Impressions de l'âme. Mélange de traductions du Hollandais, de l'Allemand, de l'Anglais et de poésies du traducteur(1841)–Aug. J.Th.A. Clavareau– Auteursrechtvrij Vorige Volgende [pagina 196] [p. 196] L'Amour et le Poète. l'amour. Fils d'Apollon, daigne remplir mes voeux; Consacre-moi quelques chants de ta lyre. Pour ce bienfait, dis-moi ce que tu veux; Parle, choisis; tu connais mon empire. le poète. Moi, te chanter, impitoyable Amour! Je n'ai de toi que chagrin et souffrance; Mais si tu veux m'accorder du retour, Cruel enfant, quelle est ma récompense? [pagina 197] [p. 197] l'amour. Devant le char de la belle Cypris, On aperçoit deux; Jeunes tourterelles; O cher Poète, une en sera le prix: Jamais, tu sais, on n'en vit de plus belles. le poète. Y penses-tu? coeur perfide et méchant, Tu veux la mort de ces oiseaux fidelles! Quoi! séparer ces douces tourterelles, De la tendresse emblême si touchant! l'amour. Chers à Venus, à son char de nuages, J'attelle encor deux cygnes orgueilleux: Veux-tu voler an séjour des orages? Je te les offre; ils sont à toi tous deux. le poète. Non; ce présent ne me fait point envie. Et quand j'irais à la table des Dieux, A mes désirs qu'importe l'ambroisie? Mon coeur, Amour, n'est pas ambitieux. [pagina 198] [p. 198] l'amour. Eh bien! prends donc ce doux tissu de soie: C'est le bandeau qui me couvre les yeux. Vois, comme l'or avec art s'y déploie! C'est de Vénus l'ouvrage précieux. le poète. D'un tel trésor vainement tu fais gloire. Aveugle-toi, si tel est ton plaisir; Mais moi, qui marche au temple de mémoire, J'aime le jour et je veux en jouir. l'amour. Vois mon carquois et les traits qu'il recèle; Prend à ton gré; ces traits percent le coeur; Ils ont soumis plus d'une âme rebelle....... Un de ces traits peut donner le bonheur. le poète. Perfide Amour! tes flèches sont cruelles, Et, trop souvent, causent notre malheur. Pour moi, je crains leurs blessures mortelles: Je n'en veux pas; elle me font horreur. [pagina 199] [p. 199] l'amour. Fils d'Apollon, quel est donc ton délire? Prends de mon arc le nerf obéissant; Il est sonore; et, monté sur ta lyre, Tu connaîtras le prix de ce présent. le poète. Oui, donne, Amour! donne, je t'en supplie; Prête à mon luth ton pouvoir merveilleux: Toucher les coeurs est le don que j'envie. Amour! Amour! je me rends à tes voeux! Vorige Volgende