissions que tu m'as faites. Je suis heureux d'avoir du papier pour t'écrire et pour m'occuper un peu.Ga naar eindnoot1 Cependant, dans la journée et avant que la lumière n'est allumée, on y voit à peine, tellement le temps est sombre. Pour me voir il faudrait que tu ailles demander l'autorisation du Cabinet de préfet de police, je crois que c'est au premier bureau, 3ième division. Cela se trouve à la préfecture de police. Va demander l'autorisation; peut-être voudrat-on bien te l'accorder. Cela me serait une si immense joie. Seulement, pour que tu ne te fasses pas d'illusions, nous ne pourrons nous voir qu' à travers un grillage et en présence de quelqu'un. Enfin, c'est toujours mieux que de ne pas se voir du tout. Pourvu que j'entende seulement ta voix, ma pauvre aimée. - As-tu songé au petit oiseau? Ne la laisse pas mourir de faim, la petite béte. Surtout écris-moi tous les jours, ne fût-ce que quelques mots. Tu ne savais peut-être pas que tu pouvais m'écrire. Si, tu peux écrire sur tout ce qui concerne toi-même, ta santé, tes démarches, mes affaires etc. Mais ne me dis jamais rien sur d'autres personnes, que la seule amitié qu'elles me portent pourrait compromettre. Ci-joint je t'envoie un plein pouvoir pour arranger mes affaires aves mon éditeur.Ga naar eindnoot2 Occupe-toi de cela dès que tu pourras, car je n'ai plus guère d'argent ici pour acheter q.q. nourriture supplémentaire. Il est vrai que j'ai si peu d'appétit - Si l'éditeur te donne les cent francs que, suivant notre accord, il devait me verser le jour de la mise en vente, tu en garderas 60 pour toi. - Je le veux absolument, entends-tu? Moi je ne dépense que 1 fr à 1.50 fr par jour ici. - Pardonne-moi, mon aimée, tout la peine que je te fais, j'en suis si terriblement malheureux! Est-ce aujourd'hui, mercredi, la première ou la répétition générale de ma pièce?Ga naar eindnoot3 Si c'est la rép, alors vas-y demain soir, pour un peu te distraire. Tu me diras si l'on a bien joué, si la pièce a plu, etc. C'est terrible tout de même, ce qui nous arrivé. On était si heureux, si tranquille dans l'espoir de bientôt voir arriver des temps meilleurs. Et voilà que tout cela s'évanouit. | |
[pagina 61]
| |
Aie du courage, chère âme, et ne désespère pas. Peut-être tout cela s'arrangera, sauf toutefois l'expulsion, qui paraît bien irrévocable. Je t'embrasse bien. Ecris vite quelques lignes à ton pauvre Sandre qui t'adore.
Sandre
adresse: M. Alexandre Cohen, Celluie 44. Dépôt de la Préfecture de police. Paris.
Si l'éditeur fait des difficultés ou s'il te cherche chicane, demande à Victor,Ga naar eindnoot4 qui a l'habitude de ces sortes de traités, de t'accompagner. Il fera comprendre, s'il le faut, à l'éditeur combien il serait odieux de vouloir profiter des circonstances pour me frustrer.
Ton Sandre.
Ne dépense pas ton argent pour acheter des journaux pour moi. On ne les laisse pas passer, hélas. - Bonjour aux amis. |
|