salue très poliment.
- Vous désirez quelque chose, messieurs?
Bazal s'avance:
- Nous désirons voir La Bazalgette. C'est ici, n'est-ce-pas? Mes ancêtres viennent d'ici. Je m'appelle Bazalgette.
L'homme sourit. Cette coïncidence de noms lui semble dire fort peu de chose. ‘Moi je suis le maire d'ici,’ répond-il simplement.
On se regarde et on cause. L'homme nous apprend que la Bazalgette compte ‘douze feux’, qu'il y a une trentaine d'habitants, qu'on n'a pas d'église mais bien une école, avec une institutrice qui a un élève. Il y a aussi un cantonnier, qui habite là, précisément, où se trouve notre voiture. - C'est vite vu, La Bazalgette, conclut-il en souriant; et il nous invite à venir goûter un verre de son vin, chez lui.
Notre ami est ému. Il aime la simplicité, la grande simplicité; mais ceci!... C'est donc là qu'ont vécu ses ancêtres; c'est de là qu'il vient, en somme, et les types qui nous entourent sont bien de sa race; ils lui ressemblent, physiquement!
Nous avons vu; nous ne pouvons guère nous attarder; le soir tombe et Mende est encore loin. Des visages nostalgiques nous entourent. Nous distribuons des cigares et nous serrons des mains. Le maire nous dit son nom. Il s'appelle M. Paradis!... Quel nom pour habiter un tel endroit!
J'ai repensé à tout cela, par cette froide et brumeuse journée de janvier, quand nous avons accompagné notre vieil ami, là-bas, en Normandie, au poétique petit cimetière qu'il s'était choisi comme demeure dernière. Le convoi était en retard, le maire de l'endroit attendait avec nous, ceint de son écharpe. Comme la bise devenait glaciale, il nous invita à venir nous réchauffer chez lui. Il habitait tout près.
Nous entrâmes dans une vaste cuisine de vieille ferme normande où dans l'âtre brûlait un grand feu de bois. Nous nous assïmes autour d'une longue table et on nous servit du café bien chaud et une eau-de-vie délicieuse. Je pensai au vin aigre du fermier Paradis, servi jadis avec la même cordialité hospitalière, dans ce trou perdu de la Lozère.
Bazal avait apprécié cela; il en avait été touché; et je me disais