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Les Dieux de la Grèce.
Venez, Dieux de la Grèce antique,
Venez, renaissez à ma voix!
Que votre puissance magique
Soumette le monde à vos lois!
Rendez-nous ces temps de délices,
Où, dans nos jeux, nos sacrifices,
L'encens fumait sur vos autels:
Offrez vos tableaux pleins de vie,
A l'oeil enchanté des wortels.
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Les fictions, les doux mensonges,
Venaient peupler notre séjour,
Et la nuit d'agréables songes
Nous rendaient les plaisirs du jour.
Dans les bocages de Cythère,
Avec l'Amour et le Mystère,
S'égarait un amant heureux:
Remplis d'une volupté pure,
Tous les êtres, dans la nature,
Chantaient la présence des Dieux.
L'astre brillant qui nous éclaire,
En versant des torrens de feux,
C'était le Dieu de la lumière,
Traîné par des coursiers fougueux;
Ces grottes, ces belles cascades,
Furent l'asile des Naïades;
Les Dryades, aux pieds légers,
Habitaient ces vertes montagnes,
Et les Nymphes de ces campagnes
Folâtraient avec les bergers.
Cet emblême de la victoire,
De Daphné fut le,protecteur;
Ce rocher offre à ma mémoire
De Niobé l'affreux malheur.
Quels sons touchans dans ce bocage!
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C'est Philomèle, au dour ramage;
Syrinx gémit sous ces roseaux;
Et là, dans sa douleur de, mère,
Pleurant une fille trop chère,
Cérès a formé ces ruisseaux.
Alors, de la voûte suprême,
Parmi nous descendaient les Dieux:
Apollon, Jupiter lui-même,
Quittaient leur trône radieux.
Le Dieu du jour, jaloux de plaire,
Soupire pour une bergère;
Le souverain de l'univers,
Satyre, surprend Antiope,
Taureau, séduit la jeune Europe,
Et brave le courroux des mers.
L'Amour, par des noeuds pleins de charmes,
Enchaînait les mortels heureux,
Et la puissance de ses armes
Unissait la terre et les cieux.
O momens de joie et d'ivresse?
Jours filés do'r! jours de tendresse!
Un Dieu protégeait nos loisirs;
Et dès que la mère des Grâces
Appelait les ris sur ses traces,
C'était le signal des plaisirs.
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Que vois-je? quels vastes portiques,
Eclatans de porphyre et d'or!
J'assiste à ces jeux héroïques
Que Corynthe célèbre encor.
Guidés par une main guerrière,
Des chars roulent clans la carrière,
Et le vainqueur eet proclamé:
Ces jeux et ces cris de victoire,
Tout cet grand appareil de gloire
Enivre mon coeur enflammé!
Salut, héros que la patrie
A fait monter au rang des Dieux!
Que les échos de Thessalie
Redisent vos noms glorieux!
O Sparte! sors de tes décombres;
Eurotas! tes illustres ombres
Renaissent au bruit des combats;
Et, sur tes rives consolées,
Abandonnent leurs mosolées,
Mais pourquoi ces chants, cette fête,
Ces danses, ce concours nombreux?
C'est Bacchus qui marche à leur tête,
Entouré de Faunes joyeux.
De l'aimable Dieu des vendanges,
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La foule entonne les louanges;
L'écho répète leurs concerts:
Sur son coursier le vieux Silène,
Chantant, buvant à perdre haleine,
Suit couronné de pampres verts.
Le trépas n'avait rien d'horrible;
Et lorsqu'un humain vertueux
Bornait sa carrière paisible,
L'Amitié lui fermait les yeux.
Le fils d'une simple mortelle,
Tenant la balance éternelle,
Nous jugeait aux funèbres bords;
Orphée, aux accens de sa lyre,
S'ouvrait le ténébreux empire
Et charmait le séjour des morts.
Heureux, dans ces demeures sombres,
Conservant ses gosûts, ses désirs,
Le peuple fugitif des ombres
Retrouvait ses anciens plaisirs.
Admète aimait encore Alceste;
Linus chantait ses airs divins;
Prenant sa colère pour guide,
Philocléte, des traits d'Alcide,
Armait ses redoutables mains.
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Le nocher, déployant ses voiles,
Sous les auspices des Jumeaux,
Sur le front brillant des étoiles,
Lisait sa route au sein des flots.
L'homme vertueux, magnanime,
A son âme noble et sublime,
Voyait élever des autels;
Les grands talens et la vaillance,
Et la sagesse et la prudence,
Nous égalaient aux Immortels.
Epoque aimable et regrettée!
Voeux stériles et superflus!
La nature est désenchantée;
Son printemps ne reviendra plus.
O lune, ô lumière paisible!
Par ton attrait irrésistible,
Je me eens encore entraîné;
Mais hélas! souvenir funeste
Mes yeux, dans la voûte céleste,
Ne reverront plus Séléné.
Le léger souffle de Zéphire
Ne caresse plus cette fleur:
Ces Dieux ont perdu leur empire;
Tout reste muet pour mon coeur.
Seuls, les chants de la poésie
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Célébrer les charmans attraits:
Dans ces bois, dans vette vallée,
Ne trouve plus que des regrets!
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