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Au toit de mon Père.
Quand, d'une aile mal assurée,
Le jeune oiseau prend son essor,
Craintif, vers la voûte azurée,
Il ne s'élève point encor:
Tantôt, essayant son ramage,
Il s'abat aux bords d'un ruisseau,
Tantôt, repose sous l'ombrage
Ou d'un tilleul ou d'un ormeau.
Le duvet, qui le vit éclore,
Est abandonné sans retour,
Et le berceau de son aurore
N'appellera plus son amour.
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Mais l'homme qui, dans sa jeunesse,
A quitté le sol paternel,
Regrette et désire sans cesse
Et son toit et son premier ciel.
Courbé sous le fardeau de l'âge,
Sur le seuil de l'éternité,
Qu'il possède un brillant partage,
Ou pleure dans l'adversité,
Le lieu que son âme préfère,
Qui fixe son coeur et ses voeux,
C'est l'asile où sa tendre mère
Le porta dans ses flancs heureux;
L'asile où jadis sa paupière
Essaya la clarté des cieux;
Où, d'un âge trop éphémère,
Il connut les folâtres jeux!
Dans l'exil, ou dans sa patrie,
Sur un trône, ou chargé de fers,
Pour lui voilà tout l'univers.
C'est en vain que la mort cruelle
Frappa les auteurs de ses jours:
Leur mémoire y vit éternelle;
Leurs traits y respirent toujours.
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C'est ici l'enceinte sacrée
Où, dans le sentier de l'honneur,
D'un père la voix révérée
Guidait ses pas, formait son coeur.
Il conserve, sa vie entière,
Et, sous cet abri solitaire,
Il vit, il meurt au milieu d'eux!
Ah! lorsque, l'âme recueillie,
Je m'approche de ce séjour,
Où je vis la mort ennemie
Ravir un père à mon amour;
J'appelle encore, avec tendresse,
L'objet de mes pleurs superflus;
L'écho répond à ma tristesse,
Mais mon oeil ne le trouve plus!
Que j'aime à répandre une larme
Sur son vénérable fauteuil!
Entouré d'un lugubre charme,
Tout semble partager mon deuil:
Dans un immobile silence,
Je soupire, lève les yeux,
Et mon coeur, qui vers lui s'élance,
Croit le contempler dans les cieux!
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Toit paternel, douce demeure,
Séjour si plein de souvenirs,
Où s'écoula ma première heure!
Source de mes premiers plaisirs!
Ah! sous ton ombre hospitalière;,
Tranquille, et content du passé,
Puissé-je finir ma carrière
Où mon bonheur a commencé!....
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